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intitulé: le Fidèle Ami du Roi, nous devons nous taire à cet égard ce n'est pas notre fante si notre silence n'a pas été apprécié par ceux pour qui il étoit un bienfait. Des journaux ont été suspendus même après avoir été censurés : ces suspensions ont été rares; il n'y en a pas eu peut-être vingt en dix-huit mois, et elles ont frappé plus particulièrement les feuilles dont se plaignent les honorables membres placés du côté droit, entr'autres le Journal général. Ce n'est pas sans étonnement que j'ai entendu dire que cetie suspension étoit un pur bénéfice pour les propriétaires des journaux; je doute fort que les journalistes qui m'entendent soient de cet avis. Plusieurs crateurs se sont plaints que leurs opinions étoient tronquées dans les journaux, qu'ils y lisent les nôtres, ils apprendront à se consoler. L'ordre le plus formel a été donné aux journaux, et souvent répété, d'observer la plus égale impartialité dans la transmission des discours; si des plaintes fondées nous parvenoient à cet égard, il y seroit fait droit. Il est vrai que, dans une circonstance, journal reçut defense d'insérer une phrase d'un discours de M. Corbière; cette phrase tendoit à substituer à la volonté royale, manifestée par des actes, une volonté qui n'étoit appuyée sur aucun acte, ef ce journal est le même que nous avions invite à ne pas insérer les dis cours d'un de ses collaborateurs qui siégeoit dans la chambre de 1815, Des pairs, des magistrats ont été, dit on, insultés dans les journaux; mais s'ils se sont faits écrivains, ont-ils dù se trouver à l'abri de la critique? Nous aussi, nous avons été attaqués, et nons tenons à honneur d'être calomniés par le Nain jaune, réfugié à Bruxelles sous le titre de Libéral, et qui reparoîtroit bientôt parmi nous si la loi n'étoit pas acceptée. On a osé dire qu'à l'époque des élections les prisons avoient été ouvertes; nous nous sommes, au contrairt, bien gardés de rendre la liberté aux hommes détenus en vertu de la loi du 29 octobre. On avoit dit qu'on verroit peut-être sortir des corps électoraux une fille sanglante de la Convention; l'assemblée devant laquelle je parle offre un démenti vivant à cette accusation. Il n'est pas vrai qu'on ait crié dans les colléges électoraux : A bas les prêtres! à bas les nobles! C'est une imposture qui n'auroit pas dû retentir dans cette chambre, Je suis étonné qu'il ne puisse être question de la noblesse dans cette enceinte, sans que quelques membres prennent sa défense. Cependant je vois également des deux côtés les descendans des Montmorency, des Grammont, des la Trémoille, des de Broglie, et la noblesse des sentimens règne également dans cette enceinte. La chambre prouveroit toute entière que, citoyens et nobles, bourgeois el gentiishommes, tous sont également François et dignes d'elle. Coniment a-t-on pu avancer (M. Lizot) qu'il y avoit des partis dans cette chambre? il peut y avoir différence d'opinions, mais non de sentimens. Au jour du danger nous ferions voir à la France que nous sommes tous unis, et nous donnerions l'exemple de l'unanimité des vœux et des sacrifices pour ce trône auquel nous ne survivrions jamais.

On demande la clôture de la discussion; elle est continuée après deux épreuves douteuses. M. Savoye-Rollin prétend que l'asservissement qu'on veut maintenir sur les journaux a été mis sur tous les autres ou

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vrages par la loi que la chambre a adoptée, il y a quelques jours, sur la saisie des écrits; il demande la liberté de la presse, la répression de ses abus, et le jugement par jurés. M. Ravez, rapporteur, a la parole: il trouve dans les débats même qui ont eu lieu à la chambre une preuve de la nécessité de la loi; que ne doit-on pas craindre des journaux, si des hommes graves et associés à de hautes fonctions prennent leurs ressentimens pour des élans d'un cœur généreux? M. le président résume la nature et la substance de la loi. Il met aux voix le 1er. article. Les journaux et écrits périodiques ne pourront paroître qu'avec l'autorisation du Roi. M. Cornet d'Incourt demande la parole on lui fait observer qu'il ne peut parler que pour un amendement ou un changement de rédaction. La rédaction qu'il propose rentre dans celle du projet. Les deux articles du projet des ministres sont successivement mis aux voix et adoptés. M. de Castelbajac s'est levé seul pour la négative sur l'article 2 : La présente loi cessera d'avoir son effet au 1er janvier 1818. Au scrutin, sur 217 membres présens, 128 ont voté pour la loi, et 89 contre; majorité, 39 voix.

Le 30 janvier, il a été fait à la chambre deux rapports différens sur des pétitions. Les plus remarquables étoient contre la cumulation des places et contre l'usure; on a passé à l'ordre du jour. On a renvoyé à la commission chargée de l'examen de la loi sur la séparation de corps des observations de M. Delvincourt, doyen de la faculté de droit, sur cette même loi. M. Kern a fait un rapport sur le projet de loi relatif aux lettres de change. Après avoir fait sentir la sagesse du projet, il en a proposé l'adoption, sauf deux légers amendemens, qui portent plutôt sur la rédaction que sur le fond. M. Try a fait un autre rapport sur le projet de loi relatif aux détenus. Il s'est félicité d'avoir à entretenir la chambre d'une loi de faveur et d'indulgence, et propose de l'adopter, sauf l'article qui porte que la somme alimentaire à fournir par le créancier pour le prisonnier, sera portée à 30 fr. dans les villes audessous de 50,000 ames, et à 40 fr. au-dessus. La commission a trouvé cette évaluation trop forte, et propose 20 fr. au-dessous de 20,000 ames, 25 fr. de 20 à 50,000 ames, et 30 fr. au-dessus de 50,000 ames. Ces deux projets seront discutés le 1er, février.

