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ANCIEN

TESTAMENT.

LA BIBLE

ENFIN EXPLIQUÉE

PAR

PLUSIEURS AUMONIERS

DE S. M. L. R. D. P

L'EXPLICATION de ces quatre lettres L. R. D. P. a embarrassé plusieurs favans. Quelques-uns ont cru qu'elles défignaient le vainqueur de Molwits et de Liffa, quoique ce prince n'ait guère d'aumôniers, et qu'il faffe fa prière tout feul comme il gouverne fes Etats, et commande fes armées. Mais l'avertiffement fuivant, placé à la tête de la troifième édition, lève tous les doutes.

Quatre favans théologiens du palatinat de Sandomir, ayant compofé ces commentaires fur la Bible, ils furent d'abord imprimés en latin à Francfort sur l'Oder, en 1773; on n'en tira que très-peu d'exemplaires; enfuite un académicien de Berlin les traduifit en langue française, et on en fit plufieurs éditions, qui toutes péchent par beaucoup de fautes de typographie. L'édition que nous préfentons en eft exempte; et fi on la compare avec le latin, on la trouvera plus ample et plus fidelle. C'est ce qu'il fera aifé de vérifier en jetant feulement les yeux fur la dernière page, qui, dans cette édition, diffère de toutes les autres, et en conférant les commencemens de chaque livre : nous n'avons rien épargné pour rendre cette édition correcte et utile.

Du commencement les Dieux fit (a) le cicl

et la terre : or, la terre était tohu bohu, (b) et le vent de DIEU courait fur les eaux.

Et DIEU dit: Que la lumière se fasse, et la lumière fut faite. (c) Il vit que la lumière

(a) Le texte hébreu, c'est-à-dire, phénicien, fyriaque, porte expreffément : les Dieux fit, et non pas : DIE U créa, DEUS creavit, comme le porte la Vulgate. C'est une phrafe commune aux langues orientales, et fouvent les Grecs ont employé ce trope, cette figure de mots.

(b) Tohu bohu fignifie à la lettre fens-deffus-deffous. C'eft proprement le Chantereb de Sanchoniathon le phénicien, dont les Grecs prirent leur chaos et leur Erèbe. Sanchoniathon écrivit inconteftablement avant le temps où l'on place Moïfe.

On ne voit pas de chaos expreffément marqué chez les Perfans: les Egyptiens femblent ne l'avoir pas connu : les Indiens encore moins : il n'y a rien dans les écrits chinois venus jufqu'à nous qui ait le moindre rapport à ce chaos, à fon débrouillement, à la formation du monde. De tous les peuples policés, les Chinois paraiffent les feuls qui aient reçu le monde tel qu'il eft, fans vouloir deviner comment il fut fait; n'ayant point de révélation comme nous, ils fe turent fur la création : ce furent les Phéniciens qui parlèrent les premiers du chaos. Voyez Sanchoniathon cité par Eusèbe, évêque de Céfarée, comme un auteur authentique.

(c) L'auteur facré place ici la formation de la lumière quatre jours avant la formation du foleil; mais toute l'antiquité a cru que le foleil ne produit pas la lumière, qu'il ne fert qu'à la pouffer, et qu'elle eft répandue dans l'efpace. Defcartes même fut long-temps dans cette erreur. C'est Roëmer le danois, qui le premier a démontré que la lumière émane du foleil, et en combien de minutes. Les critiques ofent dire que, fi DIEU avait d'abord répandu la lumière dans les airs pour être pouffée par le foleil, et pour éclairer le monde, elle ne pouvait être pouffée, ni éclairer, ni être féparée des ténèbres, ni faire un jour du foir au matin, avant que le foleil n'exiftât : cette théorie eft contraire, difent-ils, à toute phyfique et à toute raison ; mais ils doivent fonger que l'auteur

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