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de 3 1/2 0/0 en 1861 et de 4 0/0 en 1860. Les bénéfices de la banque semblent se ressentir de cette simultanéité du bas taux de l'escompte et de la réduction des affaires; il a fallu prendre quelque peu sur le fonds de réserve (réduit de 3,619,872 1. st. à 3,600,8721. st.) pour pouvoir payer aux actions un dividende de 41.5 sh. pour le semestre finissant le 31 août. L'assemblée générale (18 septembre) avait cette fois été plus nombreuse que d'habitude: on s'attendait à quelque communication au sujet du vol récemment découvert du papier à banknotes; ce vol avait donné lieu à des faux nombreux dont s'étaient justement émus le cercle des actionnaires et le monde financier. La légitime curiosité de l'un et de l'autre n'a pas été satisfaite; à la demande de renseignements formulée par l'alderman Salomon, le gouverneur de la banque, M. Alfred Latham, a opposé l'avis du conseil des directeurs qui jugeait opportun de sc taire encore sur certains points; M. Latham s'est borné à déclarer que la quantité du papier volé, aussi bien que le montant des faux, ont été exagérés. On sait, du reste, que la banque a publiquement engagé les banquiers à une prudence toute particulière dans l'acceptation des notes qui leur seraient présentées.

La banque nationale d'Autriche se trouve enfin au bout des incertitudes entre lesquelles son existence même se trouvait ballottée depuis quelques mois : la commission financière du Reichsrath vient de terminer son long et laborieux débat sur cette question. Celle-ci doit, à la vérité, passer encore par bien des instances avant d'être définitivement vidée; toutefois, après la discusion approfondie dont elle a été l'objet au sein de la commission financière, on ne pense pas que, soit le Reichsrath lui-même, soit la chambre haute ou le gouvernement, veuillent encore revenir sur des décisions si minutieusement établies. Le point capital est la prolongation du privilége de la banque qui allait expirer en 1866 la prolongation est d'une durée de 10 ans seulement, au lieu de 15 ans que M. de Plener s'efforçait d'obtenir pour la banque. Celle-ci, à l'entrée dans cette nouvelle période décennale, doit se mettre en règle, c'est-à-dire reprendre enfin le payement en espèces de ses billets. Le pourra-t-elle? Malgré les efforts faits dans ce dernier temps pour améliorer la situation de cet établissement, malgré la relative pacification intérieure et extérieure par laquelle ces efforts se trouvaient particulièrement favorisés, malgré l'abondance de l'argent sur tous les grands marchés d'Europe, l'amélioration du rapport entre l'encaisse et la circulation à la banque de Vienne se fait toujours attendre : le bilan du 30 septembre dernier ne signale encore qu'un encaisse de 99.1 millions de florins, contre une circulation qui s'élève au chiffre vraiment colossal de 445.7 millions! La seule certitude que donne l'arrangement adopté par la commission financière, c'est qu'en tous cas il n'y aura pas reprise de payements avant le 1er janvier 1867. C'est donc encore, pour le moins, quatre ans et trois mois à passer sous le régime anormal dont l'Autriche depuis 1848 supporte les fâcheuses et fatales conséquences. La perspective est peu encourageante. Peut-être même la nouvelle convention contribuera-t-elle à rendre encore plus difficile et plus lent le retour à l'état de choses régulier, en paralysant jusqu'à un certain point les forces de la banque : la courte durée assignée à la prolongation du privilége n'est pas de nature soit à relever la confiance du public envers la banque, soit à accroître le zèle de celle-ci.

Puisqu'on ne pouvait pas s'élever à la résolution d'en finir une bonne fois avec la banque privilégiée, il fallait se résigner et lui fournir les moyens, en veillant sur leur bon emploi, de rendre l'existence du monopole aussi peu onéreuse que possible au public, d'en affaiblir les inévitables conséquences fâcheuses.

