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Je n'ai reproché aux maires de campagne que des erreurs et des inexactitudes; mais en est-il un seul d'entre nous à la connoissance duquel ne soient parvenues des prévarications à prix d'argent? Les lois relatives à la conscription ont été pour plusieurs une mine d'or qu'ils ont exploitée avec un heureux succès. Cette occasion de corruption se trouve heureusement retranchée; mais s'il s'en présentoit quelqu'autre, vous obtiendriez la conviction de cette triste vérité, que l'occasion du mal manque plutôt à un très-grand nombre de personnes, qu'un très-grand nombre de personnes ne manque à l'occasion du mal.

» Il y a eu des mauvais prêtres, j'en conviens; mais en combien plus grand nombre ne sont pas ceux qui sont demearés fidèles à Dieu et au Roi, et qui sont encore aujourd'hui si utiles! et combien n'y en a-t-il pas eu qui se sont estimés heureux de verser leur sang pour leur foi religieuse et politique!

» Il faut ramener le peuple que l'ignorance et la crédulité mettent à la disposition du premier imposteur qui veut s'en emparer. Les faits parlent; la plupart des maires l'ont égaré. Les prêtres feront leur devoir; ils le font, et, certes, vous avez plus à compter sur eux qué sur les maires.

» D'après ce que j'ai pu recueillir, on reconnoît assez généralement l'avantage de la mesure; mais on craint que les esprits ne soient pas assez disposés, et on objecte qu'il y a en France beaucoup de paroisses où il n'y a pas de desservans.

>> La première considération arrêta, comme je l'ai diť, les auteurs du Code civil; mais il s'est écoulé plus de donze ans depuis sa promulgation, et quand les esprits seront-ils donc assez disposés, s'ils ne le sont après un temps aussi considérable, et surtout après les terribles Feçons que les événemens nous ont donnés?

>> Ceux qui expriment cette crainte, sont loin de connoître toute la force d'opinion que votre attitude, et la mesure que vous avez mis dans votre conduite vous ont

donnée. Déjà plusieurs écrivains distingués se sont pronoucés sur ma proposition, et m'ont devancé dans le public. J'ai la confiance que si vous l'accueillez vous vous concilierez une plus haute estime; que les bons vous en béniront, et que s'il se trouve des personnes qui ne partagent pas l'acclamation universelle, elles auront assez de pudeur pour se condamner au silence.

>> Il est vrai que la hache des bourreaux, la misère et le temps ont beaucoup diminué le nombre des ecclésiastiques.

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» D'un autre côté, la jeunesse n'ayant en perspective, dans cet état, que des humiliations, des privations et des souffrances, il a fallu une vocation bien prononcée pour se décider à l'embrasser.

Cependant, je crois qu'en prenant en masse toutes les paroisses de France, on en trouveroit les trois quarts, et peut-être un plus grand nombre, qui sont pourvues de desservans.

» Priverez-vous les trois quarts des paroisses de France d'un bienfait, parce que l'autre quart a le malheur accidentel de ne pouvoir en profiter?

» Et ce n'est pas qu'il n'y ait toujours des officiers de l'état civil pour celles-ci, puisqu'à défaut de prêtres, les maires pourront continuer à exercer les fonctions qu'ils exercent aujourd'hui.

>> Prenez garde d'ailleurs, Messieurs, que la mesure proposée n'est pas seulement une mesure d'ordre public, et une mesure qui doit rendre le ministère ecclésiastique plus utile, mais encore elle doit faire concevoir l'espérance d'un meilleur avenir pour les prêtres; et ce sera un puissant encouragement pour chercher à mériter d'être élevé au sacerdoce...

» Au surplus, je ne propose que la consécration du principe; et ce sera au gouvernement, lorsqu'on travaillera à la rédaction de la loi, à s'occuper des détails ».

Nous comptions donner aussi ici quelques extraits.

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du rapport de M. Chifflet sur les dotations du clergé. Cet autre discours ne mérite pas moins que le précédent de fixer l'attention des hommes sages. Le défaut d'espace nous oblige à renvoyer cette matière au numéro suivant. Mais nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que le clergé doit voir avec satisfaction le zèle avec lequel des législateurs, bien différens de la plupart de leurs devanciers, s'occupent de tout ce qui peut intéresser la religion et la morale. Cela confirme heureusement ce que nous disions naguères de l'esprit qui anime la chambre. On pent tout espérer de députés si bien intentionnés, et qui s'annoncent aussi franchement pour les protecteurs du clergé et pour les restaurateurs des anciennes institutions. Je crois qu'à tout prendre, cette chambre vaut bien celle de Félix Lepelletier et de Barrère.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.,

ROME. Des journaux ont annoncé que le saint Père étoit indisposé. Nous assurons avec plaisir que S. 8. jouit constamment d'une santé très-florissante.

