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têmes qui irritèrent les désirs, exaltèrent les passions, égarèrent la raison d'un peuple. Ce passage est trop frappant pour ne pas être médité:

Grand Dieu, quel infernal génie a pu porter des Fran cois à des excès si coupables? L'incrédulité, N. T. C. F., fut ce génie malfaisant. Une secte impie avoit formé le projet de renverser la constitution religieuse et politique, qui, depuis tant de siècles, faisoit la force et la gloire de la France, Pour y parvenir, il falloit inspirer le dégoût des mœurs antiques, le mépris de la religion et de ses pratiques augustes; il falloit avilir aux yeux des peuples l'autorité royale. Ce fut parmi les hommes instruits et dans les premières classes de la société que de faux sages répandirent d'abord leur doctrine empoisonnée. Mais bientôt le peuple saisit avidement ces nouveautés impies: il crut sans peine qu'il étoit le seul souverain; que tout ce qui tendoit à mettre un frein à ses passions étoit une tyrannie; qu'aucun devoir de conscience ne l'obligeoit d'obéir à son Roi; que s'il existoit un Dieu, ce Dieu n'étoit pour rien dans le gouvernement des empires; qu'enfin, dégagé de ces liens incommodes dont on avoit jușqu'alors enchaîné sa liberté, il pouvoit impunément se livrer à toute sorte de licence et d'audace.

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» Nous ne sommes donc plus surpris, N. T. C. F., qu'un peuple, dont on avoit égaré la raison, irrité les désirs, exalté fes passions, un peuple devenu sans frein, sans morale et sans religion, ait souffert que des factieux commissent, sous ses yeux, en son nom, et néanmoins contre sa volonté, le plus horrible des attentats. Si la lumière qui est en nous n'est que ténèbres, dit Jésus-Christ, combien seront grandes les téněbres mêmes?

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» Mais ce qui nous surprend et nous afflige profondément, N. T. C. F., c'est de voir que tant d'années d'erreurs, de crimes et de désastres, n'aient pu dégoûter de la manie des systêmes d'une politique absurde, et des chimères d'une philosophie anti-religieuse, certains esprits aveuglés par d'injustes passions.

» La même fureur révolutionnaire, qui, à la fin du dernier siècle, sembla s'emparer de tous les esprits et bouleverser toutes les têtes, ne l'avons-nous pas vue, dans ces derniers temps, reparoître avec une nouvelle impudence, et accompa guer l'usurpateur dans sa marche audacieuse et impie? N'a

vons-nous pas entendu les mêmes discours, les mêmes vociférations et les mêmes menaces? N'a-t-on pas affiché le même mépris des sermens les plus solennels, et des engagemens tes plus sacrés? N'a-t-on pas vomi les mêmes imprecations et les mêmes blasphemes contre le Roi, contre la religion et ses ininistres, et contre Dieu lui-même »?

- La même pensée n'a pas échappé à M. l'évêque de Metz, dans son Mandement pour la même circonstance, et le prélat y a ajouté une instruction tirée des paroles mêmes du Testament de Louis XVI.

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- Enfin, M. l'évêque de Troyes a fait aussi présent à son diocèse d'un Mandement, dont la brièveté ne nous "permet pas d'en rien retrancher:

« Nous touchons, N. T. C. F., à ce triste et déplorable anniversaire, à cette amende honorable nationale où le deuil le plus solennel doit expier le plus grand des crimes, et réparer l'injure la plus mémorable que les hommes aient pu faire au ciel. Quel est le cœur françois qui n'ait déjà devancé par ses vœux cette funèbre commémoration, et ne s'empresse de partager un deuil aussi juste et aussi légitime? Quel est le cœur chrétien qui ne désire de faire de ce jour, le plus horrible de notre histoire. un jour de pénitence, de douleur et de repentir, et ne se fasse un devoir sacré d'assister à ce sacrifice divin qui va s'offrir pour la plus grande et la plus auguste victime qui jamais ait été immolée par la fureur des factions et par l'impiété en délire.

