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LA DENSITÉ DES OUVRAGES

DE CORRECTION D'AVALANCHES

Dans un projet de correction d'avalanches, un élément important à fixer consiste dans la détermination de la densité des ouvrages. De cette détermination dépend en effet, pour la plus grande part, d'abord l'efficacité du système adopté, et ensuite l'importance de la dépense à engager. La première de ces considérations est évidemment capitale; la seconde a également une valeur très sérieuse étant donné que dans la plupart des cas, les travaux ne seront entrepris que si la dépense n'est pas manifestement hors de proportion avec les résultats à obtenir et les intérêts à protéger.

Aussi, afin de s'entourer de toutes les garanties d'exactitude possible, importe-t-il, lors de la préparation d'un projet, non seulement de procéder avec le plus grand soin à l'étude du cas envisagé, mais encore de s'appuyer sur l'expérience acquise et sur les résultats précédemment obtenus dans des cas analogues.

A cet égard, les notions de largeur utile et de facteur d'écartement définies par M. le Dr Fankhauser, inspecteur fédéral des forêts helvétiques, méritent d'être vulgarisées, étant appelées à rendre les plus grands services, en raison de ce qu'elles permettent de traduire par un nombre le rapport existant entre la masse des ouvrages et le terrain à corriger.

La largeur utile b d'un ouvrage est la distance horizontale comprise entre son arête supérieure aval a et le terrain naturel c. C'est la largeur de la plate-forme de stabilisation créée par l'ouvrage.

Si on appelle h la hauteur qui sépare le pied de deux ouvrages

Revue des Eaux et Forêts - Novembre 1923.

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consécutifs suivant la ligne de plus grande pente, c'est-à-dire leur

h b

écartement vertical, le rapport exprime ce que M. le Dr Fankhauser

appelle le facteur d'écartement vertical ou facteur d'écartement tout court. Pour un ensemble d'ouvrages, ce facteur sera :

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H représentant la différence de niveau entre les altitudes extrêmes des profils envisagés.

α

Ъ

Fig. 1.

Il est bien évident, comme le fait remarquer M. le D' Fankhauser, que, considéré isolément, ce facteur ne saurait avoir grande signification. Mais, qu'il soit accompagné de quelques brèves indications sur l'altitude, la pente du terrain, l'état superficiel du sol, la nature des ouvrages, et immédiatement il fournit des termes de comparaison parfaitement nets et précis entre les corrections déjà réalisées et les travaux ultérieurs à exécuter dans des conditions analogues.

C'est à ce titre que nous croyons utile de reproduire les très courtes et très précieuses monographies de corrections d'avalanches avec facteurs d'écartement, citées par l'éminent forestier suisse dans son article sur l'écartement des ouvrages, paru dans la Schweizerische Zeitschrift für Forstwesen, n° 1, 1912, et traduit dans le Journal forestier suisse (numéros de février et mars 1912) (1).

I. Malatrait, sur Villeneuve (Vaud).

(1) Büchler et Cie, in primeurs, Berne (Suisse).

Versant au Nord. Décli

vité 82 à 85%. Altitude 1.850-1.900 mètres. Terrain gazonné ou buissonneux couvert en partie d'aune vert.

Murs de o m. 70 à 1 mètre. Largeur utile moyenne 2 m. 2. Les

h

murs supérieurs sont très rapprochés; leur facteur d'écartement b n'est que de 2,0; plus bas, il s'élargit à 4 et à 5.

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Est. Pente 120 %. Altitude 2.050 à 2.100 mètres. Terrain gazonné avec places nues.

Murs offrant une largeur utile de 2 m. 1 à 3 m. I.

Facteur d'écartement 3,0.

III. Mème montagne.

Versant Sud-Est. Pente 130 %. De

1.950 à 2.050 mètres. Pâturage gazonné avec places nues. Terrasses simples ou bermes d'une largeur utile de 1 mètre à 1 m. 50. Travaux de défense établis en 1906 pour compléter en aval et latéralement les précédents. On a obtenu l'effet voulu avec un facteur d'écartement de 4,0.

