Page images
PDF
EPUB

voit, et les grandes vues du ministre de Louis XIII, et les généreux efforts des ministres de Louis XVIII, Ce rapprochement étoit trop heureux pour échapper à l'orateur,

On dit que les docteurs ont supplié M. le duc de Richelieg de faire rendre les bâtimens de la Sorbonne à cette faculté, l'honneur du clergé européen. Sans doute il seroit à désirer que cet édifice fût rendu à sa destination primitive, Mais nous seroit-il permis de faire observer ici, sans prétendre blesser la réputation de la nouvelle faculté, et sans priver ses membres de l'estime due à leurs talens, et de la reconnoissance méritée par leurs services, nous seroit-il permis de faire observer que cette nouvelle faculté n'est pas tout-à-fait l'ancienne, qu'elle ne peut pas encore être investie de toute la considération et de toute la gloire d'une si illustre école; qu'elle pourra un jour recueillir ce brillant, héritage; mais qu'en attendant il est prématuré de supposer, comme on l'a fait dans un journal, qu'un corps constitué tout récemment est la Sorbonne même ressuscitée, est ce corps célèbre, qui, dans tous les temps, sut allier, par l'accord le plus heureux, les devoirs du chrétien avec les droits des souverains légitimes? Ce corps encore une fois, quoique créé par un homme qui n'étoit pas trèslégitime, pourra devenir célèbre; mais n'y a-t-il pas un excès de compliment à dire qu'il l'est déjà, lorsqu'il compte à peine quelques années d'existence? Au surplus, rien ne pourroit le conduire plus sûrement à cette célébrité que la protection d'un nom illustre à qui l'ancienne Sorbonne doit tant, et à qui il est peut-être encore réservé de la faire sortir de ses ruines.

POITIERS, Celte ville, qui est une de celles où la religion s'étoit le mieux conservée avant la révolution, mais qui n'a pas été, malheureusement, à l'abri des ravages de l'incrédulité et des farcurs anti-sacerdotales, cette ville paroît devoir être une de celles qui reviendra le moins difficilement aux mœurs et aux habitudes antiques. Elle compte dans son sein beaucoup de familles qui n'ont

:

point perdu les bonnes traditions, et qui ont gardé précieusement la foi au milieu de tous les orages. Elle comple des ecclésiastiques zélés, dont la conduite est la meilleure réponse à toutes les préventions, et dont les soins et les travaux tendent à guérir les plaies passées, à éclairer l'ignorance, à ramener, à consoler, à fortifier tant d'ames qui se sont égarées. Leur ministère, leurs instructions, leurs écrits, sont le plus puissant motif d'espérance que nous ayons de voir refleurir la religion. Il a paru ici quelques ouvrages dans ce sens. Le plus récent est intitulé Le Salut de la France. L'auteur, qui ne s'est pas nommé, est sans doute un ecclésiastique. Il cherche à ranimer parmi ses compatriotes le feu sacré de la religion, et il croit qu'un moyen d'y parvenir seroit de répandre une dévotion qui a déjà produit d'heureux effets. Il voudroit qu'on fondât dans l'église cathédrale une chapelle dédiée au sacré Coeur de Jésus, et où l'on acquitteroit tous les ans un vœu solennel. L'auteur paroît croire qu'il seroit besoin pour cela d'une autorisation spéciale; mais il ne faut, sans doute, pour exécuter ce projet, que la piété des habitans. Aux considérations religieuses, l'auteur joint, sur la fin de son écrit, des remontrances et des avis aux ennemis du Roi. La nature de cette courte production, et l'esprit dans lequel elle est rédigée, peuvent la rendre utile pour plus d'un pays. On a lieu de croire qu'elle est partie de la même main qui donna, il y a quelque temps, un dialogue en vers, intitulé: Alphonse et Victor, dont il a été rendu compte dans ce Journal.

MADRID. Le roi vient de renouveler la confirmation des priviléges des ordres qui se consacrent à la rédemption des captifs. Il étoit d'usage que cette confirmation eût lieu tous les dix ans, afin que les religieux n'es*suyassent aucune entrave dans la collection de leurs aumones. Il est marqué dans le nouveau rescrit de S. M., qu'ils pourront recevoir toutes espèces de legs, d'aumônes et d'offrandes destinées au rachai des captifs, à la charge

seulement d'en rendre compte au chapelain d'honneur du roi. Il leur est défendu de faire des quêtes hors des lieux où se trouvent leurs couvens, afin qu'ils ne s'éloignent pas de leurs cloîtres. Les curés des paroisses recevront les sommes que l'on voudroit leur faire passer. Les évêques ont ordre de concourir à l'exécution de ces

--mesures,

et

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Lorsque S. M. se trouvoit à Gand, ce printemps, que des François fidèles venoient de toutes parts se rallier autour de ses drapeaux, elle institua un ordre, dit de la Fidélité, pour perpétuer le souvenir du dévouement de ces loyaux sujets. On dit que cette institution aura son effet au mois de janvier prochain, et que le Ror nommera alors les membres de cet ordre. Voici le texte de l'ordonnance :

Louis, etc.

Au milieu des événemens malheureux qui nous retiennent éloigné de notre royaume, notre cœur a vivement apprécié les marques de dévouement que plusieurs de nos sujets nous ont données, et les plus justes motifs nous sollicitent de perpétuer le souvenir d'une si touchante fidélité, par une institution qui sera à la fois une récompense pour les François qui n'ont écouté que leur devoir, et un encouragement pour ceux dont les circonstances n'ont pas encore secondé le zèle.

