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réputation à cet égard étoit si bien établie, qu'on recouroit à eux de toutes parts comme à des arbitres et à des pacificateurs.

Ces titres honorables devoient peut-être être rappelésiçi; mais l'historien, trop fidèle à suivre les exemples de quelques-uns de ses dévanciers, a jugé que son abrégé ne comportoit pas ces détails, et a été fort sobre de ce qui eût le mieux cadré avec son titre de Beautés. Il a jugé très-légèrement plusieurs papes, et leur a donné tort, même dans des circonstances et sur des contestations où il seroit aisé de prouver qu'ils n'étoient pas répréhensibles. Ainsi, il dit qu'on reproche avec raison à saint Grégoire-le-Grand d'avoir étendu sa haine contre les faux dieux jusqu'à la littérature des païens, et qu'on croit qu'il fit détruire quantité de monumens des lettres et des arts, et principalement les livres conservés dans la bibliothèque du Mont-Palatin. M. Giraud auroit dû consulter des critiques instruits, qui lui auroient fait voir la fausseté de ces imputations malignes. Il en auroit vu la réfutation dans l'Art de vérifier les dates; il l'auroit trouvée encore mieux dans un Eclaircissement placé à la suite du Christianisme de Bacon. Le savant éditeur y discute ce point d'histoire, et montre que l'accusation contre saint Grégoire n'est fondée que sur le témoignage de Jean de Sarisbery. Saint Isidore et les autres contemporains n'en parlent pas; et Machiavel et Montaigne, qui l'ont répétée, méritent d'autant moins de créance à cet égard, qu'ils font le même reproche à tous les papes et à tous les évêques; ce qui est manifestement calomnieux. La destruction de la bibliothèque du Mont-Palatin est surtout un fait dénué de toute vraisemblance. On a de fortes raisous de croire

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que cette bibliothèque n'existoit plus du temps de saint Grégoire. Elle avoit été formée par Auguste; elle périt sous Titus, fut rétablie par Domitien, et consumée par le feu sous Commode. En supposant qu'elle eût été rétablie par Sévère ou par Caracalla, pou voit-elle subsister au temps de saint Grégoire, c'està-dire, trois ou quatre cents ans après, quand Rome avoit éprouvé tant de fortunes diverses, et qu'elle avoit été saccagée et brûlée trois fois dans cet intervalle; par Alaric, en 410; par Genseric, en 455, et par Totila, en 541? N'auroit-il pas fallu, en quelque sorte, un miracle pour qu'une bibliothèque publique eût été respectée et conservée au milieu de ces pillages et de ces incendies? C'est la substance de l'Eclaircissement de M. Emery; et M. Giraud nous permettra de nous en tenir à ces raisons, qui sont fort plausibles. B.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le cardinal Saluzzo mourut ici le dimanche 3 novembre. Ses funérailles doivent avoir lieu le 7., et S. S. se propose d'y assister.

PARIS. Depuis long-temps, MADAME, duchesse d'Angoulême, se proposoit de visiter la maison royale d'éducation établie rue Barbette, et première succursale de Saint-Denis. Diverses circonstances ont empêché S. A. R. d'exécuter ce dessein immédiatement après la visite dont elle honora la maison royale de Saint Denis. On sait que la maison de la rue Barbette est confiée aux soins des religieuses de la Congrégation de la Mère de Dieu. S. A. R. désirant leur donner, ainsi qu'aux élèves, un témoignage de son intérêt et de sa protection, a bien voulu assigner sa visite pour le 25 de ce mois, jour où plusieurs novices devoient faire profes

sion. MADAME a été reçue à l'entrée de la maison par M. le grand-chancelier de la Légion d'honneur, qui ne néglige aucune occasion de donner au Roi des marques de dévouement, et à ses camarades des témoignages d'attachement par son zèle pour l'éducation des enfans. Mr. le grand-aumônier a présidé la cérémonie, et reçu les voeux des professes, qui étoient au nombre de onze. M. l'abbé de Quélen, vicaire-général de la grande-aumônerie, un de nos orateurs les plus distingués, a fait le discours de profession, dans lequel il a retracé, avec autant d'onction que d'éloquence, les avantages de la vie religieuse. Il a rappelé la sollicitude paternelle du Roi pour ses enfans adoptifs, et la protection singulière de cette Princesse auguste que la France, a-t-il dit, regarde comme son ange tutélaire, dont les malheureux ont mille fois ressenti la bonté, et racontent à l'envi les bienfaits; digne par ses vertus de protéger l'innocence, comme elle est, par ses malheurs, le refuge de tous ceux qui ont connu l'infortune. Après la cérémonie, MADAME a visité les différentes parties de l'établisa parcouru les classes, a adressé des paroles

sement, a parcouleurs jeunes élèves, et les a in

pleines de bonté à

terrogées avec le plus touchant intérêt. Elle a examiné leurs travaux, et en a paru satisfaite. Une cantate de la composition de M. Théolon, musique de M. Louis Piccini, a été chantée devant elle par les enfans. S. A. R. n'a pu entendre sans émotion des voix innocentes lui rappeler dans leurs chants nos malheurs et nos consolations. Sa visite et ses bontés ont répandu la joie dans toute la maison. La reconnoissance, lui a dit Mer, le grand-aumônier, en consacrera le souvenir dans une maison cù le nom du Ror et de son auguste famille est chaque jour répété avec le plus tendre respect, et -béni par les vœux les plus ardens..

