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n'approuvons pas toutes les vues qu'il propose à cet égard, nous n'en rendons pas moins justice à l'esprit qui l'anime. Il s'explique partout comme un prêtre qui aime l'Eglise, et qui a à cœur de la voir sortir de cet état de langueur et de ruines où elle gémit. Il est respectueux envers l'autorité, et ne s'écarte point des égards qu'il doit aux supérieurs ecclésiastiques. Il y a pourtant un passage singulier dans sa brochure, et qui, se trouvant précisément à la fin, marque davantage par cela seul, et laisse dans l'esprit une impression pénible. L'auteur s'exprime ainsi : Je dois prévenir d'une chose, qui ne peut être impunément oubliée dans la réorganisation du clergé; c'est que cette sorte d'émancipation, qui s'est opérée dans les esprits depuis vingt-cinq ans, n'est pas tout-à-fait étrangère aux ministres des autels. Cette émancipation nous porte à juger avec rigueur les hommes et les choses, et surtout les personnages qui nous sont préposés. Elle accoutume à une independance individue le qui laisse dans l'isolement et dans une espèce d'abandon les autorités, que, dans d'autres temps, on eút environnées d'égards et de soins, quelle que fút l'idée qu'on eút pu en avoir. C'est cette raison qui m'a porté à insister sur les qualités nécessaires aux évéques d'aujourd'hui. LE CLERGÉ du second ordre ne cédera qu'a l'ascendant du vrai MERITE. Le commencement de cette tirade pouvoit encore laisser douter si M. Cottret approuvoit cette émancipation et cette indépendance habituelle des ministres des autels; mais sa dernière phrase fixe le sens de ce morceau. Il étoit difficile de dire plus clairement aux évêques qu'ils devoient prendre garde à eax, et que le clergé étoit décidé à ne céder qu'à l'ascendant du vrai mérite. Ce vrai mérite, ce seront

sans doute les inférieurs qui en seront juges. L'émancipation est un peu forte, et cette indépendance individuelle prépareroit de tristes jours à l'Eglise, si elle étoit une fois enracinée. Le moindre séminariste, repris par son supérieur, se redresseroit pour lui déclarer qu'il ne cédera qu'au vrai mérite. M. Cottret n'eût pas sans doute trouvé la déclaration respectueuse et polie, et peut-être eût-il chassé le petit émancipé Mais ce qui seroit irrévérent envers un supérieur de séminaire, le seroit-il moins envers un évêque, et ne seroit-ce pas un présage d'anarchie, si le simple prêtre se prétendoit autorisé à ne céder qu'au vrai mé rite, ou à ce qu'il jugeroit tel? Nous devons croire que M. Cottret ne l'a pas entendu ainsi, et qu'il sent fort bien, quoiqu'il ne l'ait pas dit, qu'un des plus puissans moyens de rétablir la religion est la subor dination, la discipline et le respect pour l'autorité.' Peut-être pourtant n'eût-il pas été inutile d'insister un peu sur ce point, et après avoir montré tant de zèle pour morigener les évêques, d'en montrer un peu aussi pour prêcher le clergé du second ordre, et de s'élever surtout contre cette émancipation et cette indépendance individuelle, qui ne seroient pas un des moindres maux de l'Eglise?

Pour résumer ce que nous avons à dire sur cette brochure, nous aurious voulu pouvoir la louer sans restriction, et témoigner à l'auteur notre estime en souscrivant à toutes ses vues. Mais nous n'avons pu nous dispenser de relever ce qu'il y a d'inexact ou de hasardé dans cet écrit. L'empreinte de la rapidité du travail s'y fait trop sentir. On y court d'objets en objets, on effleure les matières. Point de suite, de liaison et d'ensemble. Le style même n'y est pas aussi

ROYAL

soigné qu'on devoit l'attendre d'un littérateur éxercé et attaché long-temps à la rédaction d'un journal, Enfin, c'est un ouvrage croqué, et on seroit tenté de croire que M. Cottret n'a voulu faire qu'un canevas qu'il se proposoit peut-être de remplir dans un autre temps, S'il développe un peu plus ses vues, s'il descend dans les détails, alors sa brochure pourra être utile; telle qu'elle est, elle apportera peu de lumières pour le rétablissement de l'Eglise, et sera d'un foible secours à ceux qui sont appelés à la relever de ses ruines.

