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Et Joachim s'endormit avec fes pères ; et fon fils Joachim régna à fa place.

Et Nabuchodonofor vint avec ses gens pour prendre Jérufalem. Joachim roi de Juda fortit de la ville, et vint se rendre au roi de Babyfone avec fa mère, fes ferviteurs, ses princes, les eunuques, la huitième année de fon règne...

Et le roi Nabuchodonofor emporta tous les tréfors de Jérufalem, ceux de la maison d'Adonaï, et ceux de la maison du roi : il brifa tous les vafes d'or que Salomon avait mis dans le temple felon le verbe d'Adonaï...... Il tranfporta toute la ville de Jérufalem (r), tous les princes, tous les hommes vigoureux de l'armée, au nombre de dix mille, et tous les

anciens brachmanes, et les Juifs. Ceux-ci, quoique infiniment moins confidérables, nous touchent de plus près, parce qu'une révolution inouie a fait naître parmi eux la religion qui a paffé en Europe. Nous felons tous nos efforts pour démêler l'histoire de cette nation dont nous tenons l'origine de notre culte ; et nous ne pouvons en venir à bout.

(r) Nous ne pouvons dire aucune particularité de cette deftruction de Jérufalem, puifque les livres juifs ne nous en difent pas davantage; mais il y a une obfervation auffi importante que hardie, faite par milord Bolingbroke et par M. Fréret: ils prétendent que les prophètes étaient chez la nation juive ce qu'étaient les orateurs dans Athènes ; ils remuaient les efprits du peuple. Les orateurs athéniens employaient l'éloquence auprès d'un peuple ingénieux; et les orateurs juifs employaient la fuperftition et le ftyle des oracles, l'enthou fiafme l'ivreffe de l'inspiration, auprès du peuple le plus groffier, le plus enthousiafte, et le plus imbécille qui fût fur la terre. Or, difent ces critiques, s'il arriva quelquefois que les rois de Perfe gagnèrent les orateurs grecs, les rois de Babylone avaient gagné de même quelques prophètes juifs.

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La tribu de Juda avait fes prophètes qui parlaient contre les tribus d'Ifraël ; et la faction d'Ifraël avait fes prophètes qui

hommes ouvriers, et tous les orfévres....... Il fit tranfporter à Babylone Joachim, et la

déclamaient contre Juda. Les critiques fuppofent donc que les nouveaux Samaritains étant attachés par leur naiffance à Nabuchodonofor, fuscitèrent Jérémie pour perfuader à la tribu de Juda de fe foumettre à ce prince. Voici fur quoi eft fondée cette opinion. Jérufalem eft fur le chemin de Tyr, que le roi de Babylone voulait prendre. Si Jérufalem se défendait, quelque faible qu'elle fût, fa réfiftance pouvait confumer un temps précieux au vainqueur ; il était donc important de perfuader au peuple de fe rendre à Nabuchodonofor, plutôt que d'attendre les extrémités où il ferait réduit par un fiége qui ne pouvait jamais finir que par fa ruine entière.

Jérémie prit donc le parti du puissant roi Nabuchodonofor contre le faible et petit melch de Jérufalem, qui pourtant était fon fouverain.

Cette idée fait malheureusement du prophète Jérémie un traître ; mais ils croient prouver qu'il l'était, puisqu'il voulait toujours que non-feulement la petite province de Juda fe rendît à Nabuchodonofor, mais encore que tous les peuples voifins allaffent au - devant de fon joug. En effet, Jérémie fe mettait un joug de bœuf ou un bât d'àne fur les épaules, et criait dans Jérufalem: Voici ce que dit le Seigneur roi d'Ifraël : C'est moi qui ai fait la terre, et les hommes et les bêtes de fomme dans ma force grande et dans mon bras étendu; et j'ai donné la face de la terre à celui qui a plu à mes yeux; j'ai donné la terre à la main de Nabuchodonofor mon ferviteur, et je lui ai donné encore toutes les bêtes des champs; et tous les peuples de la terre le ferviront, lui et fon fils, et les fils de fes fils; et ceux qui ne mettront pas leur cou fous un joug et fous un bát devant le roi de Babylone, je les ferai mourir par le glaive, par la famine, et par la pefte, dit le Seigneur.

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Jamais il ne s'eft rien dit de plus fort en faveur d'aucun roi juif. Jérémie fait dire à DIEU même, que ce Nabuchodonofor, qui fut depuis changé en bœuf, eft le ferviteur de DIEU, et que DIEU lui donne toute la terre, à lui et à sa postérité. Ainfi donc, (humainement parlant) Jérémie eft un traître et un fou aux yeux de ces critiques : un traître, parce qu'il veut foulever le peuple contre fon roi, et le livrer aux ennemis; un fou, par toutes fes actions et par toutes fes paroles, qui n'ont ni liaison, ni fuite, ni la moindre apparence de raison. Ils alléguent fur-tout la fameufe lettre de Séméïa au pontife Sophonie: DIEU vous a établi pour faire fouetter à coups de nerfs de bœuf ce fou de Jérémie qui fait le prophète. Ce qui les confirme encore

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mère de Joachim, et fes femmes, et ses eunuques, et les juges de la terre de Juda en captivité, et fept mille hommes robustes de Juda, et tous les ouvriers robuftes; ils furent tous captifs à Babylone.....

