Page images
PDF
EPUB

porté plus qu'on n'osoit l'espérer, a rendu cette cérémonie plus intéressante encore, et a même été une sorte d'expiation, puisqu'il est écrit que l'aumôné ráchèle les péchés.

Le dimanche 21 janvier, on a célébré dans l'église Saint-Sulpice la fête de ce saint, patron de la paroisse. M. Poynter, évêque d'Halie, et vicaire apostolique du district de Londres, a officié pontificalement. Ce prélat, comme nous avons en occasion de le dire, est depuis quelque temps en France, où il poursuit la res titution des biens qui appartenoient aux catholiques des trois royaumes, et dont on les a dépouillés. La dignité avec laquelle il s'acquitte des cérémonies de l'Eglise, et l'air de piété et de recueillement qui paroissent dans toute sa personne ont édifié tous les assistans. M. Poynter succéda, il y a environ trois ans, à M. Douglas, dont il étoit coadjuteur. Il s'est attiré l'estime générale en Angleterre par son zèle et sa prudence, et a reçu des protestans mêmes, dans ses rapports avec eux, des témoignages honorables d'intérêt et de respect.

D'après le voen exprimé par un grand nombre de députés, il sera dit tous les matins, à onze heures et demie, au palais Bourbon, une messe dans la chapelle.

D'après une lettre que M. l'ambassadeur de France a Rome a écrite aux évêques, les demandes qui lui sont adressées, soit pour les congrégations et tribunaux, soit pour S. S. elle-même, doivent porter le contre-scing de l'ordinaire.

[ocr errors]

Le ministre de la marine prévient MM. les ecclésiastiques qui se destinent au service de nos colonies (la Martinique, la Guadeloupe, le Sénégal et l'ile Bourbon), que l'indemnité pour leur déplacement est fixée à 600 francs, et qu'il leur est accordé de plus 5 francs pour frais de route par myriamètre jusqu'au lieu de l'embarquement, le passage dans les vaisseaux aux frais du Roi, la table de l'état-major, et dans la colonie un traitement de 2000 fr.

M. l'abbé Lambert, vicaire-général du diocèse de

[ocr errors]

Meaux, qui dans tous les temps, surtout les plus orageux de la révolution, a donné aux Bourbous des preuves de son dévouement, vient d'en donner une nouvelle en faisant au Roi l'abandon, 1o. de son arriéré de traitement de 1813; 2o. du quart, pendant trois ans, de son traitement (environ 2700 francs), pour être employés à coopérer aux frais du monument sur les lieux où ont été déposés les corps du Ror Louis XVI et de la Reine, son auguste épouse. Le Roi a daigné accepter cette offre, et approuver les sentimens qui ont porté ce digne ministre de l'autel à cette action généreuse.

-Des habitans de Montpellier, et en dernier lieu des habitans de Versailles ont signé un acte par lequel ils déclarent désavouer le crime du 21 janvier, et regretter de n'avoir pu l'empêcher au prix de leur sang.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Une princesse auguste, au milieu de ses pensées de douleur, n'a point oublié les malheureux. La veille d'un jour funeste, elle a fait délivrer trente-deux hommes et cinq femmes détenus pour dettes. La piété qui a dicté ce bienfait auroit voulu en cacher la source. La reconnoissance ne l'a pas souffert....

[ocr errors]
[ocr errors]

Des bruits absurdes circulent dans les campagnes, et jusque dans quelques quartiers de la capitale. On fait croire à de bonnes gens que l'homme fatal à la France sera incessamment de retour, qu'il s'est échappé, et qu'il a rassemblé une armée de Turcs et d'Américains. Il lui est aussi impossible d'avoir une pareille armée que de prendre, comme on dit, la lune avec les dents. Les personnes un peu instruites en géographie savent que Sainte-Hélène n'est point propre pour des rassemblemens de cette nature. Cette île n'est ni voisine de nous, ni commode pour les intelligences. Que les personnes instruites et bien intentionnées s'appliquent donc à redresser les erreurs d'un peuple crédule que l'on voudroit encore égay a des où ces bruits ont fait déserter un campagnes marché. On disoit que l'armée du tyran alloit arriver. Les amuis de cet homme-là ont toujours si fort menti qu'ils n'en peuvent perdre l'habitude. Ce moyen leur réussira-t-il tou

ver,

n

jours, et si on déteste la perfidie de leurs menées, ne faut-il pas plaindre la facilité de leurs dupes?

-

Une ordonnance du Roi, du 17 janvier, porte que tous les individus compris dans l'art. 2 de l'ordonnance du 24 juillet, sont maintenus sur cette liste; qu'ils sont tenus de sortir du royaume le 25 février au plus tard, et qu'ils n'y pourront rentrer sans autorisation; le tout sous les peines portées par l'art. 2 de la loi du 12 janvier.

- Une partie d'un corps nombreux de troupes angloises s'est embarquée à Calais. Les vents contraires ont retardé l'embarquement; de sorte que dans la crainte que la mauvaise saison ne prolongeât encore cette opération, et pour éviter l'épuisement des pays environnans, plusieurs corps ont été arrêtés sur la route qu'ils avoient parcourue. L'arrivée de quelques détachemens qui viennent compléter les régimens de l'armée d'occupation, a donné lieu au bruit que les troupes revenoient dans l'intérieur. Mais les mouvemens des troupes qui feront partie de l'armée d'occupation, sont sur le point d'être terminés, et on peut être assuré que sous peu de temps les conditions du traité du 20 novembre auront reçu à cet égard et sur tous les points leur complète exécution.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS..

