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bénéfices simples qui ne pouvoient avoir une meilleure destinatiou. Aujourd'hui qu'on n'a plus cette ressource, ne pourroit-on du moins accorder aux ecclésiastiques qui se destineroient à la prédication, un traitement qui les mît à l'abri du besoin, et qui les empêchât de se détourner de leurs études par d'autres devoirs? Cette idée mérite peut-être d'être accueillie parmi les améliorations proposées pour le clergé; et, soit soit que le gou. vernement considère ici l'intérêt des lettres et du goût, et la perpétuité d'un ministère qui a illustré notre nation, soit qu'il envisage, ce qui est plus important encore, l'intérêt de l'Etat, celui de la société, celui des individus, et celui de la religion qui doit passer avant tout, ne seroit-il pas digne de sa munificence comme de sa sagesse d'accorder des encouragemens aux jeunes prêtres qui se consacreroient exclusivement à inculquer dans la chaire les vérités de la foi et les préceptes de la morale, et à rattacher par ces puissans moyens les peuples aux idées d'ordre et de dépendance, qui sont les meilleures garanties des lois?

Nous sommes forcés de renvoyer au numéro prochain les détails des cérémonies qui ont eu lien à SaintDenis les 20 et 21 janvier. Des services ont été célébrés aussi avec beaucoup de pompe à la Métropole et dans les églises de la capitale.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARYS. Le 17 janvier, M. le duc d'Angoulême a présidé à T'installation de l'Ecole Polytechnique. S. A. R. y est arrivée à dix heures du ma‹in, et a été reçue par les ministres de l'inté→ rieur, de la guerre et de la marine, par M. le duc Doudeauville, M. le général Bouchu, et les inspecteurs et professeurs. Le Prince a assisté à la messe du Saint-Esprit, pendant laquelle M. l'abbé Richard, aumônier, lui a adressé un discours. Après la messe, le ministre de l'intérieur a présenté au Prince les membres de l'Ecole, Les ministres, M. le duc Doudeauville, et

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M. Aimé-Martin, professeur de belles-lettres et d'histoire, ont eu l'honneur de haranguer S. A. R. qui a répondu collectivement: « J'ai la confiance, que sous la direction de savans aussi distingués, et sous l'autorité de chefs anssi recommandables, les élèves de l'Ecole royale Polytechnique apprendront à bien servir Dieu, le Roi et la patrie. En suivant fidèlement cette ligne, ils trouveront toujours en moi un protecteur zélé. Je suis sensible aux sentimens qui viennent de m'être témoignés; je suis loin de mériter les éloges qui m'ont été donnés; mais je chercherai toujours à m'en rendre digne ».

Une ordonnance du Roi, porte, que tout forçat qui s'évadera, sera puni, pour chaque évasion, de trois ans de travaux forcés.

On a fait à Troyes la distribution des secours accordés, par le Roi, aux habitans de cette ville, qui ont le plus souffert des malheurs de la guerre, et qui bénissoient la sollicitude et la générosité d'un Monarque digne du nom de Pere de son peuple.

-Les bureaux de charité, nouvellement formés dans chaque arrondissement, sont aujourd'hui en pleine activité. Les administrateurs sont secondés dans leurs fonctions par des dames accoutumées à ce genre de bonnes œuvres, qui tconnoissent les besoins des pauvres, et savent les secourir avec autant d'industrie que de zèle.

Les habitans de Stenay ont formé un fonds de secours publics pour le soulagement des ouvriers indigens dont la saison suspend les travaux. MM. les officiers Prussiens ont voulu concourir à cet acte de bienfaisance.

On a formé à Bourges des ateliers de charité, et dés bureaux pour distribuer des secours aux pauvres que leur âge et leurs infirmités empêchent de travailler. La Société Maternelle de cette ville a reçu de Maname, duchesse d'Angoulême, le don d'une somme de 500 fr.

Les cantons de la Suisse ont, en considération de la rigueur des temps, et des souffrances du peuple, défendu les bals publics. Les habitans sont invités à contribuer de tous leurs moyens au soulagement des pauvres.

MM. les gardes du corps de Ror, compagnie de Gram

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mont, ont fait remettre à M. le curé de Saint-Germain-enLaye, avant de quitter cette ville pour venir faire leur service à Paris, une somme de 1000 fr. pour les pauvres.

M. Eckard a eu l'honneur de présenter à MADAME, duchesse d'Angoulême, un exemplaire des Mémoires histo riques sur Louis XVII, dont S. A. R. avoit précédemment agréé la dédicace. Nous ferons connoître cette production intéressante, qui contient tout ce qu'il a été possible de reeueillir sur le jeune Roi, et dont l'auteur n'a rien négligé pour donner à son travail un caractère précieux d'authenticité et de véracité.

M. le comte de Vaudreuil, pair de France, et gouverneur du Louvre, vient de mourir. Il avoit émigré, et à reçu des Princes, dans ses derniers momens, des marques d'un touchant intérêt. Il laisse deux enfans. S. M. a accordé une pension à sa veuve.

M. le comte de Montholon, maréchal de camp, mourut le 9 janvier, à l'âge de 85 ans. Il étoit entré au service. en 1748.

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La nouvelle de la mort de M. le comte de Précy, que les journaux avoient annoncée, est fausse. Cet officier réside à Marigny-sur-Loire.

