de l'enseignement industriel. Répartition du crédit de 5 millions pour les chemins vicinaux. Les grandes primes d'honneur de l'agriculture. Discours du président Lincoln. - Les affaires politiques, Garibaldi prisonnier, la question romaine, ont tenu bien plus de place dans le mois qui vient de s'écouler que les discussions et préoccupations économiques. A peine celles-ci percent-elles dans les vœux émis par quelques conseils généraux sur la confection et le tracé de tel chemin de fer et sur quelques autres intérêts départementaux et généraux, comme l'instruction primaire. Un article spécial consacré, dans le Journal des Économistes, à l'analyse et à l'examen de ces vœux, nous dispense et nous interdit de nous y étendre. Disons seulement qu'on regrette d'y trouver certaines lacunes. Pourquoi, par exemple, les départements qui sont en situation plus particulière de le faire n'ont-ils émis aucun vœu pour l'abolition de l'inscription maritime? Est-ce indifférence ou reste de préjugé et d'attachement pour ce procédé violent et suranné? Un tel vou serait pourtant en concordance avec l'esprit plus libéral qui prévaut dans notre politique économique, et donnerait aux esprits libéraux, qui ne peuvent plus se satisfaire par l'expression annuelle du vœu d'une modification profonde à introduire dans le système douanier, une occasion de manifester cette pensée que toute réforme utile n'est pas encore accomplie. Nous voyons avec plaisir que les conseils généraux se préoccupent d'ailleurs d'une manière croissante de l'instruction primaire. Il ne s'agit pas seulement d'en étendre les bienfaits; il s'agit, dans sa forme actuelle, de la débarrasser de certains vices ou imperfections d'organisation. Nous aurions voulu que les écoles mixtes, dont les dangers ont été signalés, trouvassent un blâme plus énergique dans leur constitution actuelle. Le mélange des deux sexes sur les bancs de l'école primaire a des inconvénients qui ne laissent pas d'être sérieux pour l'instruction et d'être bien plus graves pour la moralité de l'enfance. C'est un vœu qu'on ne saurait d'ailleurs qu'approuver, du moment que l'école mixte subsiste, qu'elle soit confiée à une institutrice plutôt qu'à un instituteur. Quelques conseils généraux ont songé aussi à l'instruction professionnelle, aux écoles d'apprentis, mais pas encore assez à notre sens. Au reste, en dehors de toute action exercée par les conseils généraux, c'est à la liberté d'enseignement de pourvoir à ces nouveaux besoins pour une grande part. Quelques notions rurales ajoutées à l'enseignement primaire ne seront point à dédaigner, mais ne suffiront pas à résoudre ce vaste problème de l'instruction appropriée aux besoins des populations industrieuses dans les différentes classes, besoins dont l'urgence doit être bien grande, puisque les discours de distribution des prix dans les principaux établissements universitaires y ont presque tous fait allusion, soit pour y céder, soit pour manifester des tendances peu sympathiques à leur satisfaction. M. le ministre de l'instruction publique s'est montré à cet égard animé, dans son discours à la Sorbonne, des intentions les plus bienveillantes. Mais l'Université est-elle en état de donner ce genre d'instruction? Est-il conciliable avec la nature d'abord, avec la surcharge ensuite de ses programmes? Ne vaut-il pas mieux séparer entièrement cet enseignement industriel qu'il s'agit de constituer, de l'enseignement classique tel qu'il existe, en vue de leur commun profit? L'enseignement industriel ne sera-t-il pas condamné à une éternelle minorité sous le régime universitaire, et étranglé entre la rhétorique et la logique, entre le grec et le latin? Ne ferait-il pas enfin plus naturellement partie des attributions du ministère du commerce et de l'agriculture, dès lors qu'il est convenu que l'État s'en mêle? Nous craignons que ces questions ne soient bien résolues qu'après des tâtonnements