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- Il y a eu, le 14 novembre, une assemblée générale des Conseillers d'Etat et maîtres des requêtes. La séance étoit présidée par M. le garde des sceaux, ministre de la justice. On dit que MM. Carnot et Sieyes ont obtenu de résider dans les Etats prussiens. Le général Hullin restera en survei!lance dans une terre près de l'Allier. Le général Flahaut a été autorisé à se retirer en pays étranger. Le général Excelmans réside à Riom.

On parle d'un voyage de M. le duc de Berry en Normandie et en Bretagne.

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Il y a en Alsace encombrement de troupes étrangères à raison de leur passage pour retourner dans leur pays.

La secrétairerie d'Etat est supprimée. Ses attributions passent au président du conseil des ministres. On doit supprimer également beaucoup de places peu importantes, et obtenir par-là une grande économie pour le trésor.

On a arrêté et conduit au corps-de-garde un colporteur qui vendoit les portraits de la famille Buonaparte. Comment se trouve-t-il des gens pour acheter de pareilles marchandises?

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Le commandant de Condé, accusé d'avoir fait assassiner le colonel Gordon, qui lui avoit été envoyé comme parlementaire au nom de Louis XVIII, est depuis long-temps dans les prisons à Lille. C'est à tort qu'on a donné so son arrestation comme récente. Il doit être traduit prochainement devant une commission militaire.

Le procès de M. Lavalette doit commencer, cour d'assises.

le 20, à la

-Une longue instruction du ministre de la guerre, trace la marche que doit suivre la commission chargée d'examiner Ja conduite des officiers qui ont servi pendant l'usurpation. Elle les partage en quatorze classes, suivant les différences de leur conduite. Elle se termine ainsi : « La commission remarquera qu'il ne s'agit pas en dernier résultat d'imposer des peine afflictives, mais d'écarter de l'armée des hommes qui, lors même qu'ils ne seroient sous le poids d'aucune prévention, n'auroient qu'une espérance en quelque sorte incertaine d'y reprendre leur place, à cause de la disproportion qui existe aujourd'hui entre le nombre des concurrens et celui des emplois; que par une faveur particulière du Roi, ces officiers trouvent dans la solde de non-activité, qui

leur est accordée, une indemnité de la préférence que d'autres obtiendront sur eux; et lá commission reconnoîtra dèslors la nécessité d'éviter l'excès de l'indulgence, parce que rien ne seroit plus contraire au service du Ro que de rendre à l'armée des officiers qui n'offriroient pas une garantie suffisante de leurs intentions, lorsqu'il leur est permis de conserver dans leurs foyers un traitement avantageux, sans exercer sur les troupes une influence qui pourroit être dangereuse ».

Les deux officiers d'artillerie qui ont volé la recette de Rochechouard, sont les nommés Ménice et Thibaud, excapitaines d'artillerie, le premier au service de France, le second au service de Naples. Ils ont été arrêtés et trouvés nantis de l'argent volé. On les a conduits dans les prisons de Limoges.

- D'après un avis de M. le préfet de la Seine, quoique la garde royale doive se recruter désormais dans l'armée exclusivement, cependant S. M. a accordé à chaque département, pour la première formation, un nombre déterminé d'enrôlemens. Ainsi, tous les François, militaires et autres, qui réuniront les qualités requises, et qui justifieront de leur bonne conduite et de leur dévouement au Roi, sont admis à se présenter. Les enrôlemens seront reçus dans les mairies.

Le roi de Naples a accordé des prérogatives et des exemptions d'impôt aux habitans de Pizzo, qui ont montré lant de zèle lors du débarquement de Murat.

L'empereur d'Autriche a fait son entrée à Venise, le 31 octobre. Plusieurs membres de la famille impériale se rendent en Italie. L'archiduchesse Marie-Béatrix d'Est, mère du duc de Modène et de l'impératrice, est partie pour Modène.

