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fa condition de valet de l'Etat. Voilà mon avis, & je crois ce projet l'effet d'une méditation fans pratique.

de guerre.

Le Memoire juftifie d'abord les Miniftres Miniftres à l'égard de la furcharge fur la juftifiés du peuple, en montrant qu'elle eft furcharge du peuple involontaire de leur part, & l'effet en tems des circonftances fâcheufes où ils fe trouvent, qui les obligent d'agir avec précipitation, tant dans le choix des moyens que les befoins preffans de l'Etat leur font embraffer, que dans la maniere de les employer.

Cependant cette précipitation, qui Inexcufa a une caufe néceffaire dans le tems de bles, s'ils agiffent guerre, & de difgrace publique, eft de même évidemment condamnable en tems de pour la paix paix, puifque les Miniftres ont alors tout le loifir de refléchir à ce qu'ils font, ou peuvent faire,, & l'idée de l'uniformité fe prefente d'ellemême.

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par

ce que la

Le premier effet de la paix eft de Confiderendre tout commun & , confé- ration fur quent méprifable. Et en effet dans paix rend un grand Royaume Tom. II.

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mun &

fi les recoltes tout com

H

man

ble.

méprifa manquent d'un côté, elles fe trouvent abondantes de l'autre ; & il fe fait entre les differentes provinces une compenfation nécessaire.

Au lieu que 11

La guerre, au contraire, rend tout guerre fait précieux, & fait que l'on fe referve qu'on efti- même dans l'abondance, par la crain& qu'on te ou la defiance des évenemens. Ainépargne. fi de l'abondance qu'une jufte police

me tout,

règle durant la paix, naît l'aifance publique, comme de la mefiance injufte que l'on conçoit pendant la guerre, naît un defordre interieur plus dangereux, parce qu'il corrompt le cœur des Sujets. S'il ne periffoit des hommes que par les mains des ennemis, le mal feroit peu confiderable; mais la defiance réciproque des hommes, & leur crainte fur l'avenir,

ajoûtent une feconde perte à la pre

miere, en interrompant le mouvement des actes, & la communication mutuelle qui fait que les differentes parties de l'Etat tombent en defaillance, manque de concours, quoiqu'il eût lui-même plus qu'il ne lui faudroit, pour entretenir fa vigueur.

Les

les arts

guerre.

Les arts une fois négligés deman- Difficulté dent un nouvel aprentiffage, & cet de relever intervale fournit aux Etrangers le après une moyen de dépouiller l'Etat de l'or & longue de l'argent qui y eft, dans les premieres années de la paix qui fuit une longue guerre. C'eft ce que l'on peut reconnoître par l'état prefent de la Marine, qui ne peut être rétablie qu'en renouvellant l'édit de 1669.

réiterée

ces des

d'un Etat

Ce mal procède autant du defaut Inégalité, de proportion, dans la répartition des précipita impôts, , que de leur force excéden- exaction te, ou de leur répétition trop fré des imquente; car un Etat ne fauroit fub- pôts,four fifter, fi l'on tire trop vîte & trop maux inégalement des Sujets ; & les impofitions qui doivent faire fa force dans une difpenfation contraire, font fa ruine néceffaire quand on manque d'attention à ces trois règles, parce que les Sujets font réduits, ou à s'écarter du devoir, ou à tomber dans l'impuiffance ou l'inaction: ce qui n'eft pas un moindre mal que la ré

volte.

H 2

Pour

Connoiffances né

Pour gouverner avec justice & raiceffaires fon, & faire une heureufe & perpépour gou- tuelle aplication de ces trois règles avec jufti- il convient à celui qui tient le ti

verner

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Difficul

tés d'a

mon, de connoître du moins en gros
les matieres qui font l'occupation or-
dinaire des Sujets, les fruits de leurs
travaux, la confommation du pro-

duit de leurs differentes industries,
P'utilité qu'ils en tirent, foit pour
leur entretien, foit pour celui des au-
tres. C'eft en cela que confifte la
connoiffance vraie de l'état d'une
province, de fa richeffe & de fa pau-
vreté ; & par conféquent de ce
que l'on en peut tirer raisonnable-
ment; de ce qu'il y faut faire en-
trer pour lui fervir d'aliment, &
enfin de ce qu'elle peut réciproque-
ment fournir aux autres, foit par
l'échange réel de matieres,
foit par
l'interpofition des efpèces d'or & d'ar-

gent.

Quoique cette connoiffance roule querir ces toute entiere fur des faits, leur nomconnoifbre y fait un premier obftacle; mais fances. le peu de goût & de fatisfaction que

l'on

l'on rencontre dans cet examen, & la difficulté de combiner les raports qu'ils ont entr'eux, ou l'exclufion qu'ils fe donnent les uns aux autres font encore que peu de perfonnes en font capables.

& ufage

L'Auteur donne ici la Generalité Exemple de Limoges pour exemple, & dit que qu'il en cette province, naturellement l'une des faut faire. moins fertiles du Royaume, rendoit au Roi en 1688. 1844740 livres de Taille, fans un grand nombre d'autres droits. Et fi l'on recherche d'où elle pouvoit tirer des fommes fi prodigieufes, il paroitra que c'eft par le commerce des beftiaux qu'elle envoye à Paris, & l'ufage de quelques petites manufactures: d'où il faudra conclure qu'il eft néceffaire de protéger ceux qui s'occupent à l'élévation du bétail; qu'il en faut faciliter la traite, & rendre les chemins pratiquables; protéger la vente & le payement, & femblablement foutenir ceux qui entretiennent les manufactures, & non pas les inquiéter, les chagriner & les contraindre.

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