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lonel Dubalen seul a fait son devoir. Il m'a fait des remontrances; il est parti pour Besançon. Je n'avais pas de garde, vous pouviez me faire arrêter, me tuer; vous m'auriez rendu un grand service, et peut-être auriez-vous fait votre devoir.

M. Berryer au témoin. Quelles étaient les forces présumées de Bonaparte?

R. Avant d'entrer à Lyon, il pouvait avoir trois mille neuf cents hommes, et il en était parti avec sept mille.

Le maréchal. Le ministre de la

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guerre savait qu'il en avait quatorze mille, et je n'avais que quatre malheureux bataillons qui m'auraient pulvérisé plutôt que de me suivre. J'ai eu tort, sans doute; mais j'ai eu peur de la guerre civile : j'aurais marché sur quarante mille cadavres avant d'arriver à Bonaparte.

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M. le président au témoin. Le maréchal auraitpu engager le combat?

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R. Je crois que, si le maréchal eût marché, comme il l'avait dit le 13, avec les tirailleurs, qu'il eût tiré le premier coup de fusil ou de carabine, il aurait été possible d'engager un combat; mais je ne peux pas dire qu'il eût été vainqueur : la victoire dépend d'autres circonstances.

Le maréchal. A quelle distance étions-nous de Lyon? A vingt lieues. Le 76. régiment ve

nait de partir de Bourg pour rejoindre Bonaparte; le 15o. était à Saint-Amour prêt à s'insurger. Estce vous qui auriez marché dans cette position? Je ne vous crois pas capable de cela. Non : vous n'avez pas assez de caractère.

M. le procureur - général a invité le maréchal à

se circonscrire dans sa défense.

Mr. Dupin a demandé au comte de Bourmont si on aurait pu attaquer avec succès.

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M. le procureur-général a dit qu'il ne fallait pas éterniser les débats.

Mr. Dupin a insisté, et a fait observer au procureur-général qu'il n'avait, comme l'accusé, que le droit de faire des interpellations au témoin.

Le témoin a pensé que le maréchal ne pouvait plus rien après l'insurrection des troupes de Bourg et de Saint-Amour.

Me. Dupin a demandé au témoin si c'était à sa première ou à sa seconde visite que le maréchal lui avait donné connaissance de la proclamation.

Le témoin. Ce n'est pas la première fois; c'est la seconde, entre dix et onze heures. J'étais avec le général Lecourbe.

Me. Dupin. Vous ne saviez donc pas ce qui allait se passer?

Le témoin. Sans doute, puisque j'allais pour le

savoir.

Me. Dupin. Qu'avez-vous fait dans ces deux heures ?

Le témoin. Rien, parce que je croyais que tout était arrangé. J'ai cru qu'il n'y avait plus de ressources, puisque le Roi était parti de Paris.

Me. Dupin. Comment expliquez-vous votre curiosité, si vous croyiez que tout était perdu? Le témoin. On pouvait encore se rallier.

Me. Dupin. Les troupes étaient bien disposées pour le Roi. Est-ce M. le maréchal qui a changé l'esprit du soldat?

Le témoin. Il n'y a pas de doute qu'à l'instant il n'y avait plus de ressource. Si l'on me demande si les troupes auraient marché pour le Roi, je ne puis pas répondre.

Les débats ont établi ensuite qu'un officier qui avait tenu des propos le 13 au soir, avait été envoyé à Besançon, et le maréchal est convenu que Bourmont était venu le lui dénoncer; mais que, tout étant en subversion, personne n'aurait osé le toucher pour le conduire à la citadelle.

Me. Dupin. M. de Bourmont est incontestablement un des témoins les plus importans. Il faut donc que ses réponses s'appliquent à la question. Il fait un reproche à M. le maréchal d'avoir fait échelonner les troupes de manière qu'elles ne pussent présenter une masse imposante.

M. Bellart. Le témoin n'a pas dit cela.

M. Séguier a pris la parole et a dit : Il résulte de l'instruction que les troupes étaient disposées de manière celles que que commandait le maréchal même tenaient comme enfermées et prisonnières celles commandées par le général de Bourmont.

Le maréchal. Une telle disposition serait impossible.

M. Séguier. L'instruction prouve que l'officier qui avait témoigné de mauvaises dispositions contre le Roi, a été arrêté le 13 au soir; ainsi, tout est dans l'ordre.

Le témoin. En effet, il y eut un officier envoyé à la citadelle.

Le duc de Fitz-James (prenant aussi la parole): Le maréchal a dit au témoin, le 14 au matin que le Roi était déjà parti de Paris; je demande au maréchal qui lui a donné cette nouvelle ?

Le maréchal. Plusieurs circulaires et des bruits l'avaient répandue. Le Moniteur du 15 ou du 16 l'a démentie; mais je pouvais croire le 14 que cela était vrai.

Me. Berryer. Quelle impression a causée la proclamation?

Le témoin. Elle a fait crier vive l'empereur! à presque toutes les troupes, et surtout à la ca

valerie. Les officiers supérieurs étaient consternés. Me. Berryer. M. de Bourmont a-t-il crié vive le Roi? (Ici, un murmure s'est élevé dans l'assemblée.)

M. Berryer á dit que cette disposition se rattachait à un fait.

Deux pairs ont demandé qu'on mît fin à ces débats.

Un pair a demandé si le maréchal connaissait les émissaires qui se sont introduits chez lui, et, s'il ne les connaissait pas, comment il a cevoir ?

a pu

les re

Le maréchal. J'ai reçu plusieurs personnes déguisées, mais que je connaissais; elles m'ont circonvenu, m'ont convaincu qu'un arrangement avait été fait à l'île d'Elbe. Alors, voyant la guerre civile inévitable, j'ai pris mon parti; je ne dois pas les nommer.

M. le président a fait observer au maréchal qu'il était de son intérêt de déclarer leurs noms, que cela pouvait être utile à la cause.

Le maréchal. Je vous prie, Monseigneur, de m'excuser; je ne dois pas les nommer.

Le président. M. de Bourmont a-t-il entendu crier vive le Roi?

Le témoin. Je ne l'ai pas entendu; mais on m'a

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