On avoit répandu qu'une autorisation particulière du Roi permettoit aux marchands de l'enclos du Temple de vendre le dimanche, et ils avoient en con

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séquence formé le bizarre projet de faire chanter à ce sujet une messe d'actions de grâces dans l'église de SainteElisabeth, leur paroisse. Ils auroient ainsi remercié Dieu de pouvoir violer impunément les lois de l'Eglise. M. le curé de Sainte-Elisabeth n'a pas déféré à une si singulière requête. Ce qui prouve que l'autorisation dont on se prévaloit n'avoit aucun fondement, c'est que dimanche dernier les boutiques de ces marchands éloient fermées comme toutes celles de la capitale. Il n'y a pas de raison pour leur accorder une exception que tous les autres pourroient réclamer de même; et c'est bien mal connoître les intentions de S. M. que de supposer qu'elle pût approuver une contravention si manifeste à une loi qu'elle a fait rendre.

-M. Frayssinous a dû commencer ses conférences, à Bordeaux, le dimanche 24; il les continuera tous les dimanches et fêtes.

-M. Antoine Chais-Olier, riche propriétaire, qui demeuroit sur la paroisse des Blancs-Manteaux, est mort le 19 novembre. Il a légué à son curé 1200 fr. de rente perpétuelle pour être distribués aux pauvres. Il a, de plus, voulu que le jour de son enterrement il fût célébré une messe, par tous les prêtres de chaque paroisse et chapelles de Paris, pour demander à Dieu fe repos de son ame; ce qui a été exécuté, et il a donné 24,000 fr. pour deux mariages qui seront faits dans chaque mairie.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. M., quoiqu'elle se porte beaucoup mieux, a continué ces jours-ci d'entendre la messe dans ses appartemens. Il y a eu le dimanche chez le Roi une réception très-nombreuse.

S. M. a permis aux officiers admis à la retraite de conserver les pensions qu'ils auroient obtenues d'un gouvernement étranger.

La légion du Nord est arrivée à Paris. Elle est nombreuse et brillante. On l'a casernée rue du Foin SaintJacques,

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D'après une décision du ministre des finances, les cult

vateurs du département du Bas-Rhin seulement pourront, en 1817, faire des plantations de tabac dans les terrains de quetque contenance qu'ils soient.

-Un maréchal-des-logis au régiment des cuirassiers du Dauphin, convaincu d'avoir crié Vive l'empereur, a été condamné, à Compiègne, à quinze mois de prison.

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-Le Mémorial religieux, politique et littéraire, a cessé de paroître depuis huit jours. Il existoit depuis le 1°. septembre 1815. Ceux qui y étoient abonnés reçoivent actuellement le Bon François en échange.

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MM. de Marcellus et Clausel ont réclamé dans le Moniteur contre le compte que les journaux ont rendu de la séance du 19. Les observations qu'ils avoient faites en comité secret ont été, disent-ils, accueillies par la chambre, et le mot unanimité a été rayé du procès-verbal.

Le Constitutionnel avoit annoncé Jes que de letgens tres el savans de Dijon faisoient frapper par souscription une médaille en l'honneur de feu Guyton de Morveau. Le Journal de la Côte-d'Or dément cette nouvelle, et ajoute qu'il n'a pu venir dans la pensée d'aucun Dijonnois de rendre un honneur public à un régicide, dont quelques services rendus aux sciences ne peuvent effacer le crime ni réhabiliter la mémoire aux yeux de ses contemporains et de la postérité.

-M. Lesparat, doyen des avocats de Paris, né en 1730, est mort le 19 novembre 1816. M. Bonnet, bâtonnier, a prononcé sur sa tombe un discours où il a loué la piété de son confrère.

TOULOUSE. La tranquillité publique a été troublée pendant quelques jours dans cette ville. Au marché du 6 novembre, le blé s'étoit vendu d'abord 31, 30 et 29 fr. Des eris demandèrent qu'il fut mis à 24. L'autorité résista à ces demandes. Mais un vendeur intimidé céda son blé à 24 fr., et tous les autres furent alors obligés de suivre son exemple. On prit des précautions pour le marché du 11, et une force imposante se tint prête. Les mêmes cris se renouvelèrent ; les autorités se portèrent sur les lieux, et firent arrêter quelques mutins. Le peuple vouloit les délivrer; un détachement de dragons dissipa l'attroupement. Il y eut un peu d'agitation, dans quelques faubourgs; mais les mesures prises ramenèrent le calme. Le 13, le marché fut tranquille. On vendit de gré à gré au prix de 26 fr. Pendant ce temps il s'étoit établi au faubourg Saint-Cyprien une sorte de marché où l'on vendoit

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