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Né Romain, et élu en 342

LÉON I (S.),

SURNOMMÉ LE GRAND,

47° PAPE.

Mort à Rome

en 461.

Léon, encore diacre, avait rendu par sa médiation un grand service à l'empire en ménageant la réconciliation d'Aëtius, seul capitaine qui pouvait alors défendre les Gaules, avec un seigneur de ce pays. Dès-lors, on le jugea propre à gouverner l'église. Le clergé et le peuple romain l'élevèrent d'une voix unanime au souverain pontificat, et rendirent par cet accord un éclatant hommage à la vertu et au talent. Léon comprit toute l'importance de sa dignité, et s'appliqua dès ce moment à étendre en tous lieux sa sollicitude pastorale.

Rigide observateur de la discipline ecclésiastique, il en renouvela et confirma les anciens canons. Il ne crut jamais que la pénurie des prêtres fût une raison pour élever au sacerdoce des hommes ignorans : conduite qui contraste singulièrement avec celle de plusieurs évêques de nos jours, qui ne se montrent pas difficiles sur ce point. Cependant cette corruption profonde qui règne dans une quantité de paroisses de

leur diocèse, a-t-elle d'autre cause, aux yeux de l'observateur chrétien, que l'ignorance des ministres de la religion?

Léon eut à combattre les erreurs tout à la fois impies et immorales des manichéens et des priscillianistes, et fit condamner, dans un concile général tenu à Chalcédoine, l'hérétique Eutichez, qui n'admettait qu'une seule nature en Jésus-Christ. Long-temps après lui, on lisait encore, dans les églises de la Gaule, les grands jours de solennité, la lettre qu'il écrivit au concile à cette occasion.

Ce qui fait aussi la gloire de ce pontife, c'est d'avoir délivré Rome des fureurs d'Attila. Ce terrible roi des Huns était yenu en Italie avec une puissante armée. Déjà les villes d'Aquilée, de Pavie et de Milan, avaient éprouvé ce que peuvent les fureurs d'un roi barbare. Ses conquêtes étaient des dévastations, et ses monumens de victoire, des ruines. Mais Rome était la proie qu'il convoitait le plus. Il savait qu'elle était si peu disposée à l'arrêter dans sa marche, que l'empereur aussi-bien que le brave Aëtius ne croyaient devoir mettre leur sûreté que dans une fuite honteuse. C'en était donc fait de l'Italie et peut-être de tout l'empire, si on n'eût

pas trouvé dans Léon un médiateur, ou plutôt un ange de paix, puisqu'il fut capable d'adoucir l'indomptable férocité d'Attila. Il s'avança au-devant des barbares phalanges, accompagné d'un consul et d'une grande partie du sénat, et les abordant, il adressa ainsi la parole à leur chef: « Grand roi, le sénat et le peuple romain, » autrefois le vainqueur du monde, m'envoient » pour implorer humblement ta clémence. Tu » dois compter pour le plus beau des événe» mens qui ont illustré ton règne, l'humiliation » d'un peuple, qui a vu si long-temps toutes les >> nations et tous les rois à ses pieds. Tu as dompté tous ceux dont Rome a été victorieuse. >> Tu n'as plus maintenant d'autre gloire à ac»> quérir que celle de te vaincre toi-même et de » dominer par la clémence sur des peuples que >> tu as soumis par la terreur. Oui, nous nous >> avouons vaincus ; mais épargne le sang d'une foule de malheureux qui se soumettent à toi » sans résistance. »

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Tandis qu'il parlait, Attila avait les yeux fixés sur cet homme vénérable, qui portait sur son front le noble caractère de la vertu ; et lorsque le pontife cut cessé de parler et que les sénateurs se furent jetés à ses pieds, il fut ému

d'un spectacle aussi touchant, et l'humanité prit aussitôt, dans son cœur, la place de la férocité. Satisfait d'un léger tribut qu'on lui promit, il s'éloigna de Rome et prit la route de la Pannonie. Léon sauva Rome une seconde fois, lorsque les Vandales, après l'avoir pillée avaient résolu d'y mettre le feu. C'est après avoir ainsi illustré son pontificat par des actions. généreuses et dignes de la reconnaissance des siècles, qu'il alla jouir dans le ciel de la couronne due à ses travaux. Il nous reste de lui une multitude d'ouvrages: en général, son style est noble et quelquefois élégant. Le caractère de ce pape aurait donc été parfait, si un mélange de fierté, d'ambition, je dirai même de fanatisme, ne fût venu le déparer. L'humanité et la religion ne lui pardonneront jamais d'avoir dit « que la crainte des supplices rigoureux fait » quelquefois que les hérétiques recourent au » remède spirituel. » Il devait savoir que le priscillianisme dont il avait parlé, ne s'était répandu en Espagne que depuis la mort violente qu'on avait fait subir au chef de cette secte. (Voyez Mainbourg, hist. de Léon le Grand, et Fléchier, hist. de Théodose, liv. 3.) Le sang des persécutés a toujours été un puissant moyen de prosélytisme.

Né en Sardai

gne, et élu en 461.

HILAIRE (S.),

48 PAPE.

Mort à Rome

en 468.

La joie que son élection causa à tous les évêques, prouve que ce pape était digne de la chaire de saint Pierre. S'il ne se fit pas remarquer par des actions aussi éclatantes que son prédécesseur, il ne gouverna pas moins l'église avec sagesse et n'eut pas moins de zèle à combattre l'erreur. C'est le premier pape qui ait défendu aux évêques de se choisir leurs successeurs. On juge par-là que les faveurs et les protections commençaient à être un puissant moyen pour arriver aux dignités de l'église.

Né à Tivoli, et élu en 468.

SIMPLICE (S.),
49° PAPE.

Mort à Rome

en 482.

Célèbre par sa prudence et la fermeté de son caractère. Il sut démêler les artifices qu'Acace, patriarche de Constantinople, accusé d'hérésie, avait employés pour le surprendre. Il réussit également à faire chasser de leurs siéges deux évêques opiniâtrés dans l'erreur: Pierre de Mon

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