Comme nous finissions cet article, nous avons vu un numéro d'un ouvrage périodique, où M, l'abbé. Cottret et son écrit paroissent peu ménagés. Là, on lui reproche d'être trop favorable au Concordat, tandis que d'autres l'ont accusé du défaut contraire; c'est jouer de malheur. Dans le même ouvrage, on rappelle, avec quelque malice, un discours prononcé à Notre-Dame par M. Cottret, et on en cite des passages, qui ne sont pas plus forts que tant d'autres qu'on entendoit ou qu'on lisoit à cette époque. Nous, ne serons pas aussi indiscrets que le critique, et nous ne réveillerons pas des souvenirs désobligeans. Nous. dirons même, en finissant, que la brochure actuelle. de M. Cottret annonce un vif attachement pour la cause royale, et un grand zèle pour la soutenir. M.:

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. On mande d'Espagne que l'arrivée des Jésuites composant la commission générale de l'ordre y a fait une grande sensation. A Valence, l'archevêque, qui est

de l'ordre des Bénédictins, a été au-devant d'eux, les a fait monter dans son carrosse, et les a conduits à son palais, Le capitaine général est venu les visiter. Ils ont dû arriver à Madrid le 14 novembre.

Une nouvelle fait beaucoup parler ici; c'est le mariage du fils du prince Gabrielli avec la fille d'un prince, de nouvelle fabrique, qui a joué, l'année dernière, un rôle assez peu honorable et assez imprudent. On dit que le cardinal Gabrielli est fort mécontent de cette alliance.

-On prépare au Quirinal des appartemens pour S. M. l'empereur d'Autriche, qui est, dit-on, attendu à Rome vers la mi-carême.

La catastrophe de Murat à Pizzo paroît un coup de la Providence. Il se proposoit de débarquer à Salerne, où il avoit des intelligences parmi la troupe qui avoit servi sous lui. Mais une tempête l'éloigna de cette partie de la côte, et le décida à descendre à Pizzo, où il n'y avoit que des troupes qui avoient suivi le roi en Sicile..

PARIS. L'hôpital royal des Quinze-Vingts, dont le gouvernement avoit toujours appartenu depuis son origine aux grands-aumôniers de France, subit à l'époque de la révolution le sort de tous les établissemens royaux. La chapelle a servi depuis ce temps aux offices d'une succursale. Dès l'année dernière, lorsque la France fut rentrée sous l'autorité de ses Rois légitimes, le Roi, après avoir pourvu par sa munificence aux besoins temporels de cet établissement, fondé par un de ses plus illustres ancêtres, désira y voir rétablir les anciens réglemens. En conséquence, Msr, le grand-aumônier de France a nommé un chevecier et plusieurs ecclésiastiques chargés du service spécial de cette maison, et a rétabli l'ancien usage de prêcher dans la chapelle les. stations de l'Avent et du Carême, qui devront l'être, l'année suivante, à la cour. Le 11 janvier, M. l'abbé de Quelen, vicaire-général de la grande-aumônerie, a ins

tallé, comme chevecier, M. l'abbé le Mercier, ancien docteur en théologie de Paris, et curé de Chambly. Tous les aveugles étoient présens. M. l'abbé de Quelen a rappelé les bontés du Roi sur cette maison, dans une courte exhortation pleine d'onction et de noblesse. On a paru aussi vivement attendri par le discours de M. l'abbé le Mercier. Une messe en musique a été exécutée par les aveugles de la maison. On y a entendu le beau Vivat Rex, de M. l'abbé Roze, ainsi que plusieurs motets qu'il a composés pour cette cérémonie. MM. les vicairesgénéraux de Paris ayant demandé à Mgr. le grand-aumônier que l'on continuât provisoirement l'office paroissial dangda chapelle, un réglement, donné par Mgr. le grandaumônier, et revêtu de l'attache de l'autorité diocésaine, fixe les droits du clergé de l'une et l'autre juridiction, et le temps réservé pour leurs différens offices.

- Un Mandement (1) de MM. les vicaires-généraux, du 9 janvier, ordonne que le service anniversaire pour la mort de Louis XVI sera célébré, cette année, le samedi 20 janvier, et que le Testament de ce prince sera lu dans toutes les églises, à la place de tout autre discours.

-Un journal annonce que M. le baron de Géramb, chambellan de l'empereur d'Autriche, est arrivé à Laval pour se rendre au monastère des Trapistes établi depuis Î'année dernière près cette ville.

COSNE. Puisque l'on a parlé d'un curé de cette ville qui a abusé de son ministère pour favoriser l'illegitimité, il convient de parler aussi d'un pasteur qui a donné des exemples bien différens. M. le curé actuel de Cosne, qui l'étoit alors de Lormes, fut dénoncé, près le 20 mars, pour n'avoir pas voulu chanter le Te Deum à l'arrivée de Buonaparte. Un autre cas plus grave encore donna lieu à une seconde dénonciation. Le jour de la Fête-Dieu, quelques jeunes buonapartistes formèrent le

(1) Se trouve au bureau du Journal; prix, 50 cent.

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