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Le jour de Noël, Mme. la duchesse d'Orléans, douairière, a assisté à la grand'messe dans l'église de SaintSulpice, sa paroisse, et y a rendu le pain bénit. S. A. S. est entrée par le grand portail, et a traversé l'église pour se rendre à la place qui lui avoit été préparée dans une des chapelles autour du chœur. M. l'abbé Bonvoisin, son aumônier, a présenté le pain bénit, et a été à l'offrande au nom de la princesse. Les gens de la livrée suivoient.

On continue à offrir des dons au Rot. M. d'Osmond, évêque de Nanci, a offert 500 fr.; M. Bar, curé, 250; MM. Deville, Guyot et Lavègue, 200; M. de Grand maison, 133; M. l'Hernault, 125; MM. Briou et Bernard, 75; MM. Coster, La Cretelle, Schumacher, Dumont, Plautard, Bailly, Friant et Deferriet, chacun 50 fr.

- Une circulaire de MM. les vicaires généraux de Paris, du 18 décembre, annonce que la quête qui se fait ordinairement dans ce temps-ci pour les séminaires et les ecclésiastiques, n'aura pas lieu; les secours offerts précédemment étant suffisans, et S. M. y ayant ajouté des bienfaits particuliers.

S. M. vient d'ordonner qu'il fut accordé aux indigens de la capitale de nouveaux secours sur les fonds de la grande aumônerie. Mr. le grand aumônier a écrit à ce sujet à MM. les curés, en leur demandant des renseignemens sur les besoins des pauvres de leurs paroisses.

Un journal de samedi dernier dit que lord Castlereagh, pendant son séjour à Vienne, a eu plusieurs entretiens avec le nonce du Pape, le cardinal Pacca, sur le projet de régler, d'après un nouveau plan, les relations des catholiques irlandois avec le saint Siége. Il n'y a qu'une petite difficulté à cela; c'est que le cardinal Pacca n'a jamais été nonce à Vienne, et qu'il n'a point été dans cette capitale lors de la tenue du congrès. Ce que le même journal raconte des négociations n'a pas le moindre fondement, et on ne s'est même pas donné la peine d'y donner quelque couleur de vraisemblance.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. L'entreprise du rétablissement de la statue de Henri IV se poursuit avec activité, et on espère pouvoir ~commencer, au mois de mai, les opérations relatives fonte.

la

Le général Cambronne, qui avoit été fait prisonnier à Waterloo et conduit en Angleterre, est arrivé à Paris, où il doit être jugé conformément à l'ordonnance du Roi du 24 juillet.

!

La cour d'assises de Bordeaux a jugé les individus impliqués dans l'affaire de la Réole. Varret, prévenu de pillage et de sédition, a été condamné à mort; Duclos à vingt ans de travaux forcés, et Viand à dix ans de bannissement. Deux autres prévenus et une femme ont été condamnés aux travaux forcés pour plus ou moins de temps.

- Il y avoit quelques troubles à Avignon au sujet d'un des principaux auteurs d'une émeute, que le peuple vouloit faire remettre en liberté. Le préfet s'est retiré à Carpentras. Son départ a suffi pour faire rentrer le peuple en lui-même. Le calme s'est rétabli; l'individu a été remis en prison, et une députation a été envoyée au préfet pour l'engager à revenir.

CHAMBRE DES PAIRS.

Dans la séance du 23, la chambre a adopté à l'unanimité Je projet de loi sur la suppression des places de substituts faisant les fonctions de procureurs criminels dans les départemens.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Dans la séance du 22, après la proposition de M. de Castelbajac, dont il sera parlé plus bas, M. de Blangy a fait une autre proposition tendant à ce que l'on s'occupât du sort du clergé, et à ce qu'on supprimât les pensions dont jouissent les prêtres qui ne sont pas rentrés dans le sein de l'Eglise, et qui n'exercent aucune fonction. M. le comte Humbert de Sesmaisons propose de demander aux ministres des éclaircissemens sur l'évasion de Lavalette. Il développera demain sa proposition.