A ces causes, sur le rapport de notre ministre sécrétaire d'Etat de la guerre, et de l'avis de notre conseil, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit:

Art. 1er. Les François qui se sont ralliés autour de notre personne, recevront une médaille d'argent de vingt-quatre millimètres de grandeur, qui portera d'un côté notre effigie, et de l'autre, le mot fidélité, au milieu d'une couronne formée de deux branches de laurier et de chêne : cette médaille sera suspendue au côté gauche de l'habit, par un ruban de quarante millimètres de largeur, blanc et bleu, et à raies égales.

2. Les François qui contribueront, par des services signalés, à renverser le gouvernement de l'usurpateur, ceux dont le ‘dévouement aura été éprouvé par des actes de sa tyrannie,

auront le droit de demander la médaille de la Fidélité; ils adresseront leurs demandes et les preuves de leurs droits au ministre secrétaire d'Etat, ayant le département auquel ils

ressortent.

3. Toutes les demandes pour obtention de la médaille de la Fidélité, seront examinées dans un conseil, qui sera composé de deux princes de notre maison, de deux pairs du royaume, de deux officiers-généraux de nos armées, et de quatre personnes choisies par nous, dans l'ordre civil; le conseil sera présidé par notre frère bien-aimé MONSIEUR.

4. Les brevets qui seront délivrés avec la médaille, feront mention des motifs pour lesquels elle aura été accordée. Ces brevets seront signés par nous, et contresignés par nos ministres secrétaires d'Etat, pour leurs départemens respectifs.

[ocr errors]

5. Tous nos ministres sont chargés de l'exécution de la présente ordonnance.

Donné à Gand, le 17 mai de l'an de grâce 1815, et de notre règne le vingtième,

Par le Roi,

Signé, LOUIS,

1

Le ministre secrétaire d'Etat de la guerre,
Signé, duc DE FELTRE.

de

--L'évacuation du territoire français par les troupes alliées, qui avoit été momentanément retardée, a repris toute son activité depuis la signature du traité du 20 novembre. Néanmoins la rigueur de la saison, Kimpossibilité de faire marcher rapidement un aussi grand nombre de troupes sur les mêmes routes, et la difficulté de réunir les vivres et les moyens transport sur tous les points de passage, ont nécessairement empêché leur mouvement de s'exécuter avec toute la promp titude désirable. Pour éviter les encombremens et l'entier épuisement des pays que traversent les armées alliées, une partie de l'armée anglaise a retardé son mouvement; la por tion de cette armée qui devoit évacuer la France, s'embarque à Boulogne et Calais; celle qui doit faire partie de l'armée d'occupation, est entrée en cantonnemens dans les départemens de la Seine et de Seine et Oise, qu'elles évacueront entièrement à la fin de ce mois.

Le recrutement et l'organisation de la garde royale avan cent chaque jour. Il arrive de différentes parties du royaume des détachemens destinés à compléter les corps. L'esprit des

soldats est bon, et ils se montrent parfaitement disposés. D'excellens officiers les rendront de plus en plus dévoués à la cause du Roi. On espère qu'avant la fin du mois, il y aura à Paris huit ou dix mille hommes de cette garde, et la composition de ce noyau est une garantie pour celle du reste et pour la formation de l'armée en général.

[ocr errors]

Le général Decaën, qui commandoit à Bordeaux au 20 mars, vient d'être arrêté.

La Gazette officielle de ce jour contient deux ordonnances du Roi, en date du 29 novembre; l'une concerne la régie et l'administration générale et particulière des ports et arsenaux de marine, et l'autre règle la nouvelle organisation dest officiers de la marine. Après ces deux ordonnances, qui portent d'abord la signature du Ror et du ministre de la marine on lit:

"Louis-Antoine de France, fils de France, duc d'Angou lême, amiral de France, vu l'ordonnance ci-dessus à nous adressée, mandons aux officiers militaires et civils de la înarine, et tous autres qu'il appartiendra, de tenir la main l'exécution de la présente ordonnance.

[ocr errors]

» Donné à Cahors, le 4 décembre 1815 ».

Et plus bas,

Signé, LOUIS-ANTOINE.

Par Son Altesse royale, le chevalier DE PANNAT.

Le ministre secrétaire d'Etat des finances, étant informé qu'il circule dans plusieurs départemens des pièces de 20 fr. portant d'un côté l'effigie de S. M., mais sans nom de grayeur, et sur le revers de la pièce, les armes de France, le millésime de 1815, et aux deux côtés de ce millésime, une fleur de lis et la lettre R; considérant que ces espèces n'ont point été fabriquées dans les hôtels des monnoies de S. M., et qu'il est contraire aux lois d'en autoriser le cours; considérant cependant que les citoyens ont pu être induits en erreur, par l'exactitude du poids de ces pièces, soit par les circonstances qui accompagnoient leur émission, et qu'il peut être juste de leur en faciliter l'emploi;

Sur le rapport de l'administration des monnoies, qui suit :

J.

soit

arrête ce

Art. 1. Les pièces de 20 fr. à l'effigie de Louis XVIII, sans nom de graveur, portant au revers de la pièce le millé sime de 1815, la fleur de lis et la lettre R, ne pourront êtrea données et reçues en paiement dans les caisses publiques.»

« PreviousContinue »