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surveillance d'un ecclésiastique en dignité. Cet arran gement paroîtroit en effet plus conforme à l'ordre et aux droits de l'enseignement pastoral.

Peut-être étoit-ce plus que jamais le moment de nous livrer à l'examen de ces écrits, et de faire connoître les vues qui y sont développées. La proposition faite, le 31 janvier, à la chambre des députés, par M. de Murard de Saint-Romain, appelle nécessairement l'attention générale sur l'enseignement. Ce député siguale sans ménagement le mauvais esprit qui s'est fait remarquer dans plusieurs écoles, et il pros crit sans pitié tout ce qui se sent encore du levain révolutionnaire. Nous avons cité ses conclusions, qui indiquent assez l'esprit de son discours, dont le but est de montrer que les vices de l'instruction publique sont venus de l'oubli de la religion, et que le meil leur, disous plutôt, le seul moyen d'améliorer la première est d'en confier le soin à la seconde. Puissent les chambres, convaincues de cette vérité, s'unir avec le Monarque pour établir enfin, après tant d'essais infructueux et de fâcheuses tentatives, un mode d'enseignement éloigné de tout systême, où la religion rentre dans tous ses droits, où le soin des mœurs soit mis en première ligne, et qui fasse espérer à la société des sujets utiles, instruits par l'obéissance, et façonnés par une sage discipline!

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Outre les prélats nommés précédemment, Mgrs. Morozzo, archevêque de Thèbes et nonce à Florence; Gardoqui, Bardaxi de Azara et Rusconi, auditeurs de roté, ont été prévenus de leur prochaine pro

motion au cardinalat. Le second et le troisième sont espagnols, et ont essuyé une longue persécution de Buonaparte pour avoir refusé le serment à l'intrus Joseph. PARIS. M. Azaïs a bien raison, et la doctrine des compensations qu'a établie ce profond philosophe, est désormais inattaquable. Nous venons d'en avoir une nouvelle preuve. On avoit appris, par le courrier du 51 janvier, l'expulsion des Jésuites de Pétersbourg. Les ennemis de la société en triomphoient, et il étoit question de chanter un Te Deum à S. S..., quand le courrier du lendemain est venu tout à coup arrêter ces élans de joie. Il s'est répandu que l'empereur de la Chine, s'étant fait rendre compte, par le tribunal des rites, des sentences rendues contre les Jésuites, avoit écrit au bas du rapport Que l'édit du 11 janvier 1724 cesse d'étre loi de l'empire. Il n'est qu'un Dieu, et ce Dieu ne s'offense pas de la diversité des noms qu'on lui donne. Će qu'il y a de plus important c'est que cet ordre a été tracé par l'empereur avec son pinceau rouge; de sorte qu'il n'y a plus moyen de revenir là-dessus, et que c'est une loi immuable de l'empire. C'est comme un article de la chartre, et c'est la Chine qui donne à l'Europe des leçons de tolérance. D'après cette décision impériale, l'édit de tolérance du célèbre empereur Kang-hi en 1672, et celui de 1711 ont été transcrits de nouveau au tribunal des rites, et ont été remis, scellés du grand sceau, recouvert en satin jaune, à Dom Gaspard della Cruce, missionnaire portugais. On sait que Kang-hi, qui aimoit les sciences, protégea toujours les Jésuites, et que son fils Yong-tching, qui pensoit différemment, rendit l'édit de 1724, par lequel tous les Européens étoient obligés de se retirer à Macao. On voit avec plaisir l'empereur actuel revenir aux sentimens d'un de ses plus illustres prédécesseurs. Ces détails ont été, dit-on, apportés à Rome par le P. della Cruce lui-même, qui a été présenté à S. S. avec quatre jeunes Chinois, qui se proposent d'entrer dans la société. On ajoute que

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S. S. a le projet d'adresser un bref de remercîment à l'empereur de la Chine, dont la protection permettroit au christianisme de s'étendre avec plus de liberté dans son vaste empire.

- Une décision du Roi, du 10 janvier, rend aux évêques les bâtimens et meubles des petits séminaires, qui avoient été confisqués par le fameux décret de Buonaparte, du 15 novembre 1811.

-Les élèves du pelit séminaire d'Amiens ont fait entr'eux une collecte pour subvenir aux besoins de l'Etat. Elle s'est montée à 701 francs. Cel exemple, donné par des jeunes gens plus distingués par leur piété que par leur fortune, est précieux à recueillir.

SABLÉ. Un acte éclatant vient de faire une grande sensation dans cette ville. Le sieur René-François Primaudière, ancien député de la Sarthe à la convention nationale, où il avoit eu le malheur de voter dans le sens de la majorité, se trouvant attaqué d'une maladie grave et alité, a désiré manifester, en présence de témoins, les sentimens dont il étoit animé. En conséquence, il a déclaré, assez haut pour étre bien entendu, et avec l'accent de l'humilité et d'un véritable repentir, qu'il détestoit de tout son cœur la felonie dont il eut le malheur de se rendre coupable dès les premières séances de l'assemblée dite convention nationale, en votant la république, en coopérant, par ce condamnable moyen, à la destruction du pouvoir légitime en France; qu'il détestoit le régicide affreux dont il eut le malheur de se rendre coupable, le 6 janvier 1793, en vo tant la mort de Louis XVI; qu'il en demandoit pardon ` à Dieu, au Roi, à l'auguste famille royale, à la France et au monde; qu'il détestoit l'apostasie qu'il chercha, dans des temps de crime et de délire, à établir et à propager, soit par ses proclamations et arrétés contre toute espèce de culte chrétien, et en faveur des fêtes décadaires, soit par différentes profanations commises en

différentes églises eu par lui-même ou par gens à ses ordres; qu'en un mot il détestoit tous les actes et tous les attentats de rebellion, de félonie, d'impiété, de lèsemajesté et d'injustice émanés de l'assemblée dite convention nationale, soit contre LL. MM. Louis XVI, la Reine son épouse, Louis XVII leur fils, MADAME royale leur fille, les princes et princesses de leur auguste maison, soit contre le peuple françois ; qu'il rétractoit et abjuroit avec sincérité tout propos, tout discours et toute opinion qu'il auroit pu émettre contre ce que croit et enseigne l'Eglise catholique, apostolique et romaine; qu'il adhéroit au contraire de cœur et d'esprit à tout ce que ladite Eglise croit et enseigne; qu'enfin il ne cesseroit jamais, pendant le reste de ses jours, de demander pardon à Dieu, de solliciter les suffrages de l'Eglise en sa faveur, et d'offrir à la justice divine ce qui lui reste à souffrir en expiation de ses nombreuses offenses.

L'acte, daté de Sablé, le 19 janvier dernier, est signé de dix témoins. C'est le premier acte authentique de ce genre que nous connoissions. Dieu veuille que ce ne soit pas le dernier, et que les coupables reconnoissent enfin et l'énormité du crime et l'équité du châtiment tardif que leur inflige la justice humaine!

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. La grande revue de la garde royale, annoncée depuis quelques jours, a eu lieu dimanche 4. C'est sans contredit une des plus belles qu'il y ait eu.

A midi et demi le Roi a paru, et les plus vives acclamations ont annoncé la présence de S. M.

Le Roi s'est placé dans une calèche à huit chevaux, à la droite de S. A. R. MADAME la duchesse d'Angoulême; MONSIEUR, Mr. le duc d'Angoulême et M. le duc de Berry précédoient la voiture, qu'environnoient MM. les maréchaux, et un grand nombre de généraux et d'officiers supérieurs.

S. M. a parcouru lentement les lignes formées par les divers corps de la garde. Les cris de Vive le Roi! vivent les Bourbons! ne cessoient de se faire entendre; les soldats agitoient leurs armes, et laissoient éclater de vifs transports a la vue du Roi, qui paroissoit lui-même pénétré de la plus vive émotion, qui les saluoit avec une affection paternelle, et qui sembloit leur dire : Je voudrois pouvoir presser tous les François sur mon cœur. Dans ce moment, la belle composition des troupes, la variété des uniformes, le panache du bon Henri qui flottoit sur toutes les têtes, des milliers de spectateurs groupés sur les maisons voisines, et qui mêloient leurs acclamations à celles des soldats, offroient un coup-d'œil enchanteur.

S. M. a mis à peu près une demi-heure à parcourir ainsi les rangs. La calèche est rentrée dans la cour du château, et s'est placée près du grand portail. LL. AA. RR. MONSIEUR, Mr. le duc d'Angoulême, Mr. le duc de Berry, à cheval, accompagnés de plusieurs maréchaux et d'un brillant état-major, se sont placés en face de la voiture du Roi. Le défilé a commencé au bruit d'une musique guerrière, et dans' l'ordre suivant les grenadiers, fusiliers et chasseurs à pied, sur seize homines de front; l'artillerie à pied, l'artillerie à cheval, les grenadiers à cheval, les cuirassiers, les dragons, les lanciers, les chasseurs et les hussards: A aucune revue peutêtre les troupes n'ont manœuvré avec plus de précision, surtout l'infanterie. L'œil suivoit, avec un plaisir auquel se joignoit l'amour propre national, ces longues files de soldats, élite de l'armée, honneur des lis et de la patrie..

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Plusieurs officiers étrangers, qui se trouvoient à la revue parini les spectateurs, ont laissé hautement éclater leur admiration sur la belle tenue des troupes.

On peut évaluer le nombre des troupes de la garde royale qui se trouvoit à la revue à plus de quinze mille hommes; l'artillerie étoit nombreuse.

Après la revue, le Roi, MADAME et les Princes sont rentrés au château. Les mêmes transports qui avoient éclaté à l'arrivée de S. M. l'ont accompagnée jusque dans ses appar

temens.

Mr. le prince de Condé étoit à l'une des fenêtres du château.

-Le banquet offert par la garde royale à MM. des gardes

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