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bien nous rendre moins sévères dans nos jugemens sur elle. Je sais que pour se dispenser de la reconnoissance, on dit qu'elle a agi en cela par politique. Mais il y a aussi peu de délicatesse que d'équité à étendre ce motif à toute la nation, et quand on adopteroit que le gouver nement avoit agi par une telle considération, ce n'est point là sans doute ce qui a déterminé tant de libérąlités particulières, tant d'offres, tant de dons qui se sont soutenus si long-temps, et qui alloient chercher les malheureux François dans l'asile de la souffrance et du malheur. Les secours abondans qu'ont reçus, pendant plus de vingt ans, nos proscrits, sont certainement un des traits d'humanité les plus honorables pour l'Angleterre. Ces secours ont continué cette année même. A peine, au mois de mars dernier, les prêtres et les émigrés ont-ils été obligés de quitter une patrie inhospitalière, que, sans qu'ils le demandassent, le parlement anglois vota des fonds pour eux. Ils ont été régulièrement acquittés, et, quoique le Roi soit rentré dans Paris au mois de juilJet, cependant il a été statué que les secours seroient continués jusqu'à la fin de l'année, et on a même payé sur ce pied ceux qui sont rentrés en France. Il faut con'venir que s'il y a là du machiávélisme, il est bien caché. Les particuliers ont d'ailleurs coopéré, comme le parlement, à ces libéralités, et nous savons que M. l'abbé Carron a reçu, pendant les six mois qu'il a passé en Angleterre, environ sept cents louis, que de bienfaisans Anglois le chargeoient de distribuer aux malheureux, dont il est le père,

-M. Laurent-Michel Eon de Cely, ancien évêque d'Apt, qui étoit rentré en France depuis plusieurs années, et qui habitoit une campagne, près de Marseille, y est mort le 10 décembre. Ce prélat, né en 1755, avoit été fait évêque en 1779.

MADRID. S. M. avoit eu recours au Pape pour le prier de relever de l'irrégularité les ecclésiastiques séculiers et réguliers qui avoient combattu dans la dernière guerre

pour la défense de leur religion et de leur pays. Un décret de la pénitencerie, du 25 juillet dernier, autorise les évêques à absoudre ces ecclésiastiques des censures, en leur imposant une pénitence salutaire. Il annulle l'effet de ces censures, et les rétablit dans leurs bénéfices et dans l'exercice de leurs droits. Ce décret, signé du cardinal di Pietro, grand pénitencier, a été transmis par S. M. aux archevêques et évêques et aux chefs d'ordres, et le conseil de Castille en a ordonné la publication.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 19 décembre, après la messe, les ambassadeurs et ministres étrangers ont présenté leurs hommages au Roi et à la famille royale.

- Le même jour, après la messe, l'état-major des quatre compagnies rouges, les grenadiers à cheval, les chefs de legion, et les officiers de la garde nationale et les gardes de la porte, formoient une double haie avec l'état-major de la garde royale dans le salon de la Paix. L'objet de leur réunion étoit l'anniversaire de MADAME, chez laquelle ils se sont rendus après avoir présenté leurs hommages au Roi.

Le 20, S. M. a tenu un conseil des ministres, qui s'est prolongé pendant plusieurs heures.

Le Roi a supprimé, par une ordonnance, les titres et emploi de premier inspecteur-général de la marine. Mais une autre ordonnance rétablit l'emploi d'inspecteur-général des classes, et y nomme le vice-amiral Gantheaume.

Une ordonnance du Roi transmet à M. Edmond d'Alton le titre de par de France et de comte, dont est revêtu M. Shée. Une autre transmet à M. d'Aux de Lescourt, gendre de M. de Lally-Tolendal, le titre de pairie de ce dernier.

-Mr. le duc d'Angoulême, qui avoit été légèrement indisposé, est rétabli, et S. A. R. a dû partir de Toulouse, le 18, pour continuer son voyage.

-M. le bailli de Crussol, pair de France, capitaine des gardes de MONSIEUR, chevalier des ordres du Rot, vient de nourir à l'âge de 72 ans. Ses obsèques ont eu lieu à SaintThomas-d'Aquin, sa paroisse.

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La garde nationale a été relevée, le 15, dans onze postes, dont elle étoit précédemment chargée. M. le maréchal duc de Reggio a voulu par-là diminuer les fatigues d'un service dont la garde nationale s'acquitte avec tant de zèle. Le 20 au soir, le sieur Lavalette s'est échappé de sa prison. Ce jour-là sa femme étoit venue dîner avec lui suivant sa coutume. Elle étoit accompagnée de sa fille, âgée de douze ans, avec sa bonne. Vers les sept heures et demie, ces deux dernières se sont présentées à la grille, et ont demandé qu'on leur procurât la sortie. Elles paroissoient soutenir Mme. Lavalette, enveloppée dans sa fourrure, ayant la tête couverte d'un chapeau, et tenant son mouchoir sur ses yeux.

Les employés de la prison étoient présens; mais habitués à voir ainsi sortir ces trois femmes tous les soirs, et se trouvant peut-être émus de compassion en considérant l'état de santé de Mme, Lavalette, et la position où elle se trouvoit, ils ont négligé les précautions d'usage pour s'assurer de l'identité de sa personne.

