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tres. Il fit hâter les sessions du concile de Trente, qui depuis vingt-cinq ans était en proie aux cabales des princes et des moines, et il en proclama la clôture au grand contentement des amis de la paix. Moins impétueux que Paul IV, il refusa d'excommunier Élisabeth qui tenait dans ses mains le sceptre spirituel de l'église d'Angleterre. Cette douceur était plus capable d'apaiser le courroux d'une reine aussi fière, et puissante, que toutes les foudres du Vatican.

C'est de son pontificat que date l'institution des séminaires où l'on a coutume de former les jeunes clercs à la science et aux vertus du saint état qu'ils ont intention d'embrasser.

MICHEL GHIS-
LERI, né à
Boscho, et élu
en 1566.

PIE V,

226€ PAPE.

Mort en 1572.

Son mérite et sa fortune le tirèrent de l'obscurité pour l'élever à la première dignité de l'église. Il se montra l'ennemi du luxe et de cette pompe mondaine dont tant de pontifes cherchent à s'entourer. Désirant corriger les mœurs qui étaient dépravées au dernier point dans ses états, il relégua dans des quartiers éloignés de la ville de Rome, les courtisanes

dont l'audace et l'effronterie propageaient le scandale. Il obligea les évêques à la résidence, supprima l'achat pécuniaire des indulgences, et prit tous les moyens pour corriger ce qu'il y avait de défectueux dans l'Église. Son excessive rigidité l'égara néanmoins. Comme il avait été inquisiteur-général avant son élévation au souverain pontificat, il conserva dans cette auguste dignité le caractère inflexible et quelquefois cruel qui se fait remarquer dans les membres d'un tribunal aussi terrible que celui de l'inquisition. Les hérétiques le redoutaient beaucoup ils savaient que le supplice du feu était l'arme presque ordinaire de sa justice. Le célèbre Palearius en fut un triste exemple. Cet écrivain fut brûlé pour avoir dit, dans un de ses ouvrages, que l'inquisition était un poignard aiguisé contre les savans.

Il ordonna aux souverains, sous peine d'un interdit lancé sur leurs états, de publier la bulle In cœna domini qui renferme toute la doctrine ultramontaine. On avait coutume de la lire publiquement à Rome chaque année le jeudi saint. Cet usage a été aboli ensuite par Clément XIV. La célèbre victoire de Lépante, remportée sur les Turcs, lui est attribuée en

grande partie, soit parce qu'il avait contribué aux frais de l'armement, soit aussi que ses ardentes prières aient attiré sur l'armée chrétienne la protection du dieu des combats. L'histoire ecclésiastique, pour mieux accréditer ce fait, assure que le pape était instruit de la victoire long-temps avant que les hommes eussent 'pu l'en instruire.

On prétend que quoiqu'inquisiteur il rechercha les gens de lettres et qu'il n'éleva qu'eux aux dignités. Il condamna les erreurs de Baïus qui tendaient à faire revivre celles de Pélage sur la grâce; il réforma l'ordre de Citeaux qui était dégénéré de sa première ferveur, et l'institut de la doctrine chrétienne trouva en lui un protecteur.

A sa mort, le peuple manifesta des sentimens de joie, moins parce que son gouvernement avait été tyrannique, que rigide et incommode.

Voltaire qui n'est pas suspect dans ses éloges, avoue que Pie V avait des vertus royales, et il ajoute que ce n'est pas le trône qui donne ces vertus, mais le caractère.

On sait que les sollicitations du roi d'Espagne, plus que son propre zèle, le portèrent à fulminer contre Élizabeth une excommunication sanglante.

BUON COM

PAGNO, Bolonais,

en 1572.

élu

GRÉGOIRE XIII,

227 PAPE.

Mort en 1585.

Les principaux événemens du pontificat de Grégoire sont l'embellisement de la ville de Rome, la condamnation des écrits de Baïus, et les secours de troupes et d'argent qu'il envoya à Henri III, roi de France, contre les calvinistes. Mais, ce qui a rendu vraiment célèbre ce pape, c'est la réformation du calendrier. Les nations protestantes refusèrent long-temps cette réforme parce qu'elle venait du pape. Aujourd'hui il n'y a plus que la Russie qui conserve le vieux style. On dit que cet empire aime mieux être brouillé avec tout le ciel que de se rencontrer en quelque chose avec l'église romaine. Conduite bizarre qui prouve le fanatisme d'une autre espèce. Le nom de Grégoire, justement célèbre à tant de titres, serait passé peut-être sans tache à la postérité sans l'approbation qu'il donna publiquement au massacre de la Saint-Barthélemi. Cette action est pour lui une souillure que toutes ses belles qualités ne peuvent effacer.

FELIX. né dans un village de la Marched'Ancône, et élu en 1585.

SIXTE-QUINT,

228€ PAPE.

Mort en 1590.

Ce pape ne dut pas son élévation à son seul mérite, mais à la ruse et à l'hypocrisie. Après la mort de Grégoire XIII, les cardinaux divisés sur le choix de son successeur perdaient l'espoir de réunir leurs suffrages. Depuis quelque temps Sixte ne prenait plus de part aux affaires; il vivait dans une profonde retraite, et s'il paraissait quelquefois en public, c'était sous la figure d'un vieillard infirme qui succombe sous le poids des années. Quand on l'avertit que son nom était murmuré dans quelques cellules du conclave, il répondit qu'outre qu'il était indigne d'une charge si auguste, il n'avait pas assez d'esprit pour diriger les affaires : qu'il serait obligé d'abandonner l'autorité à des cardinaux qu'il ferait ses ministres. Ces paroles. prononcées avec un air de désintéressement qui aurait pris les plus habitués aux artifices, déterminèrent ses confrères à le eeindre de la triple couronne. A peine fut-il intronisé, qu'ayant quitté sa place, il jeta le bâton dont il feignait

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