NÎMES. Divers journaux ont présenté sous de fausses couleurs les événemens qui se sont passés dans notre ville. L'Aristarque, par exemple, a voulu persuader que les protestans sur lesquels la réaction a porté en dernier lieu, avoient été victimes de l'intolérance religieuse. La vérité est qu'ils ont été victimes de leur zèle révolutionnaire et de leur attachement à l'usurpateur. L'Aristarque lui-même est convenu qu'ils avoient presque tous opté la cause de la révolution embrassé le systéme des idées libérales, et l'erreur qui nous a livrés quatre mois au Corse. C'est en effet ce qui est assez

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connu. Dès les premiers temps de la révolution, les protestans, ou du moins un assez grand nombre d'entr'eux, se signalerent par des excès, dont l'histoire a conservé le souvenir. Ce printemps, ils furent loin de partager l'enthousiasme qui éclata dans notre ville lors du passage de M. le duc d'Angoulême, lorsque beaucoup de nos citoyens s'enrôlerent comme volontaires pour marcher sous les drapeaux de S. A. R. Le 3 avril, les Buonapartistes reprirent le dessus, et secondés de quelques militaires, il firent sentir leur puissance aux royalistes. On massacra plusieurs des volontaires qui revenoient dans leurs foyers; on injuria et on emprisonña les autres; on en dépouilla et on en maltraita plusieurs. Il n'est personne à Nîmes qui n'ait connoissance des vexations et des avanies qu'on leur fit subir. Les royalistes furent en butte à une réaction très-vive. On en trouve les détails dans une brochure de 23 pages in-8°., imprimée récemment sous le titre de Recueil de faits en réponse aux faussetés et aux calomnies insérées dans divers journaux sur les derniers événemens de Nîmes. On y voit à quel excès les ennemis du Roi por-tèrent la licence, la vengeance et même la cruauté. La rentrée du Roi à Paris ne calma point leur zèle. Ils refusoient de la reconnoître. Les royalistes, impatiens de secouer le joug de la tyrannie, s'armèrent, et proclamèrent l'autorité du Roi dans Nimes. Le peuple étoit irrité, et ce fut alors qu'il y eut une réaction, funesie sans doute, mais dont on a beaucoup exagéré les effets. On a démoli le Café de l'île d'Elbe, repaire des agitateurs; on a commis quelques dégâts dans des maisons appartenant à des hommes décriés. D'autres ont été victimes de leur opiniâtreté. Nous gémissons de ces actes illégaux; mais on doit dire que les honnêtes gens de la ville ont fait leurs efforts pour arrêter le mal. Ce qui est arrivé dans la Vaunage et dans la Gardonnenque prouve à quel point l'esprit de révolte avoit jeté de profondes racines. Il's'y est formé des rassemblemens armés, et les généraux autrichiens ont été obligés d'y envoyer des troupes. On peut consulter l'écrit que nous avons cité, et où on paroît s'être proposé de répondre à l'Aristarque, et de détruire les fausses impressions qu'il a cherché à répandre sur la nature des troubles du midi. L'auteur prouve assez bien que la différence de religion n'y est pour rien, et que c'est l'esprit de jacobinisme et l'attachement à l'usurpateur qui ont amené tout le mal.

AU RÉDACTEUR.

L'extrême besoin où se trouve le Roi, et surtout la paix onéreuse que les circonstances fâcheuses où l'ont mis la derniere usurpation du Corse, l'ont forcé de conclure, in'ont engagé à faire remise au trésor royal d'une somme de 200 fr. Cette somme m'avoit été accordée par S. M. comme étant chargé du service de deux succursales, et j'en avois reçu le premier mandat pour 1814, que j'ai renvoyé à M. le préfet, en le priant d'en agréer la remise au nom de S. M Mais qu'est-ce que 200 fr. pour les besoins immenses de notre bon Roi? Ce n'est pas même le denier de la veuve. Aussi me serois-je bien gardé de parler d'un si léger sacrifice, si d'abord je n'avois pas eu occasion de vous écrire, et si, en second lieu, je n'avois pensé que cela pouvoit engager, je ne dis pas quelques-uns de mes confrères (quelles épargnes peuvent avoir en effet des prêtres réduits à 500 fr. de traitemens, et qui n'ont, comme moi, rien touché pour 1815?) mais au moins d'autres personnes, dont les facultés seroient plus considérables.

