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et qui n'en est que plus persuasive, beaucoup de facilité, d'onction et de zèle, font espérer que les hommes respectables qui se sont dévoués à ce ministère pénible, recueilleront le fruit de leur piété et de leurs travaux, dans une ville où l'on sait apprécier le mérite de la parole divine.

Soissons. Au milien des tribulations qui ont assailli cette année le séminaire de cette ville, il a ressenti les effets de la protection divine, et y a répondu par une humble reconnoissance. Lorsque les élèves furent chassés de leur maison, au mois de juin dernier, ils firent, pour la recouvrer, un voeu à Notre-Dame de Liesse, qui se trouve aujourd'hui dans la circonscription de ce diocèse. Le retour du Roi les a rétablis en effet dans cette mai'son, et l'intérêt général qu'a inspiré leur désastre du 13 octobre, les secours que des ames pieuses leur ont envoyés de diverses parties de la France et dé l'étranger, et les libéralités de S. M., leur ont imposé une obligation plus étroite d'acquitter leur voeu. Ils l'ont fait le 21 novembre, jour de la Présentation de la sainte Vierge, et ont porté solennellement à Liesse un cœur en vermeil, renfermant les noms de leurs bienfaiteurs, avec ceux du Roi et de son auguste famille. Cette cérémonie avoit attiré.un grand concours de peuple, et le supérieur a saisi cette occasion pour célébrer la munificence et la piété d'un Roi qui est à la fois l'exemple et le père de ses peuples, et dont les vertus devroient être pour nous un motif efficace de revenir à la religion de nos pères. Il a contracté l'engagement d'ériger dans le séminaire un monument pour perpétuer le souvenir de cé que le monarque a fait pour cet établissement.

COLMAR. Puisqu'on a parlé d'un curé de cette province qui s'est signalé par son dévouement pour Buonaparte, il est juste, par compensation, de faire mention du dévouement contraire dont le clergé d'Alsace a généralement donné l'exemple. Nous avons aussi,

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dans ce pays, des curés sincèrement attachés à la cause royale, et qui n'ont rien omis pour inspirer les mêmes sentimens à leurs paroissiens, soit par leurs discours, soit par leurs exemples. Leur conduite leur attira pendant l'interrègne une honorable persécution. On menaça les uns, on arrêta les autres, on les décria tous aux yeux de leurs peuples. M. Hoffmann, curé de Reiningen, fut arrêté et conduit à Mulhausen, puis à Colmar, pour y être interrogé par le général Rapp. Il faut dire, à la honte de notre tolérance, qu'on laissa les enfans s'attrouper après ce respectable ecclésiastique, l'injurier, et lui jeter des pierres et de la boue. C'est ainsi que, sous Buonaparte, on cherchoit à faire respecter le clergé. M. Hoffmann fut interrogé, le 11 mai, par le général Rapp, qui le remit en liberté. Mais le préfet d'alors, voulant montrer son zèle, le fit arrêter de nouveau, l'envoya à Strasbourg, où le général s'étoit rendu. Celui-ci persista à absoudre le curé, contre lequel il n'y avoit aucune charge sérieuse, Le préfet, piqué de tant de mollesse, n'en fut que plus vif à poursuivre le pasteur. Il ordonna qu'on le renvoyât de sa cure, et vouloit qu'on lui donnât la paroisse la plus désagréable et la plus pauvre, quand l'entrée des alliés fit cesser ces vexations, Cependant les prêtres fidèles au Roi ne sont pas encore exempts de tracasseries, et les buonapartistes n'ont pas encore cesse toutes leurs menées. Les mauvaises nouvelles, les clameurs les plus absurdes, les propos contre les prêtres continuent toujours, Les ennemis de la religion, qui sont aussi ceux de notre repos, n'ont pas encore renoncé à leur systême. Ils ont leur foyer dans des sociétés secrètes, qui ne sont pas animées da meilleur esprit. Il y a tel endroit où dominent certaines gens qui n'ont conservé de leur religion que la haine pour les catholiques. Ils n'ont plus de croyance proprement dite, professent l'indifférence, et crient perpétuellement contre les prêtres. L'influence de ces gens-là sur le peuple est entretenue, soit par leur nombre, soit

par leurs richesses, et le clergé, qu'ils n'aiment pas, a besoin que l'autorité se déclare en sa faveur, et qu'elle veille sur des menées qui ne tendent pas moins à troubler l'Etat qu'à empêcher la restauration de la religion. et de la saine morale.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Depuis le 1er. décembre, le service de capitaine des gardes est fait auprès du Roi par M. le duc de Grammont, au lieu de M. le prince de Poix.

-S. M. a établi auprès de MONSIEUR un comité composé de trois inspecteurs-généraux des gardes nationales. Ces inspecteurs sont : M. le comte de Bruges, M. le comte Jules de Polignac et M. Allent.

-Les ministres et généraux étrangers qui étoient à Paris, sont partis presque tous de cette capitale.

