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tort. Au lieu de cela, vous m'avez entraîné, jeté dans le précipice. Après la lecture, j'ajoutai qu'il paraissait que c'était une affaire arrangée ; que les personnes envoyées par Bonaparte m'avaient dit telle et telle chose. Je leur proposai à déjeuner; ils le refusèrent et se retirèrent.

>> Bourmont rassembla les troupes sur une place, que je ne connaissais même pas ; il pouvait, s'il jugeait ma conduite mauvaise, et que je voulusse trahir, faire garder ma porte. J'étais seul, sans cheval, sans officiers.

>> Il a beaucoup d'esprit ; sa conduite a été trèssensée. Je l'avais vivement prié de loger chez moi, il ne l'a pas voulu. Il s'éloigna, se réfugia chez le marquis de Vaulchier, formant ensemble des coteries pour être en garde contre les événemens, et s'ouvrir dans tous les cas une porte de derrière.

>>Ensuite, Bourmont et Lecourbe sont venus me prendre avec les officiers, et m'ont conduit au milien du carré où j'ai lu la proclamation. Après cette lecture, nous avons été arrachés, étouffés, embrassés par les troupes qui se sont retirées en bon ordre.

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>> Les officiers supérieurs sont venus dîner chez moi; j'étais sombre. Bourmont y était; et, s'il dit la table était gaie. que

vrai, il dira

Voilà la vé

rité.

TOME II.

9

M. le président a dit au maréchal: A quelle heure M. de Bourmont est-il venu vous prendre?

R. Vers onze heures. Il y avait eu une première visite à dix heures: ils sont venus chez moi; je leur ai lu la proclamation, et je les ai congédiés; ils sont ensuite revenus. Si j'étais resté à Besançon, je siégerais aujourd'hui parmi vous, et je n'aurais rien à me reprocher.

M. le président au témoin. Comment, après avoir lu la proclamation, avez-vous donné aux troupes l'ordre de s'assembler?

R. Elles en avaient l'ordre auparavant.

D. Cet ordre n'a donc pas été donné

par vous? R. Lorsque j'ai donné cet ordre, j'en avais l'ordre verbal; mais je n'avais pas connaissance de la proclamation.

Le maréchal. Après la lecture de la proclamation, je vous ai dit d'assembler les troupes. Bourmont peut dire ce qu'il veut. Il me charge, afin de rendre sa conduite plus pure. S'il avait eu intention de servir le Roi, il aurait pu arriver le 16 17 à Paris. C'est l'arrivée de M. Clouet de Paris qui l'a déterminé.

ou le

M. le président au témoin. Aviez-vous assez d'influence sur les troupes pour arrêter l'effet de la proclamation?

R. Non l'influence du maréchal était plus con.

sidérable que la mienne. S'il n'y avait pas été, je l'aurais pu peut-être. J'ai la confiance que les troupes auraient marché, comme les officiers le promettaient.

D. A quelle heure avez-vous eu connaissance de la proclamation?

R. A onze heures.

D. A quelle heure avez-vous été sur la place?
R. Entre midi et une heure.

D. Qu'avez-vous fait dans l'intervalle?

R. Je suis sorti de chez le maréchal; rentré chez moi, j'en suis ensuite sorti pour aller chez le maréchal, d'où nous sommes partis pour aller sur le terrain.

D. Comment, après avoir eu connaissance de la proclamation, avez-vous accompagné le maréchal qui allait la lire ?

R. Parce que je souhaitais voir quelle impression cette proclamation produirait sur l'esprit deș troupes. La plupart des officiers m'avaient promis qu'ils me suivraient; je voulais voir s'il ne se manifesterait pas quelque esprit d'opposition. Je ne croyais pas qu'il fût en mon pouvoir d'empêcher le maréchal de lire la proclamation, à moins de le tuer, puisque mes observations n'avaient eu aucun effet, et que Lecourbe avait aussi été d'avis de rester fidèle au Roi, et qu'il n'avait rien produit.

Quant au reproche de n'être pas parti de suite pour rejoindre le Roi, c'est la crainte d'être arrêté qui m'a déterminé à suivre le maréchal. Je suis arrivé le 18 à Paris, et le 19 j'ai vu le Roi.

Le maréchal Ney. M. de Bourmont prétend que je portais une décoration de Bonaparte. J'ai conservé celle du Roi devant Bonaparte, et jusqu'à Paris, où mon bijoutier m'en a fourni de nouvelles; on peut le faire entendre. Comment pouvez-vous faire une pareille supposition! C'est une infamie, général, de dire que j'avais d'avance l'intention de trahir.

M. Bellart au témoin. N'avez-vous jamais eu aucune querelle avec le maréchal ?

R. Aucune.

M. Bellart au maréchal. A-t-il continué à servir après la proclamation?

R. Il a suivi la colonne jusqu'à Dôle. Là, il a pris une direction différente, et j'ai donné tous les ordres en mon nom.

D. Pourquoi a-t-il été compris dans les arrestations?

R. La colonne était pleine d'agens de Bonaparte. Cette mesure n'a été prise que fort tard, le 19, après avoir vu Bonaparte; elle n'a pas été mise à exécution, elle a été levée aussitôt son arrivée à Paris.

M. Bellart. Si M. de Bourmont vous a donné le conseil de lire la proclamation, comment se serait-il ensuite séparé de vous?

R. J'ai déjà répondu à cela. Il paraît qu'il a changé après avoir vu Clouet. De fait, il a disparu; mais il était d'accord de lire la proclamation, et même il m'y a poussé.

M. Bellart. Vous invoquez le témoignage du général Lecourbe; voulez-vous qu'on donne lecture de sa déposition écrite?

Le maréchal. Comme on le jugera convenable. Avant d'en donner lecture, M. Berryer a demandé au témoin comment il pouvait attribuer au maréchal la division des troupes par deux ba

taillons.

Le témoin. L'ordre en a été donné par le ministre de la guerre; on ne peut l'imputer au maréchal, qui au contraire a voulu réunir les troupes. De la discussion qui s'est engagée il est résulté

que

les défenseurs attribuaient à M. Bourmont ce que M. de Faverney avait dit à cet égard.

Me. Berryer au témoin. Si c'est un sentiment de curiosité qui vous a conduit sur la place, quel est le sentiment qui vous a porté à dîner chez le maréchal ?

M. de Bourmont. La crainte d'être arrêté.

Le maréchal. Personne n'a été arrêté. Le co

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