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moins dans la fabrication est de 2 millièmes pour les pièces d'or, de 3 pour les pièces d'argent et de 5 pour les pièces de cuivre. Un crédit extraordinaire de 18.5 millions est voté pour les frais du retrait de l'ancienne monnaie, de la fabrication et de la conservation de la nouvelle. Voilà, du moins, de l'argent employé d'une façon productive. Un bon régime monétaire (et celui dont nous parlons vaut en tout cas mieux que ceux qu'il remplace) n'est-il pas un des instruments les plus sûrs d'un sain et vigoureux mouvement économique?

Ce mouvement est très-vif aujourd'hui en Espagne, quoiqu'il y soit de date assez récente. Une curieuse publication officielle en fournit d'évidents témoignages; c'est la statistique des compagnies concessionnaires de travaux publics. Le tableau qui suit permet de juger et leur importance financière et l'étendue des charges qu'elles imposent à l'État :

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ce qui donne pour les 16 compagnies réunies un capital-actions de 1,858,604,000 réaux vellon, renforcé par une subvention de 942,730,632 et par un emprunt (obligations) de 2,956,512,000; soit ensemble un capital de 5,757,846,632 r. v. (environ 1,300 millions de francs). Toutefois, les actions n'ont rapporté que 1,662 millions r. v., soit 197 millions en moins que leur valeur nominale, et les Compagnies n'avaient reçu encore, à la date où s'arrête la statistique officielle (30 juin dernier), qu'un peu plus de la moitié (427.7 millions) de la subvention accordée par les lois respectives de concession. Quant aux obligations (ensemble 1,515,241) qui, à elles seules, doivent fournir proportion bien fâcheuse! - plus que le capital-actions et la subvention réunis, on n'en avait encore émis qu'un peu plus de quatre cinquièmes (1,231,667); vu leur quantité relativement énorme et la disproportion entre le capital emprunté et le capital propre des Compagnies, on ne saurait s'étonner du bas prix auquel elles doivent être cédées en émettant des obligations pour une valeur nominale de 2,368 millions r. v., on n'a réalisé qu'une somme de 1,313 millions, la moitié environ, quoiqu'il y en ait dans le nombre qui rapportent jusqu'à 6 et même 8 0/0.

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J.-E. HORN.

SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE

Réunion du 5 novembre 1862.

COMMUNICATIONS: Ouvrages présentés : Sur la définition de l'économie politique,

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par M. Dunning Macleod;- Les chaires d'économie politique, par M. Jules Pautet ; Traité des impôts en France, par M. Édouard Vignes; Puissance comparée des divers Etats de l'Europe, avec atlas de cartes teintées, par M. Maurice Block. - Mort de M. Charles Clavel.

DISCUSSION: Question de la population Progressions de Malthus et Contrainte morale ou Limitation préventive de la population.

La réunion, fort nombreuse tant à cause de la saison que de l'intérêt que présente la question annoncée à l'ordre du jour, a été présidée par M. Ch. Dunoyer, membre de l'Institut, un des présidents de la société et par M. Ch. Renouard, membre de l'Institut, un des vice-présidents de la société. Avaient été invités: M. Jean Sokalsky, professeur d'économie politique à l'université de Kharkow (Russie), et M. Jules Mikszewicz, professeur à l'université de Kazan (Russie).

M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de leurs auteurs, les ouvrages suivants :

Une lecture faite au congrès des sciences sociales à Cambridge sur la nature et la définition de l'économie politique, par M. Dunning Macleod, auteur d'un Traité d'économie politique et d'un Dictionnaire (en anglais) d'économie politique. L'attention des économistes s'est récemment portée, à la suite d'un rapport de M. Michel Chevalier, sur la doctrine de cet écrivain touchant le crédit « multiplicateur» des capitaux. Dans la brochure présentée, M. Macleod range les économistes en deux catégories: l'école suivant la définition de Say, l'économie politique science de la production, de la distribution et de la consommation de la richesse, et l'école suivant la définition de Condillac, l'économie politique science de l'échange; celle-ci plus progressive que celle-là, sans doute parce que l'auteur croit en tirer plus facilement sa théorie du crédit.

2o SÉRIE. T. xxxvI. 15 novembre 1862.

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Les chaires d'économie politique, rar M. Jules Pautet (1), extrait du Journal des Economistes, dans lequel la nature de l'enseignement économique donné au Collège de France, au Conservatoire des arts et métiers, à l'École des ponts et chaussées, est exposée avec fidélité par un ami zélé de la science, et le portrait des trois professeurs fait en style bienveillant et pittoresque.

Traité élémentaire des impôts en France (2), par M. Edouard Vignes, ancien attaché au ministère des finances. On trouve dans ce volume un aperçu historique, un exposé de la législation, l'indication sur chaque point des lois, ordonnances ou décrets, l'organisation des administrations financières, les tarifs en vigueur, les renseignements statistiques les plus récents. C'est un travail fait avec soin et d'une grande utilité. soit pour les administrateurs, soit pour les législateurs, publicistes, économistes qui ont à se renseigner sur les impôts en France.

Puissance comparée des divers Etats de l'Europe, avec atlas (3) des cartes teintées à la manière des cartes de M. le baron Dupin, qui ont fait quelque bruit sous la Restauration. Dans ce travail, M. Block, qui connaît bien toutes les sources de renseignements statistiques, a recueilli les faits relatifs à ce qu'il appelle les bases matérielles des États, savoir: le territoire, la population, l'armée, les finances, les forces productives. A l'aide de ces données comparées pour les différents pays, il a dressé une série de cartes de l'Europe, dans lesquelles chaque État est plus ou moins teinté, selon que sa population est plus ou moins dense, son armée plus ou moins considérable, ses charges plus ou moins lourdes, sa dette plus ou moins élevée, ses lignes de chemins de fer plus ou moins nombreuses, son commerce plus ou moins important, ses tarifs plus ou moins arriérés. C'est l'instruction par les yeux du corps en même temps que par les yeux de l'esprit. C'est de la statistique à la fois savante et pittoresque.

