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leur maiso de querelles et de troubles, suscitent la guerre parmi lès enfants et les domestiques, livrent les uns et les autres à toute espèce d'habitudes vicieuses: chacun, dans la maison, vole, dissipe, pille, dérobe de son côté; les revenus s'absorbent sans fruit; les dettes surviennent; les époux mécontents se fuient, se font des procès; et toute cette famille tombe dans le désordre, la ruine, l'avilissement et le manque du nécessaire.

De toutes les affections d'où l'homme tire le peu de bonheur dont il jouit, il n'en est point qui lui offre autant de charme que l'amour conjugal. C'est lui qui enseigne l'art précieux et difficile de se plaire l'un à l'autre chaque jour, en cultivant ses talents, son esprit, en variant sa parure, en établissant dans sa demeure l'ordre et la propreté, qui embellissent le plus humble réduit. Par les soins de l'amour conjugal, une communauté d'intérêt et des rapports étroits établissent entre les époux une solidarité de toutes leurs actions, qui

concourt à unir leurs cœurs d'une mystérieuse sympathie, qu'un sentiment plus auguste et commun à tous deux, l'amour des enfants, vient encore fortifier.

AMOUR FILIAL. PHILOSOPHIE, MORALE. L'amour filial est, de la part des enfants, la pratique des actions utiles à eux et à leur parents. La loi naturelle prescrit l'amour filial par trois motifs principaux: 1 par sentiment, car les soins affectueux des parents inspirent dès le bas âge de douces habitudes d'attachement; 2° par justice, car les enfants doivent à leurs parents le retour et l'indemnité des soins et mème des dépenses qu'ils leur ont causés; 3° par intérêt personnel, car s'ils les traitent mal, ils donnent à leurs propres enfants des exemples de révolte et d'ingratitude, qui les autorisent un jour à leur rendre la pareille.

La reconnaissance prévient dans les enfants bien nés ce que le devoir leur impose; il est dans la saine nature d'aimer ceux qui nous aiment et nous protègent, et l'habitude d'une juste dépendance fait perdre le sentiment de la dépendance même; mais il suffit d'ètre homme pour être bon père.

AMOUR FRATERNEL. PHILOSOPHIE, MORALE. L'amour fraternel est une vertu, parce que la concorde et l'union, qui résultent de l'amour des frères, établissent la force, la sûreté, la conservation de la famille; les, freres unis se défendent mutuellement de toute oppression; ils s'aident dans leurs besoins, se secourent dans leurs infortunes, et assurent ainsi leur commune existence: tandis que les frères désunis, abandonnés chacun à leurs

forces personnelles, tombent dans tous les inconvénients de l'isolement et de la faiblesse individuelle. C'est ce qu'exprimait ingénieusement ce roi scythe, qui, au lit de la mort, ayant appelé ses enfants, leur ordonna de rompre un faisceau de fleches: les jeunes gens, quoique nerveux, ne l'ayant pa, il le prit à son tour, et l'ayant délié, il brisa du bout des doigts chaque fleche séparée. « Voilà, <«< leur dit-il, les effets de l'union: unis en faisceau, « vous serez invincibles; pris séparément, vous << serez brisés comme des roseaux. »

AMOUR MATERNEL. L'amour maternel est un rayon de cette intelligence céleste répandue dans tout l'univers, et qui, depuis l'homme, va en décroissant et s'affaiblissant jusqu'aux dernières limites de la création auimée. Il suffit qu'une mère voie sourire son enfant, pour être convaincue de la réalité d'une félicité suprême. La bonté de la providence se montre tout entière dans le berceau de l'homme. Quels accords touchants! ne seraientils que les effets d'une insensible matière? L'eufant naît, la mamelle est pleine; la bouche du jeune convive n'est point armée, de peur de blesser la coupe du banquet maternel: il croit, le lait devient plus nourrissant: on le sèvre, la merveilleuse fontaine tarit; cette femme si faible a tout à coup acquis des forces qui lui font surmonter des fatigues que ne pourrait supporter l'homme le plus robuste. Qu'est-ce qui la réveille au milieu de la nuit, au moment même où son fils va demander le repas accoutumé? D'où lui vient cette adresse qu'elle n'avait jamais eu? Comme elle touche cette tendre fleur sans la briser! Ses soins semblent être le fruit de l'espérance de toute sa vie; et cependant c'est là son premier-né. Le moindre bruit épouvantait la vierge; où sont les armées, les foudres, les périls, qui feront périr la mère? Jadis, il fallait à cette femme une nourriture délicate, une robe fine, une conche molle; le moindre souffle de l'air l'incommodait à présent un pain grossier, un vêtement de bure, une poignée de paille, la pluie et les vents, ne lui importent guère, tandis qu'elle a dans sa mamelle une goutte de lait pour nourrir son fils, et dans ses baillons un coin de manteau pour l'epvelopper.