Tout en maintenant le privilége de la banque nationale, le gouvernement de Vienne ne se refuse cependant pas à l'entamer, sur des points secondaires tout au moins. Les partisans de cet établissement regardent comme un grave préjudice causé à ses intérêts et presque comme un attentat à ses droits acquis la concession que vient d'obtenir une association hongroise pour l'établissement d'un crédit foncier; quoique la banque n'ait fait entrer que depuis quelques années les prêts hypothécaires dans le cercle de ses opérations, elle s'était cependant fait déjà la douce habitude de les regarder comme partie intégrante de son monopole. Elle a fait son possible pour empêcher l'établissement des crédits fonciers dans les différentes parties de la monarchie. Il n'a pas fallu moins de trois ans pour faire aboutir les démarches faites par quelques patriotes éminents de la Hongrie. L'établissement constitué dans la réunion des intéressés tenue le 22 septembre dernier à Pesth n'est pas tout à fait une société d'emprunteurs dans le genre des premiers établissements prussiens, mais ce n'est pas non plus l'imitation des modernes institutions de crédit foncier. Par l'absence du capital social, par la manière dont elle entend se procurer les capitaux, la banque foncière hongroise rappelle les anciennes sociétés d'emprunteurs; par la facilité avec laquelle elle admet les emprunteurs ainsi que par l'étendue et la diversité de ses opérations, elle se rapprochera des modernes associations pour prêter. L'expérience fera juger la valeur de cette combinaison mixte. Voici qui est certain à peine y a-t-il un pays en Europe où l'amélioration des conditions de prêts pour la propriété agricole soit plus opportune qu'en Hongrie; la propriété immobilière y est fort endettée et s'endette à des conditions plus qu'onéreuses. Il est cependant permis de se demander si on peut recommander au propriétaire un mode d'emprunt qui lui imposera une charge annuelle (amortissement compris) de 7 0/0 pour le moins; s'il y a possibilité pour lui de rendre le capital emprunté assez fécond pour que ses bénéfices permettent un prélèvement d'intérêt aussi fort. Pour celui qui aujourd'hui est forcé de payer 10 à 12 0/0 d'intérêt, ce sera certes un grand avantage déjà que de pouvoir emprunter à 7 0/0 et de parvenir encore, en acceptant cette charge annuelle, à dégrever sa propriété. Le crédit foncier ne peut cependant pas avoir pour but unique d'aider aux gens qui sont sur la voie de la ruine; il faut encore qu'il serve les besoins du développement agricole, qu'il prête du capital d'exploitation. Ce capital, qui rapportera 3 à 4 0/0, peut-il accepter une charge de 7 0/0? N'aurait-il pas mieux valu prolonger le terme de l'amortissement (34 1/2 ans) et chercher dans des primes plus modestes mais plus longtemps prélevées la compensation d'un taux d'intérêt moins haut ?

J.-E. HORN.

SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE

Réunion du 6 octobre 1862.

COMMUNICATIONS: Présentation des ouvrages: Du salaire, par M. Lehardy de Beaulicu; Petit manuel d'économie politique, par le même; · Etude sur les caisses d'épargne et Situation des caisses de prévoyance des ouvriers mineurs, par M. Visschers; Des réformes en Russie et le Véridique, par M. Dolgoroukow; Annuaire du ministre des finances du royaume d'Italic.

Le Congrès pour le progrès des sciences sociales. Adresse au président Lincoln. DISCUSSION: En quoi consiste la justice au point de vue économique et relativement au principe de propriété.

Cette réunion a été présidée par MM. L. Wolowski, membre de l'Institut, et Vée, inspecteur des services de l'assistance publique.

M. le secrétaire perpétuel a présenté les ouvrages suivants :

Du Salaire, par M. Ch. Lehardy de Beaulieu, ingénieur des mines, exprofesseur d'économie politique à l'école spéciale d'industrie et des mines dullainaut (1); monographie dans laquelle, en exposant les lois naturelles qui régissent la rémunération du travail, et les causes qui modifient l'action de ces fois, l'auteur traite des diverses questions se rapportant à son sujet travail des femmes, des enfants, machines, charité, association, etc., avec une grande fermeté de principes et un vif intérêt pour le sort des classes ouvrières. M. Ch. Lehardy de Beaulieu a perdu la vue depuis la première édition (1859); mais, grâce à son énergique et touchante résignation, il a trouvé le moyen d'écrire sans le secours des yeux, de continuer ses travaux et d'augmenter cette seconde édition, qui est maintenant un des meilleurs ouvrages sur cette partie de la science.

M. L. Wolowski veut se joindre à M. Joseph Garnier pour signaler

(1) 2 édition, revue et augmentée; in-18 de 260 pages; Bruxelles et Leipzig, chez Lacroix; Paris, chez Guillaumin et C.

le mérite de cette étude, d'où résulte cette consolante vérité : « qu'à un salaire élevé correspond du travail à bon marché. »

Petit manuel d'économie politique (1), par le même, -imité de l'ouvrage allemand de M. Otto Hübner, intitulé: Der Klein Economist (le Petit Économiste), qui expose plusieurs vérités de la science dans une forme simple et souvent originale, et qu'ont propagé avec un louable empressement les libre-échangistes de Verviers, l'administration provinciale du Hainaut et la direction générale de l'instruction publique de Belgique, en le mettant au nombre des livres destinés à être distribués en prix aux élèves des écoles primaires.

