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Les nouvelles de Corse annoncent que cette île est tranquille, et qu'on y organise la légion départementale.

M. Humbert de la Tour-du-Pin vient d'être enlevé à sa famille et à la société par un de ces événemens contre lesquels la religion et les lois font depuis si long-temps entendre des réclamations qu'étouffe un préjugé barbare. Ce jeune homme a péri en duel. Puisque les idées libérales ont tant de crédit, elles devroient bien s'escrimer contre une coutumé honteuse et atroce.

Plusieurs préfets ont adressé des proclamations aux habitans de leurs départemens contre les auteurs et distributeurs de fausses nouvelles. L'absurdité de ces faux bruits devroit en être le meilleur remède.

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CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 31 janvier, M. de Saint-Romain a développé en comite secret une proposition tendante à donner une nouvelle organisation à l'instruction publique. De l'éducation et de l'éducation religieuse, a-t-il dit, dépend notre régénération mo rale. Il a montré combien cet objet avoit été négligé pendant la révolution. Il y a eu un temps ou les prêtres mariés dominoient dans les lycées. L'orateur croit que Buonaparte n'avoit pas eu de partisans plus fidèles que dans les lycées. Après avoir tracé le tableau de ces écoles, il a payé un juste tribut d'éloges aux anciennes congrégations où présidoient la religion, le désintéressement et l'amour du bien. Enfin après des réflexions sages et fortes, il a conclu en suppliant S. M. que le nouveau mode d'instruction fût établi d'après les bases suivantes: 1°. La religion sera le fondement essentiel de l'éducation. 2°. Les colléges et pensions seront, concurremment avec les autorités locales, sous la surveillance immé– diate des évêques, qui réformeront les abus. 3°. Les évêques pourront augmenter le nombre des séminaires, selon les besoins, les ressources et la population des diocèses. 4°. Les évêques hommeront aux places de principal des colléges et pensions, et le principal choisira les professeurs. Néanmoins les évêques pourront renvoyer les sujets incapables ou dangereux. 5. Les universités subsisteront, et il sera avisé aux moyens d'allier la religion et les mœurs aux études et à la

culture des lettres. 6°. La commission actuelle d'instruction publique sera supprimée. La proposition de M. de SaintRomain est renvoyée à l'examen des bureaux. La chambre a passé à l'ordre du jour, comme l'avoit proposé le rapporteur, M. de Bonald, sur la proposition de M. Michaud, tendant à voter des remercimens aux François qui ont servi la cause royale pendant la dernière usurpation. A trois heures et demie, la séance est devenue publique. On a fait un long rapport sur différentes pétitions. Presque toutes ont peu d'intérêt. Un pétitionnaire demande l'abolition du serment, attendu le mauvais usage qu'on en fait. L'assemblée a ri de celte demande. N'auroit-il pas été à désirer pourtant qu'on n'eut pas, dans la révolution, fait prêter tant de sermens que l'on violoit le lendemain? Un député se plaint de la manière dont le Journal général de France a rapporté la discussion sur les dotations du clergé. (Voyez notre dernier numéro). L'ordre de Malte réclame ses biens non vendus. Cette réclamation, appuyée par quelques membres, est renvoyée au ministre des affaires étrangères et à la commission du budjet.

Dans le comité secret du 1er. février, M. Roux-Laborie a fait un rapport au nom de la commission chargée de l'examen de la proposition de M. de Blangy. On dit qu'il s'est étendu beaucoup sur la nécessité et les moyens d'améliorer le sort du clergé. Son rapport sera imprimé, et nous le ferons connoître.

LIVRE NOUVEAU.

Le Triomphe de Louis XVI, poème en x11 livres, avec des notes; par J. S. Lespart. I vol. in-8°.; prix, 3 fr. 75 c. et 4 fr. 50 c. frane de port. A Paris, chez Adrien Le Clere, au bureau du Journal. Ce poème, fruit des loisirs d'un François attaché à la cause de ses Rois, emprunte plus d'intérêt de l'époque où nous l'annoncons Nous pourrons le faire connoître dans la suite avec quelque détail.

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(Mercredi 7 février 1816.)

(No. 156.)

OBSERVATIONS critiques sur l'éducation; par M. le Gac, prêtre, ancien professeur au college de Quimper (1).

Lettre à MM. de la chambre des députés sur l'éducation publique, et sur le choix des instituteurs; par M. Dampmartin (2).

Le nouvel Emile, ou l'Histoire véritable de l'éducation d'un jeune seigneur françois expatrié par la révolution; par un ancien professeur de l'Université de Paris (3).