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Par décision du ministre des finances, les extraits du Moniteur et des autres journaux qui se crient dans les rues, sont assujettis au timbre comme les journaux mêmes,

-M. Lanjuinais vient de publier un Mémoire justificatif de sa conduite. Puisqu'il descend ainsi dans l'arêne, il consent à courir les chances du combat. M. Lanjuinais traite ses ennemis, ou plutôt ses adversaires, avec beaucoup de hauteur; il invoque avec une extrême confiance la pureté de ses principes et la loyauté de sa conduite. Il prétend même se justi¬~ fier d'avoir été président de la dernière chambre des représentans, dont il espère que l'histoire portera un jugement favorable. Je ne sais en effet si la postérité réhabilitera cette chambre; en attendant, les contemporains en parlent assez mal. Mais ce qu'il y a de plus singulier dans le Mémoire de M. Lanjuinais, c'est le style. L'auteur paroît avoir oublié qu'il parloit à des François; au moins un gran nombre d'expressions ne sont pas de notre langue. Il en veut beaucoup à ceux qui l'incriminent; il nous dit qu'il a été pendant quelque temps tuable à vue. Au total plusieurs parties de cette brochure sont propres à attirer quelque ridicule sur l'auteur, et je suis étonné qu'il n'ait pas prévu tout le mal qu'il pourroit

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se faire avec cette arme, dont l'effet est si puissant dans nos mœurs. Il y a surtout une raison fort piquante qu'il allègue de son zèle à servir Buonaparte; c'est qu'il avoit pour lui la visibilité; argument assez plaisant s'il étoit sérieux, et qui tendroit à justifier tous les gouvernemens, même celui de Robespierre.

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On réclame contre un article du Journal général de France, qui paroit inculper les autorités judiciaires du Loiret. On ne sait qui a pu motiver ce que ce journal a dit de ces corps, dont la conduite dans ces derniers temps fait honneur à leur loyauté. Dans le tribunal de première instance, dix membres sur quatorze ont refusé de prêter serment à Buonaparte. Peut-être y a-t-il peu de tribunaux qui aient offert le nême exemple. Les auteurs de propos séditieux, traduits à ce tribunal, n'ont pas évité la peine qu'ils méritoient, et deux individus ont encore été condamnés pour des faits de cette nature à la dernière audience. A la cour royale, on a mis en accusation tous ceux qui étoient dénoncés pour ces sortes de délits, et si quelques-uns ont été acquittés par la cour d'assises, on sait qu'elle ne peut s'en dispenser quand la réponse des jurés est négative. La cour royale compte sept de ses membres qui ont refusé le serment. Un journal rédigé avec esprit, et souvent avec un bon esprit, devroit se faire scrupule d'accuser légèrement de fidèles sujets du Roi, et d'appeler sur eux d'injustes soupçons.

CHAMBRE DES PAIRS.

Dans la séance du 28 novembre, la chambre a écarté, après uite assez longue discussion, la proposition faite par un membre pour qu'il fût permis aux pairs absens de faire voter en leur absence par un fondé de pouvoirs.

Dans la séance du 2 décembre, la chambre a adopté à l'unanimité, moins une seule voix, le projet de loi relatif aux droits à perc oir sur les denrées coloniales françoises.

Le 3, la garde nationale, les grenadiers royaux et les gardes du corps on pris possession des postes du Luxembourg, et les grilles du jardin ont été fermées. Outre les vingt témoins qui avoient été entendus précédemment dans le procès du maréchal Ney, trente-deux autres ont été cités, et comparoîtront

dans les débats. Le maréchal Ney a fait distribuer un Mémoire tout en citations, et qui rapporte des traits de sa vie, extraits des journaux.

Dans la séance du 4, les défenseurs du maréchal Ney ont distribué un Mémoire où ils veulent montrer que, vu la convention militaire du 3 juillet, le maréchal ne peut être recherché. A dix heures et demie, on a fait entrer l'accusé et les témoins. On lit l'acte d'accusation. Un pair, M. de Chodit que l'instruction est finie, et que le jugement va avoir lieu. M. le chancelier lui fait remarquer qu'il n'a pas le droit de l'interrompre. Il y a dix-neuf témoins à charge, et autant à décharge. Les témoins se retirent, et M. le chancelier commence l'interrogatoiré de l'accusé.

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On lui demande ses noms, âge et qualités. Il satisfait à cette question, sous la réserve, dit-il, de faire valoir les clauses qui lui sont relatives dans la convention du 3 juillet. Il résulte de son interrogatoire, qu'il étoit à sa terre lors du débarquement de Buonaparte; qu'il n'a appris cet événement qu'à Paris, et qu'il y a vu le Roi. Dût-il être fusillé, lacéré en mille morceaux, il croit avoir dit que l'entreprise de Buònaparte étoit si extravagante qu'il méritoit d'être ramené dans une cage de fer. A-t-il ajouté qu'il le ramèneroit? Cette sottise, s'il l'avoit dite, prouveroit qu'il avoit dans le cœur l'intention de servir le Roi. Mais arrivé, le 12, à Lons-le-Saulnier, il a trouvé un des agens de Buonaparte qui lui a remis une lettre du général Bertrand. Cette lettre a été perdue. On lit la proclamation du maréchal. M. Bellart demande à l'accusé quelles décorations il avoit quand il reçut les émissaires de Buonaparte. Il répond : Celles du Roi. - D. Avez-vous consulté quelqu'un sur cette proclamation? R. Les généraux Lecourbe et Bourmont. - D. Quels ordres avez-vous donnés alors? R. Celui de marcher sur Dijon, comme l'avoit enjoint Bertrand. — D. Reconnoissez-vous l'ordre donné à M. de la Jennetière le 14 mars? R. Non. On lit cet ordre qui contient les dispositions que doivent faire les troupes pour se réunir à Buonaparte, et qui enjoint à tous les officiers de quitter les décorations des Bourbons. Le maréchal convient ensuite que cet ordre a été donné dans la matinée du 14. Il reconnoît aussi l'ordre, signé de lui, de faire arrêter les officiers qui ne voudroient pas servir Buonaparte; mais il fait remarquer que cet ordre est du 8, qu'il avoit été provoqué par Buonaparte,

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