Page images
PDF
EPUB

tire, à la verité, de cette maxime la conféquence que le Roi Louis XV. peut dans un lit de Juftice annuller l'édit donné en faveur des Princes légitimés; & fans contredit, fi cet édit étoit contraire aux interêts de la Couronne, ou de l'autorité Royale, il est indubitable qu'il le pourroit abfolument. Mais au contraire, ceux qui s'en plaignent, allèguent que c'eft une entreprise que le feu Roi a faite audeffus des loix; un nouveau dégré d'autorité qu'il a ajouté & pris par furcroît de celle que fes prédéceffeurs lui avoient tranfmife. La queftion fe réduit donc à l'ufage d'un légitime pouvoir. Mais comment, fur la fimple allégation de M. le Duc, denuée de toutes preuves, le Régent du Royaume, dépofitaire de l'autorité du Roi, poura-t'il permettre qu'elle reçoive entre fes mains une diminution telle qu'on la propofe, fi contraire à fa gloire, fi le feu Roi a eu raifon, & fi contraire à fon interêt, s'il faut qu'à la fin de la Régence,

[ocr errors]

qu'auroit

cation

des édits

il la remette entiere au Roi Majeur, ou fi la Couronne paffe à lui-même heritier prefomtif.

Suites II. Sur les conféquences néceffaila révo- res de la révocation d'un édit de la nature de celui-ci, accepté par tous de Louis les Parlemens, exécuté par toutes les XIV. en parties. Si les Princes légitimés a faveur des Prin- voient le malheur de fuccomber dans ces légitimés. une pareille inftance, & de voir anéantir la jufte poffeffion où ils font du bienfait d'un grand Roi, qui s'est avoué leur pere, pouroient-ils s'empécher d'en interjetter appel au Roi même, féant en fon lit de Juftice, à la tête des Etats du Royaume, seul tribunal de la voix publique compétent pour décider une pareille conteftation, où il feroit d'autant moins facile de leur refufer la fatisfaction de ces affemblées, que leurs parties, agitant, comme elles font, la queftion de l'autorité légitime du Roi, voudroient la même affemblée pour la faire limiter, dans les termes où l'on

,

de

defire de la voir reftrainte ? Quel cahos! Quel abîme! Il s'agira donc de déterminer la puiffance Royale. Eft-ce là le terme du zele dont on anime M. le Duc, & des confeils qu'on lui a donnés ? Jamais le plus ardent Parlementaire d'Angleterre at'il conçu un plus funefte projet ? De plus, qui pouroit répondre que des États, aflemblés pour une pareille décifion, n'entrepriffent pas de raifonner à fonds fur la fucceffion à la Couronne, fur la validité des renonciations, & fur une infinité d'autres chofes toutes contraires à l'autorité du Roi, à la gloire & à l'interêt du Royaume, & au repos public.

III. Sur la gloire & l'éclat du dernier règne, dont les difgraces mêmes font voir évidemment que les Etats font moins puiffans par l'étendue de leur domination ou par la force de leurs Frontieres, que par la forme de leur Gouvernement. Let

[ocr errors]

defpo

[ocr errors]

Avantages du

defpotifme a certainement fes incommodités dans les mains d'un Prin

[ocr errors]

ce qui croit & qui veut que tous les biens des Sujets lui apartien

nent.

[ocr errors]

Mais il a d'ailleurs l'avantage de defpo- prévenir toujours & de n'être jasifme. mais prévenu. Les ennemis deliberent, pendant qu'un Monarque abfolu attaque & exécute : ce que nos yeux ont vu ? & que l'Europe n'a pu foutenir fans effroi. Elle s'eft liguée toute entiere, contre Louis XIV. & n'a pu l'entamer qu'en lui donnant occafion de s'étendré au delà de fes propres Etats d'où il s'eft enfuivi la diffipation des forces. Mais quand tant de Puiffances, laflées d'une guerre qui les ruinoit elles-mêmes, en defolant la France, ont voulu faire la paix, elles ne l'ont point envifagée, fans porter leur vue jufqu'à procurer le changement de Gouvernement du Royaume, en rétabliflant les affemblées d'Etats. Mais fi elles n'ont à la fin ofé infifter fur

une

une telle demande, n'eft-il point à craindre que quelques ennemis cachés n'ayent penfé à y revenir, en fomentant les difpofitions d'un Prince auffi confiderable dans l'Etat que l'eft M. le Duc; en répandant dans les Provinces des bruits confus de nouveautés; en flatant les efprits de l'idée de la liberté, dont les Particuliers fe laiffent aifément prévenir; en un mot tenant les peuples en fufpens & dans l'attente de quelque évene

ment.

[ocr errors]

Il eft donc bien néceffaire pour le repos de la nation, pour l'interêt de l'autorité Royale, pour celui de la veritable grandeur des Princes même, qui fe déclarent contre elle, que la fageffe de S. A. R. M. le Duc d'Orléans, Régent, entreprenne d'éclairer ceux que l'on égare par d'indignes moyens, pour les précipiter de faute en faute, & de malheur en malheur.

Il eft de fa gloire, comme de fon interêt, de ne jamais alterer la conftitution

« PreviousContinue »