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agens avoit provoqué cette mesure. Fouché, instruit que cette question inquiétoit le clergé, et pouvoit devenir un prétexte à des rigueurs qu'il paroissoit désapprouver, fit dire qu'il falloit laisser tomber cette affaire, et ne rien, exiger des ecclésiastiques. Cette réponse, publiée dans les diocèses, y ramena le calnie. Elle étoit d'autant plus nécessaire qu'on répandit alors une décision donnée à Gênes par les cardinaux, sur la même matière. Nous n'avons point vu cette pièce, dont l'existence nous a été certifiée. Elle porte, dit-on, qu'on ne pouvoit, ni prêter le serment, ni faire les prières publiques, attendu que l'usurpation étoit manifeste. Nous nous proposons de faire des recherches plus précises sur l'existence et la teneur de ce rescrit.

Ce qu'il y eut peut-être de moins rassurant pour le clergé pendant cet intervalle d'usurpation, ce fut la composition de la chambre des députés, où l'on voyoit arriver de différentes provinces, des révolutionnaires et des conventionnels dont la religion n'avoit pu oublier les hauts faits. Que n'avoit-elle pas à redouter de ses anciens persécuteurs, s'ils pouvoient ressaisir l'autorité, et qu'on leur laissât le temps de faire revivre la législation humaine de 1793? Déjà leur langage annonçoit leurs vues, quand ces députés d'une minorité factiense furent dispersés. Dieu veuille que ce

club soit le dernier.

On nous dispensera de parler de ce champ de mai, espèce de mascarade politique, où l'on ne fit intervenir la religion que pour lui donner un rôle indigne d'elle. Deux prélats consentirent, sans doute à regret, à prêter leur ministère en cette circonstance; l'un a renoncé depuis à son siége, l'autre est évêque dans un pays étranger, et ne fait point partie du clergé de

France. On sait assez d'ailleurs de quel ceil l'immense majorité de la nation et du clergé vit cette momerie, où un grand charlatan se joua de la religion, des sermens et du peuple. Il vouloit en imposer par un ponipeux spectacle; il se rendit ridicule. Sa chute arriva peu après. Les prêtres durent être les premiers à s'en féliciter. Malheureusement il resta encore bien des fermens de haine; et les factieux, et ceux qu'ils avoient égarés, continuèrent en quelques endroits à déclamer contre les prêtres. La rage d'un parti expirant ne put même être assouvie que par le sang de leurs ennemis. Ce fut alors que quelques ecclésiastiques furent assassinés dans le Midi. Sera-ce le dénouement de cette sanglante tragédie qu'on appelle la Révolution? Il faut l'espérer, et de la bonté du ciel, et des prières des gens de bien, et de la lassitude du génie du mal, et des mesures d'un gouver¬ nement ami de la religion et de l'ordre.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Les prélats Cacciapiatti, Pelagallo, Naro, Arezzo, Alexandre Lante, Malvasia, Vidoni, Riganti et Zauli, ont été prévenus, le 17 janvier, de leur prochaine promotion au cardinalat.

PARIS. Un orage vient d'éclater contre les Jésuites à Pétersbourg. Ils en étoient menacés depuis long-temps, ayant encouru la disgrâce du ministre des cultes, le prince Gallitzin. Il s'étoit montré très-irrité quand il apprit, au mois de décembre 1814, que son neveu, le jeune prince Alexandre Gallitzin, élevé à l'institut des Jésuites, s'étoit fait catholique. Il fit sortir aussitôt le jeune prince de cette maison, et le plaça parmi les pages de l'empereur. Le

général des Jésuites fut mandé chez ce ministre, qui lui fit de vifs reproches. Il se justifia en racontant comment les choses s'étoient passées; mais il n'appaisa point le prince, qui fit son rapport dans ce sens à l'empereur, et qui ne dissimula pas son désir de voir les Jésuites punis par leur expulsion de Pétersbourg. Dans ce danger, ceux-ci usèrent de toutes les mesures que pourvoit conseiller la prudence. Ils évitèrent de donner le moindre ombrage au gouvernement, et résolurent entr'autres de ne plus admettre que des catholiques dans leur institut. Toutefois il paroît que le ministre une fois prévenu ne revint point sur leur compte. La bulle du rétablissement des Jésuites, donnée par Pie VII, avoit déplu en Russie. On ne voulut point souffrir que le général, qui étoit rappelé par le souverain Pontife, se rendît en Italie, dans la crainte apparemment que les Jésuites de Russie ne se trouvassent dépendre d'un général qui résideroit en pays étranger. On surveilloit leur correspondance, on épioit leurs actions, on contrarioit les travaux de leurs missionnaires en Sibérie et dans les colonies du Volga. Les protestans, les grecs s'unissoient pour les perdre. Quelques conversions de dames russes ont achevé d'irriter ceux qui les voyoient de mauvais oil; et quand l'empereur est revenu, après une longue absence, on lui a fait des plaintes des Jésuites, et on les a peints comme des perturbateurs. De là l'ukase du 1er. janvier, dans lequel S. M. dit que les Jésuites furent tolérés sous son aïeule, mais qu'ayant cherché à faire des prosélytes, ils ne méritent plus d'être protégés; qu'ils seront en conséquence renvoyés sur-le-champ de Pétersbourg, et que l'entrée des deux capitales leur sera interdite. Cet ordre a été immédiatement exécuté. L'institut des Jésuites a été fermé, les élèves renvoyés à leurs parens, et les religieux conduits hors de la ville. On remarque d'ailleurs que dans l'okase de l'empereur, on ne leur fait au fond d'autre reproche que d'avoir attiré quelques Russes à la religion catholique, ce qui,