Voici le texte de l'adresse qui a été signée dans la séance du 18 janvier, et qui a été présentée à S. M. le lendemain, la députation dont nous avons fait connoître les membres : Sire, vos fidèles sujets de la chambre des députés viennent offrir à V. M. un bien douloureux hommage.

par

་་

» Pour épargner à la France le crime dont ce jour renouvelle la mémoire, Louis XVI, votre auguste frère, en avoit appelé à son peuple. Après vingt-trois ans d'asservissement et de calamités, le peuple françois, rendu à la liberté et à luimême, peut enfin répondre à l'appel de son Rot. Nous venons en son nom, à la face de l'Europe, en présence du trône révéré de Henri IV et de saint Louis, désavouer cet attentati Non, Sire, il ne fut point le crime de la France. Nous en altestons la confiance du Roi-Martyr, les innombrables victimes dont le sacrifice suivit le sien, les transports qu'excita votre retour; nous en attestons l'horreur qu'inspire à la na~ tion les auteurs de ce forfait. Ils avoient cru anéantir le pacte antique qui unit nos destinées à votre auguste famille; ils le rendirent plus sacré. Qu'il nous soit permis, Sire, d'en

[ocr errors]

renouveler aujourd'hui l'inviolable engagement, pour nous consoler des souvenirs que ce jour affreux nous rappelle; souffrez qu'organes de la France en deuil, nous vous disions : Sire, nous n'avons pas dégénéré de la loyauté de nos ancêtres. Tant que votre illustre race existera, nous lui serons fidèles : jamais nous ne reconnoîtrons pour nos Rois légitimes que les princes qui en seront issus. et à qui l'ordre de primogéniture en aura imprimé le caractère. Nous le jurons devant Dieu et devant les hommes. Que le nom françois se perde dans l'oubli, plutôt que de trahir ce serment de l'honneur »>!

» Nous le déposons à vos pieds, Sire, et nous supplions V. M. d'ordonner que, gravé sur l'airain, et souscrit du nom de tous les membres de la chambre des députés, il soit attaché au monument expiatoire que la douleur nationale prépare, afin de transmettre à la postérité la plus reculée, et la protestation du peuple françois contre l'attentat du 21 janvier, et le témoignage solennel des sentimens qui nous

animent ».

Dans le comité secret du 22, la chambre des députés a entendu une proposition pour établir la présomption de décès à l'égard des militaires absens depuis un an. M. de Bonald, dans un rapport éloquent, a proposé l'ordre du jour sur les témoignages de reconnoissance à accorder aux François fidèles au 20 mars. La discussion s'est établie sur le rapport de M. Chifflet, porté plus haut.

AVIS.

L'augmentation que les journaux viennent d'éprouver dans les impôts et rétributions dont ils sont chargés, nous force à faire quelques changemens dans le prix. Les autres journaux ont porté leur abonnement à 72 francs. Nous n'augmenterons le nôtre que de 3 francs pour l'année entière; ayant même égard à la situation de la plupart des ecclésiastiques, et voulant leur donner une preuve de notre désintéressement, nous n'ajouterons qu'un franc à l'abonnement de six mois, et nous laisserons celui de trois mois tel qu'il est. Nous espérons que nos abonnés verront dans la modicité de ces prix une preuve du désir que nous avons de concilier leurs intérêts avec les nôtres.

Ainsi les abonnemens seront à l'avenir de 28 fr. pour l'année, de 15 fr. pour six mois, et de 8 fr. pour trois mois.

Les personnes dont l'abonnement expire le 12 février prochain, sont invitées à le renouveler, pour éviter tout retard ou interruption.

Les Abonnés qui nous avoient envoyé le prix de leurs souscrip tions avant l'impôt mis sur les journaux, sont invités à nous faire passer le surplus à la première occasion.

(Samedi 27 janvier 1816.)

(No. 155.)

Du Congrès de Vienne; par M. de Pradt (i).

ON conçoit que M. de Pradt eût espéré piqner la curiosité en écrivant l'histoire d'une ambassade où il avoit été acteur, en présentant des faits ignorés, et en peignant, d'une manière quelquefois plaisante et originale, un homme dont le nom scul appelle l'at tention, et dont la vie prête aux développemens. A-t-il pu se flatter du même succès en parlant avéë prolixité d'un congrès auquel il n'a pas assisté, et en ne disant sur cette assemblée que ce que tout le monde a déjà sú ou pensé? S'il avoit eu à révéler quelque particularité secrète; s'il avoit pu nous apa prendre la marche des négociations, et ce qui s'étoit dit et fait dans les conférences; s'il avoit et à sa disposition les portes-feuilles des ministres, et qu'il eût été en état de communiquer les notes, les projets et les contre-projets qu'on échangea à Vienne pendant six mois, l'intérêt et la curiosité eussent pu être excités par ces publications inattendues, et l'indiscré tion de l'ambassadeur eût amusé le lecteur avide d'ànecdotes et même de satires. Mais délayer dans deux volumes un traité de quelques pages, disserter sur ee qui a été fait, examiner longuement ce qu'il y avoit à faire, répéter des observations triviales, et pour va riet, se répéter soi-même, ce n'est pas le moyen d'a Voir de la vogue et de faire du bruit. On n'est pas toujours heureux.

(1) 2 vol. in-8°.

Tome VI. L'Ami de la Religion et du Rot.

« PreviousContinue »