Amour maternel! à ce nom, qui ne se sent profondément ému! tendres soins, douces caresse, sages conseils de nos mères, ce nom seul'éveille dans nos âmes votre cher souvenir! Il réunit et surpasse en force, en puissance, en durée, toutes les autres affections du cœur de l'homme.

AMOUR PATERNEL, PHILOSOPDIE, MORALE.

L'amour paternel est le soin assidu que prennent les parents de faire contracter à leurs enfants l'habitude de toutes les actions utiles à eux et à la société. La tendresse paternelle est une vertu pour les parents en ce qu'en élevant leurs enfants dans ces habitudes, ils se procurent, pendant le cours de leur vie, des jouissances et des secours qui se font sentir à chaque instant, et qu'ils assurent à leur vieillesse des appuis et des consolations contre les besoins et les calamités de tout genre qui assiègent cet âge.

AMOUR-PROPRE. PHILOSOPHIE, MORALE. Amour de soi, amour de soi-même, sentiment par lequel l'homme, subordonnant tout à ses commodités ou à son bien être, devient lui-même son objet et sa fin, et se fait le centre de tout.

Tout ce qu'on ressent de plaisir en s'appropriant quelque chose, richesse, agrément, héritage, etc., et ce qu'on éprouve de peine par la perte des mèmes biens, ou la crainte de quelque mal, la peur, le dépit, la colère, tout cela vient de l'amour-propre. L'amour-propre se mêle à presque tous nos sentiments, ou du moins l'amour de nous-mêmes. C'est la source de tous nos plaisirs et déplaisirs, et la cause féconde des passions qui viennent par l'organe de la réflexion.

L'amour-propre non seulement nous dirige vers notre bien-être physique, mais encore vers tout ce qui peut flatter nos penchants, nos faiblesses, notre vanité, nous caresser moralement. Le moi est notre favori, nous l'ornons, nous l'embellissons de notre mieux, nous sommes fiers lorsqu'il peut paraître avec avantage aux yeux de nos concitoyens, leur inspirer une haute idée de ses facultés et de ses vertus, parce que nous espérons trouver dans l'estime générale un nouveau moyen de le voir arriver à ce bien-être, à cette satisfaction intime qui contribue si puissamment au bonheur.

- L'homme s'aime naturellement soi-même, il s'aime sans bornes et sans mesure; il n'aime que soi, il rapporte tout à soi; il se désire toutes sortes de biens, d'honneurs, de plaisirs; et il n'en désire qu'à soi-même ou par rapport à soi-même. Il se fait le centre de tout; il voudrait dominer sur tout, et que toutes les créatures ne fussent occupées qu'à le contenter, à le louer, à l'admirer. Cette disposition tyrannique, étant empreinte dans le cœur de tous les hommes, les rend violents, injustes, cruels, ambitieux, flatteurs, envieux, insolents, querelleurs. En un mot, elle renferme les semences de tous les crimes et de tous les déréglements des hommes, depuis les plus légers jusqu'aux plus détestables. Voyez ÉGOÏSME.

AMPHIBIES. HIST. NAT. 13° ordre de mammiferes. La famille des amphibies comprend toutes les espèces de mammifères a quatre pattes, dont les doigts sont réunis par une membrane et armés d'ongles distincts. Ce groupe est entierement artificiel. Quoique toutes les especes qu'ils rapprochent se ressemblent par le milieu daus lequel elles vivent, puisqu'elles se trouvent presque toujours dans l'eau, d'où elles ne sortent que pour se trainer avec peine sur le rivage, pour s'y réchauffer au soleil ou pour y allaiter leurs petits, elles different beaucoup entre elles par leur organisation intérieure. Deux genres seulement composent la tribu des amphibies: ce sont les phoques et les morses.