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TOUTES LETTRES QUI NE SEROIENT PAS AFFRANCHIES NE "NOUS PARVIENNENT PAS.

(Mercredi 5 février 18 17.)

(N°. 260.)

Mémoires historiques sur Louis XVII, Roi de France et de Navarre, avec notes et pièces justificatives, et le portrait de S. M.; par M. Eekard (1).

Mémoires particuliers sur la captivité de la Famille royale au Temple (2).

Si le spectacle du malheur a toujours droit de nous intéresser, c'est surtout dans ces grandes catastrophes, où un Roi est précipité du trône dans une prison, et où une famille, entourée naguère des douceurs de la vie et des respects d'une cour empressée, n'éprouve qu'humiliations et que duretés de la part de satellites farouches. Mais notre sensibilité n'est-elle pas encore plus fortement émue, quand à l'élévation du rang se joint la foiblesse du sexe ou l'innocence de l'âge, et quand nous voyons un enfant, né pour tant de grandeurs, jeté, à l'au→ rore de la vie, dans un noir cachot, livré à un geolier impitoyable, n'entendant que d'horribles propos, ne recevant que d'affreux exemples, et miné lentement par des traitemens barbares, finir dans les douleurs un long supplice? Tel fut le sort de Louis XVII. Héritier de tant de Rois, appelé, ce semble, à re

(1) Volume in-8°.; prix, 6 fr. et 7 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Nicolle; et au bureau du Journal.

(2) Brochure in-8°. de 77 pages; prix, 2 fr. 50 c. et 3 fr, franc de port. A Paris, chez Audot, rue des Mathurins; et au bureau du Journal.

Tome X. L'Ami de la Religion et du Ror.

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cueillir leur magnifique succession, il donnoit, dans un âge encore tendre, des preuves d'une intelligence. rare, et encore plus d'un excellent naturel. Il croissoit entre les caresses d'une mère et les soins des personnes les plus fidèles et les plus vertueuses, quand éclata l'orage qui devoit briser son trône, anéantir sa famille, et le frapper lui-même; et cette tendre fleur, sitôt flétrie et moissonnée, disparut au milieu de l'épouvantable tourbillon qui laissoit tant de traces de ses ravages sur cette terre atteinte de malédiction. Tel est l'objet de ces Mémoires historiques. Il étoit difficile de trouver un sujet qui excitât plus l'attention, l'intérêt et la pitié, et qui en même temps provoquât plus l'indignation contre les bourreaux de l'auguste famille et du royal enfant.

Louis-Charles de France, né à Versailles le 27 mars 1785, étoit le second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette d'Autriche. Il avoit reçu en naissant le titre de duc de Normandie, et il devint Dauphin en 1789, son frère aînés Louis-Joseph, étant mort, le 4 juin de cette année, des suites de l'inoculation. Le nouveau Dauphin contribua plus d'une fois, par les grâces de son âge et par ses heureuses reparties, à adoucir les chagrins toujours croissans de ses parens. Il ne les quitta point, fit avec eux le voyage de Varennes, et fut avec eux enfermé au Temple. Dans les premiers temps du moins, la famille royale étoit réunie, et cette circonstance tempéroit la rigueur de son sort. On lui envia bientôt cette consolation. Au mois d'octobre 1792, on sépara le Roi de la Reine, et le Dauphin de sa mère. Le 11 décembre, on rendit le jeune Prince à la Reine. Il devenoit Roi de droit le 21 janvier 1793; triste

succession qui n'appeloit sur lui que la haine des ré publicaius, et qui leur fit peut-être dès-lors jurer sa perte. Il paroît que jusqu'au 19 avril suivant, la famille prisonnière rencontra par intervalles quelques ames sensibles qui s'efforçoient de calmer ses chagrins, et de lui redonner quelque espérance. Alors la commune s'arma d'une rigueur nouvelle, et les geoliers devinrent impitoyables. Le 3 juillet, on sépara le jeune Prince de sa mère pour le confier, à qui? à l'exécr ble Simon, cordonnier crapuleux, protégé de Robespierre. Depuis il ne vit plus persoune de sa famille. On peut lire dans M. Eckard, car nous n'avons pas la force de raconter ces hor ribles détails; on peut lire, dis-je, dans ses Mémoires tout ce qu'ent à souffrir le descendant de tant de Rois de la part de son ignoble et atroce geolier. Le 19 janvier 1794, il fut remis, par Simon, aux commissaires de la commune, et ses malheurs ne firent que changer de nature. On l'abandonna presque entièrement. Il vivoit seul dans une chambre obscure, privé d'air et d'exercice, mal nourri, mal couché, enfermé toute la journée, et destitué des soins les plus nécessaires. Il éprouva bientôt les suites d'un tel geure de vie. Sa santé s'altéra, et le mal eut le temps de faire des progrès avant qu'on songeât à y apporter remède. Ce ne fut qu'en février 1795 que les commis saires avertirent les comités de la Convention de l'ét du Prince. Il avoit des tumeurs aux articulations, On l'envoya visiter par des membres de la Convention, qui constatèrent la mauvaise nourriture qu'on lui donnoit; mais ce ne fut qu'au mois de mai suivant que, le mal augmentant, on consentit à lui donner les soins d'un homme de l'art. Le célèbre chirurgien Desault

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