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mécaniciens, nous ajouterons encore une dépense, par mètre cube, de 0 fr. 002; soit 219,000 fr. par année.

Nous arrivons ainsi, pour le prix de revient du total mètre cube, en mettant tout au pis, à 0,0240; soit par année, pour la fourniture journalière d'un mètre cube, 8 fr. 76; ou, en nombre rond, 9 fr.

Le prix de revient du mètre cube des eaux de source est près du double de celui des eaux de la Seine, en admettant les devis des aqueducs sans augmentation et en ne comptant absolument rien pour l'entretien de ces aqueducs, la surveillance, les accidents, les curages, etc.

En effet, les trois devis réunis de la Dhuis, de la Somme-Soude, de la Vanne, sont de 62 millions, soit un intérêt annuel, à 5 pour 100, de 3,100,000 fr.

Pour un volume quotidien total, qui peut être porté, au maximum, à 163,000 mètres cubes d'eau:

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Soit par année un volume total de 59,495,000; soit pour prix de revient de chaque mètre cube :

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Soit par année, pour la fourniture quotidienne de 1 mètre cube, 18 fr. 98.

Ainsi donc, les sources donnent un prix de revient plus que double de celui de la Seine. Elles ont de plus l'inconvénient d'être moins élastiqués, d'obliger à l'aliénation d'un immense capital, d'être incertaines quant à leur volume réel, puisqu'un bon tiers de ce volume est encore soumis à toutes les incertitudes des recherches auxquelles les ingénieurs de la ville de Paris doivent se livrer.

En proposant, pour Paris, l'installation de machines pour élever les eaux de la Seine, nous nous sommes, pour le moment du moins, imposé la condition de ne point sortir des faits déjà consacrés par l'expérience et désormais incontestables; ainsi, chacune des machines projetées n'élèverait pas un plus grand volume que les appareils qui fonctionnent depuis six années à Lyon sans aucun accident; elles seraient disposées d'une façon analogue, toutes indépendantes les unes des autres, et pourraient se suppléer mutuellement.

Dans le calcul de nos dépenses, soit de premier établissement, soit de frais d'exploitation, nous avons donc des données certaines.

Sans doute lorsqu'il s'agira d'exécuter, car nous croyons qu'on exécutera tôt ou tard, on pourra apporter d'utiles modifications. On pourra, soit en diminuant le nombre des machines et en accroissant leur force, soit en substituant en partie des moteurs hydrauliques aux machines à vapeur, réaliser une grande économie dans la dépense. Mais nous ne tiendrons pas compte, pour le moment, de cette possibilité, afin d'éviter toute objection. En faveur de la perpétuité du service des machines, ne peut-on pas citer une foule d'appareils marchant depuis de longues années sans qu'il ait été nécessaire d'opérer aucune réparation? Nombre de mines en offrent l'exemple. A Toulouse, les clapets de retenue des machines élévatoires ont été ouverts et fermés plus de soixantetrois millions de fois depuis vingt ans de service.

A Lyon, depuis le 15 août 1856, c'est-à-dire depuis bientôt six années, les machines ne se sont pas arrêtées un seul jour, et chacune d'elles a donné, à sept coups de piston par minute, près de vingt-deux millions de coups de piston, sans que les soupapes aient exigé des réparations importantes.

Combien y a-t-il de mines, d'ateliers, d'industries de toute nature, où le service par machines ne laisse rien à désirer au point de vue de la permanence et de la sécurité?

Quel est l'ingénieur au courant de ces sortes de questions qui ignore aujourd'hui que si les nouvelles machines de Chaillot ont tant laissé à désirer dans les premiers temps, c'est qu'on n'avait pas réalisé pour ces machines les conditions essentielles pour un bon service à l'aide d'appareils de Cornouailles (1).

VI

Tels sont les résultats d'une longue expérience exposés avec une entière franchise, sans parti pris, sans aucun but d'entraver la marche

(1) Ces conditions sont :

1° Invariabilité de la charge d'eau sur les pistons des pompes;

2. Indépendance absolue des tuyaux de refoulement, sur lesquels il faut éviter de faire des prises d'eau ;

3° Permanence de niveau dans les puisards;

4o Grand diamètre donné au tuyau de refoulement;

5o Large dimension donnée aux cylindres.

Toutes les fois que ces conditions seront remplies, on sera sûr d'avoir, avec les machines de Cornouailles, un service permanent, économique, exempt de toutes les interruptions, ainsi que le prouve notre expérience à Lyon.

de l'administration; ce sont des faits utiles à signaler au moment où des intérêts nombreux et respectables peuvent être compromis à jamais par un système que nous considérons comme trop absolu. Nous ne sommes point intervenu dans un vain but de publicité ni d'importance personnelle.

La vérité, l'économie se trouveraient, nous le croyons, dans le plan combiné que nous avons indiqué, satisfaisant le présent, réservant l'avenir, utilisant dans une juste mesure toutes les forces, toutes les ressources; c'est du moins notre sincère conviction après une étude consciencieuse de la question et une longue pratique de ces travaux spéciaux.

Sans doute, la ville de Paris est riche et puissante; mais enfin, les millions ne sont point inépuisables, et entre un plan qui exige l'aliénation d'un capital de 44 millions, sans compter la dérivation de la Dhuis qui provoque des résistances, présente des incertitudes, inquiète des populations nombreuses, et un autre, très-simple, très-pratique, qui peut conduire au même résultat avec une dépense de quelques millions seulement, est-il permis d'hésiter?

Les aqueducs romains étaient de belles œuvres, mais aujourd'hui ils n'accusent que l'impuissance scientifique d'un peuple qui n'avait point fait dans la physique, dans la mécanique, les étonnants progrès qui ont élevé si haut la civilisation moderne. Si les Romains avaient connu la vapeur, ils n'auraient pas élevé ces masses imposantes dont nous apercevons les ruines. Dira-t-on que ces aqueducs sont des œuvres éternelles? Hélas! il n'y a rien de durable ici-bas que les passions et le génie de l'homme. Les sources qui coulent aujourd'hui dans les aqueducs, encore en partie debout, de l'ancienne Rome, ne sont plus les mêmes que celles dont parle Frontin. Depuis lors, leur régime s'est modifié, leur volume a considérablement diminué faute d'entretien. Au lieu de répéter le passé, demandons à l'avenir, à la science moderne, les moyens économiques de populariser dans les masses tous les éléments de bien-être.

P. S.

Il résulte de la récente discussion au Sénat que l'administration municipale a renoncé à la Somme-Soude; c'est déjà un pas important fait dans la voie que nous indiquons ici.

2 SÉRIE. T. XXXV. — 15 juillet 1862.

ARISTIDE DUMONT.

L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1862

I

Au moment où nous écrivons ces lignes, un vaste édifice élevé au sud-ouest de Londres renferme ce qu'on a appelé, non sans raison, les merveilles de l'industrie. Des milliers de visiteurs s'y rendent, on peut dire y accourent tous les jours, et bientôt on les comptera par

millions.

Tous les pays du monde ont fourni leur contingent à cette foule qui se presse dans la nef et les transepts, dans les cours et les galeries du palais de l'Industrie; toutes les langues y sont entendues : le Français se croise avec l'Allemand, l'Italien se coudoie avec des Suédois ou des Norwégiens, l'Espagnol et le Portugais s'y rencontrent avec le Russe et l'Américain, et l'Anglais se mêle à tous les groupes; et si par moment il y a encombrement, nulle part et jamais l'harmonie n'est troublée. C'est qu'on est rassemblé pour célébrer la fête de la paix.

C'est là, ce nous semble, la véritable signification de l'Exposition universelle de 4862.

La paix ne règne-t-elle pas entre les nations représentées à Londres? Les produits exposés ne sont-ils pas le fruit de la paix, de la tranquillité, de la sécurité internationale? Oublions un moment que les instruments de destruction, des canons et des trophées d'armes, y brillent à côté de ce que l'art a fait de plus beau, l'industrie de plus magnifique; oublions aussi que dans plus d'un coin du monde le feu couve et s'annonce par d'épaisse fumée, qu'il jette même de sinistres lueurs en plus d'un endroit. Oublions tout cela, saisissons le moment présent si fugitif, et célébrons la fête de la paix. C'est la paix qui permet de produire ces merveilles; gardons-nous bien d'en détruire la bienfaisante influence!

Nous avons insisté sur cette manière de voir, car nous ne pouvons considérer l'Exposition comme un concours ouvert entre les industries des nations.

Nous allons dire pourquoi. Rappelons d'abord que l'Exposition universelle est un nouvel exemple d'une institution qui a eu un commencement modeste, pour arriver, par un développement ininterrompu, à embrasser le monde entier.

Chemin faisant, il est vrai, l'idée primitive s'est transformée: ce n'est

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plus l'ornement d'une fête nationale, ce n'est plus un simple décor dont, à la rigueur, on aurait pu se passer. L'Exposition est devenue un drame, où il y a des vainqueurs et des vaincus (1).

Du moins est-ce là l'opinion générale; mais ayons le courage de la nôtre: il n'y a pas concours réel, ou plus exactement, on n'y lutte pas à armes égales; le soleil n'est pas partagé entre les combattants.

A qui la faute?

A tout le monde.

Nous n'aurons pas le mauvais goût de reprocher à la commission anglaise de s'être fait, dans la distribution de l'espace, la part du lion, quoiqu'elle se soit réservé la moitié de l'édifice. Charité bien entendue - et les Anglais l'entendent sous tous les rapports commence par

soi-même. Toutes les nations en auraient fait autant, et non sans d'excellentes raisons. Ces raisons, nous pourrions les indiquer, mais il est inutile de justifier l'égoïsme, il saura toujours se faire sa place au soleil.

Toujours est-il qu'il est inexact de dire que l'industrie anglaise est égale à l'ensemble des industries des autres pays; si, néanmoins, on lui

(1) Nous aurions voulu pouvoir donner la liste exacte de toutes les expositions qui ont eu lieu jusqu'à présent dans les divers pays. Mais plusieurs de ces solennités industrielles étant restées confinées dans des contrées plus étendues, elles ont échappé à l'attention publique. Nous nous bornerons donc à donner les dates des expositions françaises, puisque c'est en France que cette institution est née, et celles des expositions universelles :

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