Page images
PDF
EPUB

l'éloquence de la chaire peut jouir encore des fruits de son talent. Nous en trouvons un gage dans ce discours même, qui nous annonce assez que l'orateur n'a point perdu cette vigueur et cette élévation qu'on a si justement admirées dans ses compositions précédentes.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La quête qui a eu lieu à Saint-Sulpice, le jour de la messe chantée pour le bureau de charité, a produit 3300 fr.

-Le 15, il y a eu une réunion des orphelines de l'établissement fondé par Mme. de Carcado. On a exposé leurs ouvrages devant une société de dames qui s'intéressent à cette bonne oeuvre, et on a distribué des prix à celles qui ont paru en mériter. Ces orphelines étoient au nombre de cent cinq. M. l'abbé de Bombelles, aumônier de Mme, la duchesse de Berry, a prononcé un discours, et a déposé, de la part d'une main auguste, un rouleau de pièces d'or. Les personnes présentes ont suivi cet exemple, et ont laissé chacune leur offrande.

MM. les vicaires-généraux vont publier, sous la date du 14 janvier, un Mandement (1) à l'occasion du 21 janvier. Après avoir annoncé les cérémonies funèbres qui vont avoir lieu à Saint-Denis, ils expriment le vœu qu'il nous soit donné de retrouver la dépouille mortelle de Madame Elisabeth, et celle de ce jeune Roi, qu'attendent encore les sépultures royales. Ils ordonnent qu'il soit célébré un service dans toutes les églises, le 21 jan vier, et que ce service soit précédé du psaume Miserere, avec des oraisons indiquées. On célébrera en outre le lendemain, dans toutes les églises, un service pour

(1) Au bureau du Journal; prix, 1 fr. franc de port.

les Princes et Princesses dont les restes vont être rendus

aux caveaux de Saint-Denis. Le 10 mai, il y aura un service pour Madame Elisabeth.

-Le 16, on a retiré du cimetière du P. la Chaise, le corps de Louise de Lorraine, Reine de France, femme de Henri III, et fille du duc de Mercœur, morte à Moulins, en 1601. Par son testament, elle avoit demandé à être inhumée aux Capucines de Paris, dont elle étoit la fondatrice. Lors de la vente de ce monastère, le préfet fit transporter son cercueil au cimetière du P. la Chaise. On l'a reporté en grande pompe, à la lueur des flambeaux, à Saint-Denis, et on l'a déposé dans les caveaux destinés à recevoir les ossemens des Princes qui ont régné avant la maison de Bourbon.

-Plusieurs centaines d'ouvriers sont occupés, soit aux fouilles qu'on fait près l'église Saint-Denis pour recouvrer les ossemens des anciens Rois, soit à la décoration de l'église même, pour les cérémonies qui y auront lieu.

Les dépouilles mortelles de Mesdames Adélaïde et Victoire de France sont parties de Toulon, le 7 janvier. Let, il y avoit eu dans l'église Notre-Dame un service où les autorités avoient assisté. Les cercueils sont sous la garde de M. l'abbé de la Tour, de M. l'abbé de Richery et de M. l'abbé Vigne, curé de Notre-Dame de Toulon, qui les accompagneront jusqu'à Saint-Denis.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les ministres ont travaillé ces jours-ci avec S. M., dont l'état de santé fait espérer qu'elle pourra bientôt sortir de ses appartemens.

Le 2 janvier, le conseil général des hospices a fait hommage au Ror du rapport sur les hôpitaux et les secours publics, rédigé par M. Pastoret.

S. M. a accordé aux arrondissemens de Bressaire et

de Parthenay une remise de 98,000 fr. sur les onze millions de la liste civile.

[ocr errors]

Une ordonnance du Roi annulle les poursuites judiciaires faites pendant les cent jours pour raison de désertion contre des militaires qui ont quitté leurs corps pour suivre le drapeau royal.

M. Gérard de Rayneval, directeur des chancelleries au ministère des affaires étrangères, est nommé conseiller d'Etat en service extraordinaire.

Un journal attribue la hausse de nos fonds à la certitude acquise, dit-il, que les trente millions d'inscriptions sur le grand livre, dont l'émission a été proposée par le ministre des finances, seront pris en entier par des capitalistes étrangers.

Un crédit de 650,000 fr. a été ouvert au payeur de la 10. division militaire, pour achever le paiement de la solde d'activité et de non-activité pour 1816.

M. Ravez fera samedi à la chambre le rapport sur la loi des journaux.

Une nouvelle expédition est partie de Rochefort pour l'île Bourbon, le 12 janvier, sur l'Eléphant. Des ecclésiastiques et des Sœurs de la Charité en font partie.

[ocr errors]

M. le comte de Caraman, ambassadeur du Roi à Vienne, a remis, de la part de S. M, à M. le comte de Bentzel, ancien grand-bailli de Rottemberg dans le Voralberg, une très-belle boîte richement garnie de diamans, en témoignage de la satisfaction du Roi pour les services rendus par ce seigneur aux Princes françois et à l'armée de Condé pendant l'émigration.