Si donc vous croyez qu'il puisse résulter quelqu'utilité pour le trésor royal de la publicité de ma modique offrande, vous pourrez en parler dans votre Journal, en laissant toutefois ignorer mon nom; car, en vérité, il n'y a pas là de quoi

se vanter.

J'ai l'honneur d'être,

B., curé de B.

C'est un grand mérite aujourd'hui que de rester dans sa sphère, et de ne pas affecter des connoissances étrangères à son état. On a vu de nos jours un cordonnier faire des tragédies, et voici qu'un vitrier publie des poèmes. Actuellement, c'est un pharmacien qui prétend expliquer les miracles de Moïse. Moltère se fût sans doute égayé d'un tel ridicule; mais les apothicaires de son temps n'avoient pas encore pris ce travers. C'étoit à ceux d'aujourd'hui qu'il étoit ré-· servé de faire les savans et de vouloir rendre raison des miracles. M. Virey, un des rédacteurs du Journal de pharmacie, a inséré, dans un numéro du mois d'août dernier, un article sur le miracle que fit Moïse pour adoucir des eaux dans le désert. Il prétend y expliquer ce miracle par des causes purement physiques. Mais ou M. Virey

croit aux miracles ou il n'y croit pas. Dans le premier cas, il devroit savoir que des miracles ne s'expliquent point par des causes naturelles, et que par-là même qu'ils sont miracles, ils sortent de l'ordre naturel. S'il n'y croit pas, il est bien bon de prendre la peine d'expliquer des récits et des faits qui n'ont pour lui aucune autorité, et qui doivent même souvent lui paroître fort étranges. Or, on a lieu de penser, d'après l'article de M. Virey, qu'il ne nous fait pas l'honneur d'admettre tous les miracles de la Bible. A quoi donc son travail peut-il servir? Il pouvoit bien penser que nous n'avions pas besoin de ses explications pour croire au miracle, ou plutôt que nous regardons ses explications comme en opposition avec le miracle; et quant aux incrédules, ils n'admettront pas plus les explications que le miracle, et ils trouveront sans doute que l'un prouve trop et que les autres no prouvent rien. M. Virey mêle dans son article l'érudition et la chimie, les pères et le muriate calcaire, les rabbins et les acides, et conclut de tout cela que le bois que Moïse fitjeter dans les eaux, avoit la vertu naturelle de les adoucir. Mais le prouve-t-il? Oh! non: il se contente de le dire, sans faire réflexion qu'en supposant même que les moyens chimiques pussent opérer les effets qu'il décrit sur une bouteille d'eau, ils n'auroient sûrement pas autant de vertu sur une masse d'eau telle qu'étoit, suivant toutes les apparences, la source de Mara. Nous en resterons là sur l'article de M. Virey, et nous renvoyons le lecteur à une lettre qui lui a été adressée par M. H. Gaultier de Claubry, qui a pris la peine de le réfuter. M. Gaultier avoit demandé que sa lettre fut insérée dans le Journal de pharmacie, et M. Virey y avoit consenti; mais les autres rédacteurs n'ont pas voulu admettre un écrit où l'on prouvoit assez bien la futilité des commentaires philosophiques, et des procédés chimiques appliqués à des faits d'un ordre surnaturel. Ainsi il est décidé que M. Gaultier aura contre lui les pharmaciens et le Journal de phar. macie; mais il aura en sa faveur les amis de la saine critique et de la religion, et comme il paroît judicieux et sensé, je ne doute pas que cette compensation ne le console abondamment.

LIVRES NOUVEAUX.

Le Desservant, épître à un de mes amis (1), dont on a donné un extrait dans le n°. 129, vient d'être imprimé séparément sur la demande de plusieurs abonnés.

Le Nouvel Emile, ou l'Histoire véritable de l'éducation d'un jeune seigneur françois, expatrié par la révolution; par un ancien professeur à l'Université de Paris (2).

Nous rendrous compte de cet ouvrage.

(1) 8 pag. in-8°.; prix, 30 cent. franc de port. Au bureau du Journal. (2) 4 gros vol. in-18; prix, 10 fr. et 14 fr. franc de port. A Paris, chez Laurent jeune, rue du Bouloi, no. 4; et au bureau du Journal.

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