assurer la sécurité des hommes honnêtes et non pour empoisonner la source des jouissances sociales. Ainsi, Monsieur, votre surveillance ne doit s'étendre audelà de ce qu'exige la sûreté publique ou particulière, ni s'embarrasser dans les détails minutieux d'une curiosité sans objet utile, ni gêner le libre exercice des facultés humaines et des droits civils, par un systême violent de précautions que les lois n'autorisent pas; ni ne se laisser entraîner par des présomptions vagues et des conjectures hasardées à la poursuite de chimères qui s'évanouissent au milieu de l'effroi qu'elles occasionnent. Votre correspondance, réglée sur les mêmes principes, doit sortir de la routine de ces rapports periodiques, de ces apperçus superficiels et purement moraux qui, loin d'instruire et d'éclairer l'autorité, répandent autour d'elle les erreurs, les préventions, une sécurité fausse ou de fausses alarmes. Je ne demande et ne veux connaître que des faits, des faits recueillis avec soin, presentés avec exactitude et simplicité, développés avec tous les détails qui peuvent en faire sentir les conséquences, en indiquer les rapports, en faciliter le rapprochement. Vous remarquerez toutefois que, resserrée dans d'étroites limites, votre surveillance ne peut juger l'importance des faits qu'elle observe. Tel événement, peu remarquable en apparence, dans la sphère d'un département, peut avoir un grand intérêt dans l'ordre général, par ses liaisons avec des analogues que vous n'avez pu connaître: c'est pourquoi je ne dois rien ignorer de ce qui se passe d'extraordinaire ou selon le cours habituel des choses. Telle est, Monsieur, la tâche simple et facile qui vous est imposée. La France, réintégrée dans la jouissance de ses droits politiques, replacée dans toute sa gloire, sous la protection de son Empereur, la France n'a plus de vœux à former et plus d'ennemis à craindre. Le gouvernement trouve dans la réunion de tous les intérêts, dans l'assentiment de toutes les classes, une force réelle à laquelle les ressources artificielles de l'autorité ne peuvent rien ajouter. Il faut abandonner les erremens de cette police d'attaque, qui sans cesse agitée par le soupçon, sans cesse inquiète et turbulente, menace sans garantir et tourmente sans protèger. Il faut se renfermer dans les limites d'une police libérale et positive, de cette police d'observation, qui, calme dans sa marche, mesurée dans ses recherches, active dans ses poursuites, partout présente et toujours protectrice, veille pour le bonheur du peuple, pour les travaux de l'industrie, pour le repos de tous. Ne cherchez dans le passé que ce qui est honorable et glorieux à la nation, ce qui peut rapprocher les hommes, affaiblir les préventions et réunir tous les Français dans les mêmes idées et les mêmes sentimens. J'aime à croire, Monsieur, que je serai puissamment secondé de vos lumières, de votre zèle, de votre patriotisme et de votre dévouement à l'Empereur. Agréez, M. le préfet, l'assurance de ma consideration distinguée. Le ministre de la police générale, Le duc d'OTRANTE. No. VIII. Recall of the French Army to their Posts. Au palais des Tuileries, le 28 mars 1815. Napoleon, Empereur des Français; Nous avons décrété et décrétons ce qui suit: Art. 1. L'Empereur appelle tous les sous-officiers et soldats qui ont quitté l'armée, par quelque raison que ce soit, à rejoindre leurs corps, et il leur donne la promesse spéciale qu'aussitôt que la paix actuelle sera consolidée, ceux qui auront rejoint en conséquence du présent décret, seront les premiers qui obtiendront des congés pour rentrer dans leurs foyers. 2. Tous les sous-officiers et soldats qui ont servi dans la vielle garde, infanterie, cavalerie et artillerie, ainsi que dans la jeune garde, et qui sont maintenant chez eux par congés, ou par permissions, autres que par semestre, rejoindront à Paris pour reprendre leurs rangs. Ceux des sous-officiers et soldats appartenans à d'autres corps seront tenus de les rejoindre dans les lieux indiqués par le tableau ci-joint; toutefois ils seront les maîtres, s'ils ont servi plus de trois ans dans un autre corps, et s'ils le préfèrent, de le rejoindre. 3. Les militaires compris dans l'article précédent qui seront jugés susceptibles de la réforme ou d'être libérés du service, recevront leur congé absolu. 4. Il sera créé six régimens de tirailleurs et six régimens de voltigeurs de la jeune garde impériale. Ces douze régimens seront organisés à Paris, par le lieutenant-général comte Drou: à cet effet, les autres soldats en congé illimité qui réuniront les qualités requises, seront dirigés sur Paris pour entrer dans la composition de ces régimens, conformément au tableau ci-joint. 5. Dans chaque régiment d'infanterie, les deux premiers bataillons seront complettés par le troisième; dans chaque régiment de troupes à cheval, les trois premiers escadrons seront complettés par le quatrième. Les troisièmes bataillons et les quatrièmes escadrons seront ensuite portés à leur complet par les hommes rappelés en vertu des articles 1 et 2 du présent décret; l'excédent de ces hommes sera employé successivement à former un quatrième bataillon (dont le cadre en officiers, sous-officiers et tambours sera completté sans délai) dans chaque régiment d'infanterie, et un cinquième escadron dans chaque régiment de troupes à cheval; dont le cadre sera completté en officiers et sous-officiers sans délai. 