Nouvelle étude sur les caisses d'épargne, par M. Aug. Visschers, membre du conseil des mines (Belgique); — De la situation des caisses de prévoyance en faveur des ouvriers mineurs, par le même (2); -études instructives par un observateur compétent, éclairé, qui depuis longtemps s'est consacré au perfectionnement de ces utiles établisse

ments.

Des Réformes en Russie, suivi d'un aperçu sur les états généraux russes aux XVI et XVIIe siècles, par le prince Pierre Dolgoroukow (3). -Le Véridique, Revue périodique par le même, premier numéro (4). - Dans le premier ouvrage, l'auteur, l'un de ceux qui ont le mieux étudié ce pays, actuellement en voie de transformation, traite des réformes politiques aujourd'hui nécessaires; d'une constitution, de l'organisation communale et provinciale, de l'institution des deux chambres, au sujet desquelles il remet en lumière de curieux précédents aux XVI et XVIIe siècles, et la constitution finlandaise. Dans la seconde publication, il continue l'œuvre de mise au grand jour des abus qui se sont implantés dans l'empire russe, et de revendication des libertés publiques, commencée par la publication du livre intitulé la Vérité sur la Russie. On remarque dans le premier numéro une revue des événements pendant les huit derniers mois; la description des divers partis qui se partagent l'opinion en Russie; le budget de 1862; la courageuse adresse de l'assemblée de noblesse de Tver, et l'inté

(1) 2e édition, 1862; in-18 de 100 pages; Bruxelles et Leipzig, chez Lacroix; Paris, chez Guillaumin et Ce.

(2) Brochures in-8; 1861, 1862; Bruxelles, chez Decq.

(3) 1 vol. in-8; 1862; Bruxelles et Leipzig, chez Lacroix; Paris, chez Pagnerre.

(4) Par numéros en petits volumes in-32 de 180 pages; Bruxelles.

ressant mémoire lu à l'assemblée de la noblesse de la province de Saint-Pétersbourg, par M. A. Platonow.

Annuario del ministero delle finanze del regno d'Italia pour 1862 (1).-Une partie de cet utile et intéressant recueil est consacré aux renseignements bureaucratiques; une autre, aux premiers documents financiers du royaume d'Italic, proclamée par la loi du 17 mars 1861. L'administration des finances italiennes est, par cette publication, dans une excellente voic. Puisse la série des annuaires constater bientôt les heureux résultats de l'unification!

Après ces présentations, M. le secrétaire perpétuel est invité à rendre compte du congrès ou de la réunion convoquée à Bruxelles du 22 au 26 septembre, première section de l'association internationale des sciences sociales qui s'est organisée dans ce pays.

M. le secrétaire perpétuel, se rendant à cette invitation, dit qu'il se bornera à quelques remarques générales, renvoyant pour les détails au compte rendu qui sera publié dans le Journal des Economistes.

Le congrès se composait de quatre à cinq cents membres répartis dans les cinq sections de législation comparée, éducation, art et littérature, bienfaisance, hygiène publique et économie politique, dont les quatre cinquièmes au moins appartiennent à la Belgique, une trentaine à la France, et un pareil nombre à l'Angleterre, à la Hollande, à la Russie, à la Pologne, à la Suède, etc. L'Allemagne, l'Amérique, le Portugal, etc., n'avaient aucun représentant. Mais le nombre des adhérents des divers pays est plus considérable (2), le double environ.

Ainsi que la crainte en était exprimée dans la dernière réunion de la société, le travail par sections et la trop grande multiplicité des questions ont produit les inconvénients prévus: discussions précipitées, devant un auditoire incomplet et distrait, ayant sans cesse l'oreille aux aguets pour savoir si dans une autre section le débat ne serait pas plus intéressant; perte pour les trois quarts des membres de ce qui s'est dit d'instructif dans les autres sections; comptes rendus par la presse morcelés par sections et insignifiants.

(1) Stamperia reale. 1862. In-8.

(2) On comptait au 10 septembre 775 inscrits, dont 20 Allemands, 33 Anglais, 14 Espagnols, 2 des Etats-Unis, 103 Français, 1 Mexicain, 1 Suisse, 5 Portugais, 8 Russes, 43 Hollandais, 547 Belges. A l'ouverture de la première séance, M. Couvreur, secrétaire général, a annoncé plus de 1,000 inscrits, dont 700 membres dits effectifs à cotisation de 20 fr., 300 dits affiliés à 5 fr. et 20 dits protecteurs et donataires de sommes de 250 fr. et au-dessus.

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