nomma des commissaires, pris dans son sein, pour présider à cette opération. Il institua dans les villes des bureaux composés de laïques pour diriger l'administration des colléges. Ainsi la surveillance ecclésiastique, qui auroit été encore plus nécessaire sur des maîtres laïques, fut précisément ce qu'on éloigua avec le plus de soin, et l'éducation publique, de toute religieuse qu'elle étoit, devint toute profane. Les bureaux composés d'hommes du monde, qui avoient d'antres occupations, ou qui étoient peu religieux, mirent peu de zèle à surveiller les maîtres dans cette partie, et l'esprit des maîtres étant changé, les jeunes gens prirent d'autres principes; et la phiJosophie profita et de l'adresse de ses partisans, et de l'imprudence de ceux qui ne l'étoient pas, pour s'introduire dans des lieux dont l'accès eût dû lui être fermé pour jamais.

Le désir de tracer cette espèce d'histoire de l'éducation dans le siècle dernier, nous a empêchés de faire connoître plus particulièrement les trois ouvrages que nous avons annoncés au commencement de cet article, et sur lesquels nous reviendrons. Mais peut-être étoit-il à propos de remarquer le grand changement opéré sur une matière qui a des liaisons si étroites avec la religion, la morale et la société. Nous ne voyons pas que ce changement ait assez excité l'attention des observateurs et des historiens, et quoique nous ne l'ayons raconté que sommairement, et qu'il eût été facile d'accumuler plus de détails et de preuves, cependant le peu que nous en avons dit, suffira pour mettre le lecteur sur la voie, et pour pour éclaircir ce qui nous reste à dire.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Il étoit d'usage qu'il y eut chapelle royale de France le jour de sainte Lucie, dans la basilique de Saint-Jean de Latran, cette première église du monde catholique, qui compte Henri IV au nombre de ses bienfaiteurs. Cette cérémonie a eu lieu le 13 décembre. Les cardinaux della Somaglia et di Pietro y assistoient, ainsi que M. de Pressigny, ambassadeur de S. M. T, C. et M. Dubourg, évêque de la Nouvelle-Orléans, M. Belli, archevêque de Nazianze et chanoine de Saint-Jean de Latran, a chanté la messe solennelle en présence du chapitre. Le même jour l'ambassadeur de France donna un grand dîner aux cardinaux della Somaglia, di Pietro, Scotti, Gabrielli et Consalvi; aux prélats Naro, Doria, Sanseverino, de Gregori, Belli, Lante, OdesCalchi, Cuneo; au sénateur de Rome, au prince Altieri, au duc Lante, et à plusieurs membres distingués de l'ambassade de France. Le jour suivant, S. Exc. donna encore un dîner où se trouvèrent les cardinaux Spina et Albani, et les prélats Vidoni, Mauri, Frattini, Murray, archevêque d'Hierapolis et coadjuteur de Dublin; Murphy, évêque de Cork, Guerrieri, Malvasia, Mazio, Sala, le prince Ruspoli, des chanoines de Saint-Jean de Latran, et autres personnages de distinction.

-La veille de la fête de la Conception, S. S. donna la bénédiction du Saint - Sacrement dans l'église des douze Apôtres, du couvent des Mineurs Conventuels. Neuf cardinaux s'y trouvèrent. S. S., à l'exemple des glorieux Pontifes Clément XI et Benoît XIV, professe une dévotion particulière au mystère de celle fête. M. Jean Murphy, évêque de Cork, chanta dans la même église la messe solennelle le jour de la fête, et M. Murray y dit la messe. Le discours fut prononcé par le P. La

tini, secrétaire-général de l'ordre, qui a prêché avec succès dans plusieurs grandes villes d'Italie.

PARIS. Des militaires et autres sujets fidèles du Roi, feront célébrer, la semaine prochaine, dans une grande église de cette capitale, un service pour M. de la RocheJacquelein, qui a péri glorieusement, l'été dernier, pour la cause de la légitimité, dans les mêmes pays où lui et les sieus avoient déjà montré tant de courage.

Les travaux du Temple destiné à recevoir Mlle, de Condé seront bientôt terminés. On établit une chapelle au rez-de-chaussée; mais on a le projet d'en avoir dans la suite une plus grande qui ouvrira sur la rue du Temple, et où le public pourra entrer.