6. Il sera créé un cadre en officiers d'un cinquième bataillon. Ce cadre sera completté en sous-officiers et tambours, lorsque notre ministre de la guerre l'ordonnera. Les troisième, quatrième et cinquième bataillons resteront jusqu'à nouvel ordre au dépôt. Les premiers et seconds seront seuls mis en activité de service. 7. Tous les officiers qui ne seront point compris dans les cadres organisés en vertu des articles précédens, resteront en congé dans leurs domiciles, où ils continueront à recevoir la solde d'activité de leurs grades, comme disponibles, jusqu'à ce qu'il leur soit donné une destination. 8. Au moyen des dispositions du présent décret, l'ordonnance du 9 mars, qui avait prescrit la formation de bataillons départementaux et d'autres corps sous diverses dénominations, demeure abrogée et de nul effet. 9. Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret. (Signé) Par l'Empereur, NAPOLEON. Le ministre-secrétaire d'état, Speech of Napoleon to the Army from the Loire, on the 9th of April. Soldats-je viens d'avoir la nouvelle 'que le pavillon tricolore est arboré à Toulouse, à Montpellier et dans tout le Midi. Les commandans et les garnisons de Perpignan et de Bayonne avaient annoncé formellement qu'ils n'obéiraient point aux ordres donnés par le duc d'Angoulême de livrer ces places aux Espagnols qui d'ailleurs ont fait connaître depuis qu'ils ne voulaient pas se mêler de nos affaires. Le drapeau blanc ne flotte plus que dans la seule ville de Marseille. Mais avant la fin de cette semaine le peuple de cette grande cité, opprimé par les violences du parti royaliste, aura repris tous ses droits. De si grands et de si prompts résultats sont dus au patriotisme qui anime toute la nation et aux souvenirs que vous avez conservés de moi. Si pendant une année de malheureuses circonstances nous ont obligés de quitter la cocarde tricolore, elle était toujours dans nos cœurs. Elle redevient aujourd'hui notre signe de ralliement; nous ne la quitterons qu'avec la vie. Soldats, nous ne voulons pas nous mêler des affaires des autres nations; mais malheur à ceux qui voudraient se mêler des nôtres, nous traiter comme Gênes ou comme Genève et nous imposer des lois autres que celles que la nation veut. Ils trouveraient sur nos frontières les héros de Marengo, d'Austerlitz, d'Jéna; ils y trouveraient le peuple entier, et s'ils ont six cent mille hommes, nous leur en opposerons deux millions. (Les plus vives acclamations ont encore interrompu l'Empereur.) J'approuve, a-t-il ajouté, que vous ayez fait pour vous rallier des drapeaux tricolores. Ce ne sera qu'au champ de Mai et en présence de la nation assemblée que je vous rendrai ces aigles qui si souvent furent illustrées par votre valeur et virent fuir les ennemis de la France. Soldats, le peuple français et moi nous comptons sur vous; comptez aussi sur le peuple et sur moi. No.Χ. Letter from Napoleon to Marshal Grouchy, commanding the Release of the Duke of Angoulême. M. le comte Grouchy; L'ordonnance du roi en date du 6 mars, et la déclaration signée le 13 à Vienne par ses ministres, pouvaient m'autoriser à traiter le duc d'Angoulême comme cette ordonnance et cette déclaration voulaient qu'on traitât moi et ma famille. Mais constant dans les dispositions qui m'avaient porté à ordonner que les membres de la famille des Bourbons pussent sortir librement de France, mon intention est que vous donniez des ordres pour que le duc d'Angoulême soit conduit à Cette, où il sera embarqué, et que vous veilliez à sa sûreté et à écarter de lui tout mauvais traitement. Vous aurez soin seulement de retirer les fonds qui ont été enlevés des caisses publiques, et de demander au duc d'Angoulême qu'il s'oblige à la restitution des diamans de la couronne qui sont la propriété de la nation. Vous lui ferez connaître en même tems les dispositions des lois des assemblées nationales, qui ont été renouvellées, et qui s'appliquent aux membres de la famille des Bourbons qui entreraient sur le territoire français. Vous remercierez en mon nom les gardes nationales du patriotisme et du zèle qu'elles ont fait éclater, et de l'attachement qu'elles m'ont montré dans ces circonstances importantes. Au palais des Tuileries, le 11 avril 1815.. Answer of the Emperor Napoleon's Ministers to the Declaration of the 13th of March. Extrait des registres de la secrétairerie d'Etat. CONSEIL DES MINISTRES. Séance du mercredi, 29 mars. Le duc d'Otrante, ministre de la police générale, expose qu'il va donner au conseil lecture d'une déclaration datée de Vienne, le 13, et qu'on suppose émanée du congrès; Que cette déclaration, provoquant l'assassinat de l'Empereur, lui paraît apocriphe; que si elle pouvait être vraie, elle serait sans exemple dans l'histoire du monde; que le style de libelle dans lequel elle est écrite, donne lieu de penser qu'il faut la classer au nombre de ces pièces fabriquées par l'esprit de parti et par ces folliculaires qui, sans mission, se sont, dans ces derniers tems, ingérés dans toutes les affaires d'Etat; qu'elle est supposée signée des ministres anglais, et qu'il est impossible de penser que les ministres d'une nation libre, et sur-tout Lord Wellington, aient pu faire une démarche contraire à la législation de leur pays et à leur caractère; qu'elle est supposée signée des ministres d'Autriche, et qu'il est impossible de concevoir, quelques dissentimens politiques qui existassent d'ailleurs, qu'un père pût appeler l'assassinat sur son fils; que, contraire à tout principe de morale et de religion, elle est attentatoire au caractère de loyauté des augustes souverains dont les libellistes compromettent ainsi les mandataires; que cette déclaration est con |