Le 23, la séance s'ouvre à midi. Les ministres des finances et de l'intérieur sont présens, ainsi que les conseillers d'Etat Pasquier, de Barente, Saint-Cricq, Dudon et Portal. M. le ministre des finances annonce le projet de loi sur le budjet, et en expose les motifs. Les dépenses, déjà fort considérables, se sont accrues cette année d'une charge nouvelle. La première ressource a été la suppression des traitemens inutiles, et la réduction de ceux qui sont nécessaires. Le Roi a pris l'initia tive en faisant l'abandon de dix millions sur sa liste civile. Le ministre expose ensuite les divers moyens qui ont été jugés

nécessaires.

M. Dudon lit le projet de loi en 77 articles. Ce projet maintient l'ordonnance du 16 août, qui autorise la levée d'un emprunt de cent millions. Il ordonne qu'il sera perçu, pendant l'année 1816, en centimes additionnels, et par forme de subvention extraordinaire, la moitié du montant total des roles des contributions foncière, personnelle, mobiliaire, des portes et fenêtres et des patentes de 1815. Le paiement en sera fait par huitième. Les contributions directes seront d'ailleurs les mêmes qu'en 1815. La recette, pour cette année, est fixée à 800 millions, et la dépense est réglée à la même somme. Les cautionnemens sont étendus à un plus grand nombre de fonctionnaires. Il sera créé une caisse d'amortissement, à laquelle on attribuera le revenu des postes.

Deux autres projets de loi accompagnoient le premier; l'un sur les contributions indirectes, l'autre sur les douanes. Le premier est la par M. de Barente, qui démontre l'impossibilité de diminuer le fardeau des contributions dans les circonstances présentes. Le projet comprenant 368 articles maintient la taxe sur les boissons, en cherchant à diminuer les abus de l'exercice. Il met de nouveaux droits sur les papiers, les fers, les cuivres, etc. Le second projet contient le tarif sur les douanes. Ces deux projets n'ont pas été lus, et ont été seulement déposés sur le bureau. Leur longueur nous empêche d'en présenter la substance. Ils sont imprimés à part.

L'ordre du jour appeloit le développement de la proposition de M. de Sesmaisons sur l'évasion de Lavalette. M. de Sesmaisons annonce que des considérations graves et particulières le forcent à suspendre le développement de sa proposition. M. Feuillant insiste pour que, M. de Sesmaisons développe sa proposition, et pour que la discussion s'ouvre sur-la-champ à

cet égard. M. de Bouville annonce qu'il s'est préparé à traiter la même question que M. de Sesmaisons, et qu'il reprendra la proposition, si la chambre le juge convenable. Le prési dent croit que le réglement s'y oppose. M. Blanquart-Bailleul parle dans le même sens. On demande à aller aux voix, lorsque M. de Sesmaisons annonce qu'il cède au vœu de la chambre, et qu'il va développer sa proposition.

Dans son discours, il n'implique ni n'accuse personne; mais il croit que la chambre a droit de demander des explications. Pourquoi les délais qui ont suivi l'arrêt contre Lavalette? La fuite qui a suivi les délais donne lieu à des soupçons qu'il importe de faire cesser. Lavalette n'étoit-il donc pas surveillé dans sa prison? N'y a-t-il que de la fatalité dans cet événement? C'est pour les ministres autant que pour nous que nous devons leur demander des éclaircissemens qui les justifient, M. de Bouville appuie la proposition de M. de Sesmaisons, et s'étonne encore plus d'une évasion dont les circonstances lui paroissent inconciliables avec la surveillance qu'on exerce envers les prisonniers ordinaires. Il détaille les lenteurs du jugement, les difficultés de l'évasion, et s'afflige d'un fait qui peut, selon lui, déconsidérer le gouvernement. Il demande que la chambre nomme une commission chargée de recueillir des renseignemens sur cette affaire. M. Bellart affirme, sur sa parole d'honneur, que les délais observés à l'égard de Lavalette l'auroient été à l'égard de l'homme le plus obscur. Le garde des sceaux ne reçut l'arrêt que le 18, et le procureur général en eut communication le 20. Il croit que la chambre ne doit point s'occuper de cette affaire; qu'elle s'associeroit par-là à l'action de l'autorité royale, et que la proposition est inconstitutionnelle. M. de Saint-Romain craint que M. le garde des sceaux n'ait favorisé, il ne dit pas l'éva sion de Lavalette, mais ses espérances: murmures. L'orateur est intes compu, Il vote dans le sens de MM. de Sesmaisons et de Bouville. M. Jollivet croit qu'on met trop d'impor tance à cette affaire, et est d'avis d'ajourner la proposition. M. de Kergorlay dit qu'une enquête est un devoir pour la chambre, et que cette enquête est de l'intérêt même des ministres, qui doivent écarter tout doute sur leur activité et leur zele. M. de Vaublanc rappelle les renseignemens qu'a donnés M. Bellart sur les délais. Il pense que l'assemblée doit attendre les résultats de l'enquête judiciaire qui se poursuit

