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nation d'Athanase et son expulsion de son siége. L'église était alors au pillage. Les conciles se lançaient réciproquement des anathêmes, et cette calamité aurait duré long-temps si l'empereur Constant et son frère ne fussent convenus d'assembler un concile général pour mettre fin à ces désordres.

L'histoire ne nous apprend point quelle part prit le pape Jules aux nouvelles hérésies qui s'élevèrent sous son pontificat. On assure que peu de temps avant sa mort il s'était laissé surprendre à l'hypocrisie des hérétiques Arsace et Valeus, qui feignirent d'embrasser de bonne foi l'horthodoxie: ce qui prouve que les papes ne sont pas doués du précieux don de l'infaillibilité, car il n'eût jamais reçu ces hérétiques à sa communion.

Né à Rome, et élu en 353.

LIBÈRE (S.),

Mort à Rome

en 366.

37 PAPE.

Dès que les Orientaux eurent appris que Libère occupait le siége de Rome, ils lui écrivirent pour lui faire signer la condamnation d'Athanase. Celui-ci voulut comparaître à son tribunal, croyant mieux détruire par-là les accu

sations portées contre lui. Mais Libère l'excommunia et le frappa d'anathèmes. Ils se réconcilièrent quelque temps après, et le pape travailla avec ardeur à la paix de l'église. L'empereur qui favorisait les Ariens tenta de le séduire, en lui envoyant des présens qu'un eunuque vint lui apporter : mais Libère les refusa généreusement, et ayant appris qu'on les avait déposés dans l'église de Saint-Pierre, il ordonna qu'on jetât dehors cette offrande profane. Ce pape fut donc enlevé au milieu de la nuit, et exilé dans la Thrace pour prix de son zèle. C'est pendant son exil que les Romains élurent un autre pape, qui prit le nom de Félix; les dames de la ville furent très-mortifiées de cette élection, parce qu'elles aimaient beaucoup Libère. Elles se présentèrent à l'empereur pour demander qu'il fût rappelé. Il se laissa fléchir, et après avoir délibéré avec les évêques qui l'accompagnaient, il ordonna que si Libère entrait dans leurs sentimens, il serait rappelé et gouvernerait l'église en commun avec Félix. Libère consentit, et cet exemple de lâcheté entraîna dans l'erreur une infinité d'autres évêques. Saint Hilaire de Poitiers le traita de prévaricateur de la foi, et lança contre lui

de terribles anathèmes. Il faudrait être fortement prévenu en faveur de l'infaillibilité du pape pour oser soutenir que Libère ne blessa point la foi en adhérant à la croyance arienne. A la vérité, il répara sa faute, en refusant de souscrire à la décision du concile de Rimini, et sa chute n'a pas empêché que les évêques les plus illustres de ce temps-là, saint Basile et saint Ambroise, n'aient parlé de lui avec beaucoup d'éloges.

Né Romain, élu en 360.

FÉLIX II (S.),

Mort en 367.

38 PAPE.

Des écrivains respectables par leur savoir et en particulier Fleury, parlent de ce pontife avec un souverain mépris, tandis que Bellarmin et plusieurs autres soutiennent qu'il fut légitimement élu évêque de Rome. Quoi qu'il en soit, après le retour de Libère, le peuple se rangea du parti du pape persécuté, et Félix fut forcé de quitter la ville, et d'abandonner à son collégue tous les honneurs de la papauté. Rentré à Rome à la faveur des clercs de son parti, il en fut chassé une seconde fois par la noblesse et le peuple. Cependant, plus heureux que Libère,

l'église le regarde comme un saint martyr, chassé de son siége pour la défense de la foi catholique par Constance, empereur Arien, né en Espagne.

Né en Espagne, et élu en 367.

DAMASE I,

Mort en 384.

39° PAPE.

Étant encore diacre, Damase avait accompagné le pape Libère dans son exil. Après la mort de ce pape, les deux factions (celle de Libère et de Félix) entrèrent dans de violentes séditions pour lui donner un successeur. On élut un pape des deux côtés, mais le parti de Libère triompha et fit assoir Damase sur le siége pontifical. C'était alors le plus grand bonheur que pût attendre un homme ambitieux que d'être fait pape. Ils n'avaient plus à redouter la colère des tyrans, et au lieu de la vrété recommandable dans laquelle avaient vécu leurs prédécesseurs, ils abondaient en toutes sortes de délices. On ne saurait douter que Damase lui-même, malgré sa réputation de sainteté, ne fût très-enclin au faste et à l'opulence. Prétextat, qui fut depuis préfet de Rome, lui

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pau

disait en plaisantant : Faites-moi pape et je me ferai chrétien ce qu'un homme d'un si haut rang n'eût pas dit, si la conduite de Damase eût été un peu plus apostolique. Damase mit tous ses soins à extirper l'hérésie et à ramener les schismatiques à sa communion. Cependant il doit être blâmé d'avoir employé quelquefois des moyens rigoureux pour ce dessein. Il sollicita de l'empereur Valentinien une loi pour réprimer l'avarice des ecclésiastiques, qui était parvenue à un degré effrayant. Il eut ensuite un différent avec saint Bazile, qui, piqué au vif du ton hautain de Damase, rompit pendant quelque temps tout commerce avec l'église de Rome. Il combattit le priscillianisme qui commençait à s'étendre dans l'Occident, et fit condamner cette hérésie dans un concile tenu à Sarragosse. Ses ennemis n'osant le décrier du côté de la foi, qui se manifestait assez par son zèle à la défendre, attaquèrent ses mœurs et l'accusèrent plusieurs fois du crime d'adultère. Mais un concile assemblé à ce sujet, rendit un témoignage authentique à son innocence. On a de lui un recueil de poésies contenant des épigrammes, des inscriptions, etc. On dit qu'il a introduit la coutume de chanter le gloria

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