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» que Monsieur ne se soit pas porté sur Grenoble » pour l'y attaquer avec vigueur et le poursuivre » sans relâche. Quoi qu'il en soit, ce qui est très» important en ce moment, c'est que, conformé>>ment aux ordres que le ministre m'annonce » vous avoir donnés, vous vouliez bien, mon cher » maréchal, faire diriger, sur Dijon et Lons-le>> Saulnier, les troupes dont vous pourrez disposer, » et surtout de l'artillerie bien attelée. Je forme >>> des miennes deux divisions avec lesquelles je >> vais occuper Bourg et Mâcon. Je vous prie, >> mon cher maréchal, de vouloir bien me pré» venir des ordres que vous aurez donnés dans » cette circonstance pressante, pour me faire se>> conder.

>> Agréez, etc. »

Pouvait-il mieux signaler et sa détresse et tout son déplaisir ? pouvait-il s'adresser à des auxiliaires plus généreux, plus habiles et qui l'entendissent mieux? n'aurait-il pas été secondé, comme il avait besoin de l'être, comme il le demandait à grands cris, si tout n'avait été chaos dans ces jours misérables; si le génie du mal ne fût venu paralyser tous les moyens de salut, en même temps que multiplier tous ceux de défection!

» A la fin de la même journée du 12 mars, le

maréchal Ney expédie un nouveau courrier au ministre de la guerre.

» Je laisse parler la pièce.

Au ministre de la guerre.

Lons-le-Saulnier, le 12 mars 1815, onze heures du soir.

« J'ai l'honneur d'adresser ci-joint à V. Exc. le » journal de l'Isère du 9 de ce mois, qui renferme >> les détails de la défection des troupes de la 7o. >> division et de l'entrée de Bonaparte à Grenoble, » ainsi que plusieurs proclamations qui méritent >> l'attention du Roi et nécessitent une réponse énergique aux mensonges dont elles sont remplies.

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» Le 10, Bonaparte est entré à Lyon avec en» viron cinq mille hommes.

» Le 11, deux faibles détachemens se sont dirigés vers Roanne et Villefranche: rien ne s'est » montré du côté de Pont-d'Ain, ni de Bourg.

>>

>> J'ai fait contremander hier la marche des » troupes qui, conformément aux ordres du ma>> réchal duc de Tarente, se rendaient par Châlons » sur Moulins; elles eussent été perdues pour le » Roi, et tout le pays, depuis Auxonne jusqu'à » Besançon, restait à découvert, et les places ex» posées à être enlevées.

» Voici aujourd'hui la disposition des

troupes » Le 3o. régiment de hussards avec le 76°. ré» giment de ligne et le général Gauthier, à Bourg. » Le 15o. léger, à Saint-Amour.

» Les 60o. et 77o. de ligne et le 5o. de dragons, >> à Lons-le-Saulnier.

» Le 81°. de ligne, à Poligny.

» Le 8°. de chasseurs, en marche de Dôle sur >>> Louhans.

» Le 6o. de hussards, en marche de Besançon » sur Auxonne.

» Le 6o. léger et le 4°. de ligne n'arriveront ici que du 22 au 24 courant.

>> J'attends 100,000 cartouches d'infanterie, de >> Besançon.

» Je n'ai, depuis deux jours, aucune nouvelle » de S. A. R. Monsieur.

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» Il serait bien essentiel d'adopter un chiffre » pour la correspondance, afin que si les lettres » venaient à se perdre, l'ennemi ne pût pas en » profiter.

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» Agréez, etc. »

Quel est donc celui d'entre tous les serviteurs du Roi, qui aurait pu démontrer mieux par sa correspondance, qu'il le servait franchement, qu'il savait tout prévoir, même jusqu'aux surprises?

>> Quant aux actions et aux paroles du maréchal,

quelles ont-elles été dans le courant de cette journée du 12 mars? Il s'était occupé à faire arriver près de lui les corps disséminés.

» Il avait demandé à Auxonne que l'on fit rétrograder sur Lons-le-Saulnier les pièces d'artillerie qui étaient sorties de cet arsenal.

Que le commandant de l'artillerie d'Auxonne lui adressât vingt-quatre caissons et des cartouches qui lui manquaient.

» Il avait fait presser de Besançon l'envoi de རྟ 100,000 autres cartouches en poste.

» Il avait fait écrire par le préfet du Jura, M. de Vaulchier, au préfet de Saône-et-Loire, une lettre circonstanciée et pressante, qui est jointe aux pièces de la procédure, pour obtenir, deux ou trois fois par jour et par estafettes, des nouvelles positives de ce qui se passait à Lyon; pour obtenir que, dans ce département limitrophe, on fit rétrograder et les hommes, et les canons, et les caissons qui auraient dépassé Châlons et se porteraient sur Lyon.

» Enfin le maréchal s'était mis en correspondance avec le lieutenant-général Heudelet, qui commandait à Dijon.

» D'autres détails plus minutieux du service, des inspections, des conférences avec les chefs de corps, avec plusieurs officiers, avec plusieurs ad

ministrateurs civils, avaient absorbé toutes lesminutes de cette journée du 12 mars.

» Mais, Messieurs, c'est surtout à la journée du 13 mars, la plus rapprochée de l'instant d'erreur, qu'il est essentiel de vous attacher, afin que vous puissiez mieux discerner les causes subites qui ont pu si inopinément détacher en apparence de la cause du Roi, celui qui en était encore si exclusivement occupé.

» Le maréchal Ney la commence encore et la finit, comme la veille, par deux missives adressées au ministre de la guerre, où il lui transmet l'état de ses forces partagées en deux divisions, l'une commandée par le général Lecourbe, l'autre par le comte de Bourmont, et qui, réunies, n'excèdent pas quatre à cinq mille hommes.

>> Il ajoute qu'il vient de donner des ordres pour que les gardes d'honneur des trois départenrens de la Haute-Saône, du Jura et de l'Ain, soient incorporés dans ces divisions."

>> Que le général Jarry restera chargé du commandement des gardes nationales des départemens de l'Ain et du Jura.

» Au reste, il communique scrupuleusement au ministre toutes les nouvelles qui lui sont par

venues.

» Incontinent il reprend la plume pour informer

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