Page images
PDF
EPUB

ferma pas la bouche à ceux qui adoptaient la doctrine de l'ouvrage, parce qu'ils prétendaient que le sens de l'auteur n'était pas celui qu'on avait voulu proscrire. Cette lutte échauffa beaucoup les esprits et quelques personnes prétendent que si cette question était agitée de nouveau, Arnaud trouverait encore aujourd'hui des satellites à ses ordres.

C'est à ce pontife que le bienheureux Palafox, évêque dans l'Amérique, écrivit une lettre très-longue sur les excès auxquels les jésuites se livraient dans les endroits où ils faisaient des missions et principalement dans sa ville épiscopale. On peut analyser ainsi cette lettre : «Les jésuites servent les gouvernemens et l'église quand l'église et les gouvernemens leur » sont soumis. Mais si l'église et les gouverne» mens ne font pas tout ce qui leur plaît, ils en >> deviennent les plus dangereux et les plus >> cruels ennemis. »

[ocr errors]

La voix de ce sage se perdit sous les voùtes du Vatican, qui devaient bientôt retentir des querelles interminables sur la grâce. Rome a plusieurs fois donné cet exemple, de préférer que ses docteurs s'occupent de futilités, tandis que de dangereux ennemis se glissent

dans la vigne du Seigneur pour y porter le ra

[blocks in formation]

Les réformes qu'il entreprit au commencement de son pontificat, donnèrent une grande idée de lui, mais son zèle se refroidit dans la suite. Il s'occupa, dit le continuateur de Mézerai, de tout ce qui avait du faste et de l'éclat. Il avait fait serment, lorsqu'il n'était encore que cardinal, que si jamais il devenait pape il ne recevrait aucun de ses parens à Rome; mais revêtu de cette dignité un jésuite le tira d'embarras, en lui disant que son serment l'obligeait bien à ne pas les recevoir à Rome, mais non sur la route de Sienne. Il alla donc les recevoir et leur prodigua bientôt les biens de l'église. Voilà à quoi aboutirent les conseils du casuiste moderne.

Il orna le collège de la Sapience d'une belle bibliothèque, et ajouta à la ville plusieurs embellissemens. C'est lui qui, à l'occasion des querelles que faisait naître le jansénisme en

France, ordonna la signature d'un formulaire qu'il avait lui-même dressé, et qui servit à produire la fameuse distinction du droit et du fait. Il mourut fort peu regretté des Romains.

JULES DE ROSPIGLIOSI, né à Pistoie, et élu en 1667.

CLÉMENT IX,

239° PAPE.

Mort en 1669.

Ami de la paix et zélé pour la gloire du nom chrétien, il entama des négociations pour obtenir la première de ces choses, et procura des secours à Candie pour que les disciples de Mahomet ne souillassent pas une île si courageusement défendue par des chrétiens. Cependant l'île fut prise, et on prétend que le chagrin qu'en conçut le pontife occasionna sa mort. Il avait été plus heureux en France où il avait étouffé les contestations du droit et du fait en rendant ses bonnes grâces et honorant d'un bref les quatre évêques qui s'étaient montrés oppo

sans.

Ce pape fut très-regretté, car à son amour pour la paix, il joignait l'amour des lettres qu'il protégeait dans ceux qui les cultivaient.

ÉMILE ALTIERI, élu en $670.

CLÉMENT X,

Mort on 1676.

240° PAPE.

D

Il fut honoré de la pourpre romaine lorsque son prédécesseur était à son lit de mort. Étant venu le remercier de sa promotion, le pape lui dit : « Dieu yous destine à être mon successeur; j'en ai quelque pressentiment. La prédiction s'accomplit, et le nouveau pape fut aussi porté à la douceur et à la paix que son prédécesseur. Il est blâmé cependant d'avoir abandonné à un cardinal, son neveu, l'entière administration des affaires et de s'en être très-peu occupé. Cette indifférence dans les souverains peut avoir des conséquences funestes. Le peuple qui ne laisse jamais échapper les occasions d'aiguiser la satire, disait dans cette circonstance «que les états romains étaient gouvernés par deux papes, l'un de fait, l'autre de droit.

BENOIT ODESCALCHI, né à Côme, et élu en 1676.

INNOCENT XI,

241° PAPE.

Mort en 1689.

Il s'appliqua pendant son pontificat à rétablir la discipline et les affaires de la chambre. apostolique qui étaient grandement en désordre, à corriger les abus qui s'étaient glissés dans le service divin, et à faire revivre dans le clergé la science et la vertu. Il pourvut libéralement aux besoins des pauvres, et fit des décrets rigoureux contre les juifs qui exerçaient dans ses états des trafics usuraires.

Il avait un jugement solide et l'esprit pénétrant, mais il se réglait quelquefois sur des maximes trop austères. La fierté avait aussi beaucoup de part dans l'opiniâtreté de ses sentimens. Il en donna des preuves dans les démêlés qu'il eut avec Louis XIV, roi de France. Ce fut d'abord à l'occasion des franchises dont il voulait restreindre les limites, et ensuite, au sujet de la régale dont les débats prolongés lui firent perdre le comtat d'Avignon.

Scs grandes préventions en faveur de son siége, lui firent lancer des anathêmes contre les quatre articles que le clergé de France, assem

« PreviousContinue »