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Rassurons-nous. Les coordinations promettent une moisson plus ample de gloire, de renom, de pieuse commémoration que n'en récoltera jamais toute l'école philosophique.

D'où vient cette infatuation pour les Codes, ce dédain des Svods? Pourquoi l'immortalité aux premiers, à ces derniers à peine une mention honorable? C'est que, disent les esprits superficiels, il faut du génie pour faire un Code; pour un Svod, nous l'avons vu, la patience, le discernement suffisent. Le codificateur crée, le coordonnateur compile. L'un est artiste; l'autre, manœuvre.

Il n'en est rien. Et pour une fois que nous sommes sur ce terrain, disons toute notre pensée. Nous croyons la mission de la science, de notre science, accomplie : partisan de la perfectibilité indéfinie, du progrès illimité dans ce qui est du ressort des sciences exactes et de l'art, nous avons la désolante conviction qu'en législation, en politique, dans le domaine qu'exploitent le jurisconsulte et le publiciste, l'humanité a dit son dernier mot. En administration, en finances, la création est possible. L'idée a pu être connue, pratiquée même ailleurs, que son application, à un pays placé dans des conditions tout à fait opposées à celles qui l'ont vue éclore, exige l'intervention du génie et peut aspirer à la gloire d'une création originale. Ici cette hypothèse est inadmissible. La science du publiciste ne fera plus un pas. On peut en varier à l'infini les termes; on peut refaire, combiner, généraliser; mais créer, mais inventer un système, enfanter une théorie, jeter en circulation une seule idée neuve et vierge, nous ne le pensons pas.

(La fin à un prochain cahier.)

NOUVELLES PUBLICATIONS.

1. De l'influence du christianisme sur le droit et l'état, depuis la fondation de l'Église jusqu'à nos jours (Ueber den Einfluss des Christenthums auf Recht und Staat, etc.). 3 vol.; par M. Buss, professeur de droit à Fribourg (Bade). Part. I. Depuis la fondation de l'Église jusqu'aux premiers essais de réforme dans l'Église de l'Occident. Fribourg, Wagner. 1841.

Il ne faut pas confondre l'ouvrage que nous annonçons, avec cette foule d'écrits qu'un esprit de réaction fait éclore chaque jour pour venger, à ce que l'on prétend, le christianisme des sarcasmes déversés sur lui par les esprits forts du dix-huitième siècle.

Le travail de M. Buss a une tout autre portée. Loin de ravaler la dignité de la religion chrétienne jusqu'au point d'entrer en lice avec ses méprisables adversaires, l'auteur, après avoir dépeint dans une préface, tracée de main de maître, l'état d'anarchie religieuse, politique, commerciale et industrielle des sociétés modernes, parcourt, l'histoire à la main, toutes les phases des siècles qui se sont succédé depuis l'apparition du christianisme; il établit avec autant de sagacité que d'érudition les immenses bienfaits que cette religion a rendus à la civilisation et à l'humanité.

Séparant soigneusement ce qui est le fait des hommes d'avec ce qui appartient à la religion dont ils n'ont que trop abusé, M. Buss, sans s'abandonner à des diatribes contre certaines prétentions exagérées des pontifes romains, démontre d'une manière incontestable que les principes posés par le saint-siége ont toujours été conformes aux maximes les plus pures de la raison et de la religion, et que, si quelquefois les monarques ont souffert les empiétements des papes sur les droits de leurs couronnes, ils ont moins cédé aux doctrines invoquées par les chefs de l'Église, qu'à cette influence tout individuelle que les âmes énergiques ont coutume d'exercer sur les esprits faibles.

Aussi, toutes les fois que les monarques, se tenant aux maximes énoncées par le Saint-Siège, ont su se maintenir dans la ligne qui sépare les deux pouvoirs, leur autorité a été respectée, et la religion ainsi que la dignité du chef de l'église sont sorties de la lutte avec d'autant plus d'éclat.

M. Buss, partant de ces observations, conclut que la réforme de notre siècle, même en ce qui regarde les intérêts matériels de la société, ne peut s'opérer que par le rétablissement des principes religieux ramenés à leur pureté primitive. Il lui semble que si une croyance aveugle a pu faire passer des nations entières de l'état de barbarie à celui de civilisation, une croyance éclairée, si elle était bien dirigée, ne saurait manquer de ramener les nations civilisées, de l'état d'anarchie où l'oubli des principes les a jetées, à cette régularité de mœurs qu'elles n'auraient jamais abandonnée si l'on avait eu soin d'entretenir allumé dans leur sein le flambean de la religion.

Puissent les chefs de l'Église et de l'état se bien pénétrer de l'importance de ces sages conseils ! PINHEIRO-FERREIRA.

2. Ouvrages publiés en Allemagne.

Projet de loi sur la communauté des biens entre époux en Würtemberg, suivi de l'exposé des motifs (Entwurf, etc.); idem sur les pactes successoriaux et les contrats de mariage. Stuttgart, Steinkopf.

Loi du royaume de Saxe sur le domicile, suivi d'explications (Das koeniglich saechsische Heimathsgesetz, etc.); par M. Berger. Grimma, comptoir des éditeurs.

Du concours de divers crimes (Ueber Concurrenz der Verbrechen); ; par M. H. de Rotteck. Fribourg, Herder.

De la chasse, du droit de chasse et de la police de la chasse dans les diverses provinces de l'empire d'Autriche ( Die Jagdverfassung, das Jagdrecht, etc.); par M. Schoff. Vienne, Singer.