aux yeux des catholiques, ne sera pas regardé apparemment comme un crime irrémissible. Que les grecs soient blessés d'un tel zèle, cela est possible. Les popes, qui ne sont pas fort éclairés, étoient jaloux des succes des Jésuites dans leur école. Le métropolite avoit essayé d'obtenir des succès semblables en clrargeant deux étraugers d'être les professeurs des élèves du séminaire d'Alexandre Newski. Mais on avoit été obligé peu après de renvoyer ces nouveaux maîtres, qui étoient luthériens, ou plutôt qui n'étoient rien du tout.

Cette disgrâce des Jésuites n'a donc rien que d'honorable pour eux, et l'on a fien d'espérer que l'empereur, mieux informé, leur rendra justice. Pétersbourg se ressentira de la perte qu'il vient de faire. L'institut des Jésuites y étoit très-florissant. Des études y étoient sur un meilleur pied que dans le reste de l'empire, et les familles les plus distinguées de la Russie y envoyoient leurs enfans. Les Jésuites y avoient bâti un vaste colJége. C'est-là que demeuroit le général avec plus de trente religieux de différentes nations. Il y en avoit entr'au→ tres plusieurs François. Ils étoient chargés de desservir l'église catholique, et on se louoit de leur zèle dans le ministère commé dans l'éducation. Un journal qui, d'après son titre, devroit être plus instruit sur ces maž tières, avançoit, mercredi dernier, que les Jésuites n'avoient point d'établissement à Pétersbourg, et qu'un seul religieux de cet ordre y résidoit et desservoit l'église catholique. Ce journal est mal informé. Les Jésuites étoient assez nombreux à Pétersbourg depuis qu'ils y avoient été attirés par Paul Ier., qui avoit sollicité, comme on sait, un bref du Pape en leur faveur. Ils étoient en dernier lieu au nombre de trente à quarante. On peut compter sur l'exactitude de ces renseignemens.

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L'olise constitutionnelle, qui voit s'écrouler chaque jour ses anciennes colonnes, et qui a perdu successivement les Moyse, les Saurine, les le Coz, et autres fameux ou non fameux, pleure aujourd'hui un de ses

pères qui étoit plutôt dans cette dernière catégorie que dans la précédente. M. Dorlodot, ancien évêque de la Mayenne, u'avoit pas beaucoup de titres à l'illustration. Né au diocèse de Verdun en 1756, il avoit été fait évêque en 1799, quand déjà la constitution civile du clergé 'existoit plus. Au Concordat, il fut fait chanoine du Mlans, d'où il passa à Besançou pour s'y joindre aux autres débris de l'église constitutionnelle que le Coz y attiroit de toutes parts. C'est là qu'il est mort à l'âge de soixante ans. On a essayé de donner quelque pompe à son convoi, qui a cependant été fort solitaire. Besançon a perdu celui qui pouvoit prêter quelque appui à ce parti, et le clergé de ce diocèse n'a point laissé altérer, par la présence momentanée d'un des plus zélés constitutionnels, son attachement constant pour les règles de l'Eglise.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les ambassadeurs et ministres étrangers ont fait, le 30 janvier, leur cour au Roi.

On fait en ce moment de grands travaux au cimetière de la Madeleine, rue d'Anjou, pour le monument qui doit y être érigé. Outre l'objet particulier de ce monument, il aure encore l'avantage d'être utile à un quartier qui n'a point d'église.

On a nommé à Paris vingt-un nouveaux commissaires de police.

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M. le duc de Coigny, nommé gouverneur des Invalides, a été installé, le 29 janvier, à l'hotel avec tous les honneurs militaires.

-La cour prevôtale de Paris a commencé ses opérations. Elle a mis en jugement un militaire accusé de vol et de tentative d'assassinat. Ce militaire, nommé Alexis Magloire, avoit attaqué plusieurs particuliers sur la route de Saint-Denis à Paris. Il a nié tous les faits; mais il a été convaincu par les dépositions des témoins. La cour l'a déclaré coupable et condamné à mort.

-Les communications sont rétablies entre Strasbourg et l'Allemagne.

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