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C'est une règle de noyer de o m. 33, en forme de patience d'astiquage, dont un bord est découpé sur 30 centimètres en trente divisions égales en manière de crémaillère, de telle sorte que le premier centimètre soit un évidement, le second centimètre une dent, le troisième centimètre un évidement, et ainsi de suite, les trente divisions étant numérotées de 1 à 30.

Les divisions sont biseautées. Dans le milieu de cette patience dendrométrique une rainure longitudinale permet de faire glisser un curseur en métal léger.

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On fait marquer sur le tronc un point à deux mètres du sol. Puis on se place à quelques mètres de l'arbre suffisamment loin pour que, tenant l'appareil vertical, on voie le pied de la division 1 et le haut de la division 2 en coïncidence respectivement avec le pied de l'arbre et le point situé à 2 mètres. Il suffit alors, sans remuer la tête, de viser l'extrémité de la hauteur à mesurer et de noter sur

l'instrument la division correspondante qui donne la hauteur cherchée.

Les lectures sont aisées grâce au dispositif à encoches dont nous avons emprunté l'idée à l'encoche unique du dendromètre de Christen; et le curseur, que l'on peut manier de la main restée libre, facilite également le repérage de la division supérieure.

Ce petit appareil permet, sans nouveau déplacement, de repérer sur l'arbre la demi-hauteur dès qu'on a pris la hauteur.

Il est évident qu'avec un peu de pratique on détermine immé diatement un point à 2 mètres du sol sans qu'il soit besoin de le faire marquer à l'avance. Si, d'ailleurs, le point à 2 mètres est masqué par du feuillage, on vise un point à 3 ou 4 mètres.

On pourrait munir cette patience d'une douille analogue à la douille de la boussole Burnier, ce qui permettrait de la fixer sur un bâton en forêt et éviterait les tremblements de la main qui se produisent après un certain nombre de lectures.

On perfectionnerait, d'ailleurs, le système en employant une règle métallique ajourée en son milieu de centimètre en centimètre et dont un bord serait rainé pour y faire glisser un curseur; mais le prix en serait relativement assez élevé, alors que celui de l'instrument que nous employons est fort modique.

II. DE COINCY.

LE GREFFAGE DU NOYER

Le noyer indigène (Juglans regia Lin) est un arbre précieux à la fois par son bois et par son fruit. Son bois présente des qualités que l'on ne trouve chez aucune autre essence. Homogène, élastique et résistant, dense, d'une belle teinte marbrée, se polissant bien, il est recherché à la fois par les armuriers pour les crosses, par les ébénistes pour les meubles, par les carrossiers, les tourneurs, les sabotiers et d'autres encore. La multiplicité de ses usages en a sans cesse accru la valeur commerciale et son cours a passé de 80 francs le mètre cube grume sur pied il y a trente ans à 200 francs avant la guerre et 600 francs actuellement.

La noix n'est pas d'un moindre prix; la valeur du quintal s'est élevée de 40 francs les 100 kilos en 1904 à 70 francs en 1915 et 350 francs à 450 francs depuis la guerre. On a vu certains noyers rapporter 900 francs en une seule année à leur propriétaire.

On serait tenté de croire, en raison d'une production de si grande valeur, que le noyer devrait se multiplier, car la culture est possible dans la plupart de nos départements, sauf dans ceux du Nord et du Nord-Ouest. Cependant, l'on constate presque partout une disparition progressive de cette essence. La raison en est donnée par les hauts prix qu'atteint le bois; l'exploitation des arbres a été une opération tentante pour le propriétaire, chaque fois que la production de la noix ne le retenait pas et la demande s'est progressivement accentuée jusqu'à provoquer pendant la guerre la disparition presque totale du noyer dans de nombreuses contrées.

De plus, dans certaines régions telles que l'Ardèche, la Drôme, l'Isère, un champignon, le Pus ou l'Agaricus melleus, attaque les racines du noyer et le fait dépérir en peu d'années; c'est de tous les ennemis du noyer le plus grave, et les autres, tels que la chenille rongeuse des fruits ou Carpocapa pomonana et ses voisins et le Marsonia juglandis produisant l'Anthracnose, sans être négligeables, sont loin d'être aussi dangereux. Le Pus du noyer se propage par la terre et

ne peut être arrêté qu'au début de la maladie, par un examen pério dique des racines et l'enlèvement des parties mortifiées; on peut aussi désinfecter le sol par un arrosage au formol ou au bisulfite de soude.

Mais ces méthodes restent aléatoires et le seul moyen préventif vraiment efficace est de remplacer par le greffage les racines du noyer indigène d'une résistance insuffisan'e par celles d'un noyer invulnérable aux attaques de l'agaric de miel. Le noyer noir d'Amérique (Juglans nigra Lin.) offre ce caractère précieux; de végétation vigoureuse, il dépasse même les dimensions de notre noyer indigène et atteint dans son pays d'origine jusqu'à 45 mètres de hauteur et 9 mètres de circonférence; ses noix à coques très dures et creusées de sillons profonds, sont sans valeur alimentaire; son bois plus grossier que celui de notre noyer indigène, est cependant très recherché. Il croît dans les sols profonds et frais et redoute la sécheresse, ne supportant pas des terrains plus arides que ceux des alluvions fluvio-glaciaires, caillouteuses. Sa résistance au pus est cependant mise en doute par le professeur Howard des Etats-Unis qui garantit à cet égard la seule variété poussant dans la vallée du Sacramento. Quoi qu'il en soit, le noyer noir d'Amérique paraît donner des résultats satisfaisants comme porte-greffe, mais il est exigeant pour la qualité du sol, il est nécessaire que des essais soient poursuivis avec d'autres essences, mieux adaptées aux coteaux secs qui sont souvent plantés de noyeraies dans l'Isère.

Le greffage a un autre avantage très important, celui de forcer la mise à fruit; il l'accélère en ce sens que l'arbre devient très précoce et il augmente considérablement la production, en qualité et en quantité. Le greffage permet de choisir comme greffons les variétés recherchées pour l'alimentation et ces variétés deviennent ellesmêmes plus prolifiques. C'est le greffage qui permet d'obtenir les superbes rendements dont il est question plus haut. Enfin, les arbres greffés débourrent tardivement, et le grand risque du gel printanier sur les arbres de semis est ainsi très nettement réduit.

Tous les avantages du greffage en généralisent de plus en plus l'emploi, et l'on peut prévoir le temps où le noyer ne sera plus cultivé que greffé, comme le sont nos variétés de poiriers et de pommiers. Cependant, au point de vue qui nous intéresse plus spécialement, celui de la production du bois, le greffage du noyer n'est pas sans causer quelque appréhension; le procédé a, en effet, d'une façon générale, l'effet de réduire le développement de l'arbre, de diminuer sa longévité et d'amoindrir la qualité du bois d'œuvre.

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