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Déjà sans doute les orateurs sacrés se disposoient à célébrer dans les saints temples l'éloge du Roi-martyr. Déjà nousmêmes nous comptions lui payer ce tribut si cher à notre cœur, dans le premier temple de la capitale, lorsque S. M. nous a fait connoître le désir qu'elle a que, dans aucune église, il ne soit prononcé d'oraison funèbre le 21 janvier, et qu'on se borne à lire en chaire le Testament de Louis XVI, comme le plus noble moyen de rappeler aux François les grandes vertus de ce Prince.

» C'est en effet, N. T. C. F., la plus belle oraison funèbre qui puisse être offerte à notre admiration, et le plus beau titre qui puisse le recommander à la mémoire des hommes et ce n'est pas sans doute une gloire médiocre pour Louis, que les -orateurs les plus éloquens ne puissent, avec tout leur art,

nous rien dire de plus noble et de plus touchant pour sa louange, , que cette production sans art, sublime à force d'être simple, où ce vertueux Prince nous décèle, à l'insu de luimême, tout le secret de sa grande ame.

>> Nous le lirons donc, N. T. C. F., ce Testament impérissable qui vivra aussi long-temps que la monarchie; d'autant plus digne d'être proclamé dans la tribune sainte, qu'il appartient à l'histoire des saints, et d'autant plus honorable à la religion, que c'est elle-même qui l'a dicté. Et quel autre sentiment que celui de la religion auroit pu soutenir Louis à une si haute élévation, et lui inspirer cette abnégation surhumaine qui le porte non-seulement à pardonner à ses ennemis, non-seulement à oublier leurs crimes pour ne songer qu'à leurs malheurs, mais à leur demander pardon lui-même du mal qu'il ne leur avoit pas fait : que disons-nous? du mal qu'ils lui faisoient eux-mêmes? Héroïque magnanimité dont il n'y a nul exemple dans les annales de la vertu, et dont nous chercherions en vain la moindre trace dans les sages les plus vantés de l'antiquité !

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» Mais comment un monument aussi précieux pour tion, et aussi glorieux pour cet infortuné monarque, a dû donc parvenir jusqu'à nous, malgré tant de mains infidèles, intéressées à le ravir à nos respects? Admirons ici, N. T. C: F., la divine Providence qui a voulu qu'un testament, qui fait la plus haute condamnation de tous ses ennemis, ait été conservé par ses ennemis mêmes, et par ces magistrats impies qui présiderent à son immolation: qui a voulu que des organes non suspects et d'autant plus dignes de croyance qu'ils sont plus vils et plus coupables, nous l'aient transmis avec fidélité, afin qu'il ne restât plus aucun doute sur son authenticité, et qu'un irrécusable témoignage éternisât ainsi tout à la fois et la gloire de la victime et l'opprobre des bourreaux.

» Il faut donc, N. T. C. F., que nous allions pleurer entre le vestibule et l'autel. Il faut que dans cette grande commémoration se renouvelle cette vive horreur, cette consternation profonde où fut plongée la nation, le jour de la fatale. catastrophe. Il faut que, d'un bout de la France à l'autre, on puisse lire sur tous les fronts que le peuple François est innocent de la mort de son Roi, et que bien loin d'avoir été complice de ce forfait à jamais détestable, il le voue à l'exécration de l'univers. Il faut qu'à l'exemple d'une nation rivale qui venge tous les ans, par un deuil général, là na

