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dans le nombre qui conseilleront à ce jeune homme de se reufermer dans ses attributions. Il n'est pas chargé de contrôler ce qui se passe dans la chambre, mais d'écouter ce qui s'y dit. C'est un scribe, et non un critique. Qu'il daigne se borner à ces modestes fonctions, soit, comme diroient d'aucuns, pour s'épargner le ridicule d'une censure qui ne couvient point à son âge, soit, comme nous dirons nous qui sommes plus polis, pour ne pas affliger la chambre et le clergé par une improbation dont ils ne se consoleroient pas de la part d'une si grave autorité.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 27 janvier, M. le duc d'Angoulême, accompagné du maréchal Victor, alla visiter les chasseurs de la garde, casernés dans la rue du Peti-Musc, au Marais. Lorsque S. A. R. entra dans le quartier, il n'y avoit qu'un trèspetit nombre de soldats avec lesquels elle s'entretint longtemps, leur demandant quelles campagnes ils avoient faites, s'ils étoient bien nourris, bien payés, et entrant avec la plus grande sollicitude dans les détails qui pouvoient les interesser. Un sapeur que la bonté du prince avoit enhardi, allà chercher une bouteille de vin et plusieurs verres, et proposa à ses camarades de boire à la santé du Roi et du duc. Mes amis, dit le prince, allez me chercher un verre, je veux trinquer avec vous à la santé du Roi. En effet, le prince et le maréchal heurtèrent leurs verres contre ceux des chasseurs Les cris de Vive le Ror! partirent de toutes parts, et le prince laissa ces braves pénétrés de reconnoissance pour sa visite et ses bontés.

Les corps anglois qui se trouvoient encore à Saint-Denis, Ruel, et autres lieux environnans, se sont mis en marche pour le nord. Ceux qui occupoient la caserne de la grande rue Verte à Paris, ont pris la même direction.

-Le général Travot a été arrêté à l'Orient, comme prévenu d'allentat contre l'autorité légitime. Il a été transféré à Rennes, d'où l'on croit qu'il sera ainené à Paris.

-M. Lavalette est sortie de la Conciergerie en donnant une caution.

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- Une ordonnance du Roi statue que les conscrits ou pa rens de conscrits expropriés et adjudicataires de leurs propres biens, seront, eux ou leurs enfans et héritiers, dispensés de payer les sommes qui peuvent encore être dues sur le prix des adjudications de ces biens.

Un avis de la commission de l'instruction publique porte que les instituteurs primaires ne sont point tenus de faire renouveler leurs diplomes d'ici au 15 février, comme on l'avoit faussement annoncé dans quelques journaux.

-S. M. a nommé les prevôts des cours prevôtales pour Rennes, Evreux et Bourg.

-Les dons offerts par la gardé nationale se multiplient. Ceux de la 5. légion s'élèvent à 12,000 francs, sans compter 8000 fr. pour les indigens. Le Roi a chargé le maréchal commandant de lui en témoigner sa satisfaction..

MM. de Scey et de Villeneuve sont nommés préfets de Besançon et de Bourges.

Il est décidé

que le département de la Moselle ne sera pas occupé par les troupes prussiennes ; mais elles restent dans les départemens de la Meuse et des Ardennes.

-M. de Sainte-Suzanne, ex-préfet, vient d'être arrêté à Montargis et conduit à Paris.

-On a parlé de troubles arrivés à Lyon. La police a fait arrêter en effet quelques individus qui paroissent avoir tenu des conciliabules. Elle s'occupe de rechercher tous les détails de cette affaire. Lyon est très-calme.

- Le sieur David, qui n'a pas toujours fait de beaux ta◄ bleaux, et qui s'est, pour son malheur, mêlé de politique, est parti de Paris, le 25 de ce mois, et a pris la route de l'Italie, où il va, dit-on, se fixer. Il avoit demandé à emporter le portrait du Pape qu'il avoit fait en 1805, et qu'on a vu exposé au salon. Il comptoit apparemment faire hommage de ce portrait S. S.; mais le Roi n'a point voulu se dessaisir de cette belle composition, qui retrace si bien le caractère de piété et de bonté du souverain Pontife, et qui, placée dans les appartemens de S. M., sera un gage de l'intérêt et des égards qu'elle porte au chef de l'Eglise..

