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dit de plus: Tu ne pourras voir ma face, car nul homme ne me verra fans mourir; mais il y a une façon de me voir: tu te mettras fur le rocher, et quand ma gloire passera, je te mettrai dans une fente du rocher, et je te cacherai de ma main; tu verras mon derrière, mais tu ne pourras pas voir mon vifage.

Lorfque Mofé fortait du tabernacle, les Ifraëlites voyaient que fa face était cornue (r).

des rayons.

(r) Les interprètes entendent par cornue, C'eft ici que plufieurs commentateurs, et fur-tout Voffius, Bochart et Huet, comparent ce qu'on dit de Bacchus avec ce qui eft vrai de Mofé. Nous avons déjà obfervé qu'il fortait des rayons du front de Bacchus : ils trouvent entre ces deux héros de l'antiquité une reffemblance entière. Calmet pouffe le parallèle encore plus loin qu'eux. Il dit que Mofe, Bacchus, et Chofe, divinité arabe, ne font qu'une même perfonne. Il eft conftant que Bacchus était une divinité afabe : il defcendait, dit-on, de Chus, et on l'appelait Bacchus ou Facchus, ce qui fignifiait le Dieu Chus. Voyez notre remarque (n).

Pour conftruire l'arche d'alliance, qui était de bois de céthim, de trois pieds et demi de long, de deux pieds de large, et de deux pieds et demi de haut, le texte dit qu'on donna vingt- neuf talens et fept cent trente ficles d'or, et cent talents d'argent. Or le talent d'or eft évalué aujourd'hui à cent quarante mille livres, et le talent d'argent fix mille livres de France. Cela compofait la fomme exorbitante de quatre millions fix cent foixante et huit mille fept cent foixante livres, fans compter les pierres précieuses; mais auffi il faut confidérer qu'il eft dit qu'on entoura cette arche d'ornemens d'or, que le chandelier était d'or, que tous les vafes étaient d'or, qu'il y avait un autel de parfums couvert d'or, et que les batons qui portaient cet autel et cette arche, étaient auffi couverts d'or, et que l'ouvrage furpaffait encore la matière. Les lecteurs font furpris de voir dans un défert, où l'on ananquait de pain et d'habits, une magnificence que l'on ne

Mais il couvrait fon visage quand il avait à leur parler..... Tout l'or que l'on employa pour les ouvrages du fanctuaire, et tout ce qui fut offert par le peuple, fut de vingt-neuf talens fept cents trente ficles, felon l'évaluation du fanctuaire. Et il fut offert, par tous ceux qui étaient au-deffus de vingt ans, la fomme de cent talens d'argent.... On fit auffi les vêtemens dont Aaron devait fe revêtir, d'hyacinthe, de pourpre, d'écarlate et de lin, et on lui fit un éphod d'or, d'hyacinthe, de pourpre, d'écarlate et de lin : et on coupa des feuilles d'or, qu'on réduifit en fil d'or mince ; et on tailla deux pierres d'onyx enchâffées dans de l'or, fur lefquelles on grava les noms des enfans d'Ifraël. Le rational fut orné de quatre rangs de pierres précieuses enchâsfées dans de l'or; fardoine, topaze, émeraude,

trouverait pas chez les plus grands rois : c'eft encore un prétexte aux incrédules, de fuppofer que la defcription de ce fuperbe tabernacle fut prise en partie du temple de Salomon, et qu'encore même le fanctuaire de ce temple ne fut jamais fi fuperbe, et que les Juifs ont toujours tout exagéré. Cependant, fi l'on accorde que les Juifs avaient volé tous les vafes d'or et d'argent de la baffe Egypte, et qu'ils avaient chez eux d'excellens ouvriers formés à l'école des maîtres égyptiens, alors l'impoffibilité phyfique difparaîtra. Et d'ailleurs tout eft miraculeux, comine nous l'avons dit, chez le peuple de DIEU. C'eft-là le grand point; et fi les Philiftins dans la fuite ne prirent pas toutes ces richeffes quand i's battirent le peuple de DIEU et qu'ils prirent leur coffre facré, c'eft encore un grand miracle; car les Philiftins étaient auffi brigands que les Juifs; et de plus, le coffre facré juif appartenait à leurs vainqueurs.

efcarboucle, faphir, jafpe, ligure, agate, améthyfte, chryfolite, onyx et béril.

