deux ans après, chéri des Romains et respecté. de l'Europe. L'histoire a recueilli ces paroles. qu'il prononça dans le concile : Les chrétiens doivent être exempts de servitude. Elles sont vraiment dignes d'un pasteur des peuples.

Né à Lucques, et élu en 1181.

LUCIUS III,

Mort à Véro

ne en 1185.

169° PAPE.

Il lutta quelque temps avec le peuple Romain qui ne voulait pas de l'autorité pontificale, mais il parvint à le réduire à la soumission avec le secours des princes d'Italie. La sévérité de son caractère lui fit dresser de concert avec Frédéric, empereur d'Allemagne, une longue constitution dans laquelle on trouve de rigides lois contre les hérétiques. On y entrevoit aussi l'origine de l'inquisition, en ce que cette constitution ordonne aux évêques de s'informer par eux-mêmes, ou par des commissaires, des personnes suspectes d'hérésie, et de les livrer au bras séculier, quand on aurait vainement employé contre elles les peines spirituelles.

LAMBERT' CRIVELLI, né à Milan, et élu en 1185.

URBAIN III,

170° PAPE.

Mort à Ferrare en 1187.

Un zèle ardent, mais qui n'était pas toujours éclairé, lui fit commettre plusieurs imprudences pendant son pontificat; du reste, il avait de la piété, et désirait sincèrement une réforme dans. le clergé. Il y travaillait lorsque la nouvelle de la prise de Jérusalem par Saladin, vint hâter l'heure de sa mort.

ALBERT DE MORA, né à Bénévent, et élu en 1187.

GRÉGOIRE VIII,

171° PAPE.

Mort dans la même année.

Le peu de succès de la première croisade, n'avait pas éteint à la cour de Rome le désir de chasser les infidèles de la Palestine. C'est pourquoi Grégoire exhorta les princes chrétiens à en entreprendre une seconde. Il avait assez d'éloquence et un certain fonds d'érudition. On ne doit pas confondre ce pape avec l'anti-pape Bourdin, dont nous avons parlé, et qui avait pris le nom de Grégoire VIII.

PAULIN, élu en 1187.

pape

Ce était originaire de Rome, et évêque de Préneste. On dit que ses lumières le firent juger digne de ceindre la couronne pontificale. Il mit beaucoup d'ardeur à accélérer la seconde croisade que son prédécesseur avait publiée contre les musulmans. C'est le premier pape qui ait ajouté l'année de son pontificat, aux dates du lieu et du jour.

Élu en 1191.

CÉLESTIN III,

Mort en 1198.

173o PAPE.

pape

Ce donna l'onction sainte à l'empereur Henri VI et à l'impératrice Constance; pour montrer qu'il avait autant le droit de lui ôter la couronne que de la lui donner, il en poussa une d'un coup de pied avant de la mettre sur la tête des princes. Les cardinaux la relevèrent ensuite, et en ceignirent la tête de l'empereur, qui fut encore investi de la Pouille et de la Calabre, comme s'il eût reçu un fief du Saint

Siége. Célestin mourut après avoir fait prêcher des croisades ; il était savant, mais très-enclin à

l'ambition.

Né à Anagni, et élu en 1198.

INNOCENT III,

Mort en 1216.

174° PAPE.

Ennemi implacable des hérétiques, il résolut de les exterminer tous, croyant par-là rendre la religion de Jésus-Christ beaucoup plus belle, plus florissante. Quel aveuglement! il semble que les préceptes de l'évangile étaient inconnus à cette époque, même aux pasteurs, puisqu'ils leur substituaient des lois de sang, des lois de mort. Le Languedoc fut à cette occasion le théâtre des massacres les plus inhumains ; le comte Simon de Montford, qui était à la tête de l'expédition contre les Albigeois, s'y distingua par une cruauté inouie. On prétend que dans une petite ville près de Carcassonne, il fit brûler vifs quatre mille individus des deux sexes pour le seul crime d'hérésie; et l'on ne flétrirait pas dans la dernière postérité, des êtres aussi inhumains et plus redoutables que les tigres! L'inquisition prit aussi naissance dans cette guerre

impie (1). Cette origine aurait dû seule la faire proscrire de tous les lieux, au lieu qu'elle s'introduisit successivement dans presque tous les

royaumes.

Mais ce n'est pas avec les hérétiques seulement, que ce pape se mit en guerre, il jeta l'interdit sur le royaume de France, parce que Philippe-Auguste s'était séparé de sa femme Ingelburge; la désolation fut à son comble dans ce pays, il présenta le même spectacle que sous le roi Robert. Le pape excommunia aussi Jean Sans-Terre, roi d'Angleterre, qui ménageait peu les droits du clergé, délia ses sujets du serment de fidélité, et le déposa du trône par une bulle. Toutes ces actions ne sont pas faites pour immortaliser Innocent; cette soif du sang et du pouvoir efface en lui toutes les belles qualités qu'il avait d'ailleurs.

(1) C'était un tribunal ecclésiastique érigé par le souverain pontife, pour extirper de la chrétienté tous ceux qui n'adoptaient pas la croyance romaine.