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vince à l'extremité du Royaume, faifant cette dépense à Paris. On fera peut-être étonné d'entendre dire, que la dépense annuelle, qui fe fait dans Paris, monte à 260000000 de livres, & que les feuls loyers de maifons aillent par an à 1800000 livres. Cependant il eft certain que s'il y a dans cette ville 720000 confommateurs, & qu'on réduife tous fes dépens à vingtieme par jour, depuis le Duc & Pair jufqu'au porteur d'eau, il fera aifé de voir que le total eft de 262800000 livres. Cette fomme qui fait peut être la moitié de tout l'or & l'argent du Royaume, l'écu à 60 fols, & le louis d'or à II livres, vient des provinces, & il eft certain que comme ce font les Financiers qui en tirent le plus du peuple, c'eft eux auffi qui en répandent le plus dans cette ville. D'autre part, cette même ville ne produit rien de fon fonds, & renvoye une partie de cet argent dans les provinces, pour en tirer fa fubfiftance. Ainfi elle fait la fonction du cœur dans l'Etat, com

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me

me les espèces y font celle du fang. Ainfi il n'y a rien à craindre finon que ce fang n'en refforte pas avec continuité & fuffifance, pour l'aliment des provinces, puifque s'il eft retenu dans ce dépôt, ou qu'il en forte trop lentement, il eft impoffible qu'elles n'en reffentent un affoibliffement très préjudiciable à elles & au total.

commun

teurs des

parer les

niens des

- Les gens bien intentionnés ont de- Principe puis plufieurs années fourni divers aux AuMemoires , pour procurer aux Mi- Memoires niftres des moyens de remédier aux pour réinconveniens des finances, & de par- inconve tager tellement la charge des impôts, finances. que le Roi puiffe être autant ou plus puiffant que par le paffé, & que le peuple les paye avec proportion, & à fon pouvoir. Mais tous font convenus du principe, qu'il est auffi dangereux que le peuple foit trop à fon aife, qu'il eft trifte de le voir accablé. Ce fut la premiere reflexion que feu M. le Prince de Conti fit fur le projet de l'établiffement d'une dixme Royale par le Maréchal de Vauban ;

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En quoi confiftent

& il eft bon en effet que le roturier fente la néceffité où il fe trouve d'obéir, & qu'il ne s'accoutume pas de telle forte à la propriété de ce qu'il a, qu'il fe puiffe regarder comme indépendant. C'est donc par ce principe que l'Auteur, fans égard aux exem ples paffés, & en particulier à l'égalité des tributs établis par les Romains dans les Gaules, confent, en faveur de la Religion & de la Noblesse, à laiffer fubfifter les priviléges des Ecclefiaftiques & des Gentilhommes qui font aujourd'hui réduits à bien peu de chofe, puifque les uns & les autres payent la Taille en la perfonne de leurs Fermiers. Il veut même d'ailleurs que tout fubfifte en l'état. où se trouvent les chofes aujourd'hui, fe contentant de montrer ce qui pouroit être pratiqué dans la forme du Gouvernement present ? pour rendre

le fardeau un peu plus léger, & fortifier, s'il eft poffible, les revenus du Roi.

Il observe donc, que les revenus les reve- ordinaires de l'Etat confiftent en do

maines,

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naires de

maines, en Tailles & Gabelles; en nus ordiAides & Octrois; en droits d'entrées l'Etat. & de forties, auxquels la vente du tabac eft jointe; en bois & forêts, en poftes & Meffageries, en parties cafuelles, en la ferme des poudres & falpêtres; en dons gratuits du Clergé & de differentes provinces. Voici ce qu'il propofe fur chacun de ces articles.

les do

Les domaines font de deux efpèces, Quand & Les uns confiftent en terres & biens comment on pouroit réels ; & les autres en droits. Les racheter premiers aïant été alienés depuis long- maines. tems, & les acquereurs aïant presque tous payé de nouvelles finances, on croit que le rachat n'en fera utile que lorfque l'Etat fe trouvera déchargé de fes engagemens plus onereux, & qu'aïant de l'argent inutile, il en fera emploi, dans le deffein d'en faire une nouvelle alienation, en cas de néceffité. Les domaines qui confiftent en droits, font auffi la plupart alienés fur le pied de 10 pour cent de leur revenu. Ceux-là peuvent être rachetés plus aifément que

les

Juftice qu'il y a

réelle.

les autres, fe faifant état de leur produit annuel. On impute fur le principal de l'acquifition ce qui aura été touché au delà du denier 20. Que fi l'on opose à ce retrait le titre de l'acquifition, & la foi publique, il eft aisé de voir que la ceffion faite au Roi eft trop forte pour être foufferte; que les acquereurs fe font prévalus de la néceffité; que les acquereurs ont profité, quand les autres Membres de I'Etat ont fouffert : ce qui fuffit pour les remettre dans le droit commun. Mais fi l'on craint que cela ne fit préjudice pour l'avenir, on peut s'affurer du contraire par perience de tous les tems, où de femblables retraits ont été pratiqués.

l'ex

L'impofition arbitraire de la Taille établir caufe des maux infinis. La Taille une taxe reelle en cause veritablement ; mais ils font moindres fans comparaifon, & par conféquent plus fuportables : ce qui fait qu'en comparant les effets de l'une & de l'autre, ou defire generalement que le Miniftre fe déter

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