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Les journaux ont annoncé le départ de plusieurs des individus compris dans le dernier article de la loi sur l'amnistie,

B

et ils ont dit entr'autres que MM. Grégoire et Sieyes alloient passer en Amérique. Ce dernier se trouve en effet dans le cas prévu par la loi. Mais est-on bien informé à l'égard de l'autre? Pour encourir le bannissement, il faut deux choses, avoir voté la mort de Louis XVF, et avoir accepté des places ou signé l'acte additionnel au retour de l'usurpateur. Or, M. Grégoire n'a point occupé de places, en dernier lieu, sous Buonaparte, et n'a point été de sa chambre des pairs. Quelques personnes en furent étonnées dans le temps. On explique ainsi cette sorte de disgrâce, qui sera heureuse en ce moment pour l'ex-sénateur. Il avoit été, dit-on, appelé aux conférences pour la constitution qu'on devoit proclamer au champde-mai; mais ses conseils ne furent pas suivis, et ne trouvant pas la nouvelle constitution assez libérale, il alla courageuseinent mettre non sur le registre. Le despote ne le lui par donna pas, et lui fit l'honneur de ne point le nommer pair. Voilà ce qu'on dit sur le second point. Quant au premier, c'est-à-dire, au vote de l'ex-conventionnel dans le proces de Louis XVI, ses amis essayent encore de prouver que la loi ne l'atteint pas sous ce rapport. Il y a bien certain discours prononcé à la tribune de la convention, le 15 novembre 1792, où Louis XVI est appelé un faussaire, un traître, un bourreau, un tyran, un homme couvert de sang et de crimes, qu'il importe de juger, et dont l'impunité seroit un attentat. Il y a bien une lettre écrite du Mont-Blanc, où l'on vote pour la condamnation de Louis Capet par la convention, sans appel au peuple. Mais le mot à mort n'y est pas, et ce vole n'a pas compté. Louis XVI y est condamné, cela est vrai A quoi, direz-vous à l'auteur? A vivre, vous répondra-t-il, et c'est ce qu'il a fort ingénieusement expliqué dans un docte commentaire sur son vote, où il prouve que Louis XVI n'avoit pas de meilleur ami que lui; ce qui ne laisse pas que de donner une haute idée de son obligeance en amitié. Il est vra encore que, dans un écrit subséquent, M. Grégoire a dit la mort d'un Roi étoit pour l'humanité un motif d'allégresse, ́et a encore adressé quelques douceurs à celui que nous avons, dit-il, exterminé. Toutefois ses apologistes objectent que ces phrases étoient alors à la mode, qu'elles prouvent plus de forblesse que de complicité, et plus de lâcheté que de scélératesse, et qu'enfin M. Grégoire n'a pas formellement voté la mort de son Poi, et s'est contenté de le condamner. Ils pré

que

tendent donc qu'il doit échapper à la peine prononcée par la dernière loi. Nous avons exposé les raisons pour et contre dans toute la simplicité de notre ame, et nous faisons des vœux bien sincères pour qu'on rende toute la justice qui est Que à un philanthrope si pur, qui, à la vérité, n'aime pas les rois, cette classe d'êtres purulens, la lepre des gouvernemens et l'écume de l'espèce humaine, mais qui en revanche porte un tendre intérêt aux Juifs, aux nègres et aux peuples opprimnés. C'est ce qui a fait apparemment courir le bruit qu'il alloit à la cour du souverain d'Haiti, le seul peut-être auquel il pardonne d'être roi, à cause de sa couleur prononcée et de la candeur de son ame. On disoit qu'il étoit appelé dans ce pays pour travailler à une constitution libérale. În ajoutoit que le prelat devoit y organiser une église constitutionnelle et patriotique, à l'instar de celle qu'il aimoit tant; mais nous croyons ce bruit au moins prématuré. Seroit-il donc écrit que l'Europe perdroit tout à coup ses plus brillantes lumières, et que la France seroit obligée d'envier au nouveau monde tous ces sages auxquels on n'a à reprocher que de l'avoir un peu trop éclairée et un peu trop régénérée ?

- La guerre de plumes continue en Allemagne entre les défenseurs et les adversaires des sociétés secrètes. M. Schmalz est secondé par des écrivains qui se déclarent, comme lui, contre ces sociétés, et qui en signalent les dangers. L'auteur d'une nouvelle brochure, intitulée Les Manteaux Rouges et les Manteaux Bleus, peint les menibres de ces sociétés comme des égoïstes, qui parlent sans cesse de leur attachement à la patrie, mais qui se bornent à des démonstrations de zèle en paroles, qui accaparent les emplois, se placent à la tête des administrations, font réciproquement leur éloge, prêchent la tolérance et les idées libérales, mais ne veulent les reconnoître que dans leur parti. On se demande s'il n'y auroit pas de ces gens-là ailleurs qu'en Allemagne.