AMPHISCIENS. GÉOG. PHYS. On nomme amphisciens, les peuples qui habitent sous la zone torride, parce que dans une saison de l'année ils ont leur ombre vers le sud, et dans l'autre, vers le nord.

AMPLIFICATION, BELLES-LETTRES. Figure de rhétorique; forme que l'orateur donne à son discours, et qui consiste à faire paraitre les choses' plus grandes ou moindres qu'elles ne sont en effet. L'amplification trouve place dans toutes les parties du discours; elle sert à la preuve, à l'exposition du fait, à concilier la faveur de ceux qui nous écoutent, et à exciter leurs passions. L'amplification est fille de l'imagination; elle offre des ressources inépuisables à l'éloquence, à la poesie. Par elle l'orateur aggrave un crime, exagère une louange, présente une pensée sous diverses faces, et produit des émotions relatives à son sujet.

Dans les colleges, on appelle amplification un discours que les écoliers font sur uu sujet qui leur est donné, afin qu'ils l'étendent, qu'ils l'ornent comme ils le jugent à propos.

PHYSIQUE. En terme d'optique, on appelle amplification, la propriété qu'ont les lunettes et les télescopes d'amplifier les images des objets, de faire voir les images plus grandes qu'on ne pourrait voir les objets à la simple vue.

AMPLITUDE, ASTRONOMIE. On nomme amplitude d'un astre, l'arc de l'horizon compris entre l'équateur et cet astre, quand il se trouve à l'horizon. Si on mesure cet are lorsque l'astre se lève, on lui donne le nom d'amplitude orientale ou ortive; si on le mesure lorsque l'astre se couche, on l'appelle alors amplitude occidentale ou occase. Les étoiles qui sont dans l'équateur n'ont aucune amplitude soit ortive, soit occase: toutes les autres en ont une plus ou moins grande, suivant qu'elles sont plus ou moins éloignées de l'équateur.

ANA,BIBLIOGRAPHIE. Terminaison que l'on donne

à des titres de recueils de pensées détachées, de traits d'histoire, de bons mots, etc., tels que le Ménagiana, l'Encyclopédiana, etc. On doit à M. Peignot une notice bibliographique des livres en ana, publiée dans son répertoire de bibliographies spéciales, in-8°, 1810.

ANACRÉONTIQUE. BELLES-LETTRES. On donne ce nom à un genre de poésie inventée par Anacréon, ou composée dans le goût et le style de ce poète. La plupart des odes d'Anacreon sont en vers de sept syllabes; c'est pourquoi l'on appelle ordinairement les vers de cette mesure anacreontiques.

ANAGRAMME. BELLES-LETTRES. Transposition de lettres, qui, dans un mot ou une phrase, fait trouver un autre mot ou une autre phrase. Il y a deux manières principales de faire des anagrammes: la première en divisant un mot en plusieurs, comme dans sustineamus, qui contient sus-tinea-mus; la seconde est de changer l'ordre des lettres, comme dans Roma, où l'on trouve amor, mora et maro, etc.

ANALOGIE. Rapport ou ressemblance que plusieurs choses ont les unes avec les autres, quoique d'ailleurs différentes par des qualités qui leur sont propres.

En mathématiques, analogie signifie rapport, proportion. Il y a même analogie de 4 à 6 que de 8 à 12. -En physique, ce mot indique le rapport que diverses choses ont ensemble. On dit qu'il y a analogie entre les causes du tonnerre et celles des tremblements de terre. En astronomie, on dit que les étoiles sont comme notre soleil par l'analogie de la lumière, et qu'elles ont comme le soleil un mouvement de rotation et peut-être un mouvement de translation.

ANALYSE. CHIMIE. L'analyse est une série d'opérations au moyen desquelles le chimiste détermine les parties composantes des corps, soit qu'il les obtienne réellement séparées et qu'il puisse les montrer isolées les unes des autres, soit que leurs propriétés distinctives lui soient indiquées par les nouvelles combinaisons qu'il leur fait subir, sans qu'il y ait séparation apparente. La recomposition des nouvelles combinaisons se nomme synthèse; et, dans l'examen chimique des corps, on ne peut presque jamais faire une analyse ou une séparation, sans qu'une synthèse ait lieu simultanément.

L'analyse chimique est d'une grande utilité dans une foule de circonstances; les arts et l'agriculture tirent tous les jours un grand parti de son emploi ; mais elle exige des connaissances particulières et très-étendues.