Le Seigneur parla encore à Mofé, et lui dit: Prends Aaron avec fes enfans, et affemble tout le peuple. Et Mofé pofa la tiare fur la tête d'Aaron, et lui mit fur le front la lame d'or facrée..... Et Mofé ayant égorgé un bélier, en mit le fang fur le bout de l'oreille d'Aaron et de fes fils et des autres prêtres, et fur les pouces de leur main droite, et fur les pouces de leur pied droit, et répandit le refte du sang autour de l'autel. (s)

DIEU parla encore à Mofé, et dit : Va déclarer aux enfans d'Ifraël que voici de tous les animaux de la terre ceux qu'ils pourront manger...... Le lièvre eft impur quoiqu'il rumine, parce qu'il n'a pas le pied fendu. Le

(s) Il ne faut pas s'étonner que Mofé ou Moïfe inflalle fon frère et le confacre, et qu'il fanctifie toutes ces cérémonies communes à toutes les nations ; car il n'y avait guère alors que l'Inde, et la Chine inconnue, qui ne facrifiaffent pas des animaux à la Divinité, Toutes les cérémonies des autres peuples fe reffemblaient pour le fond : les prêtres fe couvraient de fang; ils fefaient l'office de bouchers, et ils prenaient pour eux la meilleure partie des bêtes immolées. Calmet dit fur cet article, que la confécration du grand prêtre des Romains fe fefait avec des cérémonies encore plus extraordinaires. Ce pontife, couvert d'un habit tout de foie, était conduit dans un fouterrain, où il recevait tout le fang d'un taureau par des trous faits à des planches, &c. et il cite fur cela des vers de Prudence. Calmet prend ici la cérémonie du taurobole pour la confécration du Pontifex Maximus. Jamais aucun prêtre, chez les Romains, ne porta un habit de foie la foie ne commença à être un peu connue que fur la fin de l'empire d'Augufte.

cochon

cochon eft auffi impur, parce qu'ayant le pied fendu il ne rumine pas. Vous ne mangerez ni aigle, ni griffon, ni vautour, ni chat - huant, ni milan, ni cormoran, ni onocrotale; ce qui vole et marche fur quatre pieds vous fera en abomination..... vous ne mangerez point de fauterelles. (t)

(t) Les Egyptiens furent, dit-on, les premiers qui firent cette diftinction des animaux purs et des impurs, foit par principe de fanté, foit par économie, foit par fuperftition. Le cochon était impur chez eux, non pas parce qu'il ne rumine point, mais parce qu'il eft fouvent attaqué d'une efpèce de lèpre, et que l'on crut qu'il était la première caufe de la pefte à laquelle l'Egypte eft fi fujette.

Le lièvre fut regardé comme impur chez les Juifs; ils fe trompèrent en croyant qu'il rumine, et en prenant le mouvement de fes lèvres pour l'action de ruminer.

La loi déclare abominable ce qui marche fur quatre pattes et qui vole: il faut entendre que s'il y avait de tels animaux, ils feraient déclarés impurs; car nous ne connaiffons point de telles bêtes. Il n'y en a jamais eu que dans l'in vention des peintres et des fculpteurs qui ont représenté des hieroglyphes.

On ne fait pas pourquoi la fauterelle eft déclarée impure, puilque faint Jean-Baptifte s'en nourriffait dans le défert.

Le texte parle encore de beaucoup d'animaux qu'on ne connaît point, comme du griffon, de l'ixion, qui font des animaux fabuleux.

Fin du commentaire fur l'Exode.

Philofophie, &e. Tome IV.

LEVITIQUE.

DIEU parla encore à Mosé et à Aaron, difant :

Tout homme dont la peau et la chair aura changé de couleur, avec des puftules comme luifantes, fera amené devant Aaron le prêtre, ou à quelqu'un de fes enfans, lequel, quand il aura vu la lèpre fur la peau, et les poils devenus blancs, et les marques de la lèpre plus enfoncées que le refte de la chair, il jugera que c'est la lèpre. (a)

(a) Il y a plus de trente maladies de la peau; et le nom de lèpre eft un nom général : depuis la fimple gratelle jusqu'au cancer, toutes ces maladies prennent des noms diffé rens. Les critiques ont trouvé étrange qu'on envoyát les lépreux aux prêtres, au lieu de les envoyer aux médecins ; ce qui fait voir, difent-ils, qu'il n'y avait point de médecin dans un pays aride, et dans un climat mal-sain qui produit tant de maladies. Les Juifs fur-tout devaient être infectés de diverfes fortes de lèpres dans des déferts de fables où l'on ne trouvait que quelques puits d'une eau bitumineuse et nitreufe, qui augmentait encore ces maladies dégoûtantes. Dom Calmet, dans fa differtation fur la lèpre, prétend que ces maladies font caufées par de petits vers qui fe glissent entre cuir et chair. Calmet n'était pas médecin; les œufs des vers dont la terre eft pleine, fe mettent quelquefois dans les ulcères de la chair, mais ils n'en font pas la cause. . .... Nous avons eu plufieurs charlatans qui ont fait accroire que toutes les maladies étaient caufées par des vers, et que chaque espèce d'animaux étant dévorée par une autre espèce, on pouvait faire manger les vers de l'apoplexie et de l'épilepfie par des vers anti-apoplectiques et anti-épileptiques. Que de charlatans de toute espèce ! Et que n'a-t-on pas inventé pour tromper les hommes, et pour fè rendre maître de leurs corps et de leurs ames!

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