res de la Quant aux richeffes étrangeres, que Richelles nous eftimons le plus en France, ce étrange font celles qui confiftent en matieres France d'or & d'argent, que les gallions du Perou, & les flotes de la Nouvelle Espagne, nous amenent des Indes d'Occident, pour le retour des marchandifes que nous y envoyons, & que les Espagnols nous payent en bares, lingôts & piaftres; & comme ces métaux fixes ne peuvent fe confommer dans le Royaume, à mesure qu'ils y entrent comme s'y confument toutes les autres denrées, & qu'il s'en faut beaucoup qu'il n'en forte pour les fecretes affaires de l'Etat autant qu'on nous en aporte, il faut de néceffité qu'avec le tems il s'entaffe en France millions fur millions, jufqu'à l'infini fi le commerce continue comme il a fait depuis la découverte des Mines, puifque du règne feul de notre Monarque il eft entré pour plus de deux cents millions de matieres d'or & d'argent dans le Royaume, qui y roulent aujourd'hui parmi fes Su jets. Combien Mais ce feroit encore toute autre elles fe- chofe, fi, fans furprendre la flote, roient François . plus gran- ni s'amufer à nous voler nous-mêdes, fi les mes, en voulant voler les autres, nos commer- marchands François pouvoient faire le çoient commerce avec les Indiens & les Créomêmes en les de l'Amerique, fans paffer par les Amerique mains des Espagnols naturels, qui feuls par eux en tirent tout le profit, & furvendent nos marchandifes à ces gens-là ; car un chapeau de caftor acheté tout au plus trois piftoles à Paris, eft vendu cent écus au Nouveau Mexi que ; une main de papier de cinq fols, un écu à Mexique; & ainfi du refte à proportion. Nous pourons donc, Monfeigneur, donner aux habitans de l'Amerique nos marchandises à deux cents pour cent de meilleur marché, & gagner encore infiniment avec eux, fi nous établiffons encore une nouvelle Colonie à l'embouchure de Kiobrano , pour commercer avec tous les habitans de la Nouvelle Biscaye, dont tou tes les Mines d'or & d'argent, qui font nouvellement découvertes & très riches, riches, fournissent par an vingt-cinq à trente millions. l'or & de & en fufdit. Ainfi la plupart des Indes Occiden- Rareté de tales tomberoient entre nos mains; & l'argent à mesure que l'or & l'argent abonde- en Espagne roient en France ils deviendroient Portugal, rares en Espagne, en Portugal, en An- au cas gleterre, en Hollande, en Italie, & par tout ailleurs. L'on ne verroit d'opulence que chez nous, & notre Monarque pouroit par là, fans peine, se rendre maître abfolu d'une bonne partie de l'Europe, prefque fans coup ferir. & gran feroit France en Par là, Monfeigneur, S. M. fe Richeffes formeroit dans l'Amerique Septentrio- deur dont nale un Empire auffi riche, auffi bien l'Empire fitué, & d'auffi grande étendue qu'é- de la toit celui des Romains du tems d'Au- Amerique. güfte, Cependant c'eft un dessein qui peut s'exécuter facilement avec deux vaiffeaux du Roi de quarante pièces de canon chacun, & frx cents hommes de vieilles troupes Françoifes & Flibuftiers de la Côte de St. Dominique, en moins de fix ans. Tom. II. E CON CONCLUSION. Voici des exemples que je donne, pour faire voir fenfiblement de quelle maniere notre Monarque peut être lui feul auffi riche que le font enfemble tous les autres Souverains de l'Europe fupofé que les Memoires que l'on m'a envoyés de leurs revenus, foient auffi fideles qu'on me l'a assuré. ·RE. |