maladroits, des expériences destinées à avorter et des compromis équivoques. C'est déjà beaucoup que la question soit posée, et qu'on commence enfin à admettre, même au sein de l'enseignement officiel, que l'étude des lettres anciennes, qui a de si nobles côtés, n'est pas pourtant le mode uniforme ni le mieux approprié à la masse des intelligences. Parmi les mesures qui relèvent de l'économie publique, on a remarqué la circulaire adressée par M. le ministre de l'intérieur aux préfets, relative à la répartition et à l'emploi du crédit de 5 millions ouvert pour l'exercice 1862 sur les 25 millions affectés à l'achèvement des chemins vicinaux d'intérêt commun. Pour donner à cette répartition le caractère d'une plus complète équité, M. de Persigny l'a établie sur une double base : une première moitié du crédit est divisée par portions égales entre chacun des départements de l'Empire; la seconde moitié leur sera attribuée proportionnellement au nombre des centimes extraordinaires qu'ils se sercnt imposés pour contribuer à cette œuvre d'utilité générale. En prenant pour point de départ le nombre de ces centimes et non leur produit, la décision ministérielle se propose de tenir la balance exacte entre les départements les plus pauvres et les plus favorisés. Elle modifie la loi de 1848, qui avait adopté pour base unique le produit des centimes additionnels votés en vue du service de la vicinalité. On pourrait reprocher à cette manière de procéder de ne pas donner un résultat vraiment juste. En effet, par le vote de 4 centime additionnel, tel département riche et peuplé se fait une ressource de 100,000 fr., tandis qu'un département pauvre ne recueille qu'un produit de 4 à 5,000 fr. En suivant cette base, la subvention n'eût pas été en rapport avec les efforts réels des divers contribuables départementaux. C'est l'égalité des efforts et des charges effectives consenties que l'on récompense, en prenant pour base non plus le produit, mais le nombre des centimes additionnels. On a lu avec le même intérêt le rapport de M. Rouher à l'Empereur sur les grandes primes d'honneur « destinées à récompenser le cultivateur, propriétaire ou fermier qui, dans chaque circonscription régionale, aura présenté l'exemple des améliorations les plus utiles et les plus profitables. » D'après M. le ministre, les concours régionaux de 1862 accusent un progrès notable sur ceux qui les ont précédés. La statistique des concours prouve que le nombre des inscriptions suit une progression toujours croissante et que la qualité des produits exposés augmente également avec leur quantité. Dans l'espèce bovine, par exemple, il n'est pas de race qui ne porte l'empreinte d'heureux perfectionnements. Quelquefois par le croisement, le plus souvent par la sélection, d'importantes améliorations ont été réalisées. Dans l'espèce ovine, les résultats obtenus ne sont pas moins significatifs. Les races anglaises perfectionnées tendent à remplacer les familles indigènes, pour les porcs, dans les régions où la nourriture abonde et où les animaux ne sont pas assujettis à de longs parcours. Même progrès pour les instruments aratoires et machines agricoles. A peu d'exceptions près, les machines à vapeur fixes ou locomobiles ont figuré dans le catalogue de tous les concours en 1862, et d'ingénieux perfectionnements ont été mis en relief et signalés par les jurys spéciaux. Les faucheuses, les råteleuses, les moissonneuses y ont pris aussi place en plus grand nombre que dans les années précédentes. Dans le département du Pas-de-Calais, la prime d'honneur est échue à M. Decrombecque, qui, depuis quarante ans, s'est fait, sur l'un des points les plus infertiles de la plaine de Lens, le champion du progrès agricole. Chez M. Decrombecque, le cultivateur intelligent se complète par l'industriel habile, et son exploitation offre le modèle d'une association qui promet à l'agriculture un heureux avenir. Dans le