devant le ministère public, et qu'il y auroit de l'inconvénient à suivre l'exemple de l'assemblée constituante, qui décréditoit les ministres par des demandes contuelles d'enquêtes. M. Bourdeau combat la proposition de M. de Sesmaisons. La question préalable est invoquée et rejetée, et l'assemblée décide, à une assez forte majorité, que la proposition de M. de Sesmaisons sera prise en considération et renvoyée dans les bureaux. Ainsi se termine la séance, à cinq heures et demie, après une discussion vive et agitée.

Si quelque chose peut consoler les amis de la religion des malheurs qu'elle a essuyés et de l'état où elle gémit encore, c'est sans doute la perspective d'un avenir pins heureux; c'est la certitude où ils sont que le monarque veut la relever de ses ruines; c'est l'attente de la protection qu'elle réclame. Il est permis d'espérer que le bien se fera, quand on voit des personnes chargées des grands intérêts de l'Etat montrer la meilleure volonté pour effacer les traces du passé. On n'a point ́assez remarqué l'excellente composition de la chambre des députés sons le rapport qui nous intéresse le plus. Elle est formée, en grande majorité, d'hommes sincèrement religieux, qui non - seulement ne dissimulent point leur croyance, mais qui s'honorent d'y conformer leur conduite. Depuis vingt-cinq ans, les législatures qui se sont succédées avoient offert précisément tout le contraire. Le peu de bons chrétiens qui s'y trouvoient, n'osoient se montrer dans une assemblée où des dispositions fort différentes avoient prévalu. On n'y regardoit la religion qu'avec les yeux de l'indifférence ou de la politique, et on croyoit lui faire beaucoup d'honneur de la tolérer, par égard pour les préjugés de la foule. Nos députés d'aujourd'hui sont un peu plus sages que leurs devanciers. Beaucoup d'entr'eux sont de francs chrétiens, aussi loyaux dans leur zèle pour la religion que dans leur attachement pour le prince, voulant bien décidément le raffermissement de l'une et de l'autre. Nous les voyons avec édification dans nos églises joindre leurs prières aux nôtres pour le succès de leurs efforts. Nous les entendons avec joie, dans leurs conversations particulières, énoncer le désir de faire refleurir la religion pour faire refleurir la so'ciété; et on a pu s'apercevoir par les détails de plusieurs séances, du vif intérêt que mettoient beaucoup de membres à ce qui concerne le clergé. Mais, parmi les propositions faites à ce sujet, il faut distinguer le discours prononcé dans la séance du 21, par M. le vicomte de Gastelbajac, député du Gers. Il est impossible de se montrer plus ouvertement et plus sincèrement religieux, et je croirois presque que cette tribune, qui avoit entendu si souvent un autre langage, a di étte étonnée de celui dont elle a retenti ce jour là. M. de Castelbajac ́a parlé dès malheurs de la religion, des efforts de l'incrédulité pour la "détruire, de l'envahissement des biens ecclésiastiques, de la proscription des prêtres fidèles (qui le croiroit même?) de l'expulsion des re

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