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sure auprès de laquelle la loi des suspects est couleur de rose); qu'il nous faisoit présent d'un milliard en assignats; qu'il défendoit la compétence des tribunaux militaires, etc.? Voulez-vous donc paroître avoir perdu toute mémoire?

C'est être bien peu avisé que de forcer à rappeler des choses que nous ne demanderions pas mieux que d'oublier. On nous vante quelques protestations faites dans le sénat contre la dernière tyrannie. Mais ces réclamations ne furent jamais entendues au-delà de l'enceinte du sénat. L'auteur se garda bien de les faire imprimer; il savoit trop bien à qui il avoit affaire. Son opposition alors fut prudente et timide; elle n'éclate que sous un gouvernement paternel. Ce courage ne lui est venu que depuis qu'il n'y a plus de danger à en montrer. Ce patriote si vif gardoit des ménagemens avec la tyrannie; il ne s'est cru dispensé d'en avoir que sous un Roi modéré. Il est évident qu'il a recherché ici la faveur d'un parti. Le président de la dernière chambre des députés ne peut se détacher de ceux qu'il a servis. Il affecte une constance opiniâtre dans sa carrière politique. Il proteste contre la loi nouvelle, comme il protesta, le 8 juillet, contre la dissolution de la chambre du mois de mai. Mais si cette assemblée étoit légale, celle-ci ne l'est pas, et le pair d'une chambre est en contradiction avec le président de l'autre. Și la dissolution de celle-ci est un attentat contre la souveraineté du peuple, la formation d'une autre chambre est un délit plus grand encore, et il n'étoit pas permis à un homme si ferme dans ses principes d'aller présider un nouveau collége, concourir à une nouvelle nomination, et accepter un titre de pair. Cette constance si vantée est donc.

uniquement une affaire de calcul. Ces hommes-là veulent surtout être en place, et y être sous tous les régimes. N'être rien, seroit leur désespoir; comme ne pas parler, seroit leur supplice. En vain la reconnoissance leur prescrit de répondre par leur conduite à l'indulgence d'un Prince qui a bien voulu oublier le passé; ils opposent de la morgue à sa bonté, et croient se relever en ne s'abaissant point jusqu'au repentir.

Mais au moins s'ils ne se piquent pas de gratitude, devroient-ils se piquer de bonne foi et de pudeur. A qui persuaderont-ils qu'ils croient ce qu'ils disent? Est-il bien vrai qu'ils craignent de voir s'élever partout des prisons et des échafauds comme en 1793? S'ils le craignoient véritablement, ils trembleroient de le dire si haut. En 1793 on n'a rien imprimé contre la loi des suspects, parce qu'on savoit bien que l'exécution de cette loi étoit aussi terrible que la loi même; et aujourd'hui, les discours, les écrits, et tout ce qui se passe, prouve assez que les temps sont changés, et que la loi nouvelle, et ceux qui l'ont rendue et ceux qui la font exécuter, ne ressemblent en rien à ce qui existoit en 1793. Alors on étoit suspect, non par ce qu'on avoit dit on fait, mais par cela seul qu'on étoit noble ou prêtre, honnête ou riche. Aujourd'hui il ne s'agit que de comprimer des factieux qui déclament avec emportement, et qui voudroient nous replonger dans l'abîme des maux d'où nous sommes à peine sortis. Ce sont précisément les gens de 1795 qui crient contre la loi de 1815, et si on a à regretter quelque chose, c'est qu'elle ne soit pas plus forte contre ces éternels ennemis de leur

pays.

A ce scandale d'une insulte si grave faite au monarque et aux lois, vient plus récemment encore de se joindre n autre fait, qui n'a pas moins réjoui les agitateurs. Il n'y a pas de doute que dans les momens de danger imminent, cette chartre qu'invoquent ses ennemis mêmes, ne donne au Roi le droit de prendre toutes les mesures de salut public qu'il juge nécessaires. Eu conséquence, au moment de l'invasion de Buonaparte, ce printemps, le Roi déclara traîtres et rebelies tous ceux qui adhéreroient à l'usurpateur, et les renvoya par-devant les tribunaux militaires chargés de connoître leur crime et de les condamner. Tel fut le texte de l'ordonnance du 6 mars. Cette mesure étoit alors dictée par l'extrême nécessité. Il y alloit du salut de la France à repousser l'usurpateur, et ceux qui s'attacheroient à lui, étoient avertis de ce qu'ils avoient à attendre. Le maréchal Ney connoissoit cette ordonnance du Roi; c'est huit jours après qu'il a proclamé Buonaparte. Il a donc bravé sciemment l'ordonnance. Il s'est soumis de lui-même à la peine qu'elle décernoit, Peut-il être recevable à invoquer cette constitution qu'il renversoit, cette faveur d'un Roi dont il désertoit la cause? Le salut de l'Etat ne doit-il pas passer avant le privilége de la pairie? Que devieudroit la patrie si dans les momens de grande crise le Roi n'avoit pas la latitude nécessaire pour détourner le danger et effrayer les agitateurs, et sera-ce à ceux qui ont tout fait pour renverser la chartre de s'en prévaloir ensuite pour échapper à la punition? Un tel systême seroit aussi par trop commode pour les factieux aussi la décision du conseil de guerre, relativement au maréchal Ney, à consterné tous ceux qui veulent l'ordre et la justice, et réjoui ceux qui crai

