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avec ardeur; on a formé un chœur pour les cantiques, et un colonel, des officiers, des gendarmes, etc., se sont présentés pour chanter. Un officier décoré a dit tout haut à sa troupe: Camarades, vous me connoissez, je suis brave comme un autre ; mais je vous déclare aussi que je suis chrétien, et que je vais à confesse. Il a gagné ses soldats, et ils ne rougissent point de suivre cet exemple. Des hommes même plus difficiles à ramener se rendent successivement aux instructions, et ceux que tous les préjugés réunis sembloient éloigner le plus de la mission, commencent à avouer leur défaite. Nous avons tout lieu d'espérer que Dieu achèvera son Ouvrage. Une mission qui s'est faite aussi, le mois dernier, à Montauban, a produit de très-grands fruits, Les respectables ecclésiastiques qui la dirigent, MM. Dessieze, Miquel et Capoul, ne sont pas de la même société que ceux de Rennes, mais sont animés du même esprit. Ils se sont multipliés pour suffire aux besoins d'une multitude toujours croissante qui accouroit, de la ville et des campagnes environnantes, aux exercices. La vaste enceinte de l'église Notre-Dame suffisoit à peine au nombre des auditeurs, et les confessionnaux n'étoient pas moins assiégés que les chaires, L'influence de la mission se faisoit sentir par toute la ville, et dans le réduit du pauvre, comme dans le salon du riche, ou s'entretenoit de choses édifiantes, et on benissoit le zèle des missionnaires. La clôture de la mission a dû avoir lieu le 24 janvier, par une procession générale, et tout étoit préparé pour cette pieuse cérémonie. Des villes moins considérables ont eu également l'avantage d'être visitées par de dignes ouvriers de la vigne du père de famille. A Bonnieux, près Apt, dans le département de Vaucluse, M. Raspaud, quoique seul, a fajt un bien infini. Il prêchoit deux fois par jour, et confessoit toute la nuit. Les gens de la campagne venoient de très-loin pour l'entendre, et il est arrivé plus d'une fois que deux ou trois cents personnes n'ont pu entrer dans l'église, et sont restées en dehors à attendre le moment favorable. Un grand changement s'est bientôt manifesté dans toutes les classes. Chacun s'empressoit à se réconcilier avec Dieu. Le jour de la communion des hommes, mille ont reçu le pain de vie. Le missionnaire, exténué de fatigue, craignoit de ne pouvoir présider à la plantation de la croix; mais malgré sa foiblesse, il parla avec une chaleur extraordinaire, fit ver

ser des larmes à tout son auditoire, et parvint å ramener ceux mêmes qui avoient résisté jusque-là à la voix de la grâce. Bonnieux est actuellement une ville toute changée, un pays tout nouveau. On y loue Dieu, on y parle de sa bonté et de ses miséricordes, on s'y félicite d'être délivré de l'empire du démon. Les habitans remercient à l'envi leur maire dont la piété leur a procuré cette mission, et qui est encore plus l'exemple de la ville qu'il n'en est l'administrateur. Tels sont les détails renfermés dans la lettre d'un jeune officier de cavalerie décoré de la récompense des braves, et digne encore plus d'estime par la pureté de ses sentimens.

PONT-DE-BEAUVOISIN. S. A. R. l'infant d'Espagne don François-Antoine, frère du roi, est arrivé dans cette ville le 24 décembre. On lui avoit préparé les mêmes appartemens qu'occupa, il y a plusieurs années, le souverain Pontife. Le prince passa ici le jour de Noël, et fut reçu dans l'église avec les honneurs dus à son rang. Il édifia tous les assistans par son recueillement, et assista aux trois messes de Noël. On re-marqua qu'il se tint constamment à genoux, excepté le temps de l'Evangile, sans même s'appuyer sur le prie-dieu qu'il avoit devant lui. S. A. R. entendit encore la messe ici le jour de saint Etienne, après quoi elle reprit sa route, laissant au curé des marques de sa piété pour l'église, et de sa charité + envers les pauvres. Elle trait ce digne pasteur avec.beaucoup d'égards, et lui témoigna sa satisfaction de l'ordre qu'elle avoit remarqué dans l'église, et de la manière dont se faisoient les cérémonies. Nous n'avons pas été moins édifiés de la piété de M. le comte de Rovero de Piobes, gentilhomme de la chambre de S. M. le roi de Sardaigne, chargé d'accompagner le prince dans les Etats de S. M. Ce seigneur assista à tous les offices de la nuit et du jour, et communia à la messe de minuit avec un air de dévotion qui en inspiroit à tous les assistans. Ces grands exemples, dans un rang élevé, réjouissent les vrais fidèles, et confondent la froideur et l'in'différence des autres.

