Page images
PDF
EPUB

» de fer; que l'on avait trop attendu pour faire » avancer les forces qui étaient à Lyon, etc....; » qu'il fallait courir de suite sur Bonaparte, comme » sur une bête fauve ou un chien enragé, dont il » faut éviter les coups de dents; qu'il y avait en>> core du remède. »

« Une deuxième interruption est celle qu'exige la déposition non moins justificative de MM. Renaud de Saint-Amour et le marquis de Saurans, sur la rencontre qu'ils firent du maréchal et du comte de Bourmont à la poste de Quingey. Là, tout en changeant de chevaux, M. de Saint-Amour apprend au maréchal qu'il a ordre de Monsieur de faire rétrograder toutes les troupes, tous les militaires, tous les officiers isolés qui s'avançaient vers Lyon; ce qui, soit dit en passant, rentrait dans le système d'opérations nouvelles que le maréchal venait d'adopter de son chef.

>>> Sur ce que MM. de Saint-Amour et de Saurans représentent au maréchal, que sur toute leur route ils ont entendu les soldats et les paysans agglomérés vomir le cri séditieux vive l'empereur! que leur déclare le maréchal? Je laisse parler ces deux témoins irréprochables; ils sont unanimes.

[ocr errors]

>> Ils déposent : «Que le maréchal allait à Lons» le-Saulnier pour se mettre, disait-il, à la tête

>> des troupes qu'il parviendrait à y former, et de » suite marcher contre Bonaparte. Il se place

[ocr errors]

>> rait, leur ajouta-t-il, le premier à la tête des colonnes; je tirerai le premier coup de fusil, et, s'il » y en a un qui refuse, je lui, passerai mon épée » dans le ventre. »

« Vous jugez, Messieurs, dans les replis les plus intimes de sa conscience, le guerrier bouillant, inexorable en fait de discipline, qui s'exprimait de la sorte.

>> Daignez le suivre avec moi à Lons-le-Saulnier, où il entre dans la nuit du 11 au 12 mars; vous allez avoir une idée de la prodigieuse activité qu'en deux jours, les 12 et 13 mars, sòn ardeur à servir le Roi lui fait déployer. Ici les actes se serrent, sont si nombreux, s'accumulent tellement dans un si court espace, que j'aurai peine à les énumérer, et que, voulant les animer par tous les écrits que trace la plume véhémente du maréchal, par toutes les paroles qui sortent à la fois, qui s'échappent par torrens de sa bouche enflammée, j'en suis reduit, à mon grand regret, à ne vous donner le plus souvent que des indicatous.

» Dès cinq heures du matin, le 12 mars, le maréchal, qui ne s'est point couché, écrit au ministre de la guerre une leure où vous allez re

marquer çà et là un langage improbateur de ce qui s'était fait à Lyon par les plus fermes appuis du trône, parce que le maréchal était encore loin d'imaginer quelle avait été sur ce point la désespérante immobilité de toutes les troupes de la division.

Au ministre de la guerre..

Lons-le-Saulnier, 12 mars 1815, cinq heures du matin.

7°.

« J'ai reçu votre lettre en forme d'instructions, >> en date du 9 de ce mois. La défection des trou» pes de la 7o. division militaire vous engagera sans >> doute à faire marcher de suite le plus de troupes » possible sur la Saône, vers Dijon. Cette défec>>tion, toute funeste qu'elle peut être, n'est pas >> encore selon moi, aussi préjudiciable que la » contre-marche de Monsieur sur Moulins. C'était » à Grenoble que S. A. R. aurait dû se rendre >> d'abord pour attaquer Bonaparte, et il est plus >> que probable que nos embarras seraient déjà à >> leur fin.

» Le maréchal Macdonald semble manquer de >> confiance dans ses troupes; ce n'est cependant » pas en se retirant qu'on pourra reconnaître si >> elles sont dans l'intention de faire leur devoir : » il fallait d'abord les faire combattre.

TOME II.

16

>>Je viens d'expédier des personnes, l'une à Lyon » et dans les environs, ainsi que sur l'Isère, pour » avoir des nouvelles. J'espère être plus instruit » dans le courant de la journée.

>>> pour

» J'écris au duc d'Albuféra et au duc de Reggio, leur faire connaître la situation des choses. >>>Je forme deux divisions des troupes que je ras>> semble ici : la première sera commandée par le général Bourmont; et la seconde, par le général >> Mermet.

>>

>> Je manque absolument d'artillerie faute d'at>telages; mais, d'après les ordres que j'ai donnés, » j'espère en recevoir avant trois jours.

» Je mettrai la plus grande activité à porter » ma première division à Bourg, afin de pouvoir >> manœuvrer sur la Saône, vers Mâcon, et sur>> veiller les entreprises de Bonaparte, soit qu'en » sortant de Lyon, où l'on présume qu'il est entré hier, il se dirige par Roanne sur Moulins, soit qu'il se porte sur Mâcon.

» Agréez, étc. »

« De fait, à la même heure de cinq du matin, le maréchal Ney dépêche ses deux courriers, l'un au duc d'Albuféra, l'autre au duc de Reggio; il leur écrit en ces termes :

[ocr errors]

A M. le maréchal duc d'Albufera.

Lons-le-Saulnier, 12 mars 1815, cinq heures du matin..

« Le maréchal Macdonald s'est replié sur Mou>> lins. Je n'ai pas encore de nouvelles positives » sur la direction que Bonaparte prendra en dé» bouchant de Lyon. Je regarde comme un évé>>nement très-fâcheux que Monsieur ne se soit » pas porté sur Grenoble, et je pense que, con» formément aux ordres du ministre, il est très>> pressant de diriger des troupes, et surtout de >> l'artillerie bien attelée, sur ce point.

>> Je forme deux divisions de mes troupes; j'oc»cuperai de suite Bourg et Mâcon. Donnez-moi, >> je vous prie, mon cher maréchal, avis de ce >> que vous ferez dans cette circonstance pressante » Agréez, etc. »

A M. le maréchal duc de Reggio.

Lons-le-Saulnier, le 12 mars 1815, cinq heures du matin.

<< Mon cher maréchal, M. le maréchal Macdo»nald s'est replié sur Moulins. Je n'ai pas encore >> de nouvelles positives sur la direction que Bo>> naparte voudra prendre en débouchant de Lyon, » où l'on dit qu'il a dû entrer hier. Il est fâcheux

« PreviousContinue »