L'opération de l'analyse s'exécute par des moyen extrêmement variés; et cependant le principe de l'action est partout le même: on ne peut séparer deux corps qui sont unis chimiquement, qu'au moyen d'un autre corps qui s'unit à l'un d'eux, en isolant le second. Le cas le plus simple de l'analyse est celui où le calorique suffit pour opérer la séparation : de l'eau et de l'alcool étant mêlés, on ne

peut les séparer mécaniquement; en chauffant le mélange, le calorique se combine à l'alcool et le convertit en vapeur; celle-ci, en touchant un corps froid, lui cède son calorique, l'alcool devient liquide, et on l'obtient ainsi séparé de l'eau. Tout procédé d'analyse peut se réduire à des actions de ce genre, et par conséquent les analyses se font au moyen de synthèses nouvelles.

ANALYSE. BELLES-LETTRES. Réduction, résolution d'un tout en ses parties. Analyse, en logique, est une méthode que l'on suit pour découvrir la vérité : elle remonte des conséquences aux principes, et des effets aux causes, c'est-à-dire du plus composé au plus simple; au contraire de la synthèse, qui va du plus simple au plus composé. – On appelle, en grammaire, analyse d'une phrase, d'une période, d'un discours, la décomposition en toutes ses parties d'une phrase, d'une période, d'un discours, pour en distinguer les éléments, et connaitre tous les rapports qu'ils ont entre eux.

L'analyse d'un livre, d'un ouvrage, est un précis, un extrait fidèle d'un ouvrage, tels qu'en donnent ou doivent en donner les rédacteurs de journaux. L'art d'une analyse impartiale consiste à bien saisir le but de l'auteur, à exposer ses principes, ses divisions, les progrès de sa marche, à écarter ce qui peut être étranger à son sujet, et, sans lui dérober rien de ce qu'il a de bon ou d'excellent, à ne pas dissimuler ses défauts.

ANARCHIE. POLITIQUE. Désordre dans lequel tombe un état lorsque les lois sout violées impunément par tout le monde, et que personne n'a assez d'autorité pour les faire respecter; situation d'un état sans chef, saus gouvernement.

Les publicistes républicains ne voient que despotisme partout où la démocratie n'existe pas; les fauteurs du pouvoir absolu ne voient qu'anarchie partout où la monarchie ne commande point. Si l'on a dit avec raison que la monarchie est l'usage d'un pouvoir dont le despotisme est l'abus, c'est par erreur qu'on présente l'anarchie comme le résultat ordinaire de l'état démocratique. L'anarchie est, au contraire, l'apanage exclusif et déplorable du gouvernement aristocratique; la preuve de cette vérité se lit dans toutes les pages de l'histoire de

ces petites oligarchies si improprement nommées s'occupe spécialement de faire connaître la structure, républiques italiennes.

Tous les livres de politique renferment de violentes déclamations contre l'anarchie; les guerres civiles prouvent qu'elle mérite tout le mal qu'on peut en dire; mais il en résulte aussi que, semblable à toutes les crises politiques, elle peut quelquefois exercer sur les sociétés une influence intellectuelle et morale assez puissante pour agrandir les caractères, élever les esprits, ennoblir les âmes, et déterminer ces époques de gloire ou de bonheur qui n'apparaissent qu'une fois pour chaque nation.

ANATOMIE. HISTOIRE NATUrelle, médecine. Partie de la zoologie qui a pour objet l'étude de la structure, de la situation et des rapports des parties dont se compose le corps humain. Dans une acception plus générale et plus philosophique, l'anatomie est la science de l'organisation considérée dans les différents êtres, depuis le plus simple des végétaux agames jusqu'au phanérogame le plus composé, depuis le dernier des zoophytes jusqu'à l'homme.

L'anatomie, considérée comme la science qui traite de l'organisation de tous les êtres vivants, est la plus vaste des sciences. Elle offre deux divisions principales: l'une comprend l'anatomie appliquée aux corps des animaux, c'est la zootomie; l'autre comprend l'anatomie appliquée au corps des végétaux, c'est l'anatomie végétale, ou phytotomie.

La zootomie elle-même se subdivise en plusieurs branches. Lorsqu'elle compare l'organisation des différentes classes d'animaux, elle prend le nom d'anatomie comparée. Appliquée à l'étude du corps d'un seul animal, l'anatomie se désigne par le nom de celui-ci : c'est ainsi que l'on dit l'anatomie de l'homme, du cheval, etc. L'anatomie des animaux domestiques prend le nom générique d'anatomie vétérinaire.

