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pour se faire respecter dans le malheur, après s'être fait si long-temps envier dans la prospérité.

» Les intérêts de l'église de France ne pouvoient être remis en des mains plus fidèles que dans celles de l'héritier du sceptre et des vertus de saint Louis, qui saura, comme ce sage monarque, en respectant les droits du saint Siége, faire respecter aussi les lois fondamentáles de l'Etat, conserver intact le dépôt de nos antiques libertés.

>> Nous partageons la sollicitude de V. M. pour l'amélioration du sort des ministres des autels, de ceux surtout qui, plus rapprochés de vos peuples, et malgré la haute utilité de leurs fonctions, ont jusqu'ici été trop négligés. Les devoirs que la religion de l'Etat impose sont sacrés à nos yeux, et nous saurons les concilier avec la nature de nos institations, la liberté des cultes et la situation encore pénible de la France.

» V. M. place l'attachement à la Charte immédiatement après celui qui est dû à la religion. Vous avez exprimé, Sire, la pensée de la France entière; car il n'est pas un François qui ne veuille une sage liberté, la paisible jouissance de son état, de ses droits et de ses biens. C'est dans ces dispositions et avec une profonde reconnoissance, que votre ordonnance du 5 septembre a été reçue, et que sera reçue la royale assurance que vous y ajoutez de ne jamais souffrir qu'il soit porté attéinte à la loi fondamentale de l'Etat. Là est le salut de la France, parce que là est le terme des révolutions.

» Vous voulez, Sire, que les ressentimens s'éteignent, que les haines cessent, que les enfans d'une même patrie (et vous avez daigné ajouter d'un même père), soient un peuple de frères. Vous avez déjà beaucoup fait pour atteindre ce noble but par l'assurance que vous nous avez donnée d'employer une fermeté également inébranlable pour réprimer les atteintes de la malveillance, et pour contenir les écarts d'un zèle trop ardent. Vos peuples vous ont entendu : ils savent que le Roi pe promet pas en vain.

» Et s'il étoit possible que la voix de V. M. fut un instant méconnue, s'il pouvoit s'élever quelque part des prétentions contraires aux intérêts inséparables de la France et de son Ror, nous nous presserions, Sire, autour du trône, pour vous entourer des vœux, et vous offrir le concours de tous les François qui n'aspirent qu'à vivre unis et paisibles sous l'empire de la Charte et le sceptre des Bourbons ». Le Roi a répondu:

« Je suis très-sensible aux sentimens de la chambre des députés; j'ai, » vų avec la plus vive satisfaction, dans l'unanimité avec laquelle l'a» dresse a été votée, l'heureux présage de cette tendance au même a but qui doit présider à toutes les délibérations de la chambre.

» Fidèle à mes promesses, j'ai déjà fait mettre sous les yeux de » la chambre l'exposé de nos besoins et des moyens d'y pourvoir. J'at»tends de son zèle qu'elle apportera dans la discussion de cette loi, si importante pour le repos de la France et la stabilité du crédit, toute la célérité que permet la gravité d'une pareille matière »,

Les vendredi 15, samedi 16, et lundi 18, la chambre s'est réunie dans les bureaux, pour la discussion préparatoire du budget.

(Samedi 23 novembre 1816.)

(N°. 239.)

Confessions d'un Homme qui se reproche d'étranges erreurs, et fait d'étranges aveux; par B. P. (1).

Il n'y a que trop de gens en France qui ont à se reprocher d'étranges erreurs, et qui, s'ils étoient sincères, feroient d'étranges aveux. Mais ces aveux répugnent à leur orgueil, et loin d'être disposés à se reprocher leurs erreurs, ils semblent, au contraire, en tirer vanité. Ainsi nous avons vu depuis deux ans des hommes beaucoup trop fameux publier des écrits, non point pour confesser leurs torts ou leurs crimes, non point pour fléchir, par leur repentir, la justice divine, ou pour désarmer la justice humaine par quelque satisfaction; mais, au contraire, pour recourir à d'impudentes apologies; pour affecter le langage de l'innocence et de la vertu; pour donner arrogamment des conseils, lorsqu'ils n'auroient dû ouvrir la bouche que pour demander grâce. Ils parloient de leur honneur, tandis qu'ils n'auroient dû parler que de leur honte; se félicitoient de la noblesse de leurs sentimens, lorsque tout rappeloit la bassesse de leur conduite; et se prétendoient purs et irréprochables, quand il existoit encore mille témoins de leurs cruautés et de leurs rapines. Ainsi nous avons vu plus récemment encore, dans des procès qui n'ont eu que trop d'éclat, des hommes qui avoient trahi leur souverain et déchiré leur patrie, vanter aussi leur houneur, jurer

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(1) Brochure in-8°. A Lavál, chez la veuve Portier. Tome X. L'Ami de la Religion et du Ror.