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Quelques minutes après, le concierge étant allé dans la chambre du condamné, et n'y trouvant plus que Mme. Lavalette, restée à la place de son mari, s'est écrié (suivant la déclaration de cette dame); Qu'avez-vous fait, madame? vous m'avez perdu! Elle pensa aussitôt que son mari, n'étant encore loin, pourroit facilement être atteint, et supplia le concierge de garder le silence sur l'évasion: voyant qu'il ne se rendoit pas à ses instances, elle chercha à le retenir de force par le bras; dans l'effort que fit le concierge pour s'échapper elle lui déchira la manche de son habit.

Il accourut au greffe, annonça que le prisonnier s'étoit évadé, et ordonna de courir après. Les gardiens se sont dirigés sur divers points. Quelques-uns d'entr'eux ont arrêté, sur le Pont-Neuf, la chaise dans laquelle Mme. Lavalette s'étoit fait porter à la prison.

Aussitôt que la nouvelle de l'évasion de Lavalette a été connue, des ordres ont été donnés pour faire fermer les barrières de Paris, des estaffettes ont été expédiées sur toutes les routes pour porter le signalement du condamné, et l'ordre à toutes les autorités de faire les recherches et les perquisitions les plus scrupuleuses pour parvenir à l'arrêter.

Son Exc. Mr. le ministre de la police générale, au premier avis qu'il reçut de cet événement, se rendit sur-le-champ

à la prison, accompagné de M. le préfet de police; ils ont fait subir à tous les employés un interrogatoire, à la suite duquel le concierge et un porte-clefs ont été arrêtés. Le premier est accusé de négligence; mais le soupçon de connivence plane fortement sur l'autre.

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Les notaires de Lyon ont fait au gouvernement l'abanbon des intérêts de leur cautionnement pendant trois ans. Les officiers et professeurs de la Flèche ont fait une offrande au Roi, et les élèves se sont réunis à eux; ils ont formé en tout une somme de 3746 fr., destinée à contribuer au sou→ lagement de l'Etat.

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On a arrêté et conduit à l'Abbaye le maréchal de camp Cambacérès, frère de l'ex-archichancelier. Celui-ci vit fort retiré.

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Les sieurs Veaux, Lejeas, Harnoux et Royer, détenus depuis quelque temps à Dijon, viennent d'être tranférés, sous escorte, à la citadelle de Besançon.

-Le 13 décembre, la cour d'assises de Toulouse a condamné à mort le noinmé Rouzil, dit Sans-Gêne, soldat, qui, le 3 mai degnier, attaqua, sans provocation, des royalistes dans les rues de cette ville, en étendit un à ses pieds, et mutila l'autre. -Les contingens des divers départemens pour la garde royale se remplissent avec empressement.

- Un nouveau type a été adopté pour la fabrication des pièces de 5 francs. Il sera mis en usage à dater de 1816. On déterminera l'époque où les pièces d'or seront soumises à un nouveau type.

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Le château de Bouillon a été évacué par les troupes françoises, et remis aux troupes des Pays-Bas.

-

Le prince d'Orange va épouser la princesse AnnePawlowna, sœur de l'empereur Alexandre.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 19, on a continué la discussion sur la résolution de la chambre des députés relative à l'inamovibilité des juges. Plusieurs orateurs ont été entendus. A trois heures, le ministre des finances a exposé les motifs de deux projets de loi, l'un sur le recouvrement provisoire des impôts de 1816 d'après les rôles de 1815, l'autre sur la création des fentes confor.

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mément au dernier traité. Le ministre s'étant retiré, on a repris la discussion, et à cinq heures on a procédé au scrutin. La résolution de la chambre a été rejetée à une majorité de 91 vaix contre 44.

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Le 21, M. le garde des sceaux a lu à la chambre le projet pour la suppression des places de substituts des procureursgénéraux, faisant fonctions de procureurs criminels dans les départemens. La chambre a délibéré ensuite sur deux projets de loi présentés précédemment, savoir sur le recouvrement des impôts de 1816, et sur la création de rentes. Ils ont été adoptés dans cette même séance à l'unanimité des suffrages. ·

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Les commissaires nommés pour l'examen de la proposition de M. Michaud, sont : MM. Richard, Bourienne, le comte d'Hautefeuille, Delamarre, Amariton de Montfleury, de Bohald, Michaud, le chevalier Dubouchage.

Ceux pour la proposition de M. de la Rochefoucauld, sont: M. de la Rochefoucauld, Fornier de Saint-Lary, de Coupigny, le prince de Broglie, le comte de Marcellus, Bacot et

Pontet.

Dans le comité du 19, M. de Castelbajac a fait une propo sition tendanté à ce que les évêques et cures fussent autorisés à recevoir les legs et donations qui leur seroient fails. M. de Blaugy a proposé d'augmenter le traitement des curés aussitôt que les circonstances le permettront. Ces deux députés développeront plus au long leúr proposition dans un prochain comité.

M. Hyde de Neuville, dans un comité secret, á proposé de purger la salle des députés des statues des Grecs et des Romains dont elle étoit peuplée, et de remplacer Brutus et Sce vola, par saint Louis, Louis XII, Henri IV, Louis XIV, Louis XVI et Louis XVII. Cette proposition a été accueillie. Nous avons assez de grands hommes en France pour n'être pas obligés de recourir à ces vieux républicains, un peu durs et un peu farouches, qui ne doivent, sous aucun rapport, nous servir de modèles.

La communication ministérielle, qui avoit été annoncée pour le jeudi, n'a pas en lien, et il n'y a pas en de séance pur Llique et particulière..

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