Journal de la procédure criminelle en Allemagne (Zeitschrift fur deutsches Strafverfahren); publié par MM. de Jagemann et Noellner, cah. 1. Carlsruhe, Müller.

Des classes dangereuses de la population dans les grandes villes et des moyens de l'amender, par M. Frégier; traduit en allemand (Ueber die gefahrlichen Classen, etc.); par M. C. de M... Coblenz, Hergt.

Dela possession en droitromain (Wast ist und gilt der Besitz, etc.); dissertation dirigée contre le traité de M. de Savigny ; par M. Pfeiffer. Tubingue, Laupp.

Recueil des lois constitutionnelles et des lois organiques de l'administration publique dans les états allemands (Diplomatische Sammlung, etc.); par M. E. G. de Ros... Berlin, Sander.

Le droit public de la confédération germanique et des États qui la composent (Oeffentliches Recht des teutschen Bundes und de

Bundesstaaten, etc.); par feu Klüber, 4o édition: augmentée des notes laissées par l'auteur, et mise au courant des changements survenus jusqu'en 1840. Francfort, Andreæ.

Table des matières contenues dans les 52 volumes qui ont paru, des Annales de législation, de la science du droit et de l'administration de la justice en Prusse, publiées par M. de Kamptz (Register, etc.); par M. Lietner. Berlin, Heymann,

3. Les lois de la procédure civile; par feu Carré, doyen de la faculté de droit de Rennes. 3° édit., publiée par M. Chauveau-Adolphe, professeur à la faculté de droit de Toulouse. T. I, II, III. Paris, Delamotte, place Dauphine, 27. 1840 et 1841. Prix de l'ouvrage entier (6 vol.): 54 francs.

Les Lois de la procédure civile, publiées pour la première fois en 1821, ont toujours été considérées comme le commentaire le plus complet du Code de procédure civile. Cette publication avait été précédée de deux ouvrages du même auteur, intitulés, l'un : • Analyse raisonnée et conférences des opinions des commentateurs ⚫ et des arrêts des cours, sur le Code de procédure civile » (1811); l'autre, « Traité et questions de procédure civile » (1818). Ces deux ouvrages, refondus et considérablement augmentés, ont formé la première édition de celui que nous annonçons. Une seconde édition, entièrement conforme à la première, a été publiée en 1825, par M. Chauveau. Carré a laissé à sa mort (14 mars 1832) de nombreuses notes et consultations manuscrites, et 20 volumes de mémoires imprimés depuis 1821 plus de 5000 arrêts avaient été rendus, et des ouvrages du plus haut mérite avaient été publiés sur la matière. M. Chauveau-Adolphe, déjà connu par des travaux aussi importants qu'utiles en matière de procédure civile 1, s'est servi de tous les matériaux dont nous venons de parler, pour composer la nouvelle édition. Le plan suivi par M. Carré a été conservé, mais il a été considérablement élargi. D'après ce plan, le lecteur trouve,

:

1 Commentaire du tarif en matière civile; Code de saisie immobilière; Manuel de l'exploit; Manuel de la contrainte par corps; Dictionnaire général de procédure (V. la Revue, t. IV, p. 627). M. Chauveau a aussi publié une nouvelle édition du Journal des avoués : ce journal est continué par M. Billequin, avocat à la cour royale de Paris.

à la suite du texte de chaque article du code, un sommaire qui offre la citation des dispositions correspondantes du tarif des frais et d'autres lois; le renvoi aux passages des auteurs qui ont écrit sur la matière, et l'indication des questions qui seront traitées sur cet article du code. Dans la discussion des questions, les opinions des auteurs et les arrêts des cours supérieures ont été mûrement examinées. Le nombre de ces questions s'est considérablement accru sous la main laborieuse de M. Chauveau-Adolphe, tant par l'usage qu'il a fait des matériaux recueillis dans la succession de Carré, que par le résultat de ses propres travaux; pour faciliter les recherches des passages de Carré cités dans d'autres ouvrages, il n'a changé aucun numéro de cet auteur; les additions sont indiquées par les signes bis, ter, quater, etc., et celles qui sont dues à M. Chauveau, se trouvent placées entre deux crochets. Quelquefois aussi M. Chauveau ne s'est pas trouvé d'accord avec Carré, et il a exposé séparément sa doctrine. On peut se faire une idée du nombre des questions examinées, en se reportant à l'article 61, dont le sommaire, bien qu'imprimé en caractère mignonne, occupe deux pages, sans aucun alinéa. Néanmoins nous avons encore rencontré des lacunes : ainsi on ne trouve pas que les auteurs aient traité, sur les art. 73 et 3 du code, la question de savoir quel sera le délai d'ajournement pour ceux qui n'ont ni domicile ni residence connue, ni en France (art. 69, no 8), ni à l'étranger (art. 73) : nous savons que, dans ce cas, on applique communément le simple délai de huitaine (art. 72); mais, évidemment, ce délai n'est applicable qu'à ceux qui sont domiciliés en France ou qui y ont une résidence 1. — Le tome III s'étend jusqu'à l'article 443 inclusivement les tomes IV et VI, qui sont sous presse, comprendront, l'un, les art. 444 à 672, l'autre les art. 780 à 1042; le tome V renfermera la nouvelle loi sur la saisie immobilière, accompagnée d'un commentaire. 4. Traité de droit commercial, ou explication méthodique des dispositions du Code de commerce; précédé d'une introduction historique, et suivi du texte de lois, ordonnances et règlements qui se rattachent au Code de commerce; par M. Molinier, ancien procureur du roi, avocat à la cour royale, professeur sup

1. plus haut, p. 386.

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