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jesté des rois, nous la surpassions en douleur et en regrets, comme nous l'avons surpassée en injustice et en ingratitude. Il faut que, par un surcroît de supplications, de jeunes et de bonnes œuvres, nous obtenions du Père des miséricordes, que cette grande et mémorable iniquité ne nous soit pas imputée, et que suivant l'expression du prophète, il la transporte loin de nous. Il faut enfin que nous allions nous prosterner devant l'hostie de propitiation pour l'invoquer en faveur de celui qui fut victime de son peuple, victime de sa vertu même. Mais que parlons-nous d'invocation? Est-il bien vrai que Louis ait encore besoin de nos prières? Est-il vrai que ce soit pour lui ou pour nous que les expiations soient nécessaires? Est-il vrai que ce soit à nous à lui offrir le secours de nos vœux et de nos suffrages, ou est-ce lui qui déjà intercède pour nous du haut des cieux où il repose? N'en doutons pas, N. T. C. F., et croyons sans témérité, que cette ame prédestinée, purifiée par tant de souffrances, a déjà reçu la récompense de ses vertus : que le Seigneur a eu pour lui cette même clémence qu'il a eu pour les autres, et que toutes les fragilités, toutes les ombres de sa vie, ont disparu devant le jour immortel de sa mort ».

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M. Gouin vient de faire imprimer un projet de pompe funèbre pour le 21 janvier. Après des réflexions sur les vertus de Louis XVI, il propose des cérémonies expiatoires. On voit que son plan avoit été conçu dès 1797, et il paroît même avoir été imprimé à cette époque. M. Gouin, destitué pour ses opinions d'une place qu'il occupoit aux Postes, vient d'y être réintégré. Il doit, avec ses sentimens, se trouver heureux de voir son projet adopté, sinon dans toutes ses parties, da moins quant aux dispositions principales,

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 15 janvier, le Roi a reçu après la messe MM. les ambassadeurs et ministres étrangers. A cette audience, M. le comte de Laval, chargé d'affaires de Sardaigne, a été présenté par M. de la Live, introducteur des ambassadeurs. A

deux heures, Mme, la comtesse de Peralada, ambassadrice d'Espagne, a été présentée au Ror et à la famille royale, au cercle de MADAME, duchesse d'Angoulême, où elle a été conduite avec les formes accoutumées. Le même jour, elle a dîné au château, à une table de cinquante couverts, tenue par M. le duc d'Escars, premier maître-d'hôtel du Roi, et dont Mme. la duchesse de Damas faisoit les honneurs.

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Une ordonnance du Roi contient un réglement sur l'administration des invalides. M. le duc de Coigny est nommé gouverneur de l'hotel. M. le duc de Lorges et M. le comte de Villemanzi sont membres du grand conseil d'administration; M. le marquis d'Avaray, le baron Millet-Mureau, le comte Edouard de Dillon et le maréchal de camp de Vieusseux sont membres du conseil d'administration. M. Adolphe des Portes est directeur de la dotation; M. de Walville, administrateur comptable, et M. L'abbé de Morambert, trésorier.

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- Le général Morgan a été arrêté et conduit à la police.. - Un ancien conscrit, nommé Phélipau, né dans les environs de Saumur, qui sé faisoit appeler Charles de Navarre, a été arrêté en Bretagne. On soupçonne que son cerveau est dérangé, et son imposture ne paroît tenir à aucune menée, contre le gouvernement. On le conduit en ce moment à l'hôpital de Bicêtre de Rouen.

-On instruit l'affaire des trois Anglois, Wilson, Bruce, et Hutchinson, qui sont accusés d'avoir favorisé l'évasion de Lavalette. Ils ont été transférés à la Force. Un d'eux a, dit-on secondé personnellement la fuite de Lavalette, lui a donné un uniforme de général anglois, un passe-port de l'ambassade, et l'a escorté jusqu'aux frontières. Il paroît certain que l'on a trouvé, dans les papiers de l'un des prévenus, le manuscrit original d'un mémoire ridiculement attribué à l'ambassadeur d'une grande puissance, mémoire qui avoit beau coup de ressemblance avec les fameux rapports de Fouché cet été, et que l'on faisoit circuler dans le public pour satisfaire des vues et des menées contraires à la tranquillité de l'Etat. Les journaux de l'opposition, en Angleterre, qui faisoient circuler tant de nouvelles absurdes, n'auront peut-être plus une correspondance si exacte à en imposer.

On dit que ce n'est que le 9 janvier que Lavalette est sorti de Paris. Un agent de la police avoit remarqué, dans un hôtel da faubourg Saint-Honoré, des équipages dont on ne se ser

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