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qu'au lieu d'être pour ses semblables un sujet d'édification, on est la cause de leurs erreurs et de leur perte. ET NUNC

INTELLIGITE, ERUDIMINI QUI JUDICATIS TERRAM.

(Pseaume II, verset 10.)

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Né sur le bord du lac de Génézareth, d'une famille très-obscure, Pierre s'occupait à jeter ses filets dans la mer, lorsque Jésus lui proposa de le suivre. Pierre n'hésita point, et fut dès ce moment le compagnon inséparable de son maître. Il paraît que la nature l'avait doué d'un caractère ardent et prompt à s'échauffer. Il saisissait avec enthousiasme les occasions de montrer son zèle, et son cœur lui dictait souvent des réponses pleines de feu et de raison. Ce dévouement lui attira les faveurs de Jésus, qui l'établit le supérieur de ses collégues et le chef de l'église qu'il allait fonder. Je vous nomme Pierre, lui dit-il, et sur cette pierre je báti

rai mon église, et les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle. Je vous donnerai également les clefs du royaume des cieux : tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans les cieux. (Saint Mathieu.) Paroles par lesquelles Jésus garantit le don de l'infaillibilité au corps des pasteurs, quand ils voudront prononcer sur les dogmes. de la foi. Car, ce serait ridicule d'y voir, comme les ultramontains, cette infaillibilité, seule promise au chef des apôtres, puisqu'il faudrait dans ce cas, par une rigoureuse conséquence, n'attribuer aussi qu'à lui seul la puissance de lier ou de délier : ce que personne n'a jamais soutenu. La prérogative particulière de Pierre ne consiste donc que dans une puissance de juridiction, que Jésus-Christ crut nécessaire le maintien de l'ordre dans le gouvernement ecclésiastique.

pour

Dans le dénûment où vivaient Jésus-Christ et ses disciples, il leur fut impossible de payer un tribut qu'on leur demanda : peut-être pour le temple de Jérusalem, peut-être pour l'empereur Tibère qui régnait alors. Pierre, sur la parole de son maître, tira une pièce de monnaie

de la gueule d'un poisson et alla satisfaire à son obligation. Ses successeurs, plus heureux que lui, surent bien se soustraire à ce devoir; et au lieu de payer un tribut, à titre de sujet, ils en ont reçu eux-mêmes des monarques les plus absolus.

Nous ne suivrons pas notre apôtre durant tout le cours de la vie de Jésus-Christ, il nous suffit de savoir qu'il ne cessa jamais d'être fidèle à son maître. Si pendant la passion il fut un moment intimidé par l'appareil des tribunaux, il répara bientôt cette faute avec éclat, et l'effaça par les larmes d'un sincère repentir. Mais voilà que Jésus est au ciel; Pierre, dès ce moment, va donner l'essor à son zèle. Il parle, et son premier discours ramène trois mille juifs à la vraie foi. Mis en prison, à cause de son prosélytisme, les magistrats le remettent de suite en liberté, vaincus par la droiture de son esprit et la force de ses raisons. C'est alors que Jérusalem brilla d'une splendeur nouvelle et d'une beauté mille fois plus ravissante que tout le luxe du fastueux Salomon. Les chrétiens de cette cité présentaient l'exemple de toutes les vertus. Ils n'avaient tous qu'un cœur et qu'une âme, et chacun, dans le besoin, oubliait ses pro

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pres intérêts pour s'occuper de celui de ses frères; la charité étant le lien qui unissait tous les esprits.

On ne peut guère déterminer dans quelle année il alla fonder l'église d'Antioche; mais on ne peut douter qu'il n'ait fait ce voyage. Après avoir prêché dans divers royaumes de l'Asie, il vint à Rome pour y combattre l'idolâtrie. Quoique ce point de l'histoire soit trèsobscur, personne ne conteste plus aujourd'hui à l'église romaine le privilége d'avoir eu cet apôtre pour premier évêque. L'espèce de lutte qu'il eut à soutenir avec Simon le magicien est regardée par plusieurs comme une fable, et l'on voit avec peine que le judicieux Fleury l'ait adoptée dans son histoire ecclésiastique.

Claude qui régnait alors suscita contre les chrétiens une violente persécution. On suppose que son édit obligea Pierre de retourner en Judée car il était à Jérusalem, lorsqu'il se tint dans cette ville la première assemblée chrétienne que l'on nomma depuis concile. L'on y disputa ce point de discipline: la circoncision doit-elle être regardée désormais comme un moyen nécessaire pour obtenir le salut? Pierre, comme président du concile, parla le premier;

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