-Son Em. le cardinal Litta, arrivé à Venise, a présenté à l'empereur d'Autriche le bref de S. S. Il a été accueilli de S. M. 1. avec beaucoup de bienveillance, et s'est mis en route pour Milan, où il précédera ce prince.

-Le 31 décembre, les premières vêpres de la Circoncision furent chantées solennellement dans la chapelle Pauline du Quirinal, en présence du souverain Pontife; après quoi le sacré collége se rendit à l'église de Jésus, où l'on chanta le Te Deum en actions de grâces des bienfaits accordés par le Tout-Puissant à son Eglise dans le courant de cette année. Le cardinal Mattei donia la bénédiction. Le jour de la fête, S. S. assista à la grand'messe, chantée par le cardinal Galeffi.

Le jour des Saints-Innocens, six Juifs ont reçu le baptême, dans l'église des XII Apôtres, des mains de M. Frattini, archevêque de Philippes, et vice-gérent de Rome.

-On écrit de Nice, que douze religieux Capucins y ont été réinstallés dans leur couvent, et y ont renouvelé leurs vœux et reçu leur habit des mains de M. l'évêque de cette ville, en présence du commandant de la ville et d'un peuple nombreux.

PARIS. Le service pour M. de la Roche-Jaquelein a eu lieu dans l'église Saint-Sulpice, le mercredi 17. L'église étoit tendue de noir, et les frais de la cérémonie ont été faits par MM. les officiers du quatrième corps de l'armée de la Vendée. Un grand nombre de militaires assistoient à la cérémonie. Des pairs, des députés et des personnes de la plus haute distinction s'étoient réunis au frère et aux enfans du mort pour rendre hommage à la mémoire d'un des plus fidèles serviteurs du Roi. M. l'abbé de Retz officioit. Après l'Evangile, M. l'abbé de Quelen, vicaire-général de la grande-aumônerie, a prononcé l'oraison funèbre du défunt. Son texte étoit ingénieusement choisi. Il étoit tiré du second Livre des Rois: Vivit Dominus, et vivit Dominus meus Rex; quoniam in quocumque loco fueris, Domine mí Rex, sive in morte, sive in vita, ibi erit servus tuus. Le sujet étoit la fidélité au Roi, commandée par la religion, par l'honneur et par la patrie. L'orateur a développé ces trois motifs de manière à y ramener l'éloge du marquis de la Roche-Jaquelein, et il y a surtout insisté sur le regret qu'a manifesté plusieurs fois ce généreux, François de ne pouvoir faire triompher la cause du Roi sans le secours des étrangers. Il a montré aussi combien, pendant la révolution, on avoit abusé du nom de l'honneur, alors même qu'on en méconnoissoit les règles, et qu'on en abandonnoit les sentiers. Ce n'est pas assez d'être sans peur, a-t-il dit, il faut être sans reproche; et ici, rappelant ces paroles d'un traître: La cause des Bourbons est à jamais perdue, il s'est élevé avec au

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tant de vigueur que de dignité contre cette prophétie in sultante et heureusement trompeuse, et a terminé ce mor ceau en s'écriant avec l'accent d'un coeur vraiment françois: Non, la cause des Bourbons ne sera point perdue, tant qu'il restera une étincelle d'honneur dans un cœur françois. A la fin de la cérémonie, M. le cure de SaintSulpice a fait les absoutes. M. de Coucy, évêque de la Rochelle, étoit présent à la cérémonie. On sait que son liocèse renfermoit une partie de la Vendée, et on a vu avec plaisir ce prélat distingué par sa fidélité au Roi, prendre part à ces honneurs rendus à un guerrier fidèle, et joindre ses prières à celles d'une nombreuse assémblée. La quête faite à ce service a produit 14,000 francs, en comptant les sommes envoyées par le Roi et par les Princes.

-On fait des préparatifs dans toutes les églises pour le service anniversaire du 21 janvier. Les Princes et des députations des deux chambres assisteront au service de Saint-Denis, où M. Duchilleau, évêque de ChâJons-sur-Saône officiera. Il y aura aussi un service à Notre-Dame, où se trouveront les principales autorités de la capitale. Dans la chapelle du Roi, M. l'ancien évêque de Châlons-sur-Marne, pair de France, dira la

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Dans un jour où tous les bons François sont affectés de douloureux souvenirs, et où une seule pensée occupe tous les esprits, nous croyons devoir rappeler une production trop peu connue, et qui a rapport à l'événement fatal que nous cherchons à expier. Nous voulons parler du discours prononcé par Pie VI en consistoire sur ce sujet, le 17 juin 1793. Ce discours pieux et touchant eût mérité aussi d'être lu dans les chaires chrétiennes, et la sensibilité du Pontife est aussi un hommage aux vertus du Monarque.

Nous avons reçu plusieurs Mandemens pour la triste solemnité de ce jour. M. l'évêque de Baïeux remonte aux causes du crime que nous pleurons, et les trouve dans des doctrines funestes et dans de faux sys

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