CHATEAU-PORCIEN. M. de Konski, officier au service de Russie, et colonel des dragons de Smolensk, qui occupe cette ville avec son état-major, assiste assiduement à la messe paroissiale. Catholique, il voyoit avec peine que notre église "fût dépourvue d'un jeu d'orgues. Nous en étions privés depuis environ un siècle, que le buffet d'orgues fut la proie d'un in

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cendie. M. de Konski a donc proposé de le rétablir, et a fait à ce sujet des offres généreuses. Son exemple a été suivi par plusieurs de MM. les officiers russes et par quelques babitans; mais les sommes données ne suffisant pas encore pour une dépense aussi considérable, M. de Konski trancha toutes les difficultés par une nouvelle offre, et il se trouve ainsi que ce sera lui qui fournira la plus grande partie de l'argent nécessaire à l'acquisition et à l'établissement des orgues. Ce procédé excite toute notre reconnoissance, et nous paroît digne d'être publié. Il ne peut que faire honneur aux sentimens de religion et à la libéralité d'un étranger qui en laissera parmi nous un monument toujours subsistant.

NOUVELLES POLITIQUES.

il y a

PARIS. Le dimanche 2 février, à l'issue de la messe, eu grande réception chez le Roi. S. M. a reçu les hommages de sa famille, des ministres, des maréchaux de France, des pairs et des députés. Les Princes et MADAME ont reçu égale- ment. A une heure, MONSIEUR et les Princes ses fils ont passé eu revue plusieurs corps de la garde royale. La foule étoit très-considérable, et l'air a retenti des cris de Vive le Ror! vivent les Princes!

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Par Wife ordonnance du Roi, tont bâtiment qui tenteroit' d'introduire des Noirs dans nos colonies sera confisqué.

S. M. a ordonné de distribuer, sur sa liste civile. 40,000 fr. aux indigens de Paris. Ce secours a été distribué par MM. les curés des paroisses.

-La corporation des bouchers de Paris s'est cotisée, et a formé une somme de 3295 fr., qui a été repartie entre les douze bureaux de charité. On dit que les autres corporations se proposent d'imiter cet exemple.

-

La charité publique fait partout de généreux efforts pour le soulagement des pauvres. Dans le département de P'Ain, dans la Seine-Inférieure, on a établi des ateliers pour les pauvres valides. La cour royale de Besançon a arrêté que chacun de ses membres feroit chaque mois l'abandon du tren-tième de ses appointemens pour les malheureux. A Amiens, il a été ouvert une souscription qui a produit plus de 60,000 fr. M. le comte de Bouthillier, préfet de Strasbourg, a ordonué dans toutes les paroisses l'établissement de comités de secours. La cour prevôtale de Saône et Loire a jugé, le 27 jan

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vier, six individus accusés d'avoir pris part à un rassemblement séditieux qui avoit eu lieu, le 8 septembre, à Ignerande, près Charolles. Georges Lespinasse, dit Fustich, que l'instruction signaloit comme le chef de l'émeute, a été condamné à cinq ans de travaux forcés et au carcan; Philibert Leblanc, dit Piquelin, à cinq ans de prison, et Jean-Gérard de Brémont à un mois. Trois autres ont été placés sous la surveillance de la police.

-Le conseil de guerre séant à Toulouse a condamné à trois mois de prison Papet, soldat de la légion de la HauteGaronne, convaincu d'avoir tenu, sous les armes, des propos tendant à exciter ses camarades à la rebellion lors des troubles du 13 novembre, pour les grains.