APRÈS avoir raconté sommairement le grand changement arrivé dans l'éducation, sur la fin du dernier siècle, parlerons-nous du sort qu'elle éprouva pendant la révolution? Elle fut frappée alors du même coup que la religion, la monarchie, et toutes les institutions sociales et conservatrices. On supprima les universités, on détruisit les corporations ecclésiastiques ou religieuses qui s'étoient vouées à l'enseignement, et qui remplissoient cette tâche avec zèle, as

(1) Brochure in-12; prix, 75 cent., et 1 fr. franc de port. A Saint-Brieuc, chez Prud'homme, imprimeur; et à Paris, chez Adrien Le Clere.

(2) Ce petit ouvrage ne se vend pas.

(3) 4 gros vol. in-18; prix, 10 fr., et 14 fr. franc de port. A Paris, chez Laurens jeune, libraire, rue du Bouloy, no. 4; et au bureau du Journal.

Tome VI. L'Ami de la Religion et du Ror. B b

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siduité et désintéressement. Les écoles qu'elles dirigeoient furent abandonnées ou remises en des mains mercénaires. Les séminaires furent proscrits, les colléges les mieux tenus devinrent suspects, et les maîtres mêmes laïques, qui, dans des pensions privées, maintenoient l'ordre et l'attachement à la religion, ne purent échapper à la persécution suscitée contre tout ce qui étoit bon et pur. La terreur s'exerça donc sur l'éducation comme sur le reste, et pendant qu'un régime affreux moissonnoit les pères et les mères, les enfans, victimes, quoique d'une autre manière, d'une tyrannie cruelle, croissoient sans soins et sans instructions, et complétoient le terrible châtiment exercé alors sur toutes les générations.

Après la terreur, on parla beaucoup de réorganiser l'instruction publique. Mais les mesures que l'on prit durent se sentir nécessairement de l'esprit qui régnoit encore. L'impiété n'étoit plus armée de supplices, mais elle dominoit toujours, quoique avec des formes moins barbares. On n'eût pas osé alors prononcer le mot de religion dans l'instruction publique; cela eût été taxé de fanatisme. Un comité formé dans la convention fut chargé de rédiger un plan d'enseignement. On créa dans chaque département une école centrale. Les choix des maîtres furent tels qu'on pouvoit l'attendre à cette époque. Des révolutionnaires, des prêtres mariés, des hommes tarés pour leurs opinions ou leur conduite obtinrent les places dans un moment où beaucoup de gens honnêtes se cachoient ou se soucioient peu d'occuper des emplois. Un de ceux qui eurent le plus d'influence dans la formation des nouvelles écoles, fut Fourcroy, révolutionnaire ardent et philosophe zélé, qui favorisa de tout son pouvoir

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des opinions qui lui étoient chères, et les hommes qui les professoient comme lui. D'autres membres de ce comité, Lakanal, Grégoire, etc., n'avoient pas droit d'être beaucoup plus difficiles. Les nouvelles écoles furent donc dès leur origine frappées de vices essentiels, et n'obtinrent aucune confiance. Malheureusement plusieurs des premiers choix faits à cette époque se sont perpétués même après qu'on avoit paru changer de systême sur l'éducation, et l'on voyoit encore en place, il n'y a pas long-temps, des hommes qui repoussoient l'estime par leur conduite, et qui, ne considérant dans leurs fonctions qu'un lucre, ne paroissoient pas se douter que la religion ou les mœurs dussent être comptées pour quelque chose dans l'éducation de la jeunesse.

Les plaintes des pères de famille continuèrent donc à réclamer un systême mieux entendu, et à chaque changement de gouvernement on leur promit de s'occuper de cet important objet. Toutefois les abus se propagèrent, et quoique sous Buonaparte on eût proclamé que la religion catholique seroit la base de l'éducation, on ne se mit pas toujours en peine de suivre ce principe dans la pratique. Il y avoit des lycées où les chefs dédaignoient d'assister à la messe et à aucun exercice de religion, et où des professeurs donnoient même des leçons d'incrédulité. Ces scandales ont cessé; mais l'esprit est-il changé partout, et doit-on espérer beaucoup de zèle pour la religion de la part de gens qui ont attendu pour en montrer qu'on leur en fit un précepte? Se seront-ils trouvés tout à coup pénétrés de ce dont ils paroissoient se soucier fort peu il n'y a pas encore long-temps, et leurs élèves seront-ils fort touchés de leurs instructions quand ils

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