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marqué de tout temps de grands talens unis à de grandes vertus..... Il n'a jamais existé au sein des sociétés humaines, aucune institution qui ait attiré sur elle, comme l'épiscopat françois, l'attention et le respect, qui se soit montrée plus digne de l'ambition des ames élevées, plus grande dans son ensemble, plus auguste dans son origine, plus imposante dans ses personnages, plus puissante sur le cœur des hommes. On se rappelle avoir entendu dire à peu près les mêmes choses à un homme en dignité, qui à la vérité passoit pour un peu hableur. Cet homme, qui avoit été comblé d'honneur dans une église étrangère, ne parloit néanmoins qu'avec beaucoup de mépris des prélats étrangers, et une de ses manies étoit d'exalter le clergé de France aux dépers de celui des autres pays. On ne peut se dissimuler que cette manie tient à la vanité nationale, et qu'il y a quelque petitesse à rabaisser ainsi les autres pour nous élever nous-mêmes. Cette jactance, un peu gasconne, est même injurieuse à la religion, qu'elle suppose avoir eu moins d'influence ailleurs qu'en France, puisque là elle n'obtenoit que des pratiques, tandis qu'ici elle commande des devoirs. Cette opposition peut avoir été imaginée par quelque François un peu présomptueux qui aura voyagé en pays étranger, et qui n'aura vu que la surface; mais, de bonne foi, n'y a-t-il donc plus de piété en Italie et ailleurs, et sied-il bien à des gens aussi malades eux-mênies et aussi pauvres que nous le sommes sous le rapport de la religion, d'insulter à d'autres, qui sont, je crois, moins pauvres et moins malades? Le sacerdoce et l'épiscopat françois étoient assurément fort respectables; mais il n'est pas de nation qui ne pût revendiquer pour elle les éloges que M. Cottret donne à son pays, et dans la grande fa

mille du christianisme, il n'est ni charitable ni humble de se mettre ainsi sans façon au-dessus des autres. Il est écrit que quiconque s'élève sera humilié. Nous avons été assez humiliés pour n'être pas tentés de nous élever encore.

M. l'abbé Cottret parle quelquefois de gallicanisme et d'ultramontanisme, et j'en suis fâché. Ces dénomi→ nations si vagues, et dont on a tant abusé, devroient du moins être bien déterminées, et il faudroit que le lecteur sût quel sens l'auteur y attache. J'ai entendu, il ya quatre ou cinq ans, dans le temps des plus grandes brouilleries avec le Pape, des gens parler de leur gallicanisme; ce qui ne me paroissoit pas alors fort généreux, et ce qui étoit au moins fort équivoque. Le gallicanisme de ce temps-là étoit assez suspect. Celui d'aujourd'hui seroit moins hardi peut-être; encore voudrois-je savoir ce qu'on entend par-là; car ce mot, comme celui d'ultramontanisme, sont pris sou→ vent dans des acceptions fort différentes. M. Cottret, par exemple, dit que lors du Coucordat les prêtres ont transigé avec diverses opinions, et se sont soumis à l'ultramontanisme. Je ne crois pas qu'il se montre ici un fidèle interprète des sentimens de ses confrères, Ils n'ont point prétendu transiger avec des opinions lors du Concordat; ils n'ont point cru se soumettre à l'ultramontanisme, du moins daus le sens défavorable qu'on attache à ce mot. Ils ont vu et ils ont dû voir le bien de la religion; ils ont répondu à l'appel du chef de l'Eglise; ils se sont soumis à l'autorité, ce qui est bien différent de se soumettre à l'ultramontanisme ; ils sont accourus aux cris de leurs ouailles qui les redemandoient. Ce n'est pas là, encore une fois, transiger avec des opinions. J'entends encore moins ce

qu'ajoute M. Cottret, que depuis, les mêmes prêtres, dans l'espoir d'empêcher le schisme de renaître, se sonț soumis à l'autorité du gallicanisme. Et où? et quand ? Seroit-ce lors des disputes de Buonaparte avec le Pape? J'aurois mauvaise opinion, je l'avoue, des prêtres qui se seroient soumis au gallicanisme tel que l'entendoit l'ennemi de la religion. Il n'y a pas d'apparence que ce soit de ce gallicanisme là que veuille parler l'auteur.

