Page images
PDF
EPUB

était nécessaire de procéder à une autre élection, il commença à répandre les sept cents pièces d'or qu'il avait empruntées à Constantinople, et qu'il avait promis de rendre, quand une fois il se serait rendu maître des trésors de l'église. Avec ce moyen, et appuyé de Bélisaire, qui avait reçu des instructions de l'impératrice, il fut reconnu pour pontife; mais, comme le dit le père Doucin, Vigile, dans la papauté, trouva tout ce qu'il avait mérité en la recherchant, beaucoup de maux, très-peu de gloire et nulle compassion. Il eut plusieurs démêlés avec l'empereur au sujet des Trois-Chapitres, et il soutint mieux qu'on ne l'avait espéré la cause de l'orthodoxie. Un jour que des satellites entrèrent dans l'église de Saint-Pierre pour l'en arracher, Vigile, qui était robuste, quoique d'un âge avancé, se fit un rempart de l'autel et opposa une vigoureuse résistance. Amené ensuite à Constantinople, il y aurait vécu paisiblement dans le palais de Placidie, s'il n'eût pas inquiété l'empereur. Il fut donc exilé et rappelé ensuite pour le gouvernement de son église. Dieu ne voulut pas cependant qu'il jouît de cette satisfaction: attaqué des douleurs de la pierre il s'arrêta en Sicile et y mourut.

Né Romain, et élu en 556.

'PÉLAGE I,

Mort en 560.

62 PAPE.

Ce pontife, né à Rome, parvint à se faire élire à force d'intrigues et de promesses, et se fit ensuite installer par le crédit du patrice Narsès. Mais le peuple le regardait toujours comme un intrus, et comme on lui reprochait, entr'autres crimes, d'avoir occasioné la mort de Vigile, il résolut de se purger de cette accusation. Pour cet effet, il ordonna une procession, à la fin de laquelle il monta sur un lieu élevé pour mieux être aperçu du peuple, et après avoir pris l'évangile d'une main et une croix de l'autre, il fit serment qu'il n'était pas coupable des crimes qu'on lui reprochait; l'argent qu'il eut soin de faire répandre servit mieux encore à imposer silence à la multitude, que le serment qu'il venait de jurer. L'esprit de ce pontife était intolérant on en jugera par ces paroles que l'on trouve dans sa lettre adressée à Narsès : « Ne » vous arrêtez pas aux vains discours de ceux

qui vous disent que l'église excite une persé»cution quand elle réprime les crimes et cher> che le salut des âmes. On ne persécute que

[ocr errors]

» quand on contraint à mal faire. Or, que le schisme soit un mal et qu'il doive même être » réprimé par la puissance séculière, l'écriture » et les canons nous l'enseignent... Ne craignez rien, il y a mille exemples et mille constitu» tions qui montrent que les puissances publi» ques doivent punir les hérétiques, les schismatiques, non-seulement par l'exil, mais par la >> confiscation des biens, par de rudes prisons. Ministre d'un Dieu de paix, de douceur et de clémence, est-ce dans le testament qu'il nous a légué, que l'effusion du sang est recommandée comme moyen de faire des prosélytes!.... Lisez-le avec attention, chaque page vous condamnera.

>>

[ocr errors]

JEAN, surnommé CATTELIN, élu en 560.

JEAN III,

63€ PAPE.

Mort en 573.

Ce pape, dévoré du zèle de la maison de Dieu, s'appliqua avec ardeur aux décorations des églises. C'est tout ce que l'histoire nous apprend de son pontificat, qui d'ailleurs fut de longue durée.

Ela en 574.

BENOIT I,

Mort en 578.

64° PAPE.

pa

Pendant les quatre années que ce pape occu

la chaire de Saint-Pierre, il mit tous ses soins à réparer les maux que causaient aux Romains les Lombards leurs ennemis. Il consola également les fidèles confiés à ses soins dans une famine qui les affligeait grandement.

Né Romain, et élu en 578.

PÉLAGE II,

Mort en 59o.

65o PAPE.

L'Italie étant toujours la proie des Lombards, ce pape sollicita contre eux les secours de l'empereur. On rapporte que sensible aux malheurs des pauvres, causés par la présence de l'ennemi, il les réunit ainsi que les vieillards, dans son palais, qu'il transforma en hôpital. Cette seule action doit suffire pour l'immortaliser.

Né Romain, et élu en 590.

GRÉGOIRE (S.),

SURNOMMÉ LE GRAND,

66€ PAPE.

Mort en 604.

Issu d'une famille patricienne, Grégoire avait été créé préteur de Rome dans un temps de calamités pour l'Italie. Il montra dans cette charge beaucoup d'habileté, ce qui lui gagna l'estime générale. Grégoire de Tours, son contemporain, assure qu'il n'y avait personne à Rome qui le surpassât dans la connaissance de la grammaire, de la dialectique et des belles-lettres; mais ce qui fait encore plus honneur au pape dont nous parlons, c'est d'avoir toujours aimé la conversation des vieillards à cause de

la sagesse qu'on a coutume d'y puiser. C'est lui-même qui nous apprend cette particularité de sa vie. La mort de son père, comme si c'eût été un avertissement du Ciel, le fit renoncer à l'éclat des grandeurs qu'il aimait éperdûment, et ayant vendu tous ses biens il en employa les fonds à la fondation de divers monastères. Il prit lui-même l'habit religieux et se fit remarquer par de grandes austérités. Passant un jour sur une place publique, il aperçut de jeunes

« PreviousContinue »