-M. le capitaine Freycinet est sur le point de faire un nouveau voyage, uniquement dans l'intérêt de la science. Cet officier doit s'embarquer incessamment à Toulon sur la corvette du Roi l'Uranie. Son but principal est la détermination de la forme de l'hémisphère sud de la terre; il compte aussi rattacher au journal de son voyage les diverses observations qui pourroient se présenter sur la physique générale, la météorologie et l'histoire naturelle. Aucune expédition de ce genre n'a été entreprise, en France et en Angleterre, depais celle du capitaine Baudin, dont le capitaine Freycinet faisoit partie. Les résultats obtenus dans cette première expédition donnent une juste idée de ce que l'on est en droit d'attendre de celle-ci.

Les naufragés de la Méduse se trouvent au Camp de Daca, où sont réunis trois cents hommes de troupes de débarquement. On avoit craint parmi eux une épidémie, mais elle s'est bornée à enlever un officier et quelques soldats. La ville de Mayence a payé, depuis trois ans, en impôts et en passages de troupes, plus de six millions et demi.

[ocr errors]

CHAMBRE DES PAIRS.

Dans la séance du 14 janvier, la chambre, au lieu d'onvrir la discussion sur le projet de loi relatif aux élections, comme l'ordre du jour l'annonçoit, a renvoyé le projet à l'examen d'une commission, composée de M. le maréchat duc de Tarente et de MM. les comtes Abrial, de ClermontTonnerre, de Lally-Tolendal et de Latour-Maubourg.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 14 janvier, à l'ouverture, de la séance, il a été fait, par MM. Lézai-Marnésia et Sartelon, des rapports sur quelques pétitions, qui ont été renvoyées à des commissions particulières, ou au ministère de l'intérieur. Puis la discussion sur la liberté individuelle a été reprise en présence du ministre de la police générale, et de MM. Becquey et Delamalle. M. Becquey regarde l'article 4 de la Charte, plutôt commé Ja confirmation d'un droit ancien, que comme une concession nouvelle; mais il y a cette différence entre l'état de choses ancien et le nouveau; qu'autrefois aucune loi ne régloit le cas où l'on pouvoit donner atteinte à la liberté des personnes, et qu'ainsi les détentions, quelques nécessaires qu'elles pussent être au repos public, portoient un caractere arbitraire qui pouvoit inquiéter, tandis qu'aujourd'hui les lois prévoient les cas, et prescrivent des formes répressives des abus. M. le commissaire du Roi ne croit pas qu'on puisse refuser aux ministres la loi qu'ils sollicitent, et notre situation lui semble exiger cette mesure. M. de Salaberry représente, au contraire, notre situation sous les couleurs les plus riantes, et s'appuyant sur l'exposé qu'en a fait le mipistre, il loue l'heureux choix des administrateurs et des magistrats, qui n'obéissent plus, dit-il, qu'à leur conscience morale, car on prétend qu'il y en a deux. Il applaudit même au bon esprit des douaniers, et vante les heureux effets de

la loi sur les élections, attendu que des contribuables de cent écus sont les électeurs par excellence. Il espère que dans l'éducation on favorisera la jeunesse avec les principes de la légitimité. Enfin, continue-t-il, les journaux assurent que, sur 26 millions de François, il n'y a daus les prisons que 31 individus pour causes politiques, et dans ce nombre pas un seul royaliste; et nous ne pouvons refuser de croire qu'il n'existe plus qu'une douzaine de jacobins peu dangereux, une demi-douzaine de Buonapartistes visionnaires, et quelques cerveaux malades, tandis que tout le reste est dévoué au Ror et à la Charte. A cette ironie, l'orateur fait succéder des couleurs plus sombres, et se plaint qu'on n'ait pas fait assez d'épurations, et qu'on redonne des emplois à des hommes dont les mauvaises dispositions ne sont pas équivoques. Il vote contre le projet. M. Camille-Jordan dit, qu'ancien ami de la liberté, il ne sera pas suspect en venant appuyer des restrictions que les circonstances rendent nécessaires. Le rejet de la loi actuelle seroit la censure de celle de 1815. Les adversaires du projet ne parloient que d'alarmes dans la discussion sur les élections; comment se trouvent-ils tout à coup si rassurés? L'orateur s'adressant aux anciens amis de la liberté, les tranquillise sur une exception momentanée, confiée aux ministres d'un Rot ami de la liberté, et qui a tant fait pour elle; puis il exhorte ceux qui ont été leng-temps éloignés des affaires, à montrer un peu plus de défiance dans une carrière nouvelle pour eux. M. JosseBeauvoir, répondant à M. Camille-Jordan, distingue plusieurs nuances dans les amis de la liberté. Il ne faut pas confondre, dit-il, les défenseurs des droits couférés par la Charte, avec les révolutionnaires de 1793, qui aussi parloient de liberté. L'orateur pense que notre situation actuelle ne demande point les mesures extraordinaires que l'on invoque. Il ne redoute pas les abus du ministre actuel, mais il craint ses successeurs ou ses agens subalternes. M. RoyerCollard dit que la question est moins de savoir si la loi est nécessaire que s'il est certain qu'elle ne le soit pas. Il discute les principes et les présomptions qu'on oppose au projet, et termine ainsi : « Un Roi légitime, sortant à peine d'une horrible tempête, et encore mal affermi sur son trône, demande à des sujets loyaux et fidèles un appui dont il a besoin; le Jui refuserez-vous »? M. de la Bourdounaye se plaint que nous ne connoissious encore la Charte que par des déroga

« PreviousContinue »