IV. - Bassin supérieur du Lammbach, près Brienz (Berne): a) Furggeli, versant Sud-Est. Déclivité environ 90 %, de 1.900 à 2.050 mètres. Terrain maigrement gazonné, avec bancs de rochers. Terrasses murées d'une largeur utile de 1 mètre à 1 m. 2. Facteur d'écartement moyen 3,8. Ce facteur était de 6,8 sur un point où une ferrasse a cédé sous le poids de la neige;

b) Furggeli, versant Sud-Ouest. Déclivité environ 110 %. De 1.950 à 2.100 mètres. Terrain comme dessus.

Terrasses murées d'une largeur utile de 1 mètre à 1 m. 5.
Facteur d'écartement 4,0;

c) Aux Stollen et Mädern, versant Sud-Sud-Est, d'une déclivité de 60 à 100%. Altitude 1850 à 2.050 mètres. Terrain comme dessus. Terrasses murées d'une largeur utile de o m. 9 à 2 m. 1, moyenne 1 m. 2. Facteur d'écartement moyen 5,1.

en

V. Bunfalalp, près Oberwil (Simmental bernois). Versant Nord, d'une déclivité de 100 % environ. Altitude 1.400 mètres. Terrain couvert d'un gazon qu'on n'exploite pas.

Bermes avec lignes de pieux d'une largeur de o m. 6, les pieux longs de 1 m. 5 et plantés avec un espacement de o m. 6 offrant une largeur utile de 1 m. 3. Facteur d'écartement 3,6. Une ligne avec facteur 7 a été renversée.

VI.

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Oberrückwald, sur la Villette, près Bellegarde (Fribourg). Versant Nord-Ouest, d'une déclivité d'environ 80 %. Altitude 1.500 à 1.700 mètres. Grands vides gazonnés à l'intérieur de la forêt. Bermes et lignes de pieux comme ci-dessus. Dans ces travaux très importants, qui ont nécessité l'emploi de plus de 10.000 pieux, l'on a obtenu de bons résultats avec un facteur d'écartement de 3,3.

0/
70

VII. Im Schweifi, sur Hausstatt près Brienz (Berne). Versant Ouest d'environ go de pente. Altitude 1.700 mètres. Epais gazon non exploité.

Terrasses ou bermes simples d'une largeur de 1 mètre.

Facteur d'écartement 2,7.

VIII. Zingel, à Grubisbalm sur Viznau (Lucerne). Versant Sud-Ouest; pente de 70 %. Altitude 1.000 mètres.

Terrain lisse couvert d'un maigre 'gazon.

Terrasses ou bermes simples d'une largeur utile de o m. 5 seulement, exécutées en 1907. Bien que le facteur d'écartement se chiffre ici par 7,1, en certaines places même par 10 et 12, l'on n'a jamais observé de glissements de neige, ce qu'il faut attribuer probablement à la faible épaisseur de la couche qui se forme en ces lieux.

A cette liste, nous ajouterons quelques indications sur les principales avalanches qui ont été l'objet de corrections dans les Alpes de

Savoie. Mais étant donnés les documents dont nous disposions, nous avons dû envisager, non plus le facteur d'écartement vertical qui vient d'être défini, mais un autre facteur qui lui est analogue et que nous appellerons facteur d'écartement horizontal.

B

Il sera donné par le rapport dans lequel b exprime la largeur utile et B la distance des arêtes aval de deux ouvrages consécutifs

B

Fig. 3.

suivant un même profil en long. Pour un ensemble d'ouvrages, ce facteur sera :

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L étant la projection horizontale du profil étudié. Et si, au lieu d'une bande de 1 mètre de largeur, on considère l'ensemble du terrain traité, on aura, en appelant S sa surface projetée horizontalement et Σs la somme des surfaces des plates-formes de stabilisation :

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Il est d'ailleurs aisé de passer d'un facteur à l'autre.

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Nous pourrons donc passer au facteur vertical, en multipliant le

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