-Un nommé Gay, dit Bourdon, condamné à mort, le 2 décembre dernier, par la cour d'assises de Dijon, pour vols et incendie, a invoqué, à différentes reprises, en allant au supplice, le nom de l'usurpateur. On avoit déjà vu un assassin proférer, à Paris, dans une circonstance semblable, les mêmes cris. Voilà sans doute de dignes partisans du tyran, et ses amis, s'il en a encore, doivent être sensibles à ces honteuses acclamations, qui achèvent de flétrir son nom et sa

cause.

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La ville de Port-Louis, Ile de France, a éprouvé, dans la nuit du 25 septembre dernier, un malheur affreux. Un des quartiers les plus riches et les plus peuplés a été la proie d'un incendie. Des propriétés pour la valeur de 40 millions, et une grande partie des provisions réservées pour l'avenir, ont péri, et les habitans craignent une famine.

Ce qui vient d'arriver à Londres annonce assez l'esprit qui anime toujours les amateurs des révolutions. Lorsque le princerégent revenoit, le 28 janvier, du parlement, où il avoit prenoncé le discours d'ouverture, on a distingué au milieu des acclamations les cris séditieux de gens de la lie du peuple. En même temps on a lancé dans la voiture des pierres à plusieurs reprises, et les glaces ont été brisées. On n'a pas découvert l'auteur de cet attentat, et on a arrêté seulement deux individus qui excitoient la populace. Les gardes ont été doublées. Les deux chambres ont voté une adresse au prince pour lui exprimer leur borreur de cet événement. On s'attend qu'il sera pris des mesures sévères. La fermentation avoit déjà éclaté par des signes non équivoques. Des associations secrètes, des attroupeniens publics et nombreux, des harangues auda

cieuses, des adresses mendiées parmi la populace, des plaintes exagérées, la demande bannale de la réforme parlementaire, avoient exalté les têtes. On ne peut se dissimuler que l'Angleterre ne renferme beaucoup d'élémens de révolution, et ce n'est pas la première fois que le souverain y est insulté. On se rappelle que, le 29 octobre 1795, on attaqua de même la voiture du roi.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 1. février l'ordre jour étoit la discussion en assemblée générale du projet de loi sur la liberté individuelle. Le ministre et les commissaires du Ror chargés de la défense du projet ont été introduits. La chambre, après avoir entendu deux orateurs, a fermé la discussion, et a renvoyé le projet à une commission spéciale qui a été nommée de suite, et composée de MM. Ferrand, d'Aguesseau, Emmery, Morel de Vindé et le maréchal duc de Raguse. La chambre sera convoquée dès que le rapport sera prêt.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS,

L'ordre du jour du 1. février étoit la discussion du projet de loi relatif aux détenus pour dettes. M. Piet combat les conclusions du rapporteur, et voudroit une loi qui fit cesser la diversité de jurisprudence sur la contrainte par corps entre les dettes civiles et les dettes cominerciales. M. Ponsard est du même avis sur ce dernier point; mais il justifie les conclusions de la commission sur la taxe alimentaire à fournir par le créancier. M. Bourdeau propose aussi quelques amendemens, et demande qu'on assimile les dettes civiles aux dettes commerciales. M. Laîné ne s'y oppose point; mais il fait valoir l'avantage de favoriser les étrangers. MM. Ri vière, Benoît, Piet et de Talleyrand demandent le renvoi du projet aux bureaux; MM. Bellart, Jacquinot et Jollivet. croient qu'il vaut mieux renvoyer à la commission. La chambre se décide pour ce dernier parti. Le projet de loi sur les lettres de change restoit à l'ordre du jour. Personne n'ayant demandé la parole, ce projet est mis aux voix, et adopté avec les amendemens dé la commission. Sur 141 votans, 140 l'ont accepté. La chambre s'est ensuite formée en comité secret pour entendre un rapport de M. Sartelon sur le budget particulier de la chambre.

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