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L'anatomie humaine est cette branche de la médecine qui a pour objet la connaissance de l'organisation de l'homme. Elle peut être envisagée et étudiée sous un grand nombre de points de vue différents de là plusieurs espèces d'anatomie. Lorsque l'anatomie s'occupe de décrire les tissus organiques, considérés dans ce qu'ils ont de commun et de différent dans les organes à la composition des quels ils concourent, elle reçoit la dénomination d'anatomie générale. — Lorsqu'elle ne considère les parties qu'en masse, et ne voit dans les régions qu'elle étudie que les routes que peut suivre l'instrument des chirurgiens, et dans les organes, que les points par lesquels ils sont vulnérables, elle prend le nom d'anatomie chirurgicale.-Lorsqu'elle

la situation et les rapports des différents organes, on la désigné sous le nom d'anatomie descriptive ou physiologique, laquelle admet plusieurs divisions: l'ostéologie, ou l'étude des os; la myologie, ou l'étude des muscles; l'angéiologie, ou l'étude des vaisseaux ; et la splanchnologie, ou l'étude des organes des sens. L'anatomie descriptive prend le nom d'anatomie pittoresque, lorsqu'elle est étudiée par les peintres et par les sculpteurs, dans le but de connaître les parties extérieures et visibles du corps, leurs nombreux contours, les modifications imprimées aux formes par la contraction musculaire, le rapport des attitudes et des mouvements avec cette même contraction. — Enfin, l'anatomie appliquée à l'étude des organes altérés par la maladie, ou vicieusement conformés avant la naissance, reçoit la dénomination d'anatomie pathologique.

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L'anatomie végétale ou phytotomie, est la connaissance intuitive de la structure des organes des végétaux, tels que nos sens nous les fournissent par eux-mêmes ou à l'aide d'instruments, laissant à la physiologie végétale le soin d'analyser et d'expliquer l'action réciproque de ces organes. V. PHYSIOLOGIE.

ANATOMIE CLASTIQUE. PHYSIOLOGIE. Par anatomie clastique on entend la représentation de toutes les parties dont se compose le corps humain, au moyen de pièces d'anatomie solides, non sujettes à se briser, et qui peuvent aisément se monter et se démonter.

Depuis long-temps les hommes qui se sont le plus occupés de l'éducation de la jeunesse ont exprimé le vœu, de voir l'étude de l'anatomie faire partie de l'instruction publique. C'est en effet pour tout le monde une vérité incontestable que, pour connaitre l'homme moral, il faut aussi connaître l'homme physique. Il serait donc à désirer que toutes les parties qui constituent le corps humain et concourent à son organisation fussent connues des jeunes gens dont la première éducation doit être soignée; car on ne peut plus supposer aujourd'hui qu'un homme instruit ignore.comment et par quels organes s'exécutent nos mouvements, en quoi consistent les instruments par lesquels s'opèrent nos sensations. et nos principales fonctions. Mais personne n'ignore non plus combien est grande la répugnancenaturelle qui éloigne de l'étude de l'anatomie surles cadavres, et surtout de l'observation des objets mêmes qui en font le sujet, les hommes qui n'y sont pas obligés par profession.

La nécessité d'avoir sans cesse à la mémoire les minutieux détails de l'anatomie, et la difficulté de

se procurer des sujets, suggéra dans tous les temps, à ceux qui ont eu les connaissances les plus parfaites de cette branche de l'histoire naturelle, l'idée de faire des préparations qui pussent suppléer aux dissections. C'est dans ce but qu'on a employé la peinture, la gravure, la sculpture en bois, en liége, en cire, et que l'on a cherché à conserver quelques parties du corps humain, soit par la dessiccation, soit en les tenant plongées dans les liqueurs spiritueuses. Tous ces moyens réunis peuvent servir à rappeler quelques caractères anatomiques, mais aucun d'eux ne peut les reproduire tous. L'insuffisance bien reconnue de ces moyens fit concevoir à M. le docteur Auzoux le projet d'exécuter des pièces d'anatomie artificielles, qui présentassent tous les caractères dans lesquels on fait principalement consister l'étude de l'anatomie dite chirurgicale. Après plusieurs essais, M. Auzoux soumit, en 1822, à l'académie royale de médecine, des pièces d'anatomie artificielle, destinées à représenter les différentes parties qui entrent dans la composition du corps humain, et à faciliter l'étude d'une science pour laquelle on avait généralement la plus grande répugnance. L'académie de médecine, pénétrée de l'importance de cette découverte, décerna à l'auteur les plus grands éloges, et le signala comme ayant droit aux encouragements que le gouvernement accorde à ceux qui illustrent leur pays. Ces éloges mérités, l'espèce d'avidité avec laquelle l'étranger rechercha les modèles d'anatomie artificielle, encouragèrent M. Auzoux à perfectionner cette admirable invention, et, après cinq ans d'un travail opiniàtre, il est parvenu à construire une pièce complète d'anatomie qui ne laisse rien à désirer.