Le 4 janvier, un incendie a eu lien à l'hôtel-de-ville du Puy. L'appartement de la Mairie, les papiers et le mobilier qu'il renfermoit, ont été la proie des flammes. Le feu avoit commencé par la prison de la police, et paroît y avoir été mis à dessein pár des filles détenues.

L'Infant don François de Paule, frère du roi d'Espagne actuel, qui est parti dernièrement de Rome, doit séjourner quelques temps à Paris, où il portera le nom de comte de Caravaca.

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CHAMBRE DES PAIRS.

Le 18 janvier, après l'adoption du procès-verbal, M. le comte de Cazes, MM. Becquey et Delamalle ont présenté la chambre le projet de loi sur la liberté individuelle, avec

les amendemens de la chambre des députés que S. M. a consentis. Le ministre a exposé les motifs qui rendent encore nécessaire la prolongation d'un pouvoir extraordinaire. Le projet a été renvoyé aux bureaux. Le président a communiqué à la chambre une lettre du grand-maître des cérémonies, relative au service de Saint-Denis. On a procédé par la voie du sort à la désignation de vingt membres, qui formeront la députation chargée d'assister au service. Ces membres sont : MM. le comte Garnier, le comte de Klein, le marquis de Raigecourt, le marquis de Clermont- Gallerande, le duc de Castries, le comte Tascher, le Pelletier, Rosambo, le comte Jules de Polignac, le duc de Valentinois, le comte de Durfort, l'abbé de Montesquiou, le duc de Saint-Aignan, le comte Cornet, le comte Dupont, le comte Victor de Latour-Maubourg, Boissi du Coudray, le duc de Montmorency, le comte Lau riston, le comte d'Ecquevilly. La chambre sera convoquée quand la commission chargée d'examiner le projet de loi sur les élections aura fini son travail.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

L'ordre du jour du 17 janvier étoit la discussion sur le projet de loi relatif aux écrits saisis en vertu de la loi d'octobre 1814. M. Albert fait observer que l'article unique de la loi porte que l'ordre de saisie et le procès-verbal seront notifiés dans les vingt-quatre heures à la partie qui y formera opposition dans les trois jours, tandis que la distance des lieux empêchera souvent de remplir ces formalités dans un si court délai. M. Becquey, commissaire du Roi, répond que le délai est de droit pour les lieux éloignés. M. Benoît insiste pour que l'on ôle ces mots dans les trois jours, attendu que la partie saisissante n'a pas d'intérêt à ce que le délai soit court ou long. M. Piet appuie cet amendement. M. Try, rapporteur, et M. Jollivet, croient utile de maintenir les mots que l'on proposoit de retrancher. MM. Faget de Baure et de la "Boulaye demandent que l'amendement de M. Benoît soit mis aux voix avant l'article. M. de Cazes, ministre de la police, prend la parole pour déclarer que l'amendement pouvant paPoître favorable à la partie saisie, et ce but étant celui de la

foi, les commissaires du Roi ne s'y opposent pas. La cham bre décide que ces mots dans les trois jours (voyez le numéro 244, page 144) seront retranchés de l'article, et M. Albert retire son amendement, qui alors se trouvoit sans objet, L'article est adopté, et le scrutin donne, en faveur de la loi, 145 boules blanches contre 14 noires. M. Siméon, qui présidoit la séance en l'absence de M. Pasquier, invite MM. les commissaires, chargés de l'examen des lois sur les effets du divorce, à s'assembler le plus promptement possible. Il invite aussi MM. les députés à se rendre dans les bureaux pour la discussion préparatoire de la proposition de M. Kern, et du projet de loi relatif à la baronnie de Fenestrange.

Le 18 janvier, la séance a commencé par un rapport sur des pétitions qui présentent peu d'intérêt. M. Ravez, rape porteur de la commission relative aux journaux, a pris la parole. Il a proposé l'adoption du projet de loi sans aucun amendement, et en a donné les motifs. Sous un gouverne ment, a-t-il dit, dont les institutions définitivement organisées se prêteront un mutuel appui, la liberté de la presse deviendra la sauvegarde naturelle de tous les droits; elle éclairera la nation et les agens de l'autorité, et portera aux pieds du trône la connoissance des besoins et des plaintes de tous; mais dans un Etat long-temps en proie à tous les genres d'usurpation, dont les bases sont à peine posées, dont les institutions ne sont pas achevées, l'entière liberté de la presse nous exposeroit à des agitations. La proclamation royale du 2 mai 1814 avoit annoncé quelques restrictions à cette liberté, La Charte a sanctionné cette disposition, et des lois succes sives en ont réglé le mode. Cependant la liberté de la presse sera aujourd'hui plus entière; les ouvrages ne seront soumis, avant leur publication, à aucune censure. Quant aux journaux, la commission n'a pas cru qu'il fût possible de leur accorder la même faveur. Ces sortes d'ouvrages forment une classe à part qui mérite une police spéciale, et la prudence ne permet pas d'accorder aux journaux, dans l'état actuel des choses, une liberté dont l'abus seroit trop facile et trop funeste. Ce n'est pas que l'on veuille laisser percer le soupçon que les journaux n'attendent leur émancipation que pour attaquer les particuliers et l'ordre social. Les journalistes ne sont-ils pas aussi des sujets fidèles? Mais la loi doit être prévoyante. Plus impartiale que les hommes, elle les considère

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