STRASBOURG. S. A. le prince évêque de Bâle, M. de Neveu, a bien voulu se rendre ici sur l'invitation de MM. les vicaires-généraux, le siége vacant, et y a donné l'ordination aux Quatre-Temps de Noël. L'ordination a été nombreuse. 75 elèves du séminaire ont reçu la tonsure et les quatre ordres mineurs, 32 le sous-diaconat, 37 le diaconat, et 13 la, prêtrise. Ces treize derniers complètent le nombre de 30 prêtres qui ont été ordonnés pendant l'année, 1815.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 1. janvier, il y a eu grand couvert au château. La table étoit dressée dans la galerie. Le Roi en occupoit le côté principal. Sur le côté à droite étoit assis MONSIEUR et Mr. le duc de Berry. En face, étoit MADAME, parée avec une grande magnificence. Derrière le fauteuil du Roi, étoient les grands officiers de sa maison. Les duchesses et autres dames occupoient des tabourets derrière le Roi et les princes. Les ambassadeurs, les ministres et les généraux formoient une seconde ligne debout. Une balustrade séparoit la cour du public, qui entroit par la salle des maréchaux, défiloit devant

le Roi, et sortoit par le pavillon de Flore. Le coup d'oeil étoit magnifique; la musique a joué pendant tout le repas. S. M. a adressé plusieurs fois la parole aux personnes qui étoient derrière son fauteuil.

-A la revue, du 1er janvier, le Roi, placé au milieu des carrés d'infanterie, a dit: Mes amis, je suis content de vous. Les preuves d'attachement et de dévouement que vous me donnez, me touchent. Je compte sur vous. Je dirai, comme Henri IV: Je puis vous présenter avec confiance à mes amis comme à mes ennemis.

-M. le maréchal Victor, duc de Bellune a commencé, le 1er janvier, son service comme major-général de la garde. Il a un appartement aux Tuileries.

-M. le duc d'Angoulême est arrivé à Bordeaux, le 28 décembre. Il a reçu le lendemain un grand nombre de corps et de particuliers. La présence de ce prince excite toujours un -nouvel enthousiasme dans cette ville fidele.

à

Un rapport du garde des sceaux au Roi donne le tableau des conseillers d'Etat qui doivent être en service ordinaire et extraordinaire dans le courant de cette année. Il est, peu de chose près, tel que celui de l'année dernière; il y a trente conseillers d'Etat en service ordinaire, répartis en cinq comités, de législation, du contentieux, de l'intérieur, des finances et de la marine. A chaque comité sont adjoints des maîtres des requêtes. Vingt-deux conseillers d'Etat, chargés de différentes fonctions, sont en service extraordinaire. Il y a aussi des conseillers honoraires.

-S. M. a nommé le prevôt, les juges et le président de la cour prevôtale de la Seine. Le président est M Chrétien de Poly. Les juges sont, MM. Danguy, de la Haye, Dupuis et de Quincerot.

- M. Guiton de Morveau, célèbre chimiste, mais connu aussi sous d'autres rapports, qui avoit été membre de la convention, et qui avoit éu le malheur d'y figurer d'une manière fâcheuse dans une occasion importante, est mort, le 2 janvier, à l'âge de So ans.

Le duc de Wellington doit partir sous peu de jours. Les postes anglois qui existoient encore dans la capitale ont été retirés.

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Le roi d'Espagne a terminé l'affaire des membres des cortès et des autres libéraux. Ils sont condamnés, pour la plupart, à quelques années de prison. Les ecclésiastiques seront mis dans des couvens Un seul des libéraux paroît destiné à périr sur un échafaud. C'est celui que l'on connoissoit sous le nom de Coxo (Boiteux) de Malaga.

La nouvelle constitution de Pologne reconnoît que la religion catholique étant, depuis les temps les plus anciens, la religion nationale, doit jouir d'une protection particulière. Cependant les autres communions auront le libre exercice,

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Dans la séance du 2 janvier, dont nous avons déjà donné un aperçu, M. le ministre de l'intérieur est monté à la tribune, et a présenté le projet de loi que nous avons rapporté en substance. Vous avez entendu, a-t-il dit, le ministre des finances déplorer la situation du clergé, et annoncer que de nouvelles, mais foibles ressources, seroient employées pour l'adoucir. Les ministres ne peuvent faire que ce que les circonstances permettent. Dans le budjet qui vous est présenté, ce n'est qu'à force de sacrifices que l'on est parvenu à mettre les recettes au niveau des dépenses. C'est encore par des sacrifices que l'Etat parviendra à améliorer un peu l'état des ministres de la religion. Il est des moyens de deux espèces; les uns peuvent faire la matière d'une ordonnance royale, les autres sont l'objet d'une loi. Telle est celle que je viens vous remettre au nom de S. M. Elle tend à faire tourner au profit d'une classe respectable l'extinction des rentes viagères et des pensions ecclésiastiques. Ce commencement est bien foible sans doute ; mais vous le savez, une bonne administration est celle qui marchant toujours d'un pas constant et uniforme, parvient au but qu'elle s'est proposé.

Voici le projet de,loi : le produit des extinctions par décès, sur la somme de rentes viagères et de pensions ecclésiastiques, comprises dans l'évaluation de la dette publique pour 1816, est spécialement affecté à l'amélioration des fonds du clergé et des institutions qui en dépendent. Le trésor royal tiendra chaque mois, à compter du 1er janvier, à la disposition du