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çait nécessairement la France en état de paix avec les puissances.

Les coalisés pourraient refuser de reconnaître le gouvernement provisoire, et cela pour profiter des avantages de leur position militaire, comme étant le résultat d'un ordre de choses qui n'est pas légal à leurs yeux. La sagesse des plénipotentiaires y répondra, s'appuyant de l'exemple de l'Angleterre.

Une autre objection serait, que le véritable vœu de la France n'étant pas bien connu, il faudrait d'abord rétablir ce qui existait avant le mois de mars, sauf à la nation à se déclarer après. L'Angleterre a, en pareil cas, répondu que le fait de la possession du pouvoir autorise celui qui en est revêtu à traiter. Refuser de rien reconnaître serait porter la France à chercher les ressources du désespoir.

Les coalisés peuvent, sans imposer les Bourbons, refuser le fils de Napoléon. Ils peuvent trouver des prétextes mêmes dans le danger d'une longue minorité. La minorité étant un état de langueur, est par elle-même une garantie de la tranquillité. Le vœu national est fortement prononcé pour la paix. Le plus solide garant que puissent donner les coalisés de leur désir de respecter l'indépendance de la France, est de renoncer au rétablissement des Bourbons. Le retour de cette famille, entourée d'hommes qui ont cessé d'être Français, rallumerait toutes les haines, et

écarterait toute idée de tranquillité. Son exclusion est une condition absolue de la tranquillité de l'Europe et de la France.

La question de l'intégralité du territoire se lie à celle de l'indépendance. Si la guerre a été faite à Napoléon seul, ce qui était convenable en 1814, sous le rapport des limites de la France, ne peut pas cesser de l'être en 1815.

Ainsi les deux objets principaux sont l'indépendance et l'intégralité de la France. Elles sont indivisibles et ne sont susceptibles d'aucune modification.

Les propositions incidentes qui s'accorderaient avec ces bases seront reçues, mais seulement pour en rendre compte et demander des instructions et des ordres; dans le cas où l'admission entière des principes, ou bien des explications admissibles pourraient amener à traiter, il est important de conclure préalablement un armistice général et de le conclure le plus tôt possible.

Un devoir sacré est de stipuler la sûreté et l'inviolabilité de l'empereur Napoléon, hors du territoire français.

Les intérêts de l'Angleterre, de la Russie, de l'Autriche et de la Prusse n'étant pas les mêmes, il faudra tirer parti de cette diversité : l'Autriche peut désirer s'unir à la France; la Russie n'a plus rien à gagner; l'Angleterre offrira plus de difficultés, non pas pour les principes, mais par sa volonté.

N° XXXII.

Lettre du duc de Wellington.

Au quartier-général, le 28 juin.

Monsieur le comte, j'ai eu l'honneur de recevoir votre lettre en date du 25; j'ai déjà écrit aux commissaires nommés pour traiter de la paix avec les puissances alliées, sur la proposition d'une suspension d'hostilités; V. Ex. a vu la réponse que j'ai donnée, et à laquelle je n'ai rien à ajouter. Quant à ce qui regarde un passe-port et un sauf-conduit pour Napoléon Bonaparte, pour passer aux États-Unis, je suis forcé d'informer V. Ex. que je ne suis pas autorisé par mon gouvernement à satisfaire à cette demande.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé, WELLINGTON.

N° XXXIII.

Note des Coalisés.

Étant stipulé dans le traité d'alliance qu'aucune des parties ne négociera séparément, ni ne conclura de traité ou d'armistice, autrement que de commun accord, les trois cours ici présentes ne peuvent entrer dans aucune négociation. Les cabinets se réuniront aussitôt que possible. Les trois souverains regardent comme une condition préliminaire et essentielle, pour toute espèce de paix, et pour une tranquillité véritable, que Napoléon Bonaparte soit mis à l'avenir hors d'état de troubler la paix de la France et de l'Europe; après ce qui est arrivé au mois de mars, les puissances doivent exiger qu'il soit confié à leur garde.

Haguenau, le 1er juillet 1815, à neuf heures du matin.

Signé, WALLMODEN, CAPO-D'ISTRIA, KNESEBECK.

No XXXIV.

Lettre de Fouché à Wellington.

Paris, le 27 juin 1815.

Milord, vous venez d'agrandir votre nom par de nouvelles victoires remportées sur les Français. C'est donc par vous surtout que les Français sont connus et appréciés. Vous voterez pour leurs droits au milieu des puissances de l'Europe.

Dans ce conseil de souverains, votre crédit et votre influence ne peuvent être moindres que votre gloire.

Les vœux des nations, qui ne calomnient ni ne flattent, ont fait connaître votre caractère. Dans toutes vos conquêtes, votre droit des gens a été la justice, et votre politique a paru la voix de

votre conscience.

Vous trouverez les demandes que nous faisons, par nos plénipotentiaires, conformes à la justice la plus rigoureuse.

La nation Française veut vivre sous un monarque. Elle veut aussi que ce monarque règne sous l'empire des lois.

La république nous a fait connaître tout ce

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