M. Auzoux a pris pour modèle le cadavre d'un adulte d'une constitution athlétique, auquel il a donné la pose de l'Antinous antique; le pied gauche est fixé sur un socle en bois, de manière à permettre le mouvement de rotation; toutes les parties réunies représentent un homme dont on aurait seulement enlevé la peau. Une moitié du sujet est représentée en masse, toutes les parties qui forment l'autre moitié peuvent se détacher; chaque muscle, chaque organe peut être enlevé un à un, depuis la peau jusqu'aux os, avec la plus grande facilité, et replacé de la même manière. Le modèle entier se compose de 129 pièces principales qui sont susceptibles d'être enlevées séparément, et de 1115 numéros de détail : quelques minutes suffisent pour couvrir une table de ces 129 pièces anatomiques; il faut moins de dix minutes pour les remettre en place, et former ainsi un homme complet, moins la peau et le tissu cellulaire. Toutes ces pièces sont

formées au moyen d'une pâte particulière qui, dans l'état frais, est susceptible d'ètre coulée dans des moules, de prendre et de conserver les empreintes les plus délicates, et d'acquérir par la disseccation une solidité presque égale à celle du bois. Au moyen de coupes ingénieuses, M. Auzoux est parvenu à reproduire tout ce qui a rapport à la myologie, à l'angéiologie, à la névrologie et à la splanchnologie; il n'est pas jusqu'aux os qui ne soient reproduits avec une vérité telle, que si on n'en était prévenu, on pourrait les prendre pour des os véritables. Les parties les plus tenues, les plus délicates comme les plus volumineuses; les parties les plus molles comme les plus dures, les plus superficielles comme les plus profondes, se trouvent représentées avec une sévère exactitude dans les formes, la couleur, les rapports et les connexions. Le cœur a été reproduit avec un grand bonheur au moyen d'une coupe pratiquée dans la cloison inter-auriculaire et inter-ventriculaire, cet organe se trouve partagé en deux moitiés; sur chaque moitié sont deux cavités qui peuvent être ouvertes de manière à laisser voir les valvules; toutes ces partics se réunissent avec une telle exactitude, que l'on aperçoit à peine les traces de la division d'où s'élèvent les vaisseaux qui en partent ou qui s'y rendent. La préparation de la tète, sur laquelle se trouve la bouche, le pharynx, le larynx, les fosses uasales, avec les muscles, les artères, les nerfs qui accompagnent ces parties ou s'y distribuent, offre un ensemble parfait. Le cerveau, la moëlle épinière, le grand sympathique, ont été reproduits avec tous leurs détails, de manière à donner dans l'ensemble l'appareil de l'innervation.

Il résulte des différents rapports qui ont été faits sur les préparations d'anatomie clastique de M. Auzoux, à l'académie de médecine, à l'institut, à la société médicale d'émulation, et de l'opinion d'un grand nombre de médecins, tant français qu'étrangers, appelés à prononcer sur l'utilité que ces pièces pouvaient produire dans les établissements publics, que ces préparations ont l'avantage : 1o d'abréger le temps que les élèves consacrent à l'anatomie; les personnes entièrement étrangères à la médecine pouvant aujourd'hui, en moins de six semaines, apprendre cette science, dont l'étude sur le cadavre demande plus d'une année; 2o de remémorer les détails anatomiques aux élèves et aux praticiens qui se sont déjà occupés de cette science;.3° de rendre l'étude de l'anatomie praticable pour toutes les classes de la société ; 4o de la rendre possible dans les pays chauds où l'on ne peut se livrer aux dissections sans compromettre sa santé, et dans les

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