Après ces présentations, M. Frédéric Passy annonce, avec l'expression du plus vif regret, la mort d'un jeune économiste de grande espérance, M. Charles Clavel, décédé à Menton, le mois dernier, à l'âge de 28 ans. M. Clavel, d'origine suisse, habitait l'Angleterre. Il s'était fait connaître par un intéressant écrit sur l'enseignement public en France, dans lequel, sous un titre imparfait, le jeune publiciste avait abordé toutes

(1) Guillaumin et C et Ledoyen. In-8.

(2) 1 vol. gr. in-8°. Chez Paul Dupont, Guillaumin et Ce, et Cotillon. (3) In-8 de 180 pages. Édition française avec atlas de 13 feuilles grand in-folio. Gotha, 1862, J. Perthes; Paris, Franck et Klincksieck.

les questions qui se rattachent au développement intellectuel et moral des sociétés (1). Il était le collaborateur remarqué de la Bibliothèque de Genève et de l'Economiste belge. Il avait entrepris de recueillir et d'exposer l'état des institutions politiques et économiques des principales nations civilisées. Tous ceux qui, comme M. Passy, ont pu apprécier la portée de son esprit et la noblesse de son caractère, déploreront la perte que la science vient de faire par cette mort prématurée.

Après ces communications, la discussion porte sur deux points importants de la doctrine de Malthus: les deux progressions et la contrainte morale. La réunion du 5 octobre avait décidé la mise à l'ordre du jour de l'une des questions du programme ainsi conçue : « Des objections soulevées par quelques membres de la société contre le principe économico-moral de la limitation préventive de la population. >>

Après un exposé de M. Joseph Garnier et des observations de M. de Lavergne sur la position de la question, le débat s'est engagé entre MM. Frédéric Passy, Wolowski, de Lavergne, Dupuit, Baudrillart et Vuiliaumé.

La liste des membres inscrits pour prendre la parole n'étant pas épuisée, la réunion a décidé que la discussion serait de nouveau mise à l'ordre du jour pour la séance du 5 décembre.

Nous ne donnerons aujourd'hui que quelques courtes indications sur cette séance.

M. JOSEPH GARNIER, dans son exposé, se déclare aussi malthusien qu'on peut l'être, il est convaincu, comme de la lumière du jour, de la tendance actuelle de la population à s'accroître plus rapidement que les subsistances, et de la nécessité pour l'homme d'y rémédier par la prudence dans le mariage, s'il veut éviter, pour lui et ses semblables, l'inexorable et dure intervention de la nature.

MM. FRÉDÉRIC PASSY et L. WOLOWSKI, membre de l'Institut, ne croient pas qu'il puisse y avoir excédant de population et que l'accroissement de l'espèce humaine puisse être cause de misère; ils combattent vivement la théorie des deux progressions de Malthus; ils ne voient dans la contrainte morale de ce dernier que la continence absolue, ils n'en acceptent pas d'autre.

(1) Lettres sur l'enseignement des colléges en France. In-8. Guillaumin et C. 4 fr. - M. Fréd. Passy en a publié un compte rendu dans le Journal des Economistes.

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Pour M. DE LAVERGNE, membre de l'Institut, et M. J. DUPUIT, inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées, la démonstration scientifique de la théorie des deux progressions ne laisse rien à désirer. Leur argumentation a pour but d'établir qu'il est naturellement impossible que la production agricole suive la population, d'où l'évidence d'une limitation préventive de la population par les chefs de famille ou d'une intervention de la nature avec son cortège d'obstacles répressifs. Aux yeux des orateurs, le choix n'est pas douteux, ils sont pour la contrainte morale.

M. BAUDRILLART, professeur suppléant au Collège de France, ne voit pas de cause de misère dans un excédant absolu de population, mais dans une rupture d'équilibre, en général momentanée, par des causes diverses auxquelles on peut remédier en s'occupant de réformer l'impôt, de développer le crédit, la production agricole et l'éducation. Selon lui, il est désirable et il arrive en fait que la population ne hâte pas le pas plus vite que les moyens d'existence. On se marie en gé– néral à trente ans, et cela suffit pour obtenir le résultat désiré.

M. VILLIAUMÉ parle dans le même sens. Malthus et ses adhérents sont dans une profonde erreur. La science est d'accord avec le dicton populaire « La Providence bénit les familles nombreuses, croissez et multipliez. >>

BIBLIOGRAPHIE

L'AUTRICHE A L'EXPOSITION INTERNATIONALE DE 1862, par le professeur JOSEPH ARENSTEIN. Vienne, imprimerie impériale.

La place de l'Autriche dans le palais de Kensington a été généralement remarquée et mérit ait de l'être, tant par le bel arrangement de ses produits que par les progrès réels dont ils témoignent. Il faut rendre justice à l'habileté avec laquelle les ordonnateurs de l'exposition autrichienne out su la mettre en relief et faire tourner à son avantage la comparaison avec les envois d'autres pays beaucoup plus avancés dans leur développement industriel. L'opuscule ci-dessus mentionné contient le catalogue de cette exposition, accompagné de tous les renseignements nécessaires pour l'appréciation du rôle de l'Autriche dans le grand concours de Londres. Deux autres éditions en ont été publiées en allemand et en anglais. Sorti des presses d'une

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