Un écrit périodique, dont les livraisons étoient fort arriérées, vient d'en donner coup sur coup deux ou trois remplies de pièces contre le Concordat. L'auteur en a grossi aisément son recueil; il n'a eu que la peine de les transcrire. Il paroît prendre un singulier plaisir à faire le procès à cette transaction fameuse. Ne seroit-il pas plus prudent, dans un moment de négociations, d'éviter ces sortes de discussions, et de ne pas jcter au milieu de nous de nouvelles

pommes de discorde? Ce n'est pas, lorsqu'il est question de paix, qu'il convient de recommencer des hostilités. Ce n'est pas lorsque les chefs se concertent pour un heureux accord qu'un soldat doit rompre la trève, et provoquer au combat. Si les adversaires du journaliste étoient aussi ardens que lui, il en résulteroit des controverses et des disputes qui ne pourroient qu'échauffer les esprits, et contrarier les vues de l'une et de l'autre puissances pour la paix. Nous sommes fort éloignés de vouloir remuer ces questions délicates, et nous nous reposons sur les lumières, le zèle et la sagesse de ceux qui sont appelés à rendre le repos à l'Eglise. Mais c'est pour cela même que nous sommes fâchés de voir agiter des discussions au moins inutiles, et nous penserions en tout comme l'auteur, que nous ne pourrions approuver les efforts de son zèle. Au moins faudroit-il encore être vrai, exact et mesuré; or cet écrivain's'est écarté de ces règles dans sa dernière livraison. Il n'y a, dans près de trente pages, qu'une note de lui, et cette note altère les faits, et attaque des personnes respectables. Il dit, par exemple: Les partisans de l'Eglise du Concordat de 1801, détournant les regards de ce grand nombre d'évéques qui refusèrent au Pape la de» mission de leurs sièges à cette époque, tirent un trop grand avantage du petit nombre de ceux qui la donnèrent. Il ne s'agit pas ici d'examiner qui a mieux fait des évêques qui ont donné ou refusé leur dé mission. Mais comment un ecclésiastique, un auteur, qui veut parler du Concordat, et qui devroit savoir ce qui s'est passé alors, pent-il avancer que le plus grand nombre des évêques ont refusé leur démission, et que le plus petit nombre l'a donnée? Il est de toute notoriété que sur 81 évêques, qui vivoient en 1801, 45 se sont démis de leurs siéges. Quelques-uns à la vérité ont depuis réclamé contre la suppression de ces mêmes siéges, mais il en reste 41 ou 42 démissionnaires sans restriction. Les non-démissionnaires étoient au nombre de 36, et les réclamations de 1803 sont signées de 38, parce qu'elles portent les noms de M. de Chambre, évêque d'Orope et suffragant de Metz, et de M. de la Tour, désigné pour l'évêche de Moulins. (Voyez notre nu-méro XXXVI, tome II, page 161). Ainsi loin que le grand nombre soit du côté de ces derniers, et le petit nombre du côté des autres, la différence, quoique légère, seroit plutôt en faveur de ceux- ci, et nous ne le remarquons que pour l'exactitude des faits. Sans doute que le journaliste, dont il est question, n'a pas voulu sciemment tromper son lecteur; mais que faut-il penser d'un écrivain qui, sur une matière si récente, et qui devroit lui être familière, dit précisément le contraire de ce qui est? Le reste de sa note contient une petite histoire sur la démission de M. de Lastic, évêque de Rieux. Elle compromet à la fois deux personnages respectables, M. l'archevêque d'Ausch et M. Emery. On suppose que ce dernier écrivit à l'archevêque que les prélats francois réfugiés à Londres avoient donné leur démission, et on se récrie sur les moyens peu délicats que les concordatistes de Paris employèrent pour séduire les évéques éloignés. Cette injure ne blessera pas heureusement la mémoire d'un prêtre pur et vertueux qui se trouve ici, pour la première fois, qualifié de séducteur. On veut à toute force en faire un artisan du Concordat. Ceux qui étoient alors en

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