M. Cottret, qui a, je le soupçonne, mal jugé les dispositions des prêtres relativement au Concordat, a-t-il mieux connu celles des peuples? Je croirois pouvoir en douter. Il dit qu'en 1801, il y avoit plus de foi parmi les François, plus de zèle qu'aujourd'hui pour le sacerdoce, plus de respect, plus d'estimé, plus d'attachement pour les ministres des autels, et il ajoute ailleurs que la religion a continué de s'affoiblir parmi le peuple depuis le Concordat. Je ne sais si ces observations sont bien exactes; ce qui est certain, ce que nous avons vu, nous qui avons suivi la révolution dans ses différentes phases, et qui avons étudié l'es→ prit général des peuples, c'est que le Concordat a produit, surtout dans les premiers temps, des effets trèssalutaires. Il avoit imprimé, si j'ose parler ainsi, une secousse religieuse; il avoit remué les consciences, il avoit réveillé des hommes engourdis. Ces heureux effets ont pu être aperçus par tous ceux qui se trouvoient alors en France, et je suis porté à croire qu'ils ont été plus durables que ne le suppose M. Cottret.

Nous terminons ici nos observations sur cette première partie de la brochure. Si nous avons plus insisté sur quelques assertions hasardées ou inexactes, ce n'est pas que nous fermions les yeux sur ce qu'il peut y avoir de bien pensé dans l'ouvrage; mais nous

avons ern d'autant plus nécessaire d'en relever les dé fants, que les titres imposans de l'auteur pourroient leur donner quelque crédit. Nous autres, simples par ticuliers, quand nous nous trompons, c'est sans conséquence, tandis qu'un docteur et un professeur en théologie est une autorité si grave qu'on ne sauroit trop se hâter de redresser les erreurs qui lui échappent, de peur qu'elles ne se propagent à l'ombre de

on nom.

M.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le premier dimanche de l'Avent, S. S. tint chanelle papale au Vatican, Mgr. Morozzo, archevêque de Thèbes, chanta la messe. S. S. étoit assistée au trône par les cardinaux di Pietro, Antoine Doria et Fabrice Ruffo. Après la messe, elle porta le saint Sacrement dans la chapelle Pauline, qui avoit été élégamment illuminée.

Le P. Vincent Zauli, Jésuite, est nommé théologien de la pénitencerie. M. Fornici, maître des cérémonies pontificales, est rétabli dans l'emploi d'écrivain de la pénitencerie. Le P. Jacques Belli, ex-procureur général des Mineurs Conventuels, et un des plus célèbres orateurs d'Italie, est rétabli dans ses fonctions de consulteur de l'Inquisition.

L'abbé Sylvestre Torelli, procureur général des religieux de Saint-Sylvestre et consulteur de l'Index, est mort à Rome, le 3 décembre.

PARIS. Le samedi 23 décembre, il y a eu une ordination dans l'église de Saint-Sulpice. C'est M. André, ancien évêque de Quimper, qui a fait la cérémonie. Les ordinans étoient au nombre de 94, dont 14 prêtres, 13 diacres, 13 sous-diacres, 25 minorés et 29 tonsurés. Dans Je nombre des prêtres, il n'y en avoit qu'un pour Paris;

pour Poitiers, 1 pour Avignon, 1 pour Meaux, 2 de Rennes, 3 d'Autun, et 5 d'Orléans. Sur les diacres, il y en avoit 5 de Paris. Ainsi le diocèse de Paris n'a qu'un prêtre, tandis que le dernier Ordo annonce la mort de trente prêtres pour cette année. Quelle sera la destinée d'une église qui ne répare qu'ainsi ses pertes! Quelle désolante perspective!

Le jeudi 21, M. l'abbé Frayssinous a prêché, comme nous l'avions, annoncé, dans la paroisse de Saint-Vincent de Paul. Son sujet a été le panégyrique de ce saint même. On entend toujours rappeler avec intérêt les hautes vertus et les bienfaits prodigieux de ce héros de Ja charité; et le talent de l'orateur trouvoit ici une matière digne de lui. L'assemblée étoit nombreuse, et l'église, déjà fort petite, le paroissoit encore plus pour une telle circonstance. Plusieurs personnes n'ont pu y entrer; ce qui a augmenté leurs regrets de voir que M. l'abbé Frayssinous ne recommence point cette année ses conférences. Son auditoire se seroit accru cette année d'un assez grand nombre de députés qui étoient venus à Paris avec le désir de l'entendre, ainsi que nous l'avons entendu dire à quelques-uns....

Le Roi vient d'ordonner la construction d'un monument sur le terrain qui formoit autrefois le cime fière de la Madeleine, Uue chapelle consacrée à SaintLouis renfermera deux autels qui marqueront les lieux où avoient été déposés les corps de Louis XVI et de la Reine, son auguste épouse. Des portiques environneront l'enceinte de ce cimetière où reposent les cendres de tant de victimes, et des allées d'arbres isolant le monument des maisons voisines, acheveront de lui donner le ca, ractère religieux qui doit lui appartenir. Les travaux nécessaires à l'exécution du plan, qui a obtenu l'appro bation de S. M., vont être sur-le-champ entrepris aux frais de la liste civile, L'acquisition du terrain est déjà faite, et la construction de cet édifice va procurer un nouvel emploi aux nombreux ouvriers de la capitale.

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