Et il établit roitelet tributaire Mathania, oncle de Joachim, qu'il appela Sédécias.....

La colère d'Adonaï s'alluma plus que jamais contre Jérufalem et Juda; il les rejeta de fa face. Et Sédécias fe révolta contre le roi de Babylone.....

dans leur opinion, c'eft que les Juifs retirés en Egypte, où Jeremie fe retira auffi, le punirent de mort comme un perfide qui avait vendu fon maître et fa patrie aux Babyloniens. Mais c'eft la feule tradition qui nous apprend que Jérémie fut lapidé par les Juifs dans la ville de Taphni; les livres juifs ne nous en difent rien. A l'égard de tant de prisonniers de guerre que Nabuchodonofor, ferviteur de DIEU, fit mourir impitoyablement, ce font-là des mœurs bien féroces. Les Juifs avouent qu'ils ne traitèrent jamais autrement les autres petits peuples qu'ils avaient pu fubjuguer; ainfi l'hif toire ancienne, ou véritable ou fauffe, n'eft que l'hiftoire des bêtes fauvages dévorées par d'autres bêtes.

M. du Marfais, dans fon Analyse, fait une réflexion acca blante fur cette première deftruction de Jérufalem, et fur les fuivantes. Quoi, dit-il, l'Eternel prodigue les miracles, les plaies et les meurtres, pour tirer les Juifs de cette féconde Egypte où il avait des temples fous le nom d'Iaho, le grand Etre; fous le nom de Knef, l'Etre univerfel; il conduit fon peuple dans un pays où ce peuple ne peut lui ériger un temple pendant plus de cinq fiècles; et enfin, quand les Juifs ont ce temple, il eft détruit! Cela effraie le jugement et l'imagina tion; on refte confondu quand on a lu cette inconcevable hiftoire : il faut le confoler en difant qu'apparemment les Juifs n'avaient point péché quand l'Eternel les tira d'Egypte, et qu'ils avaient péché quand l'Eternel perdit fon temple et fa

ville.

Donc le roi de Babylone marcha avec toute fon armée contre Jérufalem, et il l'entoura tout autour.... Et le neuvième jour du mois il y eut grande famine en Jérufalem, et le peuple n'avait point de pain. . . . Tous les gens de guerre s'enfuirent la nuit par la porte du jardin du roi ; et Sédécias s'enfuit par un autre chemin. Et l'armée des Chaldéens pourfuivit le roi, et le prit dans la plaine de Jéricho... Ils l'amenèrent devant le roi de Babylone dans Réblata; et le roi de Babylone lui prononça fon arrêt. préfence, on lui creva les yeux, on le chargea de chaînes et on l'emmena à Babylone....

.. On tua fes enfans en fa

Nabuzardan, général du roi Nabuchodonofor, brûla la maison d'Adonaï et la maison du roi, et toutes les maifons dans Jérusalem...... Il transporta captif à Babylone tout le peuple qui était demeuré dans la ville; il laissa seulement les plus pauvres du pays pour labourer les champs et cultiver les vignes.

Nabuzardan emmena aufli Saraïas le grand prêtre, et Sophonie le fecond prêtre, trois portiers, et un capitaine eunuque, et cinq eunuques de la chambre du roi Sédécias, et Sopher capitaine qui commandait l'exercice, et foixante chefs qu'on trouva dans la ville..... Et Nabuchodonofor roi de Babylone les fit tous mourir dans Réblata.

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TOBI E.

Avertiffement du commentateur.

"LES Juifs n'ont jamais inféré le livre de "Tobie dans leur canon; ni Jofephe ni Philon " n'en parlent; il est rejeté de notre commu"nion. Les favans le prétendent compofé "neuf cents ans après la difperfion. Le concile " de Trente l'a décidé canonique; nous ne "le croyons que curieux; et c'est à ce titre " que nous en allons donner une courte ana"lyfe. Nous le plaçons immédiatement après "les livres des Rois, et avant Efdras, parce " qu'en effet l'aventure des deux Tobies eft " fuppofée arrivée avant Efdras, dans les " premiers temps de la difperfion des dix tribus "captives vers la Médie. Il faut supposer ›› auffi que Salmanazar était alors maître de , la Médie; ce qui ferait difficile à prouver.

"Le livre de Tobie eft tout merveilleux. "Calmet, dans fa préface, dit ce grand mot " fans y penfer: S'il fallait rejeter le merveilleux " et l'extraordinaire, où ferait le livrefacré qu'on " pût conferver?"

TOBIE,

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