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même sur leur honneur, se targuer de leur fidélité, et alléguer leurs efforts pour empêcher la guerre civile, quand ils la fomentoient de tous leurs soins. Tout le langage étoit interverti. On appeloit mal ce qui est bien, et bien ce qui est mal; et dénaturant toutes les notions, altérant tous les principes, les personnages les plus décriés par la part qu'ils avoient prise à la révolution, ajoutant l'hypocrisie et l'orgueil au souvenir de leurs excès passés, se paroient encore des livrées de la vertu, et mentoient à leur conscience et aux autres en révendiquant avec hauteur l'estime qu'ils avoient mérité de perdre, et qu'ils ne faisoient rien pour réconquérir.

M. B. P. n'est sûrement pas de ce nombre, et quoiqu'il se confesse de beaucoup d'erreurs, nous ne le croyons pas aussi coupable qu'il sembleroit l'être. Ses Confessions ne sont qu'un cadre et une espèce de fiction imaginée apparemment pour faire sentir à d'autres feurs erreurs. C'est un exemple et une leçon qu'il donne à des gens qui en auroient assez de besoin. Il suppose donc qu'il a adopté sur divers points les doctrines perverses enfantées ou propagées dans le dernier siècle, et il expose les raisons qui l'ont désabusé. Ainsi il rappelle Jes erreurs qui ont été enseignées sur la religion, sur la philosophie, sur les révolutions, sur la souveraineté du peuple, sur la légitimité, sur le clergé, sur les libérales, etc. Il y a cinquante articles en comptant un supplément d'une quarantaine de pages. Malheureusement ces espèces de chapitres, commentant et finissant toujours à peu près par les mêmes formules, présentent une monotonie désagréable. L'auteur a les meilleures intentions, et professe d'excellens principes. Mais il ne les rend pas

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attrayans pour ses lecteurs, et la répétition des mêmes tournures et de la même ironie finit par n'être pas. très-plaisante. Nous croyons que M. B. P. eût mieux atteint son but en choisissant un autre cadre, ou en le variant avec plus d'art. Ce n'est pas assez, quand on écrit, de raisonner juste; il faut encore attacher et plaire. C'est le seul moyen d'être lu, et par conséquent utile.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S. a nommé les nouveaux cardinaux de Simeoni, Quarantotti, Georges Doria, Ercolaui et San Severino, membres de différentes congrégations..

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Le marquis François Nunez Vergueiro, garde-noble de S. S., chargé de porter la barrette de cardinal à Mer. Caleppi, nonce à la cour de Portugal, arriva, le 16 juin, à Rio-Janeiro. Le roi fixa le 23 pour le jour, où il donneroit en cérémonie la barretle au nouveau cardinal, qui fut conduit avec pompe au palais dans les voitures de la cour, et reçu avec de grands honneurs., Le roi posa la barrette sur la tête de Mer. Caleppi, qui répondit par un discours où il exprimoit sa reconnoissance. On remarque dans tous les détails de l'étiquette' observés en cette occasion, que la cour de Portugal y témoigne des égards particuliers pour la dignité de cardinal, et un attachement non équivoque pour le prélat qui occupe depuis si long-temps chez elle la place de nonce du saint Siége.

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Le 11 octobre, mourut, dans la maison professe des Jésuites, Joachim Pla, ancien Jésuite espagnol, nó au diocèse de Tortose en 1745. Il s'étoit mis en route pour Civita-Vecchia, dans le dessein de retourner daus sa patrie, et de se réunir à ses frères; mais surpris par

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ine maladie grave, il fut obligé de revenir sur ses pas. On le transporta à Rome, où il succomba au bout de peu de jours. Son goût l'avoit porté à la bibliographie et à l'étude des langues étrangères. Il devint successivement sous-bibliothécaire à Ferrare, professeur de chaldéen à Bologne, et directeur de la bibliothèque Barberini à Rome. Léopold l'appela à Florence, et se servit de lui pour la traduction des manuscrits arabes, et l'illustre Tiraboschi le déclara un des plus habiles polyglottes de l'Italie. Il a laissé en manuscrit un Essai sur l'ancienne langue provençale, que l'on dit plein de recherches et d'érudition. Il étoit aussi vertueux que savant, et sa piété, sa douceur, l'innocence de ses moeurs lui concilièrent partout le respect et l'attachement de ses confrères comme des gens du monde. La connoissance des langues ne lui avoit point fait négliger les études ecclésiastiques, et encore moins la pratique des vertus d'un bon religieux.

On écrit de Cologne que M. l'évêque de Jéricho est venu dans cette ville; que le 21 septembre il a fait dans l'ancienne cathédrale une ordination de soixante prêtres et de cent diacres, et qu'il a administré le saerement de Confirmation à plus de dix mille personnes,

PARIS. Nous espérions annoncer plutôt la conclusion des affaires ecclésiastiques. Mais le gouvernement n'a encore rien publié à cet égard; et quelle que soit noti impatience, elle doit céder aux motifs qui retardent cette publication si désirée. D'ailleurs la nouvelle que nous avons donnée précédemment n'a point été déméntie. Qu est d'accord sur le fond, et la convention principale paroît arrêtée. On ne négocie plus, dit-on, que sur des accessoires moins importans, et dont la discussion, il faut l'espérer, ne sera pas longue. Qui voudroit retarder une conclusion de cette nature par un attachement intémpestif à quelques prétentions, lesquelles doivent céder en ce moment surtout à de plus grands intérêts ! La réli

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