département des Ardennes, la prime d'honneur a été décernée à M. Gérard de Melcy, propriétaire de la ferme des Granges, recréée et restaurée par les soins de cet entreprenant et habile agriculteur. Pour la Mayenne, M. le comte de Buat; pour le Maine-et-Loir, M. le comte de Falloux, l'éminent agriculteur du bourg d'Iré; pour la Meurthe, M. Pargon, fermier à Salival; M. Larzot, pour l'Allier; M. A. Lalouol de Sourdeval, pour le Cher; M. le comte de Montagnac, pour la Creuse; M. de Nexon, pour la HauteVienne; M. Maurice Avy, pour Tarn-et-Garonne; M. Allier, pour les Hautes-Alpes; M. Germain Cuillé, directeur de la ferme-école de Germainville, près de Perpignan, ont obtenu la grande prime d'hon neur. Les perplexités et les chances mêlées de la guerre américaine se perpétuent sans qu'on entrevoie une issue prochaine, malgré les levées d'hommes en masse. Sans approuver les mesures violentes prises par le Nord, nous croyons qu'il faut pourtant s'abstenir de lui imputer un langage et des sentiments qui tendent à lui ôter l'honneur de représenter la cause de l'abolition de l'esclavage. Les journaux voués à la défense du Sud ont triomphé des paroles que le télégraphe faisait dire à M. Lincoln, « qu'il est impossible à des gens de couleur libres ou esclaves de devenir les égaux des blancs en Amérique. » Fort heureusement, M. Lincoln n'avait pas prononcé ces paroles, et s'était inspiré dans sa harangue de sentiments absolument contraires à ceux qu'on lui prêtait peu charitablement, et dont l'expression eût été singulièrement placée devant une députation composée d'hommes de race africaine. M. Lincoln s'est borné à constater un fait, l'existence sur le continent américain d'un préjugé contre la race nègre; mais en même temps il a déploré l'existence de ce préjugé avec une vigueur digne d'estime, si l'on songe qu'en s'exprimant ainsi M. Lincoln a dù savoir qu'il blessait un sentiment profondément enraciné chez un très-grand nombre de ses concitoyens. « Je déclare, a-t-il dit, qu'à mon avis votre race est en butte à la plus grande injustice qui ait jamais été infligée à un peuple. Lors même que vous cessez d'être esclaves, vous êtes loin de vous trouver placés sur un pied d'égalité avec la race blanche... Remarquez que je ne discute pas; c'est un fait que je signale... C'est d'ailleurs un fait au sujet duquel je partage entièrement vos opinious et votre sentiment. » Plus loin M. Lincoln dit « qu'il reconnaît que le peuple américain se montre dur à l'égard de la race nègre. » Ce langage est loin de celui de l'apologie des hommes de race. La librairie Guillaumin vient de mettre en vente le 1er volume du grand ouvrage de M. E. de Parieu sur les impôts. Le Traité des impôts, le plus complet que nous possédions, comprendra trois volumes qui se succéderont rapidement. Nos lecteurs ont déjà pu se former une idée de la haute valeur de cet important travail. LLART. HENRI BAUDRILLART. L'Administrateur-Gérant, GUILLAUMIN. Paris, 15 septembre 1862. DES RAPPORTS DU Juste et de l'UTILE, par M. R. DE FONTENAY... DES CONDITIONS Réglementaires du TRANSIT ET L'EXPORTATION PAR CHEMins de fer, 114 La justice et les MOEURS PUBLIQUES, par M. PAUL Boiteau........ LA QUESTION DES EAUX DE PARIS, par M. ARISTIDE DUMONT.. - - - : Sommaire I. Explosions fulminantes des chaudières - Pétition relative à l'uniformité des mesures et des monnaies, par BULLETIN FINANCIER. - Sommaire : Préoccupation du monde financier au sujet - Difficultés de la situation commer- La Banque de France et l'État. ciale et financière. Le nouveau 3 0/0. · - ----- - - Rapports annuels de Sociétés par actions. - Tableau des Bourses de Paris, - BULLETIN FINANCIER DE L'ÉTRANGER. Sommaire Progrès économiques en Italie; chemins de fer napolitains; le réseau italien. Nouveaux chemins de fer concédés et travaux de canalisation en Belgique. Les revenus publics de l'Angleterre en 1862. Les marchés cotonniers du continent. |