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gnent l'un et l'autre. Les uns et les autres y ont vu un gage d'impunité. La nation, a dit un ministre, est stupéfaite et indignée, et les méchans triomphent. Mais déjà d'autres mesures ont été prises, et l'instruction d'une si importante affaire va être suivie dans la chambre des pairs, avec la gravité, l'appareil et l'équité que réclament la nature de la cause, et l'attente de la nation.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Vingt-quatre Jésuites espagnols sont partis de Rome pour Civita-Vecchia, où il a été préparé un bâtiment pour les conduire en Espagne. Il y a, dit-on environ trois cents (1) individus de la même nation, qui se trouvent en Italie, et qui se disposent à retourner dans une patrie où on leur rend enfin justice. Quelques religieux de la même société viennent de partir pour Reggio, où ils vont ouvrir un college.

PARIS. Nous avons déjà annoncé quelques offrandes en faveur du séminaire de Soissons. Nous venons d'en recevoir une plus considérable encore. Un charitable ecclésiastique, qui recommande surtout que l'on taise son nom, nous a fait passer une somme de 1000 francs pour le même objet. On ne sauroit assez s'étonner d'un don si fort, dans un moment de détresse générale que le clergé ressent plus qu'aucune autre classe. Mais c'est le propre de la charité de redoubler dans les temps de grande calamité. Pour ne point blesser la modestie de l'homme généreux qui nous écrit, nous nous contenterons de dire que la lettre vient de Valenciennes. Plu

(1) Un journal dit trente; il aura sans doute lu le Diario un peu, vite. Celui-ci porte trecento, nombre qui paroît à la vérité un peu fort, après un bannissement de près de cinquante ans,

sieurs autres abonnés nous ont aussi envoyé des dons pour le même objet.

-M. l'archevêque de Tours (de Barral) a donné sa démission, qui a été acceptée par le Pape, le 26 septembre dernier, et qui, quelque temps auparavant, l'avoit été par le Roi. Ce prélat a, dit-on, fait paroître un écrit pour se justifier d'avoir accepté la pairie, sous le dernier règne de Buonaparte. Nous ne le connoissons pas, et nous nous abstiendrons d'en parler.

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Voilà donc encore une grande église vacante, et par conséquent régie et gouvernée par des vicaires capitulaires de sorte que si les affaires de l'Eglise traînent en longueur, on verroit peut-être une grande partie de l'église de France gouvernée par les chapitres; ordre de choses qui, trop long-temps prolongé, ne peut qu'entraîner de grands inconvéniens, et ne peut que contribuer au relâchement de la discipline, et à l'affoiblissement de l'autorité épiscopale; car si cette autorité a perdu une grande partie de son influence et de son ascendant sur l'esprit des peuples, combien plus celle d'un college de prêtres, qui ne peut jamais autant attirer le respect et commander la subordination que la personne de l'évêque même!

1.

Le 3 de ce mois, deux hommes se sont introduits chez le curé d'Eymon (Drôme), et l'ont frappé de trois coups de stylet. Il est mort en pardonnant à ses assassins. La licence et l'impiété ont-elles donc encore soif du sang des prêtres?

Un curé nous adresse des observations, où il nous engage à réclamer pour une amélioration du sort des vicaires. Ces utiles ministres, dit-il, sont très-mal payés, surtout depuis le décret qui ôte aux communes toutes leurs ressources. Quelle justice y avoit-il qu'une paroisse payât ses prêtres, tandis que d'autres en étoient exemples? Ne seroit-il pas convenable que l'on ne rejetât plus sur les paroisses cette dépense, dans